t
ic, tac, tic, tac
is your time running out ?

les minutes qui filent, secondes marquées par un agacement profond. « fuck. » — le juron qui se répète, qui ne cesse de passer la barrière de ses lèvres. il doit faire vite ; il le sait. il n’était qu’à quelques minutes à pieds ; qui semblent être une éternité.

à marcher ,,
à grandes enjambées.

semelles qui foulent ce sol encrassé. il a une adresse, il n’est même pas sûr que ce soit la bonne. where the fuck i am going to. les pensées qui s’égarent, évincées par son cervelet. il doit rester concentré — à s’contrôler.

don’t let the beast out ,,

le danger — pétrin dans lequel elle s’est fourrée. il n'a guère d’informations, juste une adresse. il doit s’y rendre sans tarder. là, à enchaîner de grandes foulées. prestances évitées afin de ne pas être retardé.

« what the fuck ? »
les termes qui s’épuisent. simple souffle ; les mirettes qui puisent. il observe, chaque détail est absorbé. endroit sordide. âmes errantes, répugnantes qui rampent dans ces tranchées reculées. « leora ? » — qu’il appelle. il n’a pas peur, il n’en à rien à foutre. que pourrait-il lui arriver ? sa vitalité est déjà envolée, carcasse crevée qui continue de déambuler.

les recoins sont inspectés ; désireux de retrouver l’être estimé. à se demander si elle n’a pas finalement réussi à s’évader ⸻ à retrouver sa liberté.

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C’était l’un de ces moments où elle se demandait : pourquoi. Pourquoi était-elle ici ? Pourquoi avait-elle dit oui ? Pourquoi se retrouvait-elle dans ce genre de situation ? Elle se questionnait, elle se maudissait aussi parfois. Et pourtant, elle finissait toujours par recommencer. Se laisser tenter par l’attrait du danger peut-être ? Vouloir ne pas s’abaisser à la peur. Les angoisses ayant eu main mise sur elle si longtemps, qu’elle voulait maintenant braver les dangers. Alors qu’elle était encore si sensible, si fragile. Elle se trouvait ici pour quelques photos. Une demande du cabinet. Ça aurait dû être facile, rapide. Mais dès qu’elle avait entendu les moteurs, les voix qui s’étaient approchés, elle n’avait pas réfléchi. Elle avait fui, elle avait grimpé, elle s’était cachée. Et tout de suite, son téléphone avait trouvé sa main. Le message envoyé à Orion. Celui à qui elle pensait toujours en premier lorsqu’il y avait un problème, un trouble, ou lorsque l’anxiété en devenait impossible à rationaliser. Les premiers messages dans le but de savoir où il l’était, s’il pouvait venir la chercher.

Puis, l’urgence qui apparaissait peu à peu dans les réponses. Orion qui ne comprenait pas très bien. Ce qu’elle faisait là — elle non plus pour être honnête maintenant — ce qu’il se passait exactement. Leora qui expliquait au compte-goutte. Rendant probablement Orion de plus en plus confus. Mais elle était elle-même dans un état d’esprit légèrement embrouillée. Cachée sous ce bureau, dans cette petite pièce habituellement occupée par ce qui lui semblait la sécurité. Elle serrait contre elle son téléphone. Dans l’attente, dans l’impatience. Détestant être enfermée ici. Seule. À la merci des dangers. Les ombres qui l’entouraient, qui voulaient se refermer sur elle. La sienne qui ne cessait de lui murmurer les ragots qu’elle entendait. Toujours les pires, qui s’agrémentaient de son rire qui la rendait folle.

Puis, la voix. Celle qu’elle espérait tant entendre. Elle se releva. Lentement, avec précaution. « Orion ? » La voix basse, chuchotement qu’elle envoyait dans les airs en espérant qu’il allait l’entendre. Elle le chercha des yeux, de l’autre côté de cette porte. Et lorsqu’elle l’aperçut, elle voulut se précipiter vers lui. Mais ils n’étaient pas seuls. « I’m here. » La voix qui se fit plus forte maintenant, le grincement de la porte qui résonna alors qu’elle l’ouvrait. « There were people a few minutes ago, we should be careful. » Pointe d’anxiété qu’elle ne pouvait ignorer. Lorsqu’elle se retrouvait complètement impuissante.

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t
ic, tac, tic, tac
is your time running out ?

l'antithèse
un terme qui lui colle à la peau. il transpire le paradoxe — le faciès doré qui est foutrement détérioré. il n’est qu’une ordure faisandée, un mirage qu’il faudrait éradiquer. cet éternel minois qui hante les songes égarés, l’être qui n’a de cesse d’être une illusion ⸻ cadeau empoisonné.

s’il devait être comparé, orion serait de ces figures littéraires dévorées. dorian gray ; dont l’être est adulé alors qu’il n’est qu’un monstre caché. désirs osés, volontés voilées — le démon dont l’apparat n’est qu’angélique.

archange ,,
dont les ailes ont été brûlées.

be focused, orion. les lucarnes qui s’imprègnent de l’endroit, à tenter d’entrevoir la prestance qui se doit de trouver. de sauver, de réprimander. il ne sait pas sur quel pied danser, orion. à s’demander s’il devrait lui faire un sermon. le prénom — prononcé. le pas est feutré, malgré le bruit ambiant. discret ;; à s’afficher devant cette porte à moitié fermée.

we should be careful.
le sourire — carnassier. il étouffe un rire ; foutrement amusé. « trust me, leora. » ; empreintes qui s'accrochent à la surface boisée. « get out of here, we have to go home. » — les mots sont prononcés. la carcasse est décalée, pour la laisser passer. il sent qu’elle est effrayée, les battements font rage dans la cage thoracique malmenée. le pouls, qu'il entend ⸻ qu’il ressent.

« let’s go. »
la foule qui n’a pas de mal à être séparée. là, les œillades qui le remarquent. gestes accordés. on le salue, on lui sourit — invité qu’on ne pensait guère voir en cette nuitée. be cool, orion. il rend ces salutations, rictus nauséabonds. il le sait, elle finira par poser des questions. parce qu’il devrait être inconnu à ce cosmos enragé ; où les créatures sont envenimées.

« are you ok ? » — extérieurs empruntés, paroles retrouvées. « are you hurt ? » ; à s'inquiéter avant que la bombe ne vienne à imploser.

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Là où elle se trouvait, l’incertitude balayait sa confiance. Le besoin de lui demander de la secourir, de la rassurer. Comme si souvent. Habitude de laquelle elle tentait de se libérer. De ne plus l’appeler en détresse à tous les coups. De pouvoir s’en sortir avec sa finesse d’esprit. Mais lorsque le danger se faisait imminent, que sa faiblesse lui était remise au visage, elle en devenait soudainement anxieuse.

Mais il était là maintenant. Meilleur ami qui lui avait promis sécurité. Celui qui était toujours là quand elle demandait. Qui n’avait jamais pu lui offrir l’amour qu’elle avait désiré auparavant, mais qui était présent pour calmer ses angoisses, pour la faire passer en premier. Reconnaissance et confiance. Celui à qui elle remettait sa vie, aucune hésitation à savoir que s’il était là, il était de son côté à elle. Si ses sentiments avaient commencé à changer, l’amitié qui les liait en restait forte. Et elle aussi, elle serait prête à beaucoup pour le sauver, Orion. Lui qui avait été un pilier de son existence pendant si longtemps.

Mais elle se montrait anxieuse à l’instant. L’impuissance de ses forces, ses défenses minimes lorsqu’il fallait en venir aux mains. Beaucoup plus gracieuse, Leora. En finesse, en douceur. Qui ne savait pas se battre dans la cour des brutes. Et pourtant, elle ne cessait de tourner autour. Vilaines idées qui lui emplissaient l’esprit parfois.

« Always, Orion. You know that. » Qu’elle répliquait alors, petite moue devant le rire étouffé. Questionnement de ce qui l’amusait autant. Situation qui l’inquiétait, mais son ami qui semblait savoir quelque chose qui lui échappait. Go home. Elle hochait la tête. Oui, c’était ce qu’elle voulait. Téléphone contre sa paume, le sac contenant sa caméra qu’elle serra contre elle et elle se faufila par l’entrebâillement. Restant tout près, trop près peut-être. À se cacher derrière ses épaules, à jeter un regard une fois de temps en temps pendant qu’ils avançaient. Et si au début, elle étouffa une exclamation surprise, elle suivit malgré tout alors qu’Orion coupait directement à travers l’entrepôt. Les gens qui se poussaient, qui observaient, qui... saluaient ? Perplexité chez elle devant l’assurance chez lui. Car elle les remarquait toujours, Leora, ces détails. Ces indices qui dénotaient, ces étrangetés qui se glissaient dans le quotidien. Et Orion, qu’elle connaissait, mais dont elle ne savait pas tous les secrets. Elle avait des doutes quant à ses activités, sur ce qu’il taisait parfois. Et cette fois, elle voulait relier les pièces d’un casse-tête qui s’affichait sous ses yeux. Oh, Orion, what game are you playing ? Mais était-elle étonnée, vraiment ? Ne s’en était-elle pas doutée ? Car après tout, elle semblait avoir un type particulier, Leora. Ceux qu’elle devrait fuir, mais qui l’attiraient indéniablement. Alors cela devait-il la surprendre ? Malgré tout, les mystères lui fronçaient les sourcils, et elle voulait savoir. Vile curiosité, quand elle s’emparait d’elle.

Mais le silence jusqu’aux premiers pas à l’extérieur. Les pensées qui bourdonnaient dans son esprit à faire sens de ce qu’elle avait vu. Puis, elle secouait la tête devant les questions. « I think I'm alright... Just some scratches but nothing serious. » Avant-bras légèrement égratigné lorsqu’elle s’était faufilée par la fenêtre, mais simplement une peau éraflée. Aucune goutte de sang n’y perlait. « Thank you for coming to me. Did you... know this place already? You seemed sure of yourself walking out. » Le regard qu’elle posait sur lui. Car toute curiosité pouvait chasser son angoisse. Et les questions lui semblaient impossibles à refouler à l’instant. Alors que trop soulevaient interrogations, que c’était le moment d’en apprendre plus. Sur ce qu’elle ne savait pas de son meilleur ami. Tous ces secrets qu’elle n’avait jamais relevés. Qu’elle n’avait jamais cherché à découvrir réellement. La table mise pour partager ses questionnements maintenant. Mais voulait-elle tout savoir au fond ?

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