luie brumeuse ; de celle qui porte en ses gouttes épaisses, toute la crasse du fold et du désert, et ainsi mélangée à la poussière, elle s'abat voracement sur le quartier des damnés, venant assombrir les façades abandonnées et délabrées d'une couche supplémentaire de venin. Le fold gagne du terrain. Ici, tout le monde le sait, l'apparition des monstres est quotidienne et il garde encore en tête les échos des "mommy" glaçants des nuits précédentes. Les assauts semblent se calmer un peu, alors l'activité reprend ses droits. Les crimes augmentent, les chasses sont violentes et s'il parcourt les rues à la hâte ce soir, Akheliy, c'est pour rentrer chez lui. Planque spacieuse qu'il a aménagée, non loin de l'impasse où vivent les Orhm car il garde un œil sur elle, constamment. Maman, oh maman qui perd la tête ; et Père qui a laissé tomber, s'est réfugié dans la boisson maudite qui brûle sa trachée et noie sa psyché. Et il a toujours la tête remplie de toutes ses préoccupations, Akio, lui qui ne sait pas vivre pour lui-même et qui a pris l'habitude de s'effacer au profit des autres. Caractère placide, calme en apparence quand il maîtrise mieux que personne la lave en fusion de ses émotions ; et la tristesse, partie intégrante de ses traits, dans ses grands yeux noirs aux reflets argentés, la mélancolie est constante.

Il a le pas trainant ce soir. La fatigue de la récente pleine lune y est pour beaucoup, certains de ses muscles sont encore trop endoloris et il puise dans ses ressources d'énergie pour avancer malgré tout. A Zaun, on ne tolère pas le répit. L'inactivité est un manque à gagner, aussi il n'en est que plus dur avec lui-même. Il porte sa peine, comme une croix qu'il emportera six pieds sous terre entre des planches de bois (ou pas). La lassitude lui colle à la peau, ce soir. Il se fait tard. Ou tôt. Ici, la vie n'est pas vraiment rythmée par la course du soleil car on ne le voit jamais. L'épaisseur du fold partout autour masque tout, emprisonne tout. Bientôt, ils ne seront plus. Avalés par sa monstruosité. La pluie ajoute de la pesanteur sur son cœur et il ne saurait vraiment décrire ce qu'il ressent, sinon un besoin urgent de se mettre à l'abris ; et de se faire oublier, aussi. Mais personne ne pense à lui.

Il n'est plus qu'à quelques pâtés de maisons lorsqu'un bruit suspect l'arrête dans sa lancée. Nombreux sont les bruits qu'on choisit d'ignorer dans le quartier, et bien souvent, c'est pour le mieux. Mais ces cris plaintifs, de douleur aigüe, sont nouveaux. Il hésite. Rentrer ou s'occuper de ce qui ne le regarde pas. Syndrome du sauveur, la question ne se pose que durant quelques secondes, car déjà il a fait volte-face et se dirige vers l'impasse d'où proviennent les sons étranges. Et la scène sur laquelle il tombe est des plus curieuses (à la fois fascinante et perturbante). Il ne peut s'empêcher d'intervenir, animé par une brusque sensation d'urgence devant ce qui semble totalement surréaliste : What you're doing ? Are you crazy ?

l est tard lorsqu’il décide de faire le mur pour une énième fois. Quitter sa chambre, en passant par la fenêtre, est devenu un jeu d’enfant pour lui. Il n’ y a aucune hésitation dans ses mouvements, ni même dans son choix de quitter la demeure des Peirani en pleine nuit. Il ne serait même pas surpris d’apprendre que le chef de famille soit au courant de ses escapades nocturnes. En a t’il vraiment quelque chose à faire tant qu’il revient à la maison comme ça a toujours été convenu et sans que son nom n’apparaisse dans les journaux ? Pas de scandale. Il n’y a que ça qui importe au final. Mais son daemonis n’en a que faire et le pousse toujours plus dans des situations que beaucoup définirait comme dangereuses. En constante recherche d’adrénaline, de sentir son cœur battre contre sa cage thoracique, à en avoir mal. Parce qu’en dehors de tout ce que procure ces situations, qu’est ce qui pourrait lui faire ressentir ça ?

La lune est haute dans le ciel sombre de Celestia qu’il quitte pour rejoindre les bas fonds de Vélaris. Lieu que beaucoup de la haute ville évite. encore plus depuis les derniers incidents. La colère qui rugit en bas et qui peine à être apaisée. Mais le soir, les esprits se reposent et les corps se cachent dans les habitations car dehors, le danger guette lorsque la nuit tombe. Et il faut être totalement dénué de raison pour vouloir s’y rendre pour simplement récupérer des plantes. Mais lorsqu’il s’agit d’un défi, Soa est le premier à s’y jeter la tête la première.

Les rues sont désertes sur redwood road et il est difficile d’y voir convenablement. Gouttes épaisses qui lui tombent dessus et alourdis son corps, l’oblige à plisser les yeux pour y voir quelque chose. Sa trachée le brûle, peu habitué à cette poussière qui s’abat sur le quartier. Mais jamais l’idée de rebrousser chemin ne lui vient. Parce qu’il en veut plus, Soa. Il sent à peine l’organe cogner. Pas suffisant pour combler ce besoin qui le ronge de l’intérieur. L’odeur de sang lui fait froncer le nez et il comprend que les dernières attaques sont récentes. Quelques jours, quelques heures ? Peut-être que le danger rôde encore autour de lui. Et l’angoisse s’infiltre doucement, réveille le fléau qui se fait plus présent, le pousse toujours en avant.

Ce sont des plaintes qui attirent son attention, l’arrête dans sa progression. Healer qui comprend tout de suite qu’il s’agit de supplice de douleurs. Il sent la chaleur émaner dans ses paumes, le don qui réagit aux stimulis externes. Il prend quelques secondes, minutes peut-être, à fouiller autour de lui, le regard baissé au sol pour trouver cette personne qui réclame de l’aide. Car c’est bien ça qu’il entend à travers ces râles plaintifs. Il s’en approche, il le sent, l’entend. Mais jamais il ne trouvera le corps d’un être humain au sol. Et le cœur manque un battement lorsqu’il comprend, qu’il voit ce qui supplie d’atténuer ses souffrances. Loup décharné à la fourrure hérissé d'épines. Shoosuva dont la lueur est quasiment éteinte entre ses côtés, la gueule ouverte sur le sol. Pas complètement mort. Et là où toute personne saine d’esprit se serait enfui ou au mieux aurait abattu le monstre, lui reste planté là, à hésiter. Parce que l’envie le prend de savoir ce que ça fait. Absorber la douleur d’un être qui n’a plus rien d’humain. Daemonis qui jubile, qui trépigne d’impatience et les arabesques qui se dessinent sur sa peau, marques du fléau incontrôlable.

Le regard rougeâtre de la bête disparaît sous sa veste après avoir pu constater que cette dernière ne pouvait plus faire aucun geste. A l’agonie, à se battre pour ne pas mourir. Elle grogne, à lui donner des frissons. Sa mâchoire se crispe, à Soa, gestes hésitants alors qu’il pose un genou à terre, les mains au-dessus de l’une des blessures visibles.


Ho oui il l'était pour faire ce genre de chose. Chaleur qui émane de ses caducées et la sensation qui se fait immédiate. À en fermer les yeux sous la douleur qui s'infiltre tel un poison dans tout son corps. Soufflé par l'intensité qu'il en pose son second genou au sol, plainte étouffée entre ses dents. Et le fléau qui domine dans ce combat avec sa raison, à le pousser à continuer malgré tout, pour ressentir plus, toujours plus. A ne plus être conscient de ce qui se passe autour. Jusqu'à cette voix qui l'interpelle si soudainement qu'il en sursaute. Brise la connexion. Et la perte soudaine de sensation le déstabilise. Mains qui tremblent alors qu'il se tourne vers l'origine de la voix. Regard encore voilé qui plonge dans celui de l'inconnu.

I’m healing him… Parce que c'était bien ce qu'il faisait, non ? Et dans la surprise, il ne remarque pas tout de suite que le regard rougeâtre de la créature est de nouveau visible. Plus vivant qu'avant.

impensable en pleine besogne ; il a du mal à en croire ses yeux, Akheliy, lorsque l'animal se redresse, que ses épines reprennent de la vigueur et que son dard menace de répandre le venin mortel sur le healer essoufflé à ses pieds. Et la réponse que ce dernier lui offre semble encore plus improbable quand tout le monde sait, ici, qu’il ne faut pas s’approcher de ces créatures maudites. But… why ? Car si jamais le shoosuva reprenait vie, il ferait d’innombrables victimes dans ces rues, à commencer par le soigneur lui-même. You’re out of your mind… Il n’y avait aucune autre explication à son action totalement irréfléchie et dénuée de sens : il était fou.  Car à moins de vouloir mourir, il n'y avait strictement aucune raison d'agir ainsi en plein quartier des damnés.

Si le temps de réaction semble incroyablement long, c'est parce que la surprise est de taille. Mais lorsqu'il sort de sa léthargie, Akheliy, c'est en criant sur le healer qu'il tire vers l'arrière d'un coup pour le sauver in extremis des griffes de l'horreur. STOP IT!! Sur le sol trempé, il glisse mais enroule son bras fermement autour de l'individu pour rouler avec lui au milieu des débris de la ruelle sordide. It will kill you, moron ! Ensemble, ils reculent de quelques mètres. Repli salvateur quand au loin, l'ombre de la bête revigoré se dessine, et que son grondement inhumain les saisit aux tripes. You're so fucking stupid... Que marmonne l'alpha en se redressant et en aidant le healer à faire de même. Now run ! RUN ! Et il le pousse, vers la rue principale, à prier pour que son instinct de survie lui revienne quand clairement, il avait tout fait pour mettre fin à ses jours.

La course poursuite s'engage alors. La bête terrifiante puise dans sa force retrouvée pour leur filer au train, et c'est la mort sur les talons qu'ils s'engagent dans le dédale labyrinthique de Zaun, Akheliy guidant le healer lorsque celui-ci s'engage vers des impasses. No, here ! Come on, climb up ! Pris au piège d'une ruelle, l'unique moyen de s'en sortir est d'escalader le long d'une gouttière vieillie, et ruisselante d'eau de pluie. Sans réfléchir, il lui fait la courte échelle.

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Pile Soa ripe sur cette dernière et n'arrive pas à monter, tous deux obligés de faire face au Shoosuva déterminé à les tuer.

Face Soa arrive à grimper mais Akheliy n'a pas le temps de le suivre que le Shoosuva est déjà là.

éstabilisé. Perte de sensation trop soudaine et les battements de son cœur font échos dans ses oreilles alors qu’il se retourne vers celui qui l’a surpris. Regard encore voilé par la douleur ressentie. Il remarque que maintenant qu’il a le souffle court, les mains qui tremblent. Mais la réponse qu’il sort est d’une simplicité désarmante. Oui, il soigne. Ce n’est pas ça le problème. C’est ce qu’il soigne qui est surprenant. Créature du fold qui n’a aucune pitié et qui aurait dû trépasser ce soir. qu’il aurait dû tuer plutôt que guérir. Mais l’envie trop prenante, d’essayer, d’expérimenter son don sur ce que personne n’a jamais osé approcher. Folie qui le guette, entretenue par le fléau qui jubile en lui, dessine des arabesques sur son cou, décuple son obsession pour l’adrénaline, le goût du danger. Why ? Yeux qui se froncent, en quête d’une réponse intérieure qu’il ne trouvera finalement jamais. Il n’en sait rien lui-même. Il le veut juste. Obéit à ses pulsions. Ne se retient pas. Et le regard qui se perd dans celui choqué qui lui fait face. C’est donc comme ça qu’on le regarde quand il ne se retient pas ?

Attention dirigée sur son interlocuteur, Soa ne remarque pas tout de suite que la bête n’est plus allongée sur le sol, agonisante. Regard rougeâtre qui se pose sur son dos, les crocs dehors, grognement - bien qu’encore faible - qui le tend presque immédiatement. Il n’a pas le temps de regarder derrière lui, découvrir la rage au fond de ces prunelles quasi éteintes quelques secondes avant, qu’il se retrouve tiré en arrière, sur le sol humide de la red road. Roule, bloqué dans les bras de l’inconnu qui vient de lui crier dessus - lui sauver la vie -. sur pieds rapidement, ils reculent ensemble de quelques mètres. Soa silencieux face à la colère de celui qu’il ne connaît pas. Inquiétude qu’il ne comprend pas et le regard qui se glisse plusieurs fois sur lui, à la recherche de réponse pour des questions qu’il ne formule pas. Il ne se formalise pas des insultes, habitué qu’on lui fasse remarquer son attitude téméraire, à la limite de la folie. Daemonis sans limite.

Ils courent, sans s’arrêter, vers la rue principale, Shoosuva à leur trousse. Et il le sent, ce cœur qui bat fort à l’intérieur, cette adrénaline qui le prend de plus bête. Cette sensation d’être vivant. Ça le prend aux tripes. Course poursuite qui s’engage dans les rues de Zaun, à perdre haleine. Et cependant, Soa écoute, suit son partenaire d’un soir, qui l’empêche de s’engager à plusieurs reprises dans des impasses jusqu’à ce qu’il ne puisse plus avancer. Piéger dans une ruelle et demi tour impossible, la bête à quelques pas. La pluie continue à s’abattre sur eux et malgré la peur, l’healer se sent vibrer. Courte échelle qui se propose mais le pied qui ripe et le fait retourner au sol. Grognement qui lui donne des sueurs froides. Il se retourne, face à la bête, dos au mur. Et là où d’autres se seraient sûrement mis à trembler, c’est un sourire qui s’étire sur les lèvres du daemonis. Ha… it's impressive. Et c’est dingue comme ça comble son besoin. Être si proche du danger - de la mort peut-être - satisfait le fléau. Sensation étrange de se sentir trépigner dans ce genre de situation.

Son regard observe la bête, glisse sur des blessures encore visibles. He's still hurt. qu’il lâche avec calme à l’attention de son acolyte. His front legs. I didn't take care them. Sang sombre qui s’écoule encore des blessures visibles sur ses jambes. Et il sait qu’elle souffre. Il le ressent. ses doigts se referment sur le poignet à ses côtés et il le regarde. De ce regard un peu fou, sourire énigmatique accroché aux lèvres. De ceux qui surprennent, fascinent.  Ils n’ont pas le choix de toute manière que de tenter le tout pour le tout. A rester planter là, même affaibli, la Shoosuva les tuerait rapidement. Wait… Murmure qu’il lâche dans un souffle, la poigne plus forte autour du poignet. Le corps en alerte. Dans l’attente. Et il la voit se préparer, se replier sur ses pattes, prête à bondir sur eux.  NOW ! Il tire fort sur sa prise, obligeant le zaunard se coller contre le mur de gauche tout se baissant, loupant de peu les griffes de la créature maudite qui s'ecrase contre le mur. Les corps se se percutent un court instant, bras autour de la taille. Et il agrippe a nouveau son poignet, tire dessus, le forçant à reprendre leur course effrénée pour trouver un abri, un coin entre deux murs où elle ne les trouvera plus.