01 C'était un rayon de soleil, Ari. Et ce, depuis sa tendre enfance. Personne n'en avait douté. C'était le genre d'enfant qui donnait envie d'en refaire cent autres, si c'était possible. Une jeune fille pleine d'énergie, de vie. Elle courait partout, suivrait ses deux frères, Adriel et Kalen, et sa soeur, Désirée, partout où ils allaient. Elle était parfois un peu collante, mais elle en restait attachante. Elle était toute petite, après tout, pas plus grande que trois pommes. Ses parents l'aimaient énormément. C'était la petite dernière après tout, celle qu'on aimait chouchouter. Mais le reste de la fratrie n'en semblait pas si jaloux, au contraire, ils la protégeaient tout autant que ses parents le faisaient. Elle n'avait eu aucun don, à la naissance, contrairement à ses trois frères et soeurs, tous nés dreamer. Elle était bien trop jeune pour vraiment comprendre ce que tout cela signifiait, mais cela lui importait peu. Elle était heureuse, don ou non. Peut-être qu'aussi cela expliquait pourquoi tout le monde essayait constamment de la surprotéger ? Parce qu'elle ne pouvait se défendre seule. Pourtant, il y en avait un qui lui laissait plus de liberté, qui la laissait s'aventurer avec lui : Kalen. Elle ne pouvait qu'aimer son côté aventureux, ses idées de quêtes les plus aberrantes les unes que les autres. Elle n'avait que d'admiration pour son grand-frère, la jeune Ariana. Et à chaque fois, c'était la même chose : "Can I come with you ? Pretty pleaseeeee ?" disait-elle à l'attention de son frère, les yeux brillants. Il ne pouvait dire non. Comment lui refuser quoi que ce soit ? Alors ils s'aventuraient les deux. Jusqu'au drame...

02 Il semblerait que partir à la recherche des secrets de Velaris n'était pas sans prix. Tout semblait commencer si bien, pourtant. Ce n'était qu'une autre journée pour Ari et Kaly, rien de spécial n'était sensé se passer. Surtout pas... ça. Ari ne savait pas ce qui s'était passé. Elle avait à peine 7 ans, elle ne faisait que suivre son frère sans vraiment comprendre tout ce qu'il faisait. Une potion mal préparée ? Une incantation mal formulée ? Elle n'était même pas certaine que Kalen lui-même sache où les choses ont commencé à dérailler. Mais le résultat restait le même : Ari commença à souffrir. Sa gorge se gonfla, ses yeux devinrent rouge sang et il lui semblait que tout l'air venait de disparaître. Respirer était devenu un luxe qu'elle ne pouvait pas se permettre. Alors, elle s'écroula, perdant ainsi complètement connaissance. Quand elle se réveilla, elle était dans un lit d'hôpital. A peine elle avait les yeux ouverts qu'elle sentit quelqu'un la prendre dans ses bras. Sa mère. Elle avait l'air tellement inquiète. Ari ne put s'empêcher de voir les énormes cernes sous ses yeux. Sa mère commença à pleurer, de soulagement, sûrement. Contente de voir que sa petite fille était réveillée, bien vivante. Mais elle avait mal, Ari. Elle se sentait faible. Plus faible qu'elle ne l'avait jamais été. Rien que de sourire semblait la limite à ses forces. Et pourtant, elle se borna à la faire. Pour ne pas les inquiéter. Ils étaient tous là, pour elle, s'inquiétant de sa santé. Tous... sauf un. Is... Is Kalen okay ? Un silence s'installa, que sa mère coupa, assez rapidement. He's fine, don't worry about your brother. He just... he just left. You should focus on yourself, right now. Le regard de sa mère était fuyant, elle le remarqua rapidement. Elle lui mentait. Mais, elle comprit rapidement. Après une longue discussion sur ce qui lui était arrivé et comment les choses se déroulaient, ils partirent chacun leur tour, promettant de se relayer pour que quelqu'un reste toujours avec elle, son père prenant le premier tour. A chaque ouverture de la porte, Ari ne put s'empêcher de voir la présence de Kalen de l'autre côté, dans le couloir. Il se rongeait les ongles, l'air inquiet et n'osait même pas regarder la porte, sûrement de peur de croiser mon regard. Il avait honte. Honte d'être celui qui était à l'origine de tout cela. Mais Ari ne lui en avait jamais voulu, et cela ne changerait jamais. Elle ne dit rien pour le moment, lui laissant un peu d'espace mais elle lui dirait. Elle lui dirait qu'elle l'aimait, malgré tout. Qu'il n'avait rien fait de mal. Qu'elle voulait juste avoir son frère à ses côtés. Elle avait besoin de lui plus que n'importe quand, maintenant. Mais sa honte lui faisait tourner le dos. Et celui qui était un ami, devenait petit à petit un étranger.

03 L'hôpital accepta de la laisser quitter le bâtiment, à la condition qu'elle soit prise en charge à la maison, et accompagnée constamment d'une infirmière personnelle. Ses parents pouvaient se le permettre, et cette idée les rassurait. Ils pensait que ça ferait du bien à Ari, de retrouver la maison, un endroit qu'elle connaissait, qui lui était familier et où elle était à l'aise. Sa chambre fut complètement aménagée pour répondre à tous les besoins médicaux de la jeune Ariana. Ses parents avaient raison pour une chose : Ari préférait être à la maison. Elle n'était ainsi jamais loin de sa famille, jamais loin de tous ceux qu'elle aimait, quelle chérissait. Au début, Ari passait tellement du bon temps qu'elle en oublierait presque qu'elle était constamment clouée au lit. Ses parents, Adriel, Désirée, ils venaient constamment, au début. Kalen, lui se montrait rarement. Il préférait éviter Ariana. Pour ne pas voir en face ce qu'il avait, malgré lui, déclenché. Pourtant, même sans sa présence, il semblait presque qu'une heure ne pouvait se passer sans qu'au moins l'un d'eux passe le pas de sa porte. Ils s'inquiétaient, c'était normal. Puis le temps passa. La condition d'Ari finit par devenir une chose parmi tant d'autres. Une chose à laquelle à tout le monde s'était habituée. Personne ne l'avait abandonné complètement mais ils ne pouvaient passer leur journée à son chevet, à la garder occupée. Ils avaient sa propre vie. "No, no, no, no need to visit me! You know, just because I can't live to the fullest doesn't mean you also should be punished for it. One is enough. Go now, live! If you don't do it for yourself, do it for me. I don't want to be the one holding you back. Et ainsi, ils partaient, un par un. Les visites se faisaient de plus en plus rares. Elle ne s'en plaignait pas. C'était ce qu'elle avait demandé, après tout. Elle voulait que chacun d'eux sans se soucier d'elle. A quoi bon ? Elle n'était que ce boulet, enchaînée à chacun de leurs pieds, les empêchant de véritablement prendre leur envol. Ils ne le pouvaient pas, pas sans avoir la sensation de l'abandonner. Mais elle ne demandait que ça : qu'ils vivent. Qu'ils créent les souvenirs les plus intéressants possibles. Et quand ils avaient un petit moment, ils pouvaient venir la voir, et lui raconter comment c'était la vie là-bas. Lui donner envie de continuer à se battre. Et un jour, elle les rejoindrait, et elle se créerait ses propres souvenirs. Elle n'en perdait jamais espoir. Alors, elle s'occupait. Elle apprenait à connaître l'infirmière, Violet, qui ne quittait jamais son chevet, qui devint rapidement une véritable amie. Celle à qui elle pouvait se confier sans restrictions. Pas comme à sa famille, à qui elle essayait constamment de cacher toute sa douleur. Ne pas les inquiéter : c'était son objectif premier. Elle appréciait passer du temps avec Violet. Elle était d'une gentillesse extrême, très attentionnée, elle faisait tout pour rendre Ari la plus heureuse des petites filles, malgré tout ce qu'elle traversait. Elles pouvaient passer des heures à discuter. Elle lui racontait son métier, ses longues années d'expérience et tout ce qu'elle avait vu. Elle semblait fatiguée de tout ce qu'elle avait vécu. Ce n'était pas un travail facile ou même reposant, mais jamais elle ne s'en plaignait. Elle disait toujours qu'aider les autres était sa plus belle récompense et qu'elle n'aurait voulu changer ça pour rien au monde. C'était une véritable passionnée. De plus, une tutrice venait du lundi au vendredi, pendant presque toute la durée de sa convalescence. Elle lui apprenait tout ce qu'elle aurait dû apprendre à l'académie, si elle avait été en forme. Si elle avait été normale.

04 Lors de ses 8 ans, et comme le voulait la tradition, Ariana fut présentée devant l'artéfact familial. Chacun y voyait un espoir. Un espoir qu'elle hérite d'un pouvoir qui pourrait l'aider. Elle pouvait bien avoir ça non ? Elle qui avait déjà échappée à être une dreamer comme ses frères et soeur, méritait bien un pouvoir. Pourtant, l'artéfact ne réagit pas. Rien. Absolument rien. Il devait réagir pourtant. Elle avait le même sang que ses frères. Ils avaient tous eux un pouvoir. Un don. Tout. Et elle, elle n'avait rien. Tout ce qu'elle semblait avoir gagné, c'était cette maladie qui semblait jamais ne la quitter. Celle qui essayait de voir le bon côté des choses à toutes les situations, ne put s'empêcher d'être déçue, malgré elle. Une larme coula le long de sa joue, qu'elle s'empressa de faire disparaître, avant de se retourner vers le reste de la famille, affichant un sourire rayonnant. "Well, humans are the coolest anyways, so who's really winning ?" lança t-elle, finissant en tirant la langue au reste de sa fratrie. Mais, elle était restée debout depuis trop longtemps, et l'afflux d'émotions ne l'aidait pas. Elle commença à sentir des vertiges, puis elle perdit connaissance. Un malaise parmi tant d'autres, pour elle. Elle se réveilla sur son lit, Violet à ses côtés. Elle regarda le reste de sa chambre. Vide. Ce n'était que l'infirmière et elle. Alors, elle se laissa aller. Elle se mit à pleurer, à chaudes larmes. You know, I really thought I could finally make all the pain go away... I'm cursed, aren't I ? demanda t-elle, entre des pleurs à Violet, qui la réconforta. Ari avait beau être une optimiste, elle avait bien des jours où rien ne semblait aller. C'était un de ces jours là. Mais elle irait mieux. Demain. Elle retrouvera son beau sourire. En attendant, elle pleurait, enlacée par son amie, et elle ne pouvait qu'avouer que cela faisait un bien fou.

05 Tous se sentaient mal pour la pauvre petite Ari, surtout depuis que toute la famille avait découvert que ce n'était pas un quelconque pouvoir qui la sauverait. Les années passèrent, et Ari se sentait de plus en plus délaissé. Cela l'affectait, évidemment. Mais elle l'acceptait. C'était mieux ainsi. Un jour, cependant, Adriel vint lui rendre visite. Mais il n'était pas seul. Dans ses mains, il tenait une boule de poils blanche, extrêmement mignonne. Les yeux de Ari s'émerveillaient face à sa vue. Elle savait ce que c'était, elle avait lu tellement de choses sur ces petites bêtes, sans jamais avoir eu la chance d'en voir une. Elle sauta de son lit, ignorant les remontrances de l'infirmière qui la suppliait de rester au lit et s'approcha avec excitation près de la petite bête. "Adriel ! I'm so happy to see you ! What are you doing with a poro ? It's so cute ! Can I pet it ?" Adriel expliqua à sa soeur, plus excitée que jamais, qu'il avait pris ce poro pour elle. Qu'il lui offrait. Que ce serait son nouveau compagnon. Are you for real ? Oh my god, thank you !! Elle fit un câlin à son frère puis se concentra sur le poro que Adriel lui mit dans les bras. Il semblait refléter la bonne humeur et l'excitation de sa maitresse. Cette boule d'amour était le cadeau parfait pour la petite Ari. Elle semblait ne pas pouvoir s'arrêter de sourire en tenant la boule de poils près de son coeur. "I should give you a name, right ? Hm... How do you like... Furby ?" L'animal semblait particulièrement satisfait par ce nom, alors Ari ne s'embêta pas à en chercher d'autres. C'était décidé. Furby était son nouveau meilleur ami ! Elle resta là, à l'admirer en souriant pendant de longues minutes, avant de discuter avec son frère, le remerciant mille et une fois pour cette attention. Elle ne lui demanda pas pourquoi il lui avait offert un poro. Au fond, elle se doutait de la réponse. Il grandissait, il avait moins de temps pour venir la voir, moins de temps à lui consacrer. Il avait du bien comprendre qu'elle commençait à se sentir délaissée. En lui offrant cette si mignonne boule de poils, c'était probablement un moyen pour lui de montrer qu'il restait, malgré tout, toujours à ses côtés. Elle appréciait le geste. Elle n'en demandait pas plus, Ari. Elle savait que son frère, comme le reste de la famille, l'aimait inconditionnellement, peu importe le temps qu'ils prenaient pour lui rendre visite dans sa tour d'ivoire. Elle était aimée, et elle était heureuse. C'est tout ce qui comptait.

06  Plus elle grandissait, plus la solitude l'affectait. Elle devenait une véritable adolescente, plus simplement une enfant. Elle sortait rarement, quand son état le permettait, mais jamais bien loin, jamais bien longtemps et jamais sans être surveillée. Elle savait tout ce qu'elle ratait. Elle l'avait lu dans les livres. Les amitiés, la romance, que toutes les jeunes filles de son âge expérimentaient, apprenant à se découvrir, à grandir. Elle ne le pouvait pas. Elle était seule, avec Furby, avec son infirmière, parfois sa famille, quand ils pointaient le bout de leur nez par ici. Alors, elle supplia ses parents. Si elle ne pouvait pas voir le monde, elle ferait venir le monde venir à elle. Avec la technologie disponible à Velaris, c'était tout à fait possible. Elle voulait avoir accès aux réseaux sociaux, à Momento, à tout. Elle savait qu'elle ne pouvait pas construire de véritables connexions en restant clouée à son lit, espérant que quelqu'un passerait la porte. Elle devait trouver un autre moyen pour se connecter avec les gens. Ses parents cédèrent. Ils savaient qu'ils n'avaient pas le choix. Leur fille loupait déjà toutes les connexions que tous les adolescents de son age créaient à l'école, dans des activités, partout. Dehors. Ils ne pouvaient pas lui retirer ça. Ils savaient que ça la détruirait. Alors, commença sa grande passion pour les réseaux sociaux. Elle se crée un compte sur Momento, et devint rapidement une sensation. Après tout, elle avait la notoriété des Idahria, de ses parents et sa fratrie qui avaient déjà commencé à se faire un nom, là-bas, dehors. Tout cela combiné avec tout le mystère de la la petite dernière que personne ne voyait jamais. Les rumeurs fusaient depuis des années, depuis que Ari semblait presque avoir disparu de la circulation. Mais elle confirma tout ce que chacun disait à voix basse depuis des années : oui elle était malade. Mais elle n'était pas là pour s'en plaindre, au contraire. Elle ne fuit pas sa condition, elle s'appropria la chose. Elle voulait montrer que la maladie n'était pas une fin en soit. Elle partageait de nombreux de moments de sa vie sur les réseaux, inspirant d'autres personnes qui pouvaient vivre une situation similaire. Expliqua comme sa vie avait changé depuis l'accident, comment elle s'y adaptait, et comment elle réussissait à trouver le bonheur dans d'autres choses depuis. Elle était ce rayon de soleil, qui semblait ne jamais s'apitoyer sur son sort. Elle se fit rapidement des amis ainsi, des personnes qui la soutenaient, qui prenaient de ses nouvelles souvent, qui parfois dépassait la barrière du numérique, et lui rendaient visite, bien perchée dans sa tour. Furby semblait tout autant aimer l'attention. Comment ne pas l'aimer ? Elle devint rapidement addict aux réseaux sociaux. Elle avait de plus de mal à s'en détacher. Elle ne remarqua rien, et quand elle vit finalement tout le mal qui venait aussi avec les réseaux sociaux, il était déjà trop tard. Elle savait pourtant, que cela poserait problème, un jour. Si un jour elle guérissait, comment allait-elle s'en sortir dans les relations sociales, quand tout n'était pas caché derrière un écran ? Mais pour l'instant, il semblait que c'était la seule chose lui permettant d'échapper son quotidien monotone, de vraiment vivre.

(TW : grooming sous-entendu) Puis vinrent les mauvais côtés. La notoriété d'Ari n'avait pas attiré que des personnes bien intentionnées. Loin de là. Elle se prenait souvent des critiques, auxquelles elle ne faisait nullement attention. Mais, pire que de simples critiques arriva. Elle avait rencontré une autre jeune fille d'à peu près son âge. Raya, elle s'appelait. Les deux jeunes filles avaient tout de suite connectée quand Raya a raconté son histoire à Ari. Elle aussi était malade. Une maladie incurable, selon les docteurs. Et ses parents n'étaient pas assez fortunée que ceux d'Ari, alors elle avait dû rester à l'hôpital. Elle y passait ses jours, depuis des années, comme Ari dans sa chambre. Alors, elles passaient le temps toutes les deux. Elles se rapprochèrent en un rien de temps, devenant de véritables meilleures amies. Mais l'amitié ne dépassa jamais l'écran. Aucune d'elles ne pouvait rendre visite à l'autre. Pas comme ça, pas aussi facilement. Ari lui promit qu'elle viendrait la voir, un jour. Si un problème survenait alors qu'elle était à l'hôpital, au moins elle serait entre de bonnes mains directement, de toute façon. Mais, à chaque fois, Raya semblait rejeter l'idée. Comme si elle n'avait pas envie de la voir. Ari comprit que c'était probablement liée à la même raison pour laquelle elle ne voulait jamais montrer son visage. La maladie l'avait affecté physiquement, lui créent un visage monstrueux dont elle avait honte. Peu importe toutes les fois où Ari essayait de la rassurer, la même réponse venait : elle refusait de se montrer. Mais ce n'était pas grave, pour Ari. Cela importait peu. Tout ce qu'elle voulait c'était avoir une amie. Quelqu'un qui comprenait tout ce par quoi elle passait. Elles passaient la journée à discuter. Violet trouvait ça rassurant, au début. Elle était contente de voir que la jeune Ari avait trouvé quelqu'un qui la comprenait. Elle s'intéressa à la jeune Raya, évidemment. Ari ne faisait que parler d'elle, de toute façon. Elle passait son temps à lui envoyer des photos d'elle, montrant toutes les activités qu'elle faisait, et tout le temps qu'elle passait avec Furby. Mais, quelque chose ne collait pas. Ari ne cessait de demander à Violet d'aller faire une surprise à Raya, d'aller lui rendre visite. Elle voulait voir son amie. Alors, Violet s'informa pour elle, prête à trouver cette Raya pour lui faire la surprise et rendre la petite Ari encore plus heureuse. Elle pouvait tout faire pour son bonheur. Elle passa des appels, pendant de nombreux jours, cherchant des informations sur cette "Raya". Personne ne la connaissait. Il n'y avait rien sur elle. Comme si... comme si elle n'existait pas. Violet avait un mauvais pressentiment, elle il ne lui fallut pas bien plus pour comprendre à peu près ce qu'il se passait. Elle voulut en informer les parents d'Ari, vraiment. Mais elle se doutait très bien de ce qui se passerait si elle le faisait : Ari n'aurait plus jamais accès à un téléphone avant sa majorité, au minimum. Elle ne voulait pas lui enlever ça. Elle avait vu tout le bonheur que cela lui apporta. Alors, elle prit les choses en mains. Le soir même, alors que la petite Ari dormait profondément, enlaçant son poro avec affection, elle prit son téléphone. Elle supprima "Raya" de tous les réseaux. La bloqua, fit tout pour que plus jamais elle ne soit en mesure de contacter celle qu'elle protégeait. Les jours suivants furent difficiles, quand Ari vit que sa meilleure amie avait complètement disparue. Elle s'inquiétait, faisait des crises pour aller la voir. Violet était là pour elle, la rassurent, essayant de trouver n'importe quelle excuse qui pourrait expliquer sa disparition. Elle ne pouvait tout simplement pas lui dire la vérité. Elle ne pouvait pas la regarder dans les yeux et lui expliquer qui était vraiment cette "Raya" et ce qui aurait pu se passer si elle n'était pas intervenue. Alors, elle mentit. Il valait mieux laisser Ari croire encore en cette bonne image de Raya. Elle ne méritait pas de souffrir, pas encore.

07 Tic, tac. Le temps passait. Des minutes, d'abord. Des heures, des jours qui se transformèrent rapidement en année. Ari avait déjà dix-neuf ans, et rien n'avait changé. Déjà onze ans qu'elle vivait attachée à son propre lit. Tout ce temps, et pourtant rien n'avait changé. Ce n'était pourtant pas à cause d'un manque d'effort des médecins et du reste de sa famille. Tous les ans ils venaient avec un nouveau remède miracle, disaient-ils. A chaque fois, c'était la même chose, tout le monde se rassemblait alors que Ari se faisait injecté le nouveau remède. l'anticipation montait, chacun se disait que ça y était, le cauchemar était enfin terminé. Et à chaque fois, rien ne changeait. Le remède ne fonctionnait pas. Et tout le monde devait feindre un sourire, face à la plus jeune qui voyait ses espoirs de pouvoir revivre un jour être détruits devant ses yeux. Elle aussi, feignait un sourire, pour dire que tout allait bien, que ce n'était pas bien grave. Elle s'était habituée à la déception. Pourtant elle ne perdait pas espoir. Elle ne pouvait pas, c'était la dernière chose qui lui restait, après tout. "It'll work next time, I'm sure !" s'exclamait la plus jeune, comme pour rassurer tout le monde, mais aussi elle-même. Alors, le jour où les médecins arrivèrent avec un énième remède, l'année suivante, Ari avait toujours espoir. Elle n'était pas confiante dans le fait que ça marcherait, au contraire. Elle était nerveuse. Nerveuse de devoir encore affronter une nouvelle déception. Elle se demandait combien il lui en faudrait pour perdre complètement ce qui la rendait encore vivante. On lui injecta ce nouveau remède. Tous la regardaient avec impatience de voir comment elle allait réagir. Ari se sentit soudain bien plus légère. La douleur semblait s'être atténuée. Elle sentait l'énergie la retrouver, comme si la vie lui revenait enfin. Elle commença à sourire, puis à rire, rire qui se transforma à son tour en larmes, en larmes de joie. Tous se regardaient sans vraiment comprendre. Avait-elle perdu la tête ? Puis, quelques mots finirent par lui échapper, semblant libérer toute la tension de la salle : "It worked... I think it worked !". Des exclamations fusèrent, tous la prirent dans ses bras et enfin, après toutes ces années, elle avait l'impression d'avoir retrouvé sa famille, sa vraie vie.

08 Les prochains mois furent compliqués. Ari avait retrouvé la vie qu'elle avait rêvé. Elle semblait inépuisable, et même quand elle se sentait affaiblie, elle ne le montrait pas. Elle ne voulait pas qu'on l'enferme à nouveau, elle ne voulait pas revivre tout ça. Elle voulait rattraper tout le temps qu'elle avait perdue. Elle semblait à peine prendre le temps de dormir. "I've rested my whole life, now I can finally live it !" criait-elle quand qui que ce soit lui faisait un reproche sur son manque de sommeil. Elle avait douze ans de sa vie à rattraper. Douze. Mais, le reste de sa famille ne la laissait pas faire. Ils. s'inquiétaient pour elle. S'inquiétait qu'elle rechute, que la maladie revienne. Ils étaient terrifiées à l'idée, que Ari n'imaginait même pas. Elle avait l'impression d'avoir traversée le plus dur, d'être devenue invincible. Elle ne voulait perdre aucune minute de cette nouvelle vie. Heureusement, on la força à la rééducation, qu'elle faisait, non sans se plaindre. "I'm not weak anymore, stop worrying so much about me !" s'exclamait-elle tout en ignorant la douleur dans ses jambes, qui semblait céder sous toute la nouvelle énergie par laquelle Ari les faisait passer. Des jambes qui avaient été à peine utilisées pendant douze ans devaient soudainement courir partout, répondant à toutes les demandes les plus folles de Ari. Cette même Ari qui semblait ne pas avoir tant grandi. Ses parents avaient l'impression de voir la petite Ari de sept ans qui courait dans le manoir. La seule chose qui attristait Ari dans toute cette histoire, était de ne plus avoir Violet à ses côtés constamment. Celle qui était devenue son ami la plus proche au fil des années, malgré l'écart d'âge, devait la laisser voler de ses propres ailes. Elles se voyaient contre, évidemment, mais ce n'était plus pareil. Mais elle savait que quoi qu'il arrivait, rien ne pourrait briser ce lien qu'elles avaient construit pendant ces douze ans passés ensemble.