Solar ou l'astre brûlant qui viendra apporter la lumière au creux de la misère, hélianthe sauvage et flamme éternelle pour illuminer les ténèbres ; si maman l'a appelé ainsi, c'est pour une raison, qu'il brille toujours afin d'apporter l'espoir en profusion. mais l'enfant est triste, morne soleil, sa peau opale lui donne un air malade. sédition blafarde mais le feu qui luit, entoure les prunelles.

((Solar brûle))

Incandescence rougeoie en un magma ignivome. Kreiss-pater abandonné au profit de la Rose maternelle ; qu'elle a beau être épineuse et érafler le derme, sa cause est noble et juste, il l'embrasera alors avec ferveur, se nourrissant au sein fatidique de sa chaleur.

mystification de l'ange qui s'éveille un 1er Juin, il y a deux décennies de cela ; à l'aube de la saison estivale, les cris stridents du nourrisson se mélangeant aux piaillements mélodieux des squealies-prophétes.

((24))

et les années qui s'étiolent sur la fresque marcescente, ne laissant qu'une âpre sensation de servitude et l'évidente conception que tout est déjà écrit sur la toile des astres. non maître mais soumis, l'échine courbée et le coeur transi, face aux caprices du destin maudit, que la mort n'effraie que lorsque c'est la sienne qui est tant redoutée.

{je t'en prie, fais attention, s'il te plait...}

 

ne se serait-il jamais contenté de prier pour la veuve et l'orphelin, quand ses capacités physiques d'exception lui octroient le droit de se battre pour eux ; et face aux ignominies du fold, une seule décision s'impose : entrer dans les rangs et se porter garant de la sécurité des Vélarisiens.

pourfendeur
diplôme arraché sans efforts à l'Iron Gates academy avant de poursuivre une formation draconienne pour maîtriser pouvoir et don, sans se laisser tenter par les substituts chimériques tant convoités par certains ; que l'honneur gouverne les valeurs v e r t u e u s e s d'une main de fer. exterminateur de ces monstruosités fétides, épandeurs d'ichor tapissant la misère. la violence est portée comme un fardeau nécessaire, sur des épaules robustes et un visage marqué par les horreurs. Leviathan devient-il lorsqu'il fait face à la menace, létal.

{ l'issue fatale }

aux ratures striées, invisibles quand bien sont-elles nombreuses, d'un myocarde battant sans écho au milieu d'une cage vide ; les stigmates s'entassent sur les ruines d'un amour ((mort-né)) qu'il ne cesse de nourrir ((malgré lui)) malgré tout ; soumis aux fluctuations impétueuses de l'organe de vie qui caracole violemment dès lors qu'elle entre dans le champ de vision ou hante les méandres de ses pensées ((trop souvent)). ne cessera-t-il jamais de l'aimer quand la passion,vorace, dévore l'intérieur, inonde son âme, noyée

((fay))

lulibérine féconde, et les sourires ne sont jamais plus doux que les siens ; qu'il pourrait peindre la mélodie de son rire sous toutes ses nuances tant il la connait, récital infernal qui étreins son cœur solitaire et les battements qui se calquent sur les accords parfaits ; l'eurythmie pesante contraste sans peine avec une tachycardie brutale qui frappe sans prévenir dès que la fragrance délicate envahit ses narines ; et il vogue sur cette inconstance, marin qui s'en remet à la mer, naufragé en pleine tempête qu'elle emporte, ondoyante, dans son sillage.

{ fracasse sa tête sur la roche corrosive, c'est le cœur qui saigne encore
carcasse flanche au rythme des vague à l'âme, use moi plus fort }

jamais dans le besoin quand bien même cela lui ait posé de gros problèmes de conscience ; l'argent sale du paternel venant se briser contre les principes vertueux d'une mère tenace ((menace)) qui lui aura inculqué des valeurs d'altruisme et de solidarité.

midrias ⸻ ketterdam
partagé en deux, jusqu'au choix inévitable qu'il a su faire sans trop s'y attarder. rejet du KREISS pour devenir  ROSE et l'avenir scellé auprès des nécessiteux. c'est à k e t t e r d a m qu'il grandira, sous couvert d'une réalité tronquée, l'identité à demi usurpée car il a bien plus que ce qu'il ne parait...

prunelles mordorées, d'une luminescence ensorceleuse ne laissant aucun doute sur l'avenir tout tracé ensanglanté

gifted ⸻ witcher
cadeau précieux, agité comme un trophée par le père dont la fierté tenait plus de la réussite à avoir engendré un gifted que du véritable amour pour l'enfant ; glorification aussitôt muselée par une mère féroce, louve persécutrice sans aucune limite qui nourrira la chair de sa chair de ses espoirs les plus féconds ; qu'à eux deux, ils soigneront le monde et rétabliront l'équilibre sacrifié.

{ can I just be myself ? }

aux aspirations fantasques, Solar dénote. pris constamment à parti dans cet éternel conflit, il est la balance hésitante qui dose le pour et le contre sans comprendre pourquoi ce rôle-là lui revient. ((il n'est qu'un gamin)). quête de soi qu'il chérit en dépit, repli salvateur.

⸻ ou déni.  

maître savant de l'art du camouflage, véritable caméléon qui se fond dans le décor, orfèvre imitateur, il s'en imprègne d'une méticulosité rare jusqu'à devenir invisible pour les yeux humanoïdes ;  pourtant est-il toujours là, observateur silencieux qui ne peut cependant pas masquer ni les bruits, ni son odeur ((limites du trompeur)) ; mascarade fallacieuse dont l'utilité s'avère bien souvent surprenante, déroutante pour ses adversaires qui ne peuvent prédire les coups à venir et dans le brouhaha du combat, il incarne la maudite faucheuse à la perfection. pouvoir puisant dans l'énergie vitale et qui ne peut excéder une certaine durée ((cinq minutes ; dix maximum)) sans vider totalement le sujet. sensations d'épuisement après utilisation, ralentissement global du système, fatigue excessive.

{ t'es stone ou quoi ?
- juste fatigué. }

/

Il y avait, dans cette grande bâtisse inconnue, une vieille horloge. A chaque fois que Solar rendait visite à son père, il patientait dans la même pièce. Exigu, cette dernière servait de “sas” avant que le maître des lieux ne reçoive ses invités. Cette mise en scène légèrement excessive était à la hauteur de l’égo du propriétaire qui plaçait ses invités dans une sorte d’inconfort avant de les éblouir de sa présence. La technique avait tout de la plus triste manipulation et révélait bien des choses sur le tempérament orgueilleux de M Kreiss qui souhaitait à tout prix redorer le blason familial à grands coups de renforçateurs mégalomanes. Mais il s’agit là de préoccupations d’adultes qui n'intéressent pas vraiment un enfant de huit ans. Par contre, ce qui attirait l’attention de Solar dans cette petite pièce aux allures modestes, c’était cette grande horloge de bois au mécanisme ancien dont le tic-tac régulier résonnait sans retard, actionnant les fabuleuses aiguilles dorées avec une exactitude hautement ponctuelle. Le balancier au pouvoir hypnotique le fascinait, si bien qu’en le fixant il laissait son imagination lui jouer des tours, le voir s’arrêter promptement ou, au contraire, redoubler de vitesse ; mais cela n’arrivait que dans ses rêves innocents car rien n’est plus immuable que le temps. Jamais en avance, ni en retard ; l’attente n’était finalement qu’un concept bien humain et cela, Solar l’avait déjà compris du haut de ses huit ans. Alors, pendant que ses parents haussaient le ton dans la pièce d’à côté, lui gardait ses prunelles mordorées fixées sur le cadran à se demander quand la mascarade viendrait à prendre fin ou quand on cesserait de l’y faire participer. “Solar, chéri. Tu veux bien venir maintenant ?
Oui, maman.”
L’instant était décisif et, sa mère avait beau l’y avoir préparé, Solar était nerveux. Angoissé à l’idée d’être une déception pour son père tout en redoutant de ne pas l’être. Au milieu de l’éternel conflit entre ses parents, Solar avait bien du mal à ne pas prendre partie et son allégeance allait, en toute évidence, à sa mère qui avait obtenu sa garde pleine et entière après le divorce et qui l’éduquait selon ses propres valeurs et principes, le tenant bien loin de (comme elle le disait souvent) la demeure maudite des Kreiss. Néanmoins, le besoin d’être reconnu par son père restait une réalité pesante.
“Respire doucement. Tout va bien se passer, d’accord ? Tu n’as qu’à saisir la montre et la magie opérera, c’est aussi simple que ça.
Oui, maman.”
Un sourire tendre, puis un baiser sur le front. Solar pouvait dire rien qu’en plongeant dans les prunelles céruléennes de sa mère ô combien elle était fière. Cela lui donnait un pouvoir sans faille et un courage à en faire trembler les montagnes.  
“Il est prêt ? La voix rauque de son père aux sonorités sévères ricochait avec gravité sur les murs autour, laissant à penser que l’heure était grave.
“ Il l’est.”
Solar était prêt, oui. A recevoir ce cadeau précieux du maître destin qui viendrait consolider la structure familiale des Kreiss (et son père pourrait se vanter de sa fabuleuse progéniture que  l’artéfact capricieux avait reconnu) ou à se faire ignorer par la magie et à repartir bredouille. Qu’est-ce que cela changerait, dans le fond ? Il serait toujours l’enfant du conflit.
 

La petite librairie, noyée au milieu de l’abondance de commerces plus ou moins fréquentés, ne payait pas vraiment de mine mais Solar la trouvait jolie. Ne serait-ce que par sa devanture boisée à la peinture craquelée qui lui rappelait les vieux meubles en bois habillant fièrement les pièces de la demeure paternelle, ou par l’ambiance féérique qui s’en dégageait à chaque fois que son regard errait sur la boutique ; il y avait quelque chose de plaisant à se sentir ainsi ‘appelé’ à un endroit. Comme si cette petite librairie, perdue dans la grande Decetia, abritait des secrets bien gardés et s’érigeait comme phare dans la tempête, repère-mausolée des âmes infortunées. Pendant des années, il était passé devant sans oser y pénétrer, persuadé qu’il s’agissait là d’un endroit où il fallait être invité pour bien le respecter ; et son regard rêveur avait lorgné plus d’une fois la porte d’entrée s’imaginant les propriétaires avenants l’attirer à grands coups de sourires et d’enthousiasmes bourrés de positivité. Solar rêvassait beaucoup. Quand un peu  plus grand il se lia d’amitié avec l’un des frères Sage, il fit enfin son entrée dans l’endroit ensorceleur. La petite échoppe était spécialisée en sciences magiques et occultes, et à l’intérieur un pêle-mêle bric à brac s’étalait à perte de vue devant les yeux gourmands des clients. On pouvait y trouver à peu près tout, que ce soit des livres d’histoire sur Velaris, des livres d’enchantements et de sortilèges ou bien même des potions et autres items tous reliés à la magie. C’était un décor tout à fait enchanté qui émerveilla Solar dès la seconde où il y mit les pieds.  Son amitié avec les frères Sage le fit revenir à de multiples reprises dans la boutique et, à chaque fois, il s’attardait davantage, repoussant son heure de retour auprès de sa mère pour traîner dans la boutique avec les garçons et s’acquitter de quelques besognes que le propriétaire n’hésitait pas à lui refourguer en le voyant stagner par ici. Toute aide supplémentaire (et gratuite) était la bienvenue, évidemment. Et c’est ainsi, qu’au détour d’une belle après-midi de printemps, Solar fit la rencontre la plus marquante de toute sa vie. Fay Sage avait un petit air abattu sur le visage, les lèvres retroussées en une mine boudeuse alors qu’elle tenait à bout de bras un seau d’eau rempli qui menaçait à tout moment de lui faire perdre l’équilibre. Solar n’hésita pas une seule seconde, et en bon chevalier qu’il était (comme le lui  avait appris sa mère) il porta secours à la demoiselle. C’est alors que le visage poupon de Fay s’illumina d’un sourire radieux et aussitôt, Solar se sentit l’âme d’un héros. Les jours suivants, il revint à la boutique avec un peu plus d’entrain pour retrouver la jolie fée. Le dur labeur encourage la camaraderie, et débarquer dans la librairie devint une habitude. A chaque weekend et vacances qu’il passait à Ketterdam, Solar rendait visite à Fae. Il l’écoutait déblatérer sur sa vie de misère, se plaindre du fardeau qui était le sien, il approuvait ses plans farfelus pour se sortir de la rue, n’hésitait pas à freiner ses ardeurs lorsque sa colère prenait trop d’ampleur, il comprenait son sentiment d’injustice, le partageait même parfois et peu à peu, l’envie de la protéger de tout ça le gagnait. L’amitié se transforma lentement en douce mélancolie, puis en fièvre agonie lorsque l’amour lui rafla la vedette et s’installa durablement au cœur de son être.  

L’Iron Gates academy ou la consécration des menteurs. Solar y naviguait majoritairement en silence, ne prenant que rarement part au conflit. C’était sans compter sur Val qui lui, ne pouvait pas s’en empêcher. Gifted, ou plutôt « cursed » comme il aimait à le penser ; ici pour apprendre la maîtrise et la discipline, les longues heures d’entraînement afin d’optimiser au maximum l’utilisation de leurs dons et, dans son cas plus particulier, de son pouvoir aussi. Combiner les deux semblait simple dans l’idée, dans la réalisation, c’était juste l’enfer. L’épuisement contrebalancé en permanence par la force du Witcher sans qu’il ne puisse la limiter, il n’était pas rare qu’il s’effondre, vide de toute énergie pour se réveiller quelques heures après à l'infirmerie avec l’impression d’avoir encore loupé tout un pan de sa vie. L’expression sombre, s’il évitait au maximum les conflits et discussions futiles, c’était surtout parce que ces dernières lui prenaient trop d’énergie ; toutefois, il cherchait aussi le contact humain car ce n’est qu’auprès des autres qu’il arrivait à retrouver un semblant de forme, leur énergie débordante venant réactiver à chaque fois la sienne. Ainsi il avait hérité du rôle du bon camarade, toujours présent lorsqu’il s’agissait d’agir mais d’un naturel apaisant pour conserver l’équilibre dans tout groupe. Est-ce ce tempérament en apparence placide mais au fond réactif qui lui octroya une place au sein de ce groupe de gifted ? Ou son amitié datant de l’époque du bac à sable avec Val ? Il ne saurait le dire et en un sens, il s’en fichait. L’appartenance à un groupe aussi soudé donnait une sacrée impression d’invincibilité, et Solar aimait ça. Tous différents et pourtant, tous là les uns pour les autres. Ce fut grâce à eux qu’il supporta les années d’études assidûment avant d’obtenir son diplôme, grâce à eux qu’il fit des plans sur la comète en s’imaginant meilleure vie pour tous, grâce à eux qu’il rêva à sauver le monde plus d’une fois, grâce à eux que l’espoir naquit en lui.

mort & gore La mort est fascinante. Elle apparaît toujours comme une chose lointaine à laquelle nous ne serons confrontés que suffisamment tardivement pour réellement s’en préoccuper, comme un mirage qu’on admire mais auquel on ne croit pas, une rêverie chimère qui hante parfois nos songes pour nous tenir en haleine jusqu’au bout de la nuit. Elle est partout, et si personne ne l’ignore, son importance est souvent réduite à une dernière futilité, le long voyage vers l’éternel. Fantasmée, elle est pensée comme une chose douce, presque agréable, inévitable mais amicale qui, bien qu’elle frappe sans prévenir, ne le fait pas avec méchanceté. Non, la mort telle que certains osent la braver, est une amie avec laquelle on flirte impunément sans se soucier réellement de son sort, sans se douter qu’on va y passer, qu’un en simple claquement de cils la vie nous sera arrachée, que nos corps et nos organes éclabousseront le sol, que le sang giclera tout autour et que la douleur irradiera dans tous nos muscles (ceux encore rattachés au tronc cérébral) nous faisant hurler tripes et boyaux vers l’infâme, la maudite et cruelle, trompeuse faucheuse d’âme avant de basculer dans l’oubli pour toujours. Mais la mort n’a jamais menti. C’est la souffrance et la perte qui ont été balayés d’un revers de main, sans considération aucune, comme s’ils ne valaient rien. Sentiments encombrants, trop lourds, trop pesants. Personne n’en veut, assurément. Solar observait le groupe de loin, pestait contre leur insouciance et leur attitude borné, leur besoin de faire le buzz quitte à prendre tous les risques, y compris celui de mourir pour une bonne prise. Il détestait ça. Néanmoins, il rongeait son frein en silence en essayant tant bien que mal de garder un œil sur Fay (pas sage du tout) qu’il n’avait pas réussi à raisonner. A quoi bon quand toute lucidité s'annihilait au profit du gain et du jeu de la célébrité ? Il ne voulait pas se fâcher, pas avec Fay. Ce serait tellement pire de la savoir en danger et de lui en vouloir pour ça, il ne s’y risquerait pas. Quitte à accepter ses lubies, quitte à supporter ses envies, quitte à ne plus dormir pour la suivre dans ses plans infernaux (de loin, garder un oeil seulement car la plupart du temps, il ne se passe rien). Il était prêt à beaucoup pour continuer à l’entendre rire, à apercevoir son sourire, à respirer son parfum lorsqu’elle se logeait au creux de ses bras, à caresser ses longs cheveux aussi doux que la soie, à entendre son coeur battre tout près du sien et son babillage incessant au quotidien. Et s’il détestait sa façon d’envisager le monde, c’était peut-être préférable à ce que d’autres pensaient. Elle ne faisait pas bien de mal, Fae. Elle voulait juste exister. Et qui pouvait l’en blâmer ? Sûrement pas lui. Alors, il acceptait. Le ventre serré, les poings crispés, il acceptait. Et dans cette forme d’abnégation, jamais n’aurait-il pu prouver plus férocement, ô combien il l’aimait.