"MINTHE !" au signal du coach watanabe elle reprend la direction du sol et se laisse tomber de son hoverboard, le rattrapant d'une main ennuyée. "what?" elle a tendance à être agressive avec les coachs, pour une raison obscure (non), bien que watanabe commence à la remettre à sa place ainsi qu'à la remettre en confiance. "what was that? — what? — you and snyder." ses épaules se haussent mais ses poings se crispent. elle voit évidemment de quel mouvement le coach watanabe veut parler ; de ce moment où, pleine de rage, elle a voulu faire tomber snyder d'un grand coup d'épaule. (mais que pourrait-elle faire face à un witcher — si ce n'est rien. il n'a simplement pas pris la peine de riposter, et cette constatation l'enrage doublement). "he started it !" qu'elle se défend, "always cutting my line and... — that's exactly what he's supposed to do, malicia !" fair point. pour ce match snyder est en défense et elle est en attaque. "he fought krum." qu'elle avoue finalement, la moue boudeuse et les sourcils contrariés. "don't get involved in this. they have history together. i'll take care of that later. — i'm always getting involved." (car les daemonis ne peuvent pas s'en empêcher. et les arabesques roses lui en voudraient de ne pas s'en mêler). "minthe. do you know why snyder is not on the front line? do you know why krum is not on the front line? do you know why you are on the front line?" lentement les éléments se mettent en place. "oh. — yeah, oh. cause i was counting on you to keep things clean and fair play." une part d'elle s'en veut — à deux doigts de dire i'm sorry, coach. une autre part d'elle trouve ça injuste. pourquoi auraient-ils le droit de s'emporter, quand il lui reviendrait l'obligation d'être the bigger person? "you know what we're gonna do, minthe? i'll ask his coach to do some team bonding. — us and the red beasts?" qu'elle s'étouffe, révulsée. "you and snyder." elle n'est plus révulsée, elle est catastrophée.

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deux jours après le ciel est étonnamment chargé — au dessus du terrain les nuages s'amoncellent mais l'air reste lourd, lourd, lourd. elle sait pourquoi elle a accepté sans broncher : parce qu'elle n'est titulaire que depuis le début de l'année. sur le banc trône snyder, déjà en tenue et avec son habituel visage énervant. elle l'a déjà croisé — pas seulement on the field, mais aussi à des soirées. il est dans son paysage depuis longtemps. snyder, sa richesse, ses lignes d'euphoria sur les tables basses des salons bondés et son air célestien. elle n'a qu'un vieux jean ketterdamien (ayant appartenu à draken avant elle).
il avait l'air sympa, cela dit. aux fêtes. sous les lumières et dans la musique. toujours très entouré, toujours très éméché.
alors elle fait un effort. "i'm sorry i'm late." un coup d'oeil à son poignet lui apprend qu'elle a vingt bonnes minutes de retard. elle cherche une excuse, sans en trouver. (elle ne voulait pas venir. snyder est un homme, et les hommes lui font peur, bien qu'elle partage sa maison avec quatre d'entre eux). "i'm gonna get changed." elle pose son hoverboard sur le banc, à côté de lui, très empruntée — et s'eclipse dans les vestiaires.

elle n'a jamais été une grande fan du team bonding. pas même avec krum, qui pourtant l'embrasse depuis deux mois déjà, krum a qui elle ne fait pas confiance pour la rattraper si elle tombe en plein match, car elle ne fait confiance à personne.
quelques grandes inspirations plus tard elle ressort des vestiaires, mèches légèrement emmêlées rassemblées en un chignon sommaire. "so." avec une pointe de nervosité, refusant de s'asseoir. "team bonding, huh?"

le plaisir du jeu n'est qu'un grondement d'arrière-plan, vague élément de support dans une dynamique rendue brutale par la présence de krum. à l'instar du big boss d'un niveau péniblement complexe, l'ancien partenaire se dresse sur le terrain comme le rempart à abattre — neo peine à contenir son envie de s'acharner sur lui.

alliés, ils l'ont été. de ces frères qui s'autorisent à se heurter, à s'empoigner, à remettre l'autre à sa place quand la nécessité s'impose. alliés, ils l'ont été, avant que l'ego ne ronge progressivement l'entente, glissant dans leurs rouages une rivalité supplémentaire, traitresse, prête à désarticuler l'ensemble. et elle s'est cassé la gueule, leur amitié, au terme de longues années de complicité, d'entraînements supplémentaires coude à coude. coup de grâce : le départ de krum de l'équipe, désertion aussi nécessaire qu'inexcusable, aussi prometteuse qu'égoïste.

se recroiser sur le terrain, face à face désormais qu'ils n'ont plus le dos l'un de l'autre, fait enfler au creux du ventre de neo quelque chose d'immonde et de nauséabond, monstre fumant de rage.
toutes les occasions sont bonnes pour s'en prendre à lui. toutes les excuses pour en venir aux mains sont accueillies à bras ouverts. rien n'est plus satisfaisant que de trouver dans le regard de l'autre la même haine, la même envie d'en découdre, picotement persistant à la surface de l'épiderme.

un énième coup de sifflet lui est destiné, le carton jaune se dresse en avertissement ; son coach lui gueule à travers le pitch de cesser de se focaliser sur krum, de se recentrer sur la stratégie. snyder secoue la tête pour se remettre les idées en place, chercher en lui les rênes de sa maîtrise de soi, mais demeure prisonnier de son brouillard. et il a tant les yeux rivés sur l'ennemi déclaré, qu'il ne voit pas venir le coup d'épaule de minthe. son hoverboard perd en vitesse, ses bras se redressent pour encaisser l'impact— mineur. sans doute ne l'aurait-il pas même senti sur la terre ferme, mais dans les airs, tout est décuplé. wassup minthe, wanna play? qu'il demande avec un sourire narquois, prêt à bondir sur la moindre opportunité de canaliser la colère brute qui s'accumule comme du goudron dans ses veines. elle s'érige en nouvelle cible, l'attaquante adverse, et neomä se recentre ; rentre à nouveau dans le jeu tandis qu'elle bout. lorsqu'elle se fait alpaguer pour faute, il ne lui épargne pas un haussement de sourcils satisfait.
avant d'être rappelé à l'ordre à son tour, encore.
c'est à gestes bourrus qu'il se pose, et son : what? est plus agressif qu'en temps normal. rien n'est jamais normal lorsque les Beasts affrontent cette équipe — celle des traîtres. mais son coach n'accepte aucun écart et celui-ci est vite recadré. do that again and you're out. i want you 100% focused on the game. so cut that bullshit with krum and minthe. you're not allowed to fail. understood? yes coach. le ton est redescendu, les mâchoires se crispent au moment de répondre mais l'avertissement est limpide et ne laisse pas place à la moindre réplique. hors de question qu'il se fasse coller sur le banc des remplaçants, après tant d'années à tout donner pour réparer son image de prodige déchu.

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c'est en fin de match qu'est tombé le couperet, inattendu. team bonding, a dit le coach. but we're not a team! la réplique, bien que juste, tombe à plat. un index menaçant se dresse juste sous son nez et le réduit au silence, lèvres pincées. you brought it upon yourself. et juste ainsi son sort est scellé.
il a la mine fermée, deux jours plus tard, quand minthe se pointe avec vingt minutes de retard. i'm sorry i'm late. no shit, qu'il répond sarcastiquement, mais le ton change lorsqu'elle ajoute : i'm gonna get changed. mh. call me if you need help. la tronche outrée qu'elle tire en retour en vaut tant la peine. à son retour elle est drapée d'une tenue de sport et de ses nerfs en pelote, neo achève ses étirements avant de lui répondre. we're on our own to warm up, then your coach will join the party to… make us suffer i guess? il s'appuie en arrière, sur ses paumes posées à plat dans l'herbe, et dévisage la ketterdamienne de pied en cap. so, ready to touch the sky? sa mine innocente n'a même pas l'ébauche d'une tentative de sincérité.

le temps les rattrape, cependant, quand watanabe jog jusqu'à eux, son sifflet autour du cou. ready ladies? i was on time- did i give you permission to talk? i don't think so. la remarque lui rabat le clapet, lui fait serrer les dents. ce type n'est même pas son coach. good. now up on your boards, we're going to practice. you're on the same team. snyder in attack, mal on defence. minthe look at me. il soutient son regard, un instant. i want you to have his back. can you do that? et snyder de ricaner sous cape.

we're on our own to warm up, then your coach will join the party to… make us suffer i guess? soulagement immédiat lorsqu'elle apprend que c'est watanabe qui sera là — être coincée sur le terrain avec neomä snyder et son coach à lui, c'est-à-dire deux hommes inconnus, ne l'enchantait pas particulièrement.

elle ne prend pas la peine de répondre et commence à s'étirer, consciente de son retard — mais c'est plus fort que lui, et il demande : so, ready to touch the sky? la question la fait beuguer un instant, et rougir malgré elle, si bien qu'elle décide de prétendre ne pas avoir capté le sous-entendu afin de rester sur le terrain du hoverball : "i can do that on my own." et ce n'est qu'après avoir prononcé ces mots qu'elle prend la pleine mesure de ce qu'elle vient de répondre.

heureusement watanabe la sauve (d'une remarque sexiste) : ready ladies? elle serre les dents mais garde sa rage pour plus tard. le temps devient de plus en plus beau, de toute façon : snyder se fait allumer par watanabe, et malicia ne peut retenir le sourire de satisfaction qui se peint sur son visage. you're on the same team. elle s'étouffe sur sa gorgée d'eau. no way, qu'elle pense, tandis que son coach enfonce le clou : minthe, look at me. elle s'y force. i want you to have his back. can you do that? répondre que oui lui fait si mal — mentir lui fait si mal. elle sait déjà qu'elle n'y arrivera pas. "i'll try" qu'elle offre en guise de compromis, mais watanabe n'a pas l'air satisfait. "ok, ok, i will. we're on the same team and i'll protect him."

elle fera de son mieux. vraiment, réellement de son mieux. c'est ce qu'elle se dit lorsqu'ils montent tous les deux sur leurs planches, puis dans les airs, et qu'ils font face aux deux hologrammes figurant l'équipe adverse. mais c'est plus fort qu'elle : lorsqu'elle voit la ligne de neomä, il lui est trop difficile de ne pas lui couper la route. "MINTHE !" hurle le coach en sifflant, et elle fait signe d'avoir compris, signe qu'elle se calmera. mais la situation se répète — et le carton jaune se mue en carton rouge. elle est rappelée au sol pour se faire passer un savon express : "listen to me, minthe. (...)"

le savon ressemble au précédent, reçu deux jours auparavant. toujours dans les airs, mais assez proche pour se délecter de toute la conversation, snyder et son grand sourire de célestien.

elle remonte sur sa planche, ils s'élèvent plus haut qu'avant. watanabe est hors de portée de voix, mais ils entendront son sifflet — et ses yeux ne les quittent pas. sans rien trahir de son attaque verbale, gardant une position habituelle face aux hologrammes, mal commence : "krum told me everything, you know. how you both were friends but you ruined everything. how you ruined your own team. it's a habit of yours, right? ruining your chances. and ruining others."

i can do that on my own, qu'elle rétorque, et il se fend d'un sifflement appréciateur. la pense soudain moins goodie two shoes qu'elle n'en a l'air, mais est vite détrompé : elle rougit jusqu'à la racine des cheveux et il éclate d'un rire tonitruant en comprenant qu'elle n'avait pas pris conscience de son propre sous-entendu.

quelques clics animent le hoverboard de neo et il le projette en avant pour y grimper d'un mouvement leste, sans plus insister — il a eu ce qu'il voulait, l'a suffisamment agacée pour l'instant. de toute façon, watanabe ne les quitte pas des yeux, et krum avait raison à son sujet sur un point : il est docile avec les coach, depuis son retour dans le game. ok, ok, i will. we're on the same team and i'll protect him. en retour, neomä lui sert une demi-révérence moqueuse, incapable de la croire une seule seconde.
il pense tout de même qu'elle parviendra à tenir quelques minutes avant de craquer — mais a tout f a u x. elle surgit devant lui sans crier gare et lui coupe la route, une fois, deux fois. et s'il se réceptionne correctement la première fois, la seconde chute se fait douloureuse, l'envoie manger la pelouse sans une once de douceur. la moutarde monte, il se relève prêt à lui rentrer dedans. hell minthe you're such a pain in the- MINTHE ! retentit la voix de watanabe pour la seconde fois, l'appelant au sol. neomä voudrait lâcher un sourire vainqueur, mais ne parvient qu'à une sorte de grimace témoignant de son agacement. tourne le dos et se hisse sur sa planche, le temps qu'elle retrouve la terre ferme et se fasse remettre les pendules à l'heure. les nerfs passent dans la balle entre ses mains, il profite de cette paix temporaire pour filer entre les hologrammes, évitant leurs lignes avec dextérité jusqu'à atteindre les buts adverses. 10 points se matérialisent en lettres virtuelles au-dessus des losanges et il trace un arc de cercle pour repartir en arrière, l'humeur quelque peu rétablie par cette petite victoire.
minthe est plus haut, à le regarder de travers. watanabe semble croire en leur bonne foi, puisqu'il leur laisse un instant pour régler leurs comptes, établir une stratégie ou se mettre en place, whatever. la gamine se fait subtile lorsqu'elle ouvre la discussion, si le mot peut être considéré comme approprié pour ce que neomä perçoit plutôt comme une déclaration de guerre. krum — il est déjà énervé — told me everything, you know. oh did he? il crache par-dessus son épaule, tension visible à son échine. how you both were friends but you ruined everything. friends? il semble nier, mais non. pas vraiment. ce qui se passe en lui- il ne saurait l'expliquer. ne saurait dire pourquoi le mot le heurte, pourquoi il lui semble si… inapproprié ? amer ? ils n'étaient pas amis. ils étaient comme des frères. et somehow, tout a basculé. how you ruined your own team. it's a habit of yours, right? ruining your chances. and ruining others. un bref silence, puis : you don't know what you're talking about.
le coup d'envoi est lancé, neo file dans les airs en un vol risqué, aussi énergique qu'énervé. le quatuor mi-humain mi-modélisé slalome agilement sur le terrain, autour de lui les hologrammes se font tour à tour déglinguer par une minthe étonnamment efficace. la balle trace dans les airs une trajectoire qu'aucun adversaire n'est plus en mesure d'interrompre. 20 points décrochés avec facilité — c'est terriblement satisfaisant, et surprenant, de faire une si bonne team avec elle sans qu'ils n'aient jamais joué ensemble. you're not that bad when you're not busy sabotaging your partner. il ne veut pas le dire, que ses dires ont fait plus mal qu'ils ne devraient. qu'ils l'atteignent encore, après toutes ces années — carrière retardée par ses propres torts. mais le reste ? la destruction des BEASTS ? ça non, il n'en prendra pas la responsabilité. pas sans argumenter au sujet des torts de krum. well i can now see why krum and you make such a good team. ils volent en cercle, se tournant autour tels des rapaces, et watanabe les avertit d'un coup de sifflet que neomä ignore pour une fois. how long has it been, between you and him? two weeks? il suppose sans trop d'intérêt ((ne cherche pas particulièrement à cracher sur leur couple même, mais n'arrive pas à imaginer une relation durer plus longtemps)), et son sourire se fait carnassier. i can't wait for you to know him better. his ego will eat you whole, cutie. ça le faisait marrer, avant. l'ego monstre de krum, qu'il se plaisait à lui mettre dans la gueule pour le faire redescendre. du moins, ça l'a fait rire un temps, jusqu'à ce qu'il ne rie plus.
pretty and naive, il la jauge, la juge, à tort ou à raison, you'll make him look good for a while. il hausse les épaules, l'air de dire, pas mon dos. nouveau coup de sifflet, l'avertissement est plus lourd cette fois. watanabe n'a pas besoin de le dire pour qu'ils le sachent : il les veut en jeu ou à parler sport, rien de plus. à croire qu'il espère que leur amour du jeu finisse par devenir un terrain d'entente entre eux. now fuck krum and his bullshit, my question is : what's your problem with me, uh? son ton est étonnamment curieux. parce qu'il le voit dans son attitude, qu'il la hérisse naturellement ; se demande si elle adopterait les griefs d'autrui comme des excuses pour le détester, simplement parce qu'il l'horripile déjà. fair enough : il est de ces gens que l'on aime ou que l'on déteste, neomä, sans grandes nuances de gris entre les deux. et il s'en amuse — détesterait nettement plus laisser les autres indifférents.