cain funeste, comme une prédiction; enfant chéri d'une mère chétive à la vie si vite arrachée, échappé du joug d'un paternel qui n'avait de cesse de te rappeler ton inutilité. qu'est-ce qu'on s'en fout, de ce que tu peux bien inventer, répété à longueur de temps; les futures vagues que tu pouvais percevoir, loin de l'intéresser. une bouche de trop dès la naissance, le père hahn aurait préféré ne pas s'en encombrer.

ce 22 décembre 99 fût-il miraculeux pour ta mère, le réconfort de l'enfant ne dura pas longtemps, face au rejet de celui qui t'avait pourtant fait. elle se sera battu corps et âme pour en protéger les tiens. menaces fragiles face à la brutalité de l'homme, si tu le touches, je m'en vais, elle a si bien encaissé ses excès de violence, qu'il aura finalement plié. j'aurais dû te vendre, parfois murmuré, puisque c'est tout ce que tu représentais pour lui, de l'argent mal investi. alors quand elle s'est éteinte, tu as compris que ton immunité aussi s'en était allée; et sans attendre la nuit, lourd d'un deuil que tu n'as pas eu le temps de digérer, tu t'es enfuis, de peur qu'il ne fasse ce qu'il avait toujours clamé.

tu déambulais caché des années durant, à vivre de ces mensonges que tu distillais. tu alternais entre masquer de tes cheveux cette marque qui n'était pas compatible avec ta liberté, et la montrer à qui voulait se faire lire l'avenir pour gagner ta survie. alors personne ne pouvait remettre en cause ce que tu prédisais - pourtant, jamais tu n'as dit la vérité. parce qu'ils voulaient l'avenir heureux, quand tu ne voyais que des tragédies. ça va s'arranger, murmuré d'un sourire qu'on ne remettrait pas en question. prospérité, amour, et les voilà partis plus heureux qu'à l'arrivée. tu ne voulais pas voir, pas savoir, alors tu t'inventais des visions. jusqu'à croiser l'impératrice. l'alléchante sécurité proposée; il n'y avait qu'à tirer les cartes. accepter de ressortir le tarot maudit; d'en devenir l'arcane. la mort que tu fuyais est devenue ce que tu es; et tes présages sont prisés, puisqu'assez sont ceux qui ne t'ont pas écouté, et qui ne sont plus là pour le prouver.

le physique indéfini qui chavire les sens; homme ou femme, quelle importance. la vie marquée de ces fins que tu vois, et personne ne fait exception. si tu t'attaches, la curiosité t'invite à découvrir comment on te l'arrachera; alors c'est plus simple d'éviter de se questionner, en ne laissant pas le coeur déborder. certains sont pourtant charmés par ce sourire éteint; parfois tu dis oui, sans aucune raison. parfois tu dis non. tu ne sais pas. il n'y a bien que ton avenir à toi, que tu ne vois pas.

ketterdam d'adoption, que tu n'as pourtant jamais vraiment quittée. vie précaire d'abord, fuite dépossédée ensuite qui t'entrainera jusqu'aux limites de zaun, avant d'y revenir, à visage découvert. mais derrière ces pièces en nombres qu'on te donne maintenant, tu te demandes si cette nouvelle vie en valait le prix; puisque si l'exil abime le corps, c'est l'esprit ici, que tu brises.

marque lunaire qui laisse peu de place au doute; bien qu'il se sera développé à coup de ferme-là bien vite ancrés. elle rattrapait comme elle le pouvait, ta mère; te demandait l'avenir de futilités, pour compenser les coups malheureux du tyran. tu contais, joyeux, les présages dictés par ce jeu de cartes qu'elle t'avait confectionné; sans comprendre que cette prédiction là, aussi simplette soit-elle, était celle de sa mort prématurée. depuis, tu ne vois que ça; les fins possibles, proches ou lointaines, comme si l'esprit était resté bloqué sur cette vérité qui t'a échappé; t'a fait perdre la seule qui comptait. et comme une punition, chaque jour se remplit de morts à répétitions, que tu essayes d'éviter de quelques conseils, sans savoir, finalement, si ça ne les entraine pas vers une fin plus certaine. alors, de ton vieux jeu de cartes abimées, tu tires, composes l'avenir parsemé de ces flashs brutaux qui rendent l'esprit fragile; voyant ou cartomancien, qu'importe, puisque si pour certains, c'est un don; tu n'y vois qu'une malédiction épuisante qui te ronge et te plonge, chaque jour, vers des pensées sombres.

tire les cartes sur un jeu aux dessins enfantins et joyeux sourit parfois sans plus savoir comment fume à outrance peine à encaisser ses prédictions les images violentes le font saigner du nez n'arrive plus à dormir sans cauchemarder déteste son don n'a pas peur de mourir