·  ☾  ·

half blade; half silk

TW: PROSTITUTION, ADULTÈRE rencontre improbable entre l'opulence et l'indécence. la richesse de ses mots qui caressent le galbe de sa luxure. l'instant d'un soir, puis d'un autre. pour échapper à ce mariage bancal qui ne lui apporte rien de vital. rendez-vous secrets qui se multiplient, jusqu'à ce qu'une graine d'affection naisse de cette quintessence. de cette union vint nocturne, enfant-ombre, secret le mieux gardé d'un paternel égaré, élevée dans les quartiers caligineux de zaun. parce qu'il a la bague au doigt, incapable de prendre une décision entre sa femme, ce poids qui l'entraîne vers les tréfonds, et cette fille de joie, pour qui son cœur bat.

elle n'a pas les moyens d'élever un enfant seule. elle n'a même pas les moyens de se faire vivre seule. c'est par dépit qu'elle le recontacte, à défaut d'avoir d'autres options. take her. or i give her to the Fold. l'ultimatum posé sans issues possibles. il prend finalement ses responsabilités, sous le couvert de l'adoption - pour éviter les représailles. cette bambine qui lui ressemble si peu, et pourtant tellement à la fois. il ne savait pas qu'il pouvait sujet à tant d'amour pour une fillette qu'il ne connaissait pas.

TW: NÉGLIGENCE PARENTALE la flamme de son amour vacille rapidement. les recherches qu'il mène accaparent la majorité de son temps et de son attention. les designs qu'il couche sur papier le sont tout autant. et elle ne comprend pas, nocturne, pourquoi son père refuse de poser les prunelles sur la soie liliale de son visage. elle lui ressemble trop. elle lui rappelle cette idylle laissée en suspens, avortée trop jeune, à ses dépends. la manège dure ainsi longtemps. la fillette qui cogne à la porte de ce grand bureau, qui attend une réponse pour n'être accueillie que par le silence. qui prend place où elle peut, dans l'espoir de se faire remarquer.

jusqu'à ce que les cauchemars se manifestent. qu'elle réveille la maisonnée d'un braillement strident. parce qu'elle ne comprend pas pourquoi ses hantises sont toujours présentes même une fois les yeux grands ouverts.

elle n'a pas les mots. seulement ceux qui rongent son être d'avoir été si lâchement remise à autrui. à défaut de pouvoir la contrôler, il avait décidé de la confier à ceux qui en avaient les compétences. ceux qui pourraient l'aider à tout maîtriser. à faire de la lumière sur ces triangles qui s'entremêlent sur la nuque de la fillette, et surtout sur tout ce qui en découle. les rencontres se font rares au départ, pour lui laisser le temps. de s'acclimater. de s'adapter à l'ordre, à cette nouvelle vie qui chamboule son quotidien. et peu à peu, il refait surface. redécouvre la belle de nuit qui fleurit, qui s'épanouit. il apprend à faire la paix avec le passé et reconnaît enfin la place de cet enfant dans sa vie. irremplaçable. elle a huit ans aujourd'hui. il l'approche avec cette broche, lui explique que c'est tout à son avantage d'y toucher. que l'objet renferme un héritage familial qu'elle seule pouvait mettre à profit, puisqu'elle était la dernière héritière. sur le coup, rien ne se produisit. ils attendirent, pour ce qui leur sembla être une éternité. et il perdu espoir, encore une fois.

jusqu'à ce soir où elle vint le visiter, et qu'elle resta à coucher. que ses sombres songes la tirèrent de son sommeil léger, qu'elle tire de ceux-ci le spectre de son esprit. un serpent qui glisse sur les lattes du plancher trop froid, qui se faufile entre ses pieds pour grimper à sa cheville. c'est la peur qui la tétanise, jusqu'à ce qu'elle se rappelle ses apprentissages. jusqu'à ce qu'elle trouve cette pointe de courage au creux de son estomac, pour lever le pied et tuer cette image irréelle. son père assista à la scène, béat. il aurait préféré qu'elle lui démontre posséder le pouvoir familial, et non pas celui-ci des dreamer. elle aurait pu être un peu plus comme lui.

curiosité. ce trait qui la décrit si bien plus les années passent. tu n'as pas le droit, Nessie. de retourner là-bas. encore moins de t'approcher du Fold. son paternel n'avait jamais bougé sur cette décision. c'était trop risqué. il ne voulait pas la perdre. et pourtant lui se donnait tous les droits. les rumeurs lui parvenaient de tout les côtés, et elle préférait les ignorer. il y avait pourtant toujours une part d'elle qui souhaitait connaître la vérité. pourquoi sortait-il si tard le soir pour revenir aux petites heures du matin? c'est le travail, qu'il lui répondait systématiquement. les première fois, elle avait accepté sans broncher. mais plus le temps passait, moins elle y croyait. alors elle l'avait suivi. de la haute ville à la basse. dans cet endroit tiré des nus, peint de néons léchant les rues.

et le lendemain elle y retourna seule. jusqu'à ne plus vouloir partir.

2011 & 2012; les esprits qui se rencontrent. ces âmes insolites qui gravitent autour de l'une et de l'autre, constellation en création. la curiosité comme point de départ, l'infinité comme destinée. des quartiers et des passés différents, des astres au cœur de ce désastre. prêt à mettre sur papier ce qui est encore inconnu au monde entier. the explorers, c'est ainsi qu'ils se baptisent, un désir de découverte au bout des lèvres.

2015 retour à la maison. le silence assourdissant qui l'accueille en maître. nulle trace de son père dans les parages. rien qui ne puisse lui indiquer où il aurait pu s'éclipser. elle était loin de se douter qu'elle ne pourrait plus jamais le rencontrer. il est décédé, Nocturne. je suis désolé. c'est tout ce qu'on avait trouvé à lui dire pour la consoler. tout ce que les enquêteurs avaient pu en déduire, sans vouloir entrer dans les détails. elle était pourtant persuadée qu'il y avait erreur sur la personne. il ne pouvait l'avoir abandonnée. not again.

nocturne n'a jamais su accepter cet abandon. elle n'a jamais su avaler la perte de sa maison. marâtre qui profita de la disparition de son mari pour la jeter hors de son toit, une valise et quelques papiers à la main. l'ordre fut salvatrice l'espace de quelques semaines. le temps de se remettre en place, de retomber sur ses pattes. assez pour qu'elle passe de plus en plus de temps auprès de ses astres, à briller de milles feux en symbiose. c'est, à ce moment précis, ce qui la rendait le plus heureuse. à marcher à la tête du groupe, le cœur au ventre, sempiternelle témérité. à se noyer dans ce but commun: comprendre ce monde dans lequel elle est contrainte d'évoluer. seule, sans jamais vraiment l'être.

prunelles qui parcourent ce manuscrit. celui qu'elle avait laissé moisir au fond de sa valise, vaine tentative d'oublier le fantôme d'un père qu'elle ne pourrait oublier. c'est son écriture qui décore les pages, de ses filigranes presqu'illisibles a ses croquis trop précis. à ses recherches sur le Fold, ses paragraphes détaillés sur ses observations. pour enfin comprendre les raisons derrière son refus à ce qu'elle s'en approche. et le doute revint. aurait-il pu disparaître dans le Fold? y serait-il toujours?

2018 & 2019 la constellation s'effrite. un astre les quitte, sans jamais se retourner. nocturne se sépare également de ce qu'elle considérait comme une thébaïde. elle quitte l'ordre, sans se retourner, en pleine connaissance d'erreur qu'elle est sur le point de commettre. la maîtrise de ses rêves n'est pas exemplaire. son sommeil ne l'est pas non plus. elle a toutefois besoin de cette liberté, pour poursuivre cette quête secondaire qu'elle s'est mise en tête: retrouver son père. au fond d'elle, parmi les ombres et les troubles songes, il y a toujours cette lumière qui vacille, qui l'attire vers la noirceur, prête à l'accueillir à bras ouverts. rien ne l'y empêchera.

pas même la témérité de soran. à toujours vouloir aller plus loin, sans jamais rebrousser chemin. elle n'avait jamais eu envie de quitter, avant cette soirée. avant de prendre conscience qu'ils ne faisaient plus la différence entre le nord et le sud. que cette créature surgisse de nulle part, proies de choix pour les affamés. ils ont réussis à se sauver, mais n'ont pas tous été épargnés. et ce fut le coup de grâce. l'explosion de trop qui fit éclater la constellation. les astres se sont éloignées, jusqu'à se perdre de vue. zaun comme nouvelle tanière, souvenir immarcescible de son enfance. à se chercher au centre de ces papiers éparpillées. à se servir de ses habiles pour aider les moins fortunés, ceux que le Fold ne veut épargner.

j'ai besoin de votre aide. elle n'a jamais hésité, lorsqu'il les a recontactés. parce que même loin l'une de l'autre, les astres n'ont jamais cessés de briller. elle n'a jamais cessé de foncer, de chercher. elle ne laissera pas l'un des leurs s'éteindre