Il est tombé ; avant même d'exister. La déchéance de la famille, le passage des étoiles à l'ombre. Mais l'ombre – ce n'est pas si terrible quand on passe sa vie à se cacher. L'anonymat coule depuis toujours dans ses veines, née dans les bas de ville comme sa grande sœur ; il est pourtant le seul qui a été protégé. Protégé ou enfermé – caché du monde et de ses lois impitoyables.

.·*•˚ krane

On ne lui a pas tourné le dos, on l'a protégé et on ne se prive pas pour le lui rappeler qu'il est le seul à qui on a fait cette fleur. Naïf ou juste résigné – ses plaintes ont été synonymes de menaces: "tu veux qu'on fasse comme avec ta soeur ?". Le dernier Krane sans jamais l'avoir vraiment été, rares sont ceux qui se souviennent du cadet tant ses apparitions sont anecdotiques.

.·:*⋄⋆ qiorah

L'oiseau piégé dans une cage de fer ; la réalité est à portée de doigts, aussi belle que dangereuse. Protection factrice – quand les aiguilles posées sur ces barres de fer sont aussi vénéneuses que la vérité du monde. Sans liberté – ou presque. Reste celle d'exister normalement, se fondre dans la masse des humains, des insignifiants. Découvrir la vie. Découvrir la ville, le monde – peut-être un jour.

Discrétion d'un enfant caché par les rues de la basse ville, des menaces de la haute. Le troisième, le dernier né. Qui se souvient de la naissance de ce bambin, quand on a toujours tout fait pour qu'on l'oublie ? L'ombre a ses inconvénients, mais surtout ses avantages. Moindre importance pour ce monde ; et pourtant le fruit protégé et aimé de toute une fratrie – d'après les apparences.

18 sept. 2002 ྾velaris, ketterdam

C'est à présent l'anonymat qui coule dans les veines de la famille ; tombée de son trône de mensonges. Les secrets partagés discrètement semblent dépeindre que c'est peut-être mieux ainsi – en tout cas, le plus jeune s'en contente – ou bien s'en contenait. Parce qu'il n'a jamais connu la gloire de faire partie des autres. Parce que se mêler à eux est déjà une épreuve de tous les jours. La lumière attire, autant qu'elle peut brûler.

Un vent d'air frais et de nouveauté. Une opportunité en or ; fragile, pourtant. Cette liberté n'est qu'en surface, et la réalité fixe son dos, patiente et cruelle. Profiter est le maître mot quand la chance peut aller en éclats à tout moment. Et que choisir quand les portes de verre s'ouvrent devant lui ? Quand on ne connaît rien de la vie, autre que l'inconfort d'une famille brisée et la solitude d'un appartement sans vie ?

.·:*¨ académie ྾sociologie

Déserteur avant l'heure – assez inutile pour que l'indifférence soit de mise. Il n'en est pas moins surveillé, dans ses moindres souffles. L'épée n'attend qu'un petit écart pour s'abattre douloureusement contre sa liberté ; et les deux côtés de la lame guette le moindre mouvement. Faire profil bas, rester médiocre sont la clé de l'accès à l'éducation – ou simplement au monde en dehors de ketterdam. Qu'importe si tout est éphémère.

pâtissier ྾amateur .·:*¨

Cette chance – injuste et pesante – est pas parfaite. Rien n'est jamais parfait. La balance n'est jamais simple – il faut pourtant s'en contenter. Trouver des distractions, des amusements qui rendent chaque respiration moins douloureuses. Ne plus penser, jouer de le spontanéité. Les mains occupées, le temps s'arrête, les pensées se stoppent. Seul le bonheur rare persiste au milieu des odeurs sucrées et apaisantes.

C'est tout nouveau – la sociabilité, les amies, les amours. Il y a la théorie, bien sûr ; celle qu'il a cultivé depuis les romans. Il y a la pratique, surtout ; celle dont il manque cruellement. Et si se faire des amis s'avère être une expérience assez simple, il ne peut pas en dire autant des relations amoureuses. C'est tout nouveau - c'est un peu effrayant - c'est surtout très excitant.

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La petite fée de son enfance ; la seule qui éveille réellement son pouvoir. La seule peut-être qui éveille son cœur également. Aujourd'hui. Demain. Toujours. Le destin lie leurs deux âmes innocentes - elles se complètent, les deux dernières pièces d'un puzzle complexe. Un monde de douceur ; une réalité alternative presque à la réalité de l'univers cruel qui les attend dehors. Juste deux âmes qui se soignent.

De l'ombre à la lumière, il n'y a qu'un pas – ou qu'un mur en l'occurrence. Et quand le voile de protection se repose sur la haute ville à la tombée de la nuit, c'est le retour à la réalité. Sa réalité – elle est ici. Entre ces murs frittés, ces ombres qui glissent entre les vivants. Face aux menaces quotidiennes qui planent non loin de ceux qui cherchent à survivre.

ketterdam ༉‧₊˚.

Côtoyer les quartiers d'en-bas lui a appris une chose : la ville est pleine de secrets. La preuve même est son existence presque invisible. Mystères qui intriguent, surtout quand la plupart les ignorent volontairement, c'est ainsi qu'on survit : en ignorant. Témoin des actes les plus noirs ; rien n'est facile à effacer à Ketterdam. Encore moins les souvenirs d'un jeune enfant – naïf et perdu, curieux et en quête de sens.

Quelques rayons de nacre doré flottent. Ils tournent et retournent, portés dans les airs par une petite hirondelle. Elle vole autour de lui dans un fin voile de lumière. Le doux parfum de mandarine et de miel se répand – les nerfs se calment, ils s'endorment. La tension disparaît et les cœurs ralentissent. Bientôt, l'oiseau se pose sur son épaule avant de disparaître dans une étincelle bronze. C'est le calme – ou le vide.

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Marchand d'apaisement. Anesthésie émotionnelle. L'anxiété, le stress, la peur, sources de déclenchement d'un don – parfois incontrôlable, souvent égocentré. Soigner les esprits est un bel acte mais il a ses conséquences qu'on ne veut pas assumer. Cet enfant caché et surprotégé toute sa vie ne veut pas contrôler son don – jamais. Le choix est injuste pour le reste de la fratrie, mais la paix, la survie vaut le prix de la culpabilité qui le ronge.

-ˏˋ⋆ F R A T R I E ⋆ˊˎ-

1995.

Naissance d'Azriel.
Le monde est beau ; quand on naît entre les murs de Celestia. C'est fou ce que l'on peut se fondre facilement dans le luxe et le confort. Particulièrement quand on n'a pas à le partager. Pourtant, plus on vole haut, plus la chute est violente quand on vous coupe les ailes – c'est bien connu. D'abord, il y a l'annonce qu'il faudra à présent écarteler l'attention entre deux. Puis, la déchéance qu'une famille – remise à sa place, mise à pied pour ses mensonges. De Celestia à Ketterdam, il n'y a qu'un pas: la réalité des classes sociales.

2000.
Naissance de Nyeleka.

On peut naviguer tout ce qu'on peut, le radeau finit toujours par être guidé par les marées. L'impopularité les ramène alors vers les rues sinistres de la basse ville. Un homme avide, une femme enceinte et un enfant déçu de tout quitter. Les yeux dorés de la seconde enfant sont la raison même de sa descente en enfer. Sorceleuse. Une nouvelle ère pour la famille – une nouvelle source de potentiel revenu. Et le bonheur d'une enfant ne vaut certainement pas tout l'or du monde, il ne vaut pas grand-chose. Pas pour Airon Krane, en tout cas.

2002.

Naissance de Qiorah.
Ces symboles sur les mains du bambin – un healer. Pourtant, c'est un avenir différent de celui de sa grand-sœur qui l'attend. Un trésor que tout le monde cherche à protéger, traîter pour ce qu'il est ; un enfant innocent. Et non comme une machine de guerre, une machine à sous. Adoré par sa sœur et son frère. Défendu par sa mère. Toléré par son père. La menace plane toujours pourtant, et l'âge lui en fait prendre conscience. Le père Krane a plus d'un tour dans son sac – les sentiments relégués bien après son intérêt personnel.

Il apprend la pâtisserie en autodidacte. ⋆ Il n'a jamais eu d'amis avant de rentrer à l'académie. ⋆ Il est allergique à une multitude de choses, son système immunitaire est plutôt faible. ⋆ Il ne peut notamment pas manger de yellow windfood, chose qui finalement lui convient bien vu comment il les trouve adorables. ⋆ Il évite les soirées mondaines, ne voulant pas être mêlé aux dérapages de ses jeunes adultes sans limites. ⋆ Ses parents lui imposent un couvre-feu, il lui faut une excellente raison pour demander une exception. ⋆ Sa curiosité légendaire a tendance à l'attirer dans des situations malaises, parfois même dangereuses. ⋆ Depuis quelque temps, un squealy s'amuse de le suivre – de près ou de loin – un peu près partout. ⋆ Etudiant modèle sans être excellent, il n'est pas du genre à faire de vague.⋆ Il a une grande soif de connaissances, il se montre particulièrement attentif avec les gens qui ont quelque chose à lui apprendre. ⋆ Il se trouve être extrêmement tactile et face au rejet, il a toujours un bon argument ou une petite moue pour vous faire plier. ⋆ La dextérité, cela le connaît bien – plutôt habile de ses mains, la précision, la délicatesse et la patience sont de grands alliés. ⋆ Très gourmand, il engloutit sans compter et c'est également ce qui a fait naître sa passion pour la pâtisserie. ⋆ Il a un physique athlétique sans rien faire pour, il se contente d'être disponible pour tout quand on a besoin de lui – toujours en étant assez bon en plus. ⋆ Il a été témoin d'une enlèvement dans les rues de ketterdam quand il avait dix ans ; il a été profondément marqué. ⋆

Si la douceur avait un nom,

elle se nommerait Qiorah.

Si la timidité avait une forme,

elle serait un oiseau aux plumes fines et dorées.

Le jeune homme partage volontiers ses sourires tout comme il propose avec plaisir son aide. Pour tout, pour tout le monde. Une gentillesse – parfois excessive qui tire simplement de la n a ï v e t é. Ou peut-être d'une certaine résignation face à la vie qu'il décide alors de la prendre avec des pincettes. Une histoire déjà écrite, un futur déjà perdu.
Il s'intéresse finalement à tout ce qui n'est pas lui. Manipulant l'art des mots et papillonnant des yeux pour se rendre fade – plus qu'il ne l'est. Sa curiosité est facilement piquée, c'est un fouineur dans l'âme – il y a juste des sujets tabous, des sujets sur lesquels il préfère rester ignorant. Fermer les yeux est parfois vital quand la réalité est trop noire.
Qiorah se débrouille toujours et pour tout ; détourner une conversation, apprendre un nouvel art, retrouver son chemin. Le seul chemin qu'il ne semble pas réussir à prendre est celui d'un avenir. Le petit brun affronte sûrement les choses de façon trop éphémère – mais, il a cette impression, cette impression pesante que sa liberté est éphémère, qu'elle peut tomber à chaque instant. Tout n'est qu'un piètre spectacle de poupée et dieu sait combien ceux qui tirent les cordes peuvent être vicieux.
Un tel manque de contrôle qu'il ne parvient pas à combler. Qiorah essaie pourtant, usant de sa sensibilité, de sa sociabilité pour vivre pleinement ; comme si les chaînes autour de ses chevilles n'étaient qu'une simple illusion. Alors il trouve le bonheur dans les petites choses. Notamment ses relations humaines sont la source de son énergie, il les chérit avec une affection sans limite.