Le changement d’atmosphère lorsqu’il passait d’un quartier à un autre était réellement dépaysant. Si à Zaun, il ne savait jamais à quoi il allait faire face quand il tournait à un coin de rue, à Midrias, il n’y avait pas réellement de danger. Le seul danger auquel il pouvait faire face, c’était son propre corps qui décidait de lâcher au pire moment possible. Xeno détestait le fait d’être tributaire de ces prothèses. Malheureusement, il n’avait pas le choix et devait donc se contenter de cette démarche clopinante qui lui donnait l’air d’avoir cinquante ans de plus que ce qu’il avait réellement. Mais il n’avait pas le choix que de vivre ainsi maintenant. Il aurait presque préféré qu’on ne le laisse pas vivre, mais il n’avait pas eu le choix non plus face à cet incident. On lui avait pris le choix de décider d’être sauvé ou pas. Il pouvait comprendre que de perdre un homme était éprouvant, mais pouvaient-ils également comprendre que vivre comme il le faisait maintenant était encore plus difficile. Il n’avait plus l’impression d’être lui-même, mais juste une pâle copie de ce qu’il avait été, de cet homme intrépide qui se riait du danger et allait même au-delà du danger pour se sentir vivant. Là, les seules fois où il se sentait un minimum bien et vivant, c’était quand il allait voir la fleuriste et qu’il lui achetait des fleurs malgré son allergie. C’était la seule source de danger avec laquelle il flirtait maintenant. Si ce n’était pas pathétique !

Xeno soupira en continuant sa route, s’appuyant contre des murs quand il sentait qu’il ne pouvait plus se servir de ses jambes pour se tenir. Il n’avait plus rien de l’homme qu’il avait été et en plus de ne plus avoir son corps entier, c’était ce qui était le plus frustrant à ses yeux. Il était obligé de dépendre des autres quand il n’avait pas le choix. Et malgré tout, ça ne faisait que le rendre plus aigri par rapport à cet handicap qu’il se trimballait. Cela lui faisait même baisser les yeux, lui qui était si fier fut-il une époque. Mais ça rendait apparemment humble d’être revenu à moitié mort d’une mission. De toute façon, il ne désirait pas rencontrer quelqu’un qui le connaissait. Xeno n’avait aucune intention de faire la conversation et encore moins pour parler de sa condition et voir la pitié dans les yeux des gens. Il en avait que trop souffert. Alors, il poursuivait son chemin, sans jamais rencontrer le regard d’un seul être humain. Il était sauvage maintenant et même s’il passait quand même assez souvent à Celestia pour voir ses parents et à Midrias pour la fleuristerie, il commençait presque à avoir attraper les mimiques des bas quartiers, ceux qui laissaient penser qu’il n’était pas à sa place à Midrias. Malheureusement, il ne l’était pas non plus à Zaun, encore moins depuis qu’il s’y était installé et qu’il constatait les inégalités dont on lui avait toujours parlé sans jamais les voir de lui-même. Maintenant que c’était le cas, il était autant mal à l’aise dans l'opulence des quartiers riches que ceux plus pauvres.

Mais Xeno n’avait pas le choix. Pour que ses parents lui foutent la paix et le laissent faire son deuil de sa vie antérieure, il avait accepté de passer régulièrement à l’hôpital pour qu’on puisse vérifier son état de santé. Il aurait aimé envoyer chier ses parents, mais il savait très bien qu’ils enverraient quelqu’un pour le ramener à Celestia de force et il n’avait clairement pas envie d’y retourner. Ses parents le laissaient donc faire, persuadés qu’il reviendrait un jour au bercail. Mais le ferait-il ? Rien n’était moins sûr. Peut-être que finalement sa vie lui conviendrait à Zaun. Xeno en doutait, mais on ne savait pas ce que l’avenir nous réservait. Un nouveau soupir s’échappa alors de ses lèvres et il releva les yeux au moment où il percuta quelqu’un. « Sorry. » marmonna-t-il rapidement, avant de rencontrer le regard d’un mec qui avait été là pour le soigner à son retour de mission. « Fuck ! » ne put-il s’empêcher de laisser s’échapper. S’il y avait bien quelqu’un qu’il ne voulait pas voir, c’était Milo. Il était gentil, mais sa sollicitude le rendait mal à l’aise. Bien trop pour qu’il puisse être agréable avec le gamin.

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Présence exigée. Malgré son emploi du temps chargé. Ordre qui ne rechignait jamais à le demander lorsque le besoin se faisait ressentir. Son manager qui s’arrachait un peu les cheveux à revoir l’horaire, à lui trouver du temps. Heureusement, ça ne lui arrivait que peu souvent. Milo n’étant pas des plus prisés, n’étant pas des plus intéressants. Quelques rendez-vous et cours à l’académie qu’il suivait pour continuer de travailler son don, mais il n’était jamais dans les plus sollicités. Il y avait bien meilleur de lui. Il y avait toujours eu et aurait toujours de meilleurs healers que lui. Et même si cette affirmative était véritable, il y avait certains moments où sa présence restait utile. Lorsque le calme s’y prêtait, lorsque la chirurgie demandait la précision que pouvait accorder l’union de son don et son pouvoir, lorsque tous les autres étaient occupés ailleurs. Pas tout à fait le dernier recours, car avec les années, il s’améliorait, mais les cas d’urgences, les cas stressants dans lesquels il se retrouvait bien inutile.

Ces derniers temps, c’était difficile. Tous ceux disponibles étaient déjà occupés. Ils se tournaient donc vers ceux qui restaient, les appelaient en renfort. Et Milo faisait partie de cette seconde catégorie. Pas assez doué pour qu’on veuille de lui tout le temps, mais juste assez pour qu’on l’appelle lorsqu’il manquait quelqu’un. Dernièrement, le besoin de tous les effectifs possible pour aider, pour participer, se faisait sentir. D’un côté, Milo était content de pouvoir donner un coup de main, de sentir qu’il pouvait faire quelque chose, ne pas être assis impuissant à regarder ce qui se déroulait autour de lui. Mais de l’autre, la fatigue engendrée en jonglant entre ses différentes vies pouvait peser sur lui. Et entre tous les événements auxquels il participait ces dernières semaines, il n’avait même pas eu le temps de passer chez sa mère. Ses moments libres étaient si minimes, qu’il ne lui laissait pas le loisir de sortir se promener.

Le manager l’avait déposé quelques minutes plus tôt. Il ferait les derniers mètres du chemin à pied, pour rejoindre l’hôpital. Simple demande pour aujourd’hui, qu’il avait acceptée avec plaisir. Quelques heures dans sa journée pour aider avec certains suivis, subtilement avec des patients qui le connaissaient déjà. Milo se devait de rester discret pour ne pas attirer l’attention, pour ne pas causer un désordre de ses apparitions publiques imprévues. C'était toujours particulier d’aider tout en cherchant à cacher son visage.

Il avançait calmement. Les pensées dansaient derrière ses pupilles alors qu’il ne regardait pas réellement où il allait. Jusqu’à sentir son épaule percutée, ce qui le ramena à la réalité. L’excuse marmonnée se rendait jusqu’à lui alors qu’il relevait le visage. « No worries. » répondait-il de suite. Son regard croisa celui de Xeno et tout de suite, le sourire fendit ses lèvres. C’était justement l’un de ceux qu’il venait voir aujourd’hui.

Milo avait un côté insistant, un côté envahissant, mais il essayait de ne pas s’imposer s’il ressentait l’inconfort et désaccord de l’autre. Toutefois, il y avait bien une personne avec qui il le faisait malgré les plaintes et les soupirs. C’était Xeno. Car il avait l’impression qu’en le laissant tranquille, qu’en le laissant à lui-même, il sombrerait davantage vers la noirceur. Et Milo ne pouvait pas faire autrement que de s’en mêler.

Sourire doux qui s’affichait malgré l’indisposition de son interlocuteur. Milo toujours heureux, toujours ouvert. Il le fallait. Il se montrait content, même s’il savait très bien que Xeno préférait ne pas lui parler. Il n’était pas complètement naïf, Milo. Empathique, il savait bien souvent. Et il ne pouvait tout simplement pas lui tourner le dos. « We are a bit low on healer this month, so I’m here to help. Since I was there for your operation, they thought I could do the check up with you. » Explications partagées tranquillement, mots qui obligeaient Xeno à lui accorder de son temps, son attention. « Let’s get in. We’ll be more comfortable to talk. » Reprise du chemin proposé. Parcourir les derniers mètres jusqu’à la porte, pour retrouver l’hôpital, pour discuter en priver sur un sujet épineux. « How were the last days ? I heard you’re not in Celestia anymore. Are you taking good care of yourself ? » Et Milo ouvrit à nouveau la bouche en chemin. Trop souvent bavard, il n’hésitait que bien rarement avant de laisser sa voix être porté par le vent.

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S’il y avait bien des gens que Xeno voulait à tout prix éviter, c’était les gens qui avaient participé à lui sauver la vie et faire en sorte que miraculeusement, il ne s’en sorte qu’avec de légères blessures et seulement que deux membres en moins alors qu’il aurait pu avoir bien pire. Seulement, le jeune homme aurait préféré le bien pire, parce qu’il n’aurait clairement pas eu à voir sa vie se dégrader autant et son rêve n’aurait pas volé en poussière en quelques instants. Pourtant, il était bien là, en chair, os et prothèses. On ne pouvait pas dire qu’il aimait cette nouvelle vie, mais il continuait de la mener pour éviter à ses parents ainsi qu’à Morana un nouveau deuil. Mais ce n’était pas pour autant qu’il était heureux de voir une personne qui l’avait soigné. Encore moins quand il s’agissait de Milo. Ce dernier n’était pas méchant, juste un peu trop collant et ça ne plaisait pas réellement au jeune homme. Il aurait aimé qu’il ne soit pas si persistant dans son envie de savoir s’il allait bien et s’il se remettait de ses blessures. Ce n’était pas réellement le cas. Physiquement, ça allait, du moins, il le pensait, mais mentalement c’était autre chose. Xeno n’était pas du genre à s’épancher sur ce qui se passait dans sa tête. Cependant, si on le connaissait on pouvait aisément le voir, même s’il balayait les questions et les inquiétudes d’un revers de main.

Alors quand Xeno rencontra le regard de Milo, il ne put retenir une insulte de quitter ses lèvres. C’était bien une des dernières personnes qu’il désirait voir. Pourtant, le jeune homme ne sembla pas s’en formaliser et resta même courtois et agréable avec lui. Son comportement lui hérissait le poil tandis qu’il secouait la tête lentement. Pourquoi se montrait-il toujours aussi doux alors que l’ancien célestien n’avait fait que le repousser et être désagréable avec lui ? Pourquoi continuait-il de s’inquiéter pour lui ? Et surtout, pourquoi ne l’envoyait-il pas chier ? Xeno comprenait bien que ce n’était pas dans la nature du jeune homme, mais il était réellement exécrable avec lui et pourtant, il revenait à l’hôpital parce qu’on lui avait demandé de faire son check up. Soit Milo était bien trop gentil et ça lui ferait du tort un jour, soit il était masochiste. Les deux options n’étaient pas à exclure. « Great ! I can’t wait. » lança-t-il sa voix totalement remplie de sarcasme tandis qu’il suivit à l’intérieur de l’hôpital.

Xeno pensait qu’ils finiraient de parler parce qu’il n’avait jamais montré qu’il souhaitait faire la conversation, mais c’était sans compter sur le côté bien trop bavard de son compagnon de route. Il soupira et leva les yeux au ciel. Il grogna presque sa réponse, espérant qu’il ne lui en poserait pas plus. « Fine. I live in Zaun now. And yes. » Réponses succinctes à chaque question que Milo avait posé, sans rien rajouter de plus dans l’espoir qu’il se taise et ne tente pas plus de lancer une discussion entre eux. De toute façon, il n’aurait malheureusement rien d’autre de Xeno. Ce dernier n’était plus le type qui était enjoué et pouvait discuter pendant des heures avec d’autres personnes. Il se dirigea alors vers l’accueil, avec deux buts en tête : le premier pouvoir aller à son rendez-vous et le second échapper à Milo. Il eut le premier, mais le second c’était presque impossible puisqu’il serait là pour le check up. Il sentit un nouveau soupir passer la barrière de ses lèvres quand la femme derrière son bureau vit Milo et qu’elle lui indiqua d’accompagner Xeno. « Great… » lança-t-il sans un regard vers le jeune homme, sans se soucier que son comportement pouvait le blesser. « Where is it ? The faster we do it, the faster I go. » Parce qu’il n’avait pas prévu de rester cinquante ans dans ces lieux.

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Milo toujours souriant. Douceur qu’il voulait garder, qu’il voulait partager. Ne jamais se laisser atteindre par la négativité. Comment pouvait-il faire fi des insultes et des méchancetés ? Probablement parce que ce n’était pas la première fois, qu’il avait déjà vécu à travers l’adversité et son optimisme l’avait grandement aidé. Il ne pouvait qu’avoir confiance que ça l’aiderait de nouveau, Milo. Il devait le croire. Pour toujours se montrer joyeux, pour toujours alléger les journées grises. Peut-être naïf de penser ainsi, mais on ne le changeait pas. Petit soleil qui voulait illuminer le regard des autres. Et le rejet était encore difficile à accepter pour lui, qui au fond l’effrayait. C’était peut-être pour cette raison qu’il avait tendance à s’accrocher malgré tout. À ne pas accepter cette réalité. Il ne voulait pas se laisser affecter. Et lorsqu’on se montrait un peu trop sec avec lui, il refusait de le voir comme personnel. Même si des fois ça l’était. Car il ne pourrait sûrement pas y faire face.

Avec Xeno, il n’abandonnait pas. Après tout, celui-ci lui répondait. Peut-être pour tenter de se débarrasser de ses questions énervantes, mais il finissait toujours par lui donner les réponses que Milo cherchait. Même si c’était rapidement donné, si c’était avec soupir et grognement, Milo le voyait toujours comme une petite victoire. Ça l’encourageait à continuer, à ne pas laisser tomber. Il se disait qu’au fond, peut-être qu’il ne voulait pas véritablement être seul Xeno. Il souhaitait donc entretenir la conversation, chercher à en savoir plus sur ce garçon qui, en vérité, était toujours une simple connaissance. Il n’en savait pas beaucoup sur lui. Il avait participé à son opération, avait tenté d’aider au mieux par la suite, mais comme Xeno semblait vouloir pousser tout le monde de sa vie, ce n’était pas si facile d’apprendre à le connaitre. Mais ce n’était pas quelque chose qui allait déstabiliser Milo ni qui allait l’empêcher de continuer à sympathiser.

Après avoir reçu quelques réponses concises, il n’avait pas eu le temps de renchérir Milo — alors qu’il avait voulu — car déjà Xeno se dirigeait vers le comptoir, cherchant peut-être à le fuir. Mais il n’était pas pressé Milo, car ils savaient qu’ils se retrouveraient au même endroit, qu’ils auraient le temps de discuter. Au malheur de Xeno et à son bonheur à lui. Bien rapidement, ils se présentèrent devant le comptoir d’accueil. Milo, quelques pas derrière à saluer d’une main. Puis, le sourire un peu désolé échangé entre Milo et l’infirmière derrière son bureau. Xeno n’était pas des plus avenants. Difficile à apprivoiser et rudes dans ses réponses. Mais Milo ne s’en formalisait que trop peu. Même si c’était à son égard, devant sa joie de vivre qu’il voulait faire déborder sur son entourage. Puis, il se dépêcha de le rejoindre d’un pas légèrement sautillant, car déjà Xeno s’éloignait. « Are you in a hurry ? Do you have something set for later ? » Sa voix s’éleva pour briser le silence qui s’était installé. Curieux, Milo qui s’intéressait, qui prétendait ne pas comprendre que c’était la rencontre qu’il voulait qui passe rapidement. Regard innocent, sourire angélique sur les lèvres. Il suivit tranquillement jusque dans la salle. S’asseoir près du bureau qui n’était pas le sien, qu’on lui prêtait pour la rencontre. Il ne savait pas qui faisait normalement les suivis avec Xeno, mais il avait le dossier sous la main, qu’il avait ramassé à la réception. Et comme à son habitude, il ne laissa pas le silence se prolonger, il ouvrait déjà la bouche à nouveau. « So, you’re living in Zaun ? How is it ? I never went. » Milo n’avait jamais mis les pieds là-bas. Préférable de ne pas s’y rendre lui avait-on dit. Val et Sol avaient été très clairs sur le fait qu’il ne devrait pas y aller. Et comme il leur faisait confiance, il n’allait pas à l’encontre du conseil de ses deux amis. Ça l’intriguait donc un peu de savoir que Xeno avait choisi d’y habiter. Ce n’était probablement pas une discussion qu’il voulait avoir, mais Milo posa malgré tout la question. Tout à la fois, il fouillait dans les papiers remis, voulant prendre de connaissance des infos, car si on lui avait demandé son aide, il n’était pas au courant des dernières rencontres de Xeno. « Ok, we can start when you are ready. How are you feeling ? »

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Vraiment, il aurait aimé se retrouver partout sauf devant cet hôpital et avec Milo en prime. Xeno n’avait pas réellement quelque chose contre le jeune homme, mais il ne pouvait pas non plus l’apprécier parce qu’il passait son temps à tenter d’être bienveillant avec lui et ça, c’était quelque chose que l’ancien pourfendeur ne pouvait pas accepter. Même si ce n’était sûrement pas le cas concernant Milo, Xeno voyait ça comme de la pitié et s’il y avait bien quelque chose qu’il ne supportait pas depuis qu’il avait perdu ses membres, c’était bien la pitié qu’il pouvait inspirer aux autres à cause de son accident. Il avait déjà du mal à s’accepter ainsi, ce n’était pas pour laisser des inconnus s’apitoyer sur son sort. Bon, Milo n’était pas vraiment un inconnu puisqu’il avait été un de l’équipe qui avait aidé à le maintenir en vie. Mais ce n’était pas pour ça qu’il acceptait sa pitié et sa gentillesse. Il n’en avait pas besoin et la rejetait de tout le monde, même de sa propre famille. Il désirait plus que tout rester le même Xeno qu’il avait un jour été et ce même si ce n’était clairement plus le cas. Alors, il se disait que plus vite leur rendez-vous serait passé et plus vite il pourrait rentrer chez lui.

Ce fut pour cette raison qu’il se précipita dans le bâtiment, l’idole sur ses talons, presque prêt à le suivre à l’autre bout de la ville s’il le fallait. Xeno n’avait donc pas d’autres choix que de subir ce rendez-vous et espérer que ça passerait assez vite pour qu’il puisse enfin quitter ce lieu qui lui rappelait bien trop de mauvais souvenirs. Il avait même pensé pouvoir fuir Milo, mais il ne vivait malheureusement pas dans une utopie et il l’entendit derrière lui. Il remarqua l’échange de regard entre la femme assise derrière son bureau et le jeune homme et leva les yeux au ciel. Il savait déjà que c’était soit à cause de son handicap ou alors sa mauvaise humeur. Si la première option le rendait encore plus grognon, la seconde, il s’en moquait carrément. S’ils n’étaient pas contents avec son comportement, il n’allait pas changer pour eux. Xeno en profita même pour tenter une nouvelle fois de s’éclipser sans avoir Milo sur le dos, mais le destin en avait décidé autrement. Il entendit ses pas le rattraper, facile quand il avait du mal à marcher avec cette putain de prothèse, et sa voix le fit grimacer. Il soupira mais prit quand même la peine de lui répondre. « I’d rather die in the Fold then be here. » Spécialement avec toi se retint-il de répondre. Il avait encore un peu de bon sens pour ne pas le blesser, même s’il était persuadé que ça aurait pu le faire taire.

Parce que le jeune homme ne semblait pas vouloir le faire, préférant meubler le silence qui accompagnait Xeno depuis des mois maintenant et qu’il appréciait plus que tout. Ils continuèrent leur route pour s’arrêter dans un bureau. Milo prit place derrière et Xeno s’installa devant, soulagé de pouvoir enfin s’asseoir pour soulager sa jambe avec sa prothèse. Il avait encore beaucoup de mal à marcher avec et ça lui faisait parfois mal. Soupirant une nouvelle fois, il finit cependant par répliquer. « Yes i’m living in Zaun. You heard me, so why do you ask again ? » Il ne prit pas la peine de répondre au reste. De toute façon, qu’est-ce qu’il aurait pu dire ? Que c’était insalubre, malfamé et qu’en plus il avait potentiellement peur qu’on s’attaque à lui à chaque coin de rue. Il y avait encore quelque temps, Xeno aurait pu se défendre seul, maintenant, ce n’était plus le cas. Alors oui, il craignait pour sa vie, mais il ne l’admettrait jamais devant Milo. Hors de question de lui donner encore plus de matière pour être gentil et avoir pitié de lui. Xeno en avait marre d’en bouffer à longueur de temps. Les yeux du nouveau zaunard se levèrent encore une fois au ciel. « Can we skip this kind of question ! Just do your fucking job to check my injuries and we can go our separate ways. » Ce serait simple et facile ainsi. L’ancien pourfendeur n’avait aucune envie de parler de ses sentiments, de la façon dont il vivait son handicap ni même de sa nouvelle vie à Zaun. Il n’avait aucun désir de s'éterniser ici. « We both have other things to do. Better things to do. » Tout sauf être là avec Milo qui se prenait presque pour un psychologue à tenter de rentrer dans la tête de Xeno. Entrée qui lui refusait en étant tout autant agréable qu’il le pouvait.

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