01. « Arrête avec ça ! Ce n’est pas un Lloyd et il ne le sera jamais. Je suis déjà bien sympa de l’avoir accueilli ainsi pendant des années. » Zadkiel a presque 5 ans quand il comprend enfin la signification de ces mots. Ce n’était pas la première fois qu’il les entendait, parce que c’était récurrent que ses parents se disputent et encore plus à son sujet. Il avait toujours su qu’il était adopté, que ses parents biologiques étaient les meilleurs amis de sa mère adoptive, mais jusqu’à présent, il ne comprenait pas ce que ça signifiait de ne pas être un Lloyd et de ne jamais l’être. Mais maintenant, alors que les larmes coulent sur ses joues, il prend enfin conscience qu’il n’est qu’une pièce rapportée dans cette maison, dans cette famille. Si sa mère ne lui montre aucune différence, c’est différent avec son père. Zad n’est pas le bienvenue dans cette maison et ne le sera sûrement jamais, encore moins avec l’arrivée des jumeaux dans leur vie. Le garçon pousse un soupir et cache une nouvelle fois ses mains avec ses mitaines tandis qu’il quitte la maison par le jardin. Il est plus mature que les autres enfants et surtout, il est habile. Il n’a peut-être pas la capacité d’utiliser son pouvoir, mais il sait utiliser son corps. Il s’échappe de cette maison, courant où ses pieds le menaient sans jamais regarder derrière lui. C'était devenu une habitude par la suite de s'échapper de la sorte quand les choses n'allaient pas. Il vagabondait dans Ketterdam, allait à la limite de Zaun sans jamais la dépasser. Zadkiel avait trouvé dans ses escapades diurnes ou nocturnes que ça l'aidait à aller mieux, à ne plus se sentir de trop dans cette famille qui n'était la sienne que par procuration.

02. « C’est quoi ce bordel ? » lança-t-il alors que des gens firent irruption chez eux. Zadkiel avait toujours su qu’un jour où l’autre leur père n’aurait plus assez d’argent et qu’il les vendrait aux ordres. Seulement, il avait eu l'espoir qu’il ne le ferait pas ou du moins pas pour les jumeaux. Morana et leur frère ne méritaient pas ça. Zad était prêt à se sacrifier pour eux, mais apparemment, ils avaient tous été vendus. Il ne pouvait rien faire. Il regarda impuissant sa mère et vit la souffrance dans ses yeux. « Ne t’en fais pas, je les protègerai… » Comme il l’avait toujours fait, comme il le ferait toujours. Les jumeaux étaient sa famille et il ne leur laisserait jamais rien arriver. Cependant, ils étaient tous les deux des witchers et lui un healer. Ils seraient sûrement séparés et ça, Zadkiel ne le vivrait pas bien, parce qu’il ne pourrait pas veiller sur eux. Puis tout alla si vite. Ils n’eurent pas le temps de dire au revoir à leur voisinage. Il ne pourrait plus partir loin de tout quand ça n'irait pas. Il ne pourrait plus vagabonder dans les rues de Ketterdam. Tout ça était fini. Alors qu'il était amené loin de sa famille, ses yeux se posèrent sur son père adoptif, celui qui les avait trahi. « J'espère que tu brûleras en enfer pour ce que tu as fait à tes enfants. Je sais que tu m'as jamais considéré comme ton enfant mais les jumeaux ?? Tu devrais avoir honte... Connard ! » Ce fut les derniers mots qu'il prononça à l'égard de son paternel avant de détourner les yeux, refusant de le regarder plus longtemps.

03. La promesse de les protéger, Zadkiel l’a tenu, aussi longtemps qu’il le pouvait. Mais il n’a pas pu se protéger, lui. Il n’était pas un prodige et ne savait même pas utiliser son don. Ses caducées, présentes ou non sur sa peau, ne lui étaient pas d’une grande aide. Il en aurait été dépourvues, ça aurait eu le même résultat. Il était faible, bien trop faible pour les utiliser, pour sauver quelqu’un avec. Il n’arrivait même pas à fermer une simple plaie sans s’évanouir. Il n’était fort que lorsqu’il fallait se battre, se renforcer musculairement parlant. Sinon, il était la risée de sa promo. Il était faible, bien plus que n’importe qui d’autre et le harcèlement a commencé à ce moment-là. Mais Zad faisait comme si ça n’existait pas. Il ignorait les attaques quand elle était tournée vers lui. Mais quand elles commencèrent à être tournées vers les jumeaux, il a réagi, bien trop fort apparemment. Il frappait les gens qui s’en prenaient à son frère et sa sœur, ne supportant pas de les voir dans une situation similaire à la sienne. Et c’est là que l’enfer a débuté parce que ses harceleurs avaient compris que les points faibles étaient les jumeaux. Alors, il s’en prenaient à eux et ça rendait complètement fou Zadkiel. Il a écopé de plus de punitions que n’importe qui d’autres et il s’en moquait. Il continuait de les protéger encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit arrêté par des profs. Il se foutait bien de ce qui pouvait lui arriver, mais Morana et leur frère était bien trop précieux à ses yeux pour qu’il reste sans rien faire.

04. Remettant en place son masque or et noir, Zadkiel observe les jumeaux à ses côtés. Ce n’est pas rare qu’ils fassent une mission ensemble, mais ce n’était pas non plus habituel. Et comme à chaque fois, Zad les surveillerait, veillerait sur eux et les protègerait. Il n’avait pas oublié sa promesse faite à leur mère et même si des années après, elle n’était plus vraiment d’actualité parce qu’ils étaient capable de se protéger eux-mêmes, le jeune homme continuait de le faire. De toute façon, ce n’était pas leur mère qui le ferait. Elle avait toujours été passive à ses yeux et même si elle avait promis de venir les chercher, elle n’avait jamais rien fait. Puis la maladie l’avait affaibli et même si Zadkiel l’aimait toujours autant pour ce qu’elle avait fait pour lui, il refusait de la voir ou même de parler d’elle. Pour lui, elle les avait abandonné comme leur père l’avait fait et même si elle ne les avait pas vendu, elle n’avait jamais rien fait pour les récupérer. Aux yeux du healer, elle était tout aussi fautive que leur père. Derrière son masque, Zadkiel mordit sa lèvre, secouant la tête pour effacer toute trace de ses parents de sa tête. Sa famille se résume aux jumeaux et c’était tout ce dont il avait besoin. Il était là pour eux et c’était tout ce qui comptait à ses yeux. Il se tourna vers eux. « Prêts Deimos et Phobos ? » lança–t-il, utilisant leurs noms de code. Ils répondirent par le sien, Arès et ils s’enfoncèrent dans la nuit pour faire en sorte d'honorer leur contrat afin d’être à l’heure pour ouvrir la boulangerie. Enfin, Zad l’ouvrirait pendant que les deux dormiraient. Il ne dormait pas beaucoup, ça ne le dérangeait pas de toute façon.