Hypocrisie. Dans chacun des mots, dans chacun des gestes. Demandes égoïstes. Reproches injustes. Être appelé à la demeure familiale et l’obligation de s’y présenter pour entendre ces remarques, ces critiques. Épuisé, Milo. Fragilisé par les derniers temps. L’intensité et l’énergie qu’il avait mises dans les différentes activités composant sa vie l’avait vidé. Et les commentaires lui semblaient comme un acharnement sur des plaies qu’il voulait oublier. Sensibilité à fleur de peau, sourire qui commençait à flétrir sur ses lèvres. Il voulait qu’on oublie sa présence l’espace d’un moment, qu’on le laisse pour une fois se reposer. L’ordre qui s’était montré très demandant avait fatigué son don, sa magie. Les projets du groupe lui donnaient toujours du plaisir, se retrouver avec les membres le rassurait, rendait le sourire plus facile, mais il manquait d’énergie plus rapidement qu’à l’habitude. Sans vouloir les laisser le réaliser cependant. Il se donnait à fond, certain qu’il allait reprendre le rythme bientôt, cherchant à s’en convaincre. Il le devait. Pour lui et surtout pour tout le monde.

Malgré toutes ses bonnes intentions, ses espoirs qu’il voulait faire vivre, le début du mois s’en trouvait rude, sans pitié pour son corps fatigué et son esprit malmené. L’ombre des Watsonia qui planait sur lui, qui voulait le rappeler à Célestia. Milo qui commençait à se montrer impatient, agité. Son désaccord qui filtrait entre ses mots, ses gestes qui trahissaient une nervosité irritée. Réaction qui ne passait pas très bien auprès des aînées, et si son père tenta de calmer les échanges, la dispute en était inévitable. Milo qui d’ordinaire se montrait calme, se montrait souriant. Refusait poliment, cherchait les compromis. Cette fois, il n’était pas — il n’était plus — en état d’écouter ou d’argumenter. La fois de trop pour lui. Il n’avait pas pu rester une seconde de plus. La frustration, l’impuissance, l’épuisement. Tout pour le pousser au bord du gouffre. Il ne voulait rien entendre. Fuir Célestia, fuir sa famille, fuir les demandes, fuir les attentes. Tout oublier pour quelques heures.

Voiture qui l’apporta à Midrias. Mais la colocation qu’il ne retrouva pas. Trop instable à l’instant. Se sachant incapable d’afficher l’ombre d’un sourire. Et le souhait de ne pas les inquiéter, de ne pas leur montrer. Donc, ses pas optèrent pour une très longue marche. Sans but, sans destination fixe. Seulement s’aérer la tête avec ses écouteurs qui le coupait du monde. Capuche de son manteau printanier tirée bas devant son visage. Et l’inconscient qui le menait là où il avait grandi. Quartier aux allures de labyrinthe qu’il parcourait sans réussir à calmer les vagues dévastatrices qui le déstabilisaient. Musiques qui défilaient au fil de ses pas, pensées tourbillonnantes qui l’étourdissaient. Loin de retrouver le calme, il s’engouffrait davantage dans un sentiment de désespoir.

Lorsqu’il s’arrêta finalement, son regard se releva sur une porte qu’il connaissait très bien. Celle de l’appartement de Valerian. Il leva d’abord la main avec l'intention taper quelques coups avant de s’arrêter, de regarder l’état dans lequel il se trouvait et de laisser retomber son bras. Soupir frémissant contre ses lèvres. Incapable de cogner, incapable d’appeler. Parce qu’il ne voulait jamais se montrer aux autres de cette façon. À bout de force de ses déambulations, il prit place au sol. Dos contre le mur et regard vers les nuages gris. Représentation de son humeur difficile des derniers temps. Et alors qu’il attendait vainement, les premières gouttes s’échappèrent du ciel. Comme s’il voulait pleurer avec lui. Pluie froide d’une fin d’hiver qui atteignait ses joues. À lui donner la possibilité de cacher ses larmes sous celle du ciel. Et il ferma les yeux, Milo. Une minute. Les gouttelettes qui parsemaient sa peau de plus en plus nombreuses. Puis, le premier sanglot secoua ses épaules alors que le trop plein d’émotions lui montait à la gorge. Et s’il ne voulait pas, c’était presque impossible de s’en empêcher. Alors que la pluie caressait ses larmes de sa douceur printanière, il se cacha d’une main. S’abandonnant un court instant. Juste quelques minutes, se promit-il. Pour soulager ce cœur qui ne savait plus comment jongler avec ses inquiétudes. Juste quelques minutes, et il pourrait retrouver le sourire. Quelques minutes, et il pourrait rentrer comme si tout allait bien. Quelques minutes de solitude seulement.

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doomed to failure. les sanglots du ciel trouvaient écho en leurs cœurs éclatés, lézardés par les abandons, strangulations, étouffés par les injustices ; que la peine régissait la basse-ville comme nulle part ailleurs quand presque tout avait été détruit dans l'indifférence générale. des reconstructions prévues et de la charité ô combien louée, ne restaient il déjà plus que de belles promesses, envolées au loin, chassées par un programme plus luxueux au sein de la haute-ville. parade du mensonge ; il y avait deux mondes qui cohabitaient dans la cité, leur réalité séparée par un mur immense. ceux qui vivaient dans l'opulence et s'offraient la sérénité du déni ; opposés à ceux qui n'avaient pas le luxe d'apaiser leurs inquiétudes. le fold à leurs portes, à leurs trousses, à gagner du terrain constamment. la basse-ville luttant contre les innombrables et quotidiennes invasions. les seadandas, une atrocité de plus qui avait révélé l'impensable ; que les fléaux régissaient zaun. à observer cela avec une certaine lassitude, quand la colère grondait pourtant quelque part. le corps usé par les missions qu'il acceptait sans ralentir. les heures qu'il ne comptait pas. witcher, de condition féroce et plutôt malléable, il était apprécié sur les chantiers, avait demandé son détachement spécial de l'escouade pour aider davantage à la reconstructions des foyers détruits. à préférer être là où on avait besoin de lui, comme sa mère le lui avait appris. oscillant, entre haute-ville et basse-ville, l'héritage du paternel venant réduire considérablement les inquiétudes concernant l'avenir quand sa mère, la rose, l'avait éduqué pour lutter contre les injustices. n'était il pas lui-même une fraude ? il s'était senti ainsi tant de fois déjà.. aux envies intrépides mais au caractère placide, solar muselé depuis toujours, dans l'ombre du pouvoir matriarcal à dicter ses valeurs et principes sans qu'il ne puisse y déroger. son avis n'avait jamais compté, mais il ne s'en était jamais plaint. des choix, il en avait eu plein, bien plus que d'autres, nés avec moins. il n'était pas à plaindre, loin de là. il avait fait ses propres choix avec un regard contemplatif sur le monde autour de lui. son fonctionnement parfois étrange, souvent trop rigide et totalement inégal. il n'était pas à plaindre, non.

démarche vacillante lorsqu'il emprunte la fameuse allée sous la pluie battante. il est exténué, ayant puisé dans ses réserves pour aider toute la journée. et il devrait se diriger vers son lit, mais ce n'est pas la voie qu'il a choisi ce soir, car le cœur est trop lourd d'un manque qu'il ne comblera pas, alors c'est du réconfort qu'il vient chercher auprès de son astre, roi de ses nuits. valerian, âme-soeur, repère et guide lorsqu'il est aveuglé par la cruauté environnante. valerian, aux nuances subtiles que lui seul pense comprendre. no need to talk, he gets me. et basé sur ce principe là, leur relation n'en était que plus forte, continuellement. ses paupières se plissent lorsqu'une silhouette se dessine devant sa porte, à travers le rideau de pluie. un corps recroquevillé sur lui-même, ne s'étant même pas correctement mis à l'abri. solar s'approche, analyse la situation mais lorsque la distance se réduit, il reconnait milo, et s'accroupit aussitôt. Hey, what are you doing here, baby? You were advised to text before coming here... it's not safe.... le corps qui fait barrage, et la pluie qui cesse un temps, épargne Milo de ses gouttes abondantes. come inside with me, we'll get some hot drinks. et sans frapper, il pousse le loquet, pénètre à l'intérieur du logement à la lumière feutrée et incite son ami à faire de même. la porte se referme sur leurs carcasses trempées, et rapidement sa paume glisse sous son menton pour diriger son visage vers le sien, observer ses larmes qui parlent plus que les mots, avant de le ramener contre lui pour l'étreindre chaleureusement. it's okay, Milo. VAL ! Milo's here ! il élève la voix pour l'avertir. ce soir, ils seraient donc trois à devoir guérir.

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Fausseté dans une lumière tamisée, et la tranquillité qui ne reflète guère les démons de son âme. Vieux poste télévision sur lequel il faut taper pour avoir un peu plus de netteté, sur l’étagère au-dessus, épargnées par les chats, quelques photos encadrées, souvenirs disparates qu’il regarde souvent le cœur plus ou moins lourd. Sourire de sa mère comme un éclat de réalité et le regard de son père avant qu’il ne se perde dans l’alcool. Lui qui l’avait aimé si fort, soudainement sans repère de la perdre alors qu’il avait déjà été enlevé de leurs étreintes. Instants volés de ceux qu’il a connus, perdus de vue, quelques instances qui se voulaient permanentes pour ne devenir que des volutes nostalgiques, moments volés qu’on a pensé à capturer vainement. D’autres visages qui réapparaissent plus souvent, chronologie détraquée, mais les traits réguliers de Solar à tout âge, ceux de Milo aussi. Les parents aussi, quand les siens sont devenus une impossibilité douloureuse. Nombreuses photos de chats, compagnons de toujours qui viennent et reviennent parfois, maison qui leur ait toujours ouverte. Il ne ferme quasi jamais à clef Valerian, porte toujours prête à laisser rentrer ceux qui importent. Temps de pluie, et s’il l’entend à peine, musique et fumée euphorisante qui atténue ses sens, les jours de pluie sont toujours un peu plus durs. Relents nostalgiques qu’il cherche à étouffer sous les psychotropes et pourtant le spleen qui se loge dans son corps alangui sans qu’il n’ait le choix. Bruit de la porte qui s’ouvre, l’odeur du pétrichor qui envahit la demeure, et ensuite sa voix. Solar. Présence de son soleil qui semble telle un baume sur les pensées néfastes. Corps qui se relève, tangue un peu tandis qu’il éteint la cancéreuse. Fumées qui restent, brouillard constant et lorsqu’il arrive vers le hall d’entrée, la présence de Milo est soulignée. Sourire tendre, il s’apprête à leur dire d’attendre un peu qu’il aère, pour ne pas attenter à la voix du chanteur, mais les mots se butent contre ses lippes lorsqu’il voit l’idole caché dans l’étreinte de Solar. Presque invisible. « Oh … I will bring the towels. » Demi-tour rapide, la fenêtre qu’il ouvre sur son chemin et bien vite, les deux arrivants qui sont enroulés dans le tissu éponge. Étreinte dans laquelle il les plonge sans un mot. Valerian maladroit avec les mots, avec les sentiments. Mais le cœur sur la main, ça toujours.

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