Après-midi calme. Tranquille après la folie de la journée. Milo qui se donnait toujours à fond, qui ne faisait jamais dans la demi-mesure. La journée s’était terminée assez tôt, car le photoshoot auquel il participait n’avait pris aucun retard, s’était même terminé d’avance. Milo avait pu filer vers Ketterdam plus rapidement qu’espérer. Prendre le temps d’aviser le manager qu’il dînait avec sa famille et qu’il serait de retour au studio en début de soirée. Puis il s’était éclipsé sans préciser réellement où il allait. Solar lui avait assuré qu’il serait dans le coin, au cas où. Alors il était confiant en rejoignant secrètement sa mère cet après-midi-là.

Quelques courses qu’il l’aidait à finaliser et, si la journée semblait tout indiquer pour être banale, le destin semblait aimer lui démontrer le contraire dès que la pensée lui traversait l’esprit. S’arrêter dans une boulangerie pour acheter du pain, tout simplement. Ce fut l’événement qui fit bifurquer la suite. Suivant sa mère sans se presser, sans se soucier, visage caché derrière l’épais foulard qui le protégeait du froid. Hiver dont Milo profitait pour se promener incognito plus facilement, sans attirer les regards. Et entre les étalages, il avait cru apercevoir un visage du passé. Incompréhension d’abord, le questionnement ensuite. Avoir l’impression que son esprit lui jouait un tour. L’avait-il aperçu, ou imaginait-il tout cela ?

La fin de la journée qui finit par arriver, continuant les emplettes, mais la tête complètement ailleurs. Il avait finalement prétexté à sa mère qu’un imprévu était arrivé, qu’il allait la rejoindre plus tard pour dîner. Puis, il avait fait le chemin en sens inverse. La curiosité mêlée de culpabilité l’avait poussé à revenir à la boulangerie. À attendre dehors dans le froid. À piétiner, tourner sur lui-même. Trop près de la porte, mais la main qui n’osait pas l’ouvrir. Hésitant et incertain. Ce qui lui arrivait bien rarement à Milo. C’était bientôt la fermeture. Et il voulait prendre quelques minutes pour en avoir le cœur net. Visage qu’il avait cru apercevoir derrière le comptoir. Qu’il connaissait de l’académie, Zadkiel qui aurait peut-être pu devenir un bon ami si Milo ne s’était pas laissé éloigner. Et celui-ci qui avait fini par quitter l’ordre. Milo ne l’avait pas revu, ne lui avait pas reparlé depuis. Et il s’en était toujours voulu.

Enfin, il osa mettre le pied à l’intérieur pour une deuxième fois aujourd’hui. Retirer la capuche pour dévoiler une partie de son visage et jeter un regard à la ronde alors que le bruit de la porte annonçait sa présence. Il était là. Et Milo s’approcha, sentant un malaise qu’il ne connaissait pas vraiment, s’emparer de lui. Le silence lui semblait si lourd. Était-ce seulement pour lui ? Sa tête s’affolait à l’idée de lui parler, car quoi lui dire après tout ce temps ? Des questions que Milo ne se posait que très rarement. Sourire habitué, amusement facile, situation confortable. Ici, il pouvait se retrouver comme la source du malaise et il ne le vivait pas très bien.

« Hey Zadkiel… It has been a while. You... remember me ? » Chercher comment lui faire face. Sensation étrange pour Milo. Habile pour rendre à l’aise, pour aborder les autres. Mais la situation était différente pour lui à l’instant. Car il y avait des torts, il y avait un passé. Milo n’aurait pas dû le délaisser. Mais il l’avait fait.

Regard qui fuit un bref instant sous les regrets, puis qui se pose sur Zadkiel. « Can I ask how you’ve been ? » Il laissa un mince sourire étirer ses lèvres, partageant une pointe de tristesse, de remords, mais aussi d’espoir. Commencement — recommencement — maladroit. Loin de lui l’idée de déranger, de rappeler de mauvais souvenirs, mais l’intention de rattraper ce qu’il avait abandonné à l’époque. Sentiment honnête peut-être trop tardif. Risque d’être rejeté auquel il faisait face. Et si Milo ne savait pas comment réagir à cette optique, il ne voulait pas non plus faire comme s’ils ne s’étaient jamais rencontrés. Peut-être qu’ils pourraient repartir à zéro ? À condition que Zadkiel puisse lui pardonner.

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La journée était passée, du point de vue de Zadkiel, bien trop lentement. L’adrénaline de la soirée qui l’attendait, le rendant incessant. Il allait repartir en mission, faire quelque chose de plus que de vendre du pain et des pâtisseries. Il n’avait rien contre ce métier, mais ce n’était pas réellement ce qu’il aurait pensé faire de sa vie, pas plus que d’être raflé pour être emporté à Celestia et devenir un healer. Il avait perdu tellement d’années de sa vie à cause de ces conneries que maintenant qu’il pouvait vivre normalement, il ne s’en privait pas. Il ne comprenait toujours pas pourquoi l’académie avait tenté de faire de lui quelqu’un qui utilisait son pouvoir. Il n’arrivait pas à guérir une simple plaie sans tourner de l'œil. Il ne voyait pas l’intérêt de garder quelqu’un comme lui. Malgré ce qu’il pensait, il savait qu’au plus profond de lui, c’était pour avoir un œil sur ce qu’il faisait et peut-être le voir évoluer. Mais sur toutes les années où Zad avait été présent il n’y avait eu aucun changement, aucune amélioration. Ils auraient dû le laisser partir bien avant qu’il ne prenne la fuite avec sa sœur. Heureusement, ils n’avaient pas cherché à les récupérer, pour le moment. Zadkiel s’attendait à ce que ce soit le cas, à chaque instant.

C’était pour cette raison qu’il gardait ses paume cachée avec ses mitaines, refusant qu’on voit les caducées. Ainsi, il avait l’impression d’être anonyme même s’il n’était pas idiot au point de penser qu’on ne surveillait pas sa famille. Mais tant qu’ils ne faisaient rien de répréhensible, il n’y avait aucune raison de stresser. C’était du moins ce que Zadkiel pensait. Il savait également qu’en fréquentant Miyu à nouveau, il risquait de le mettre en danger et de le voir disparaître à Celestia et encore une fois, il serait le cul entre deux chaises à devoir choisir entre sa famille et son ami. Mais cette situation n’était pas prête d’arriver et Zadkiel croisait les doigts pour que ça n’arrive jamais. Il l’espérait fort tandis qu’il continuait de travailler, sans se soucier de tout ça.

Il allait d’ailleurs bientôt fermer la boulangerie et lorsque la porte s’ouvrit pour laisser entrer ce qui allait être le dernier client de la journée. Zad releva les yeux et aussitôt, son corps se tendit, son sourire fanant sur son visage. Milo se tenait devant lui, cet ami qui l’avait trahi, le laissant seul dans la merde à l’académie. Lui en voulait-il toujours ? Il n’avait pas repensé à lui depuis qu’il avait quitté l’ordre, mais maintenant qu’il se trouvait devant lui, Zadkiel avait la réponse à sa question. Il le détestait encore, plus que tout. Il pensait qu’ils étaient amis, mais apparemment leur amitié n’était qu’à sens unique vu que Milo lui avait tourné le dos, dès la première occasion. Un sourire sarcastique s’afficha sur ses lèvres et son regard se fit plus perçant. « Yes ! I remember you Milo… I didn’t forget. » Ce qu’il avait fait, la personne qu’il était. Il émit un rire jaune, sans joie. Le genre qui faisait froid dans le dos quand on l’entendait dans la nuit. « So now, you’re interested about my well being. Glad to know. » Parce que ce n’était pas le cas à l’académie. Il avait été tout seul pour faire face à tous ses harceleurs, à toutes les personnes qui se foutaient de sa gueule parce qu’il ne savait pas soigner quelqu’un.

« What can I get you ? Because if you’re not here to buy something. The door is behind you. I don't have time for you. » Zadkiel le mettait réellement à la porte. Mais il n’avait pas envie de revivre les passages de sa vie où ils étaient amis avant qu’il ne le poignarde dans le dos et le laisse tout seul. Il avait tellement souffert de cette période. Bien trop pour accepter de le revoir ainsi, la fleur au fusil.

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C’était si difficile de faire face à ses erreurs, à ses fautes. À ses décisions, ses actions passées qui venaient affecter quelqu’un. Surtout lorsque celles-ci laissaient derrière des blessures qui ne s’oubliait pas vraiment. Milo avait beaucoup de difficulté à accepter d’être en partie responsable d’un malheur. Lui qui voulait seulement le bonheur de son entourage. Lui dont la douceur était ce qu’il souhaitait partager. Dont le sourire ne voulait pas quitter ses lèvres pour soulager les jours malheureux de ceux qui croisaient sa route. Mais Zadkiel… Il n’avait pas pu le protéger. Il s’était perdu en chemin. Il s’était laissé éloigner sans complètement le réaliser. Il n’était que trop tard lorsqu’il s’était retourné pour constater que cet ami n’y était plus. Que la distance parcourue d’un côté par Milo, que le gouffre qui s’était petit à petit creusé les avait séparés pour de bon. Milo brillant, protégé par l’auréole de son paternel. Milo qu’on avait aidé, ressource exigée. Et dans le tourbillon, il avait fait tomber des morceaux précieux. Brisée maintenant était cette amitié qui les avait unis quelque temps. Ne restait que le désespoir des souvenirs, la culpabilité de la réalité de laquelle il prenait conscience. L’impossibilité de changer le cours des choses. Passé révolu et Zadkiel disparu. Était-ce maintenant une seconde chance qu’on lui accordait ?

Car il ne l’avait pas oublié, Milo. Lui aussi, il se rappelait. Douleur différente et pourtant, déception qu’ils partageaient. Émotions plus brusques du côté de Zadkiel. Qui devait se sentir abandonné, qui devait sentir qu’il s’était joué de lui. Sentiment tristesse pour Milo. Tout aussi douloureuse. Il l’avait mérité. Cette animosité. Et ça lui faisait si mal. Meurtri profondément par son comportement de l’époque et les répercussions. Par ce qu’il apercevait maintenant dans le regard de celui qui lui faisait face. S’il n’avait pas été de ceux à lui jeter des pierres, il était coupable de l’avoir abandonné à ceux-ci. De ne pas avoir porté assez d’attention. De ne pas l’avoir aidé lorsqu’il aurait dû.

L’intention n’avait jamais été de le blesser. Il n’avait jamais voulu de tout cela. Il n’avait pas cherché à fermer les yeux, à tourner le regard. Mais il avait été pris par ses propres problèmes, ses propres tentatives de s’adapter aux nouveautés. Ceux qui lui tournaient autour, qui voulaient lui tendre une main qu’il avait acceptée. Relâchant celle qu’il aurait dû tenir. Dans sa naïveté, il avait délaissé le plus important. « I should have started by saying sorry. » Car même s’il ne voulait rien entendre, Milo n’allait pas abandonner cette fois. Pas aussi facilement qu’en se faisant mettre à la porte une première fois. « I truly am, Zad. » Chagrin au fond de ses pupilles. Sa sincérité serait peut-être refusée. Il ne savait pas comment la partager exactement. Mais il allait faire ce qu’il pouvait pour se faire pardonner. Pour créer de nouveaux souvenirs qui ne seraient pas amers, qui ne seraient pas déprimants. Qui ne rappelait pas cette époque peinée.

« I didn’t mean to.. I… » Et comment réparer les pots cassés ? Était-ce définitivement trop tard ? Ou pouvaient-ils réussir à reconstruire quelque chose ? Il hésitait, alors que ça ne lui arrivait presque jamais. Une main qu’il porta à ses cheveux, qui les repoussa, signe d’une angoisse à laquelle il n’était pas habitué.  « Please, Zadkiel. Can we… talk ? » Il essayait Milo. Il voulait réellement. La plainte, la demande désespérée. Il ne savait pas comment le convaincre de lui accorder du temps, mais il le devait. Il ne voulait pas l’abandonner une nouvelle fois.

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La cloche de l’entrée qui sonna, le sortit de ses pensées pour mieux le replonger dans le passé. Un sourire crispé s’afficha sur ses lèvres alors que ses yeux lançaient des éclairs sur Milo. Si un regard pouvait tuer, il aurait fallu plusieurs heures pour nettoyer le carnage que Zadkiel aurait fait. Pourtant, ils avaient été amis fut-il un temps. Un temps si lointain que Zad se demandait parfois s’il n’avait pas imaginé cette amitié. Parce que s’ils avaient été réellement amis, pourquoi Milo l’avait-il délaissé ? Pourquoi l’avait-il abandonné alors qu’il avait eu besoin de lui, d’un soutien ? Sa mâchoire se contracta alors et il ne laissa pas ses pupilles le fixer autrement que méchamment. Pour le healer, il n’était plus personne et ne le serait probablement jamais. Il était bien trop rancunier pour ça. Pourtant, s’il avait assez de recul par rapport à la colère qu’il ressentait vis-à-vis de son ancien ami, il se rendrait compte qu’il avait fait subir le même sort à Miyu. Il l’avait abandonné et même si les circonstances n’étaient clairement pas les mêmes, le résultat avait été l’abandon de l’autre. A cette pensée, il fusilla encore plus Milo du regard et prit enfin la parole, d’un ton qui était tout sauf chaleureux. Pourtant, ça ne semblait pas affecter la détermination du jeune homme au grand damne de Zadkiel. « Okay you’re sorry and what ? You think everything we will be solved by excuses ? » Se rendait-il compte de tout ce qu’il avait subi ? Zad se doutait que s’il était resté près de lui, le harcèlement aurait été le même, mais il aurait sûrement été plus agréable d’avoir du soutien. Pourtant, il était parti, sans même regarder derrière lui et ce constat laissa un goût amer dans la gorge de Zadkiel qui n’avait qu’une envie le foutre à la porte.

Et c’est ce qu’il lui indiqua si jamais il ne désirait rien acheter. Mais Milo ne bougea pas reprenant même la parole. Un rire sarcastique quitta Zad alors qu’il continuait de le fixer. Il ne voulait pas… Mais il ne voulait pas quoi ? Partir ? Devenir l’un de ceux qui le harcelaient ? L’abandonner ? Ou passer le pas de la porte de sa boulangerie pour lui parler ? Zadkiel n’avait pas envie d’entendre ses explications et ses excuses, pas plus qu’il en avait besoin. Zad avait avancé sans lui dans sa vie et ce depuis des années maintenant. Alors pourquoi pensait-il que revenir maintenant, l’aiderait à supprimer cette peine qu’il avait ressenti dans le passé. Le jeune homme soupira et secoua la tête, espérant le voir partir. « No Milo, we can’t talk. You had years to do it, years to find the perfect excuse. It’s too late. I won’t forgive you and I don’t want to do it. » C’était peut-être méchant, mais il avait besoin de lui dire ce qu’il ressentait et ce qu’il avait pensé de tout ça quand ils étaient plus jeunes. « I thought we were friends. But I guess I was the only one thinking that, because a real friend never abandons the other one. I needed you that time, but not anymore. » Se mentait-il à lui-même ? Peut-être un peu. Mais il ne voulait pas lui montrer que c’était potentiellement le cas. Il désirait simplement le voir partir.

Mais il ne pensait pas que ce serait le cas, alors, Zad finit par se tourner, pour occuper ses mains sans avoir à poser le regard sur lui quand il le rejeta une nouvelle fois. « If you don’t buy something, you can leave. I’m working. I don’t have time for you. » répéta-t-il, espérant que cette fois-ci ça ferait mouche. Et il n’aurait pas de temps pour lui, jamais.

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Le mur auquel il se frappait était beaucoup plus large, beaucoup plus immense qu’il n’avait pensé. Érigé si haut, si brut. Aucune chance pour lui de traverser sans y avoir été invité. Refus dès le début, dès le premier regard. Sa présence porteuse de mauvais souvenirs était détestée. Si apparent. Les mots qui cherchaient à exprimer son mal, sa culpabilité, n’étaient pas acceptés. Il ne voulait rien entendre, Zadkiel. Faire une croix sur le passé. Sur lui. Un regard qui lui glaçait le sang tant il était gonflé de colère, mais Milo ne voulait pas accepter la pointe de haine qui y habitait. Car il voulait croire qu’une chance existait toujours. Pour recoller les morceaux, pour soulager les cœurs blessés.

Il sentait que la situation lui échappait pourtant. Aucun contrôle et le chemin glissant. Le sourire si habituel sur ses lèvres n’y avait pas sa place. Remplacé par une moue douloureuse dont on ne voyait presque jamais. Car s’il était expressif Milo, il se refusait à montrer son mal aux autres, ne souhaitant pas les encombrer de ses malheurs à lui alors que chacun traversait les siens. Mais à l’instant, sourire était déplacé et ne traduirait pas la raison de sa présence, ni même son sentiment honnête. Se faire pardonner ses erreurs n’était pas chose aisée, mais en avait-il douté ? Plus les minutes s’écoulaient, plus il sentait qu’il s’égarait. Il ne savait pas comment mener la discussion convenablement. Ses efforts sans cesse réfutés. Il ne savait plus s’il devait insister. Le refus pourtant d’abandonner. Il ne le ferait pas une nouvelle fois. Cependant, Zadkiel n’était peut-être pas prêt à lui faire face. C’était une surprise soudaine. Désagréable pour celui qui ne s’y attendait pas, qui ne voulait pas. Après toutes ses années. Inconfort ressenti et l’air qui se gonflait d’un malaise évident. Ambiance que Milo détestait, car elle était déstabilisante.

Les mots faisaient si mal. Couteaux qu’on semblait enfoncer dans sa peau. Qui le remettait face à ses propres lacunes, ses propres erreurs. Les mots de Zadkiel étaient rudes, blessants. Vrais. C’était peut-être pour cette raison que ça faisait si mal. Car il ne pouvait pas simplement les mettre de côté. Il y avait une raison derrière toute cette fureur. Une vérité qui leur avait meurtri le cœur à tous les deux. Différemment, mais un mal qu’ils ressentaient et partageaient. Il avait de plus en plus de difficulté à trouver les mots, Milo. À ouvrir de nouveau la bouche tant il sentait sa poitrine oppressée sous le désespoir, sous l’abattement. Minutes qui le rendaient misérable, qui l’affligeaient. Il ne savait plus, Milo. Lui qui d’ordinaire trouvait toujours les bons mots. Le sentiment d’être repoussé, d’être indésiré était une peur véritable qu’il entretenait et être face à Zadkiel qui refusait ses efforts l’affectait beaucoup plus qu’il ne le réalisait. Et pourtant, il ne voulait pas rester silencieux, il ne voulait pas s’abandonner à ses craintes. Les mots légèrement bafouillés quittaient ses lèvres alors. Dans une tirade désespoir. « It’s not that I didn’t want, Zad. I didn’t know where you were or how to get to you. I… I know it’s my fault. I was too caught up in everything… I let go of the most important. I never should have. I don’t know… I didn’t know… It’s too late, I understand… But I can’t give up. Not now that we saw each other again. I don’t want to be the same. I can’t turn my back on you again. »

Comment changer les choses ? Désarroi face à la réalité. Il voulait tant bien faire, Milo. Se racheter. Si la solution était de quitter et ne jamais revenir cependant, il ne pensait pas pouvoir l’accepter. Si la rancune tenace à laquelle il faisait face le mettait à l’envers, il ne voulait pas fuir. Quelques pas pour s’approcher du comptoir. Hésité un moment. Se demander s’il n’était pas mieux de passer un autre jour. Mais quand ? Il ne savait pas quand le temps lui serait accordé et même si Zadkiel allait être ici la prochaine fois. Il ne pouvait pas se résigner à quitter tout de suite. Encore un peu pour essayer, voulait-il — devait-il — se convaincre. Car abandonner reviendrait à accepter d’être rejeté. « If… I buy something, that means I can stay a bit ? » Milo qui essayait, qui voulait se donner plus de temps avant que Zadkiel ne lui montre une nouvelle fois la porte. « Are you making anything at the moment ? » Car si oui, son choix s’arrêterait là-dessus. Il ne pouvait qu’espérer maintenant. Souhaiter que Zadkiel lui laisse acheter quelque chose et éterniser davantage cette discussion. Car Milo avait beaucoup de difficulté à laisser tomber.

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