les mauvais bouquets ― naïm

20.05.22 3:16

les mauvais bouquets
♡ ⁄⁄ ft. @naïm sa'adar

Dans les appartements d’une sorcière, on imaginerait entassé dans un chaudron, des maléfices dignes d’elle-même, de son nez pointu et de sa figure de mégère. le coude en avant sur la table et la main dans la joue, la méchante harpie qui se cachait derrière les sorts mystérieux, la chipie qui malgré ses floralies à succès se nourrissait encore des addictions et des vices, fixait un petit flacon de verre dont l’éclat rougeoyait au-dessus d’un bec bunsen enflammé. atteinte d’une sincère migraine et épuisée par ses fantômes, elle n’était pas arrivée à terminer sa tasse de camomille quand elle dû sortir de sa chambrette embaumée, dégoûtée d’avoir respiré aussi longtemps le parfum de sa nouvelle composition. non loin, sur le canapé, un charmant bouquet de ce qui pouvait ressembler à des ombelles de petits lilas pourpres et parme, leur parfum doux comme un secret, alors que, derrière leur magnificence, on déflorait la pureté, on invitait les bouquets à garder de bien méchantes humeurs. c’était là le cadeau d’origine, le parfum vengeur, la chaudière de la sorcière, son bouquet d’émotions ou de confusions, celui qui abritait pourtant un bourgeon de colère et les florescences vénéneuses d’une tristesse dont les cadavres purs s’entassaient d’autant plus qu’elle réalisait qu’elle n’était que l’ombre des fleurs qu’elle créait pour lui comme pour beaucoup de monde. mais encore, à mesure où le jour s’éteignait avec la lune et que la ville s’allumait de tous ses artifices, dans l’amusement où la foule s’écoulait sur les routes le soir, elle patientait, s’impatientait, pensait, méprisait, grimaçait de rencontrer sa morale avec sa rancœur et puis, finalement, elle voulut les virer dans une poubelle, ces fleurs. mais c’était surtout que la bouquetière, elle n’avait jamais eu l’intention de les lui donner, de l’enfuir dans sa petite débauche, de combler son esprit récréatif. elle lui offrirait mieux un nuage pour rêver comme les grenouilles rêvaient sur les feuilles de nénuphar : un beau mensonge, un faux chef d’œuvre, une expérience inoffensive. et alors qu’elle s’était mise à dévaler les escaliers pour remettre au vide-ordure ses fleurs vénéneuses, elle croisa la prunelle noire de ses yeux, surprise et bien ennuyée de ne pas être descendue une ou deux minutes avant, le bouquet aisément dissimulé dans son dos. ― bonsoir naïm. il lui vint aux joues un sourire que ses yeux ne soutenaient que faiblement. ― huum… tu peux y aller, je te rejoins vite, fit-elle en lui indiquant du doigt l’étage supérieur.

icaes avenue - appartement

23/04/2022

les mauvais bouquets
♡ ⁄⁄ ft. @Ianthe Shedergen

Aux habitudes mensongères, le flatteur ~~crevard~~ persévère ; qu’il pouvait susurrer mille blandices pour obtenir ce qu’il désirait, Naïm à la verve-caresse, aussi ondoyante que traîtresse, n’était pas du genre à lâcher prise lorsqu’on lui témoignait un peu de résistance – challenge accepted ; et c’était précisément ce qui l’avait fait redoubler d’ardeur, ne masquant que très peu son besoin ô combien dramatique d’humer les floraisons uniques des créations d’Ianthe, se fichant bien de blesser la belle au passage. Face à l’obsession qui tord les boyaux, tout paraît moindre et sans importance, les lacérations deviennent des écorchures et l'urgence est toute autre. Car il ne pensait plus qu'à ça, Naïm, aux sensations exquises et inimitables que lui procuraient la surconsommation de produits illicites, interdits et nocifs ; son âme de Daemonis se gavant à outrance de ses chimères dantesques qui ne faisaient qu'aggraver son cas, le précipitant vers la dépendance pleine et entière. Il serait prêt à renier son propre frère pour des doses d'euphoria, mais ce dernier en avait déjà fait tout autant pour d'autres fantômes inexistants. Aussi, la saveur de la trahison avait un goût de déjà-vu ou de trop peu, et ne l'intéressait plus vraiment.

L'esprit saturé de problèmes, l'héritier Sa'Adar est en quête d'évasion. Auprès d'Ianthe, il est sûr d'obtenir un ticket aller vers la déraison. Malgré les réticences de la belle, son insistance a eu gain de cause ; aussi il se trouve à présent devant son appartement, l'impatience masquée derrière des traits charmeurs, le magnétisme amplifié par le fléau. N'a-t-il pas le temps d'annoncer sa venue que la porte s'ouvre sur la jeune femme qui semble préoccupée. L'attitude suspecte, Naïm esquisse un sourire et se pose contre la chambranle de la porte en croisant les bras, scrutant la silhouette élégante de celle qu'il aimait appeler sa jolie fleur. — Où est-ce que tu vas ? Tu as besoin d'aide ? Jouant les innocents adorables et adorateurs, Naïm sent que quelque chose cloche. Et s'il ne met pas encore le doigt dessus, son intuition ne le trompe que rarement aussi il réclamera des explications.

14.06.22 21:20

les mauvais bouquets
♡ ⁄⁄ ft. @naïm sa'adar

Qu’est-ce que la bouquetière enchantée ne savait pas d’elle-même ? pourquoi les hauts de sa maîtrise lui échapperaient de la sorte ? ses mensonges s’écrivaient dans ses yeux comme dans un livre ouvert pour quiconque la connaitrait assez ou bien regarderait de plus près l’éclat différent que ses pupilles sombres démontraient par inconfort. des pommettes chaudes, un secret qui lui grattait aux oreilles comme à la langue ; pour chaque moment où la fleur s’était tentée au désarmement de ses principes, ça c’était toujours terminé de la sorte. et comme l’oubli n’était pas en son pouvoir, la demoiselle n’essayait plus de convaincre ses saintes obsessions à la divergence puisqu’elle savait déjà l’origine de sa lacune. sa couverture était celle d’un bandit inexpérimenté, son âme énonçait dans des splendeurs innocentes qu’elle manquait de malice, son caractère même était arrosé d’une certaine valeur dont elle ne saurait se détacher ; elle était pire pour elle-même que pour les autres. en plus de quoi, ses faiblesses ne lui revenaient qu’après s’être imposées à ses situations et la parade ne se résumait qu’à ce qu’elle savait faire de mieux : être honnête. ― au rez-de-chaussée… ou dehors, je devrais dire. dans la glace de la vitrine d’en face, son regard était tombé sur la trace des fleurs qu’elle avait bêtement tenté de cacher dans son dos. ses bons sens avaient voulu qu’elle les lui montre avant qu’il ne lui demande, puisqu’après tout, elle ne prononcerait aucun mensonge, ou tout du moins, rien qui ne soit totalement faux. il n’aurait pour manger que les épluchures de sa conscience quand elle en garderait soigneusement les fruits, gentiment égoïste comme elle est de ne vouloir pour lui que ce qu’elle veut pour lui. ― je n’ai pas besoin d’aide, ne t’inquiètes pas, je veux juste me débarrasser de ces fleurs ratées.

icaes avenue - appartement

23/04/2022

les mauvais bouquets
♡ ⁄⁄ ft. @Ianthe Shedergen

Furtive esquive, il n'est pas dupe. Si les messages précédents lui avaient laissés comprendre ses ressentiments, son attitude fuyante était en train de les confirmer. Pause. Sa main glisse sur l'un de ses avant-bras, peau de soie caresse sa paume, ancre-douceur. — Tu veux que j'y aille pour toi ? Tu as l'air si stressée, t'es sûre que ça va ? Lentement, la caresse s'incruste jusqu'au poignet pour le ramener à lui, cesser de cacher les fleurs dans son dos (à quoi bon ?). — Tu as dû mettre tellement de temps à les construire... tu veux vraiment les détruire ? ne peux-tu pas leur trouver une autre utilité ? ce serait si dommage de les jeter... La préoccupation est réelle, Naïm ne feint pas. Les charmes facétieux de son aura englobent la silhouette fragile d'une Ianthe déjà prise au piège, qu'il peut être doux, Naïm, merveilleux amant quand il s'obstine à élever au rang des dieux ses conquêtes éphémères.

Éphémères, aux plaisirs fugaces, qui ne durent pas. La précarité de ses relations dépendaient fortement de ses besoins sur l'instant, et si cela pouvait être dérangeant, voir même destructeur pour ceux qui auraient aimé qu'il en soit autrement, Naïm ne mentait pas. Il était (et demeurait) simple consommateur, friand de ces sensations d'allégresses procurées par les corps en liesse, adorateur de ces friselis exquis précédant le maelström tempête déchirant ; aux amours volage, l'héritier n'en était pas moins touchant quand le plaisir recherché était finalement toujours partagé sinon, il n'en ressentait aucune satisfaction.

Les gestes doux, assurés, guide Ianthe dans ses bras (ondine prise dans les filets) et il relève son visage vers le sien, demande d'une voix suave. — Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? Parce qu'il sent les reproches sous-jacents, il sent la rancune et l'affliction et peut-être, se dit-il, qu'en les démêlant, ils trouveront un terrain d'entente. Il l'espère férocement.

01.08.22 16:27

les mauvais bouquets
♡ ⁄⁄ ft. @naïm sa'adar

Qui était-il ? elle se le demandait un peu moins chaque jour parce qu’elle était fatiguée de sans cesse revenir à la conclusion qu’elle ne saurait jamais vraiment les couleurs de son âme. ― ce que je ne te dis pas ? beaucoup de choses, sourit-elle. après tout, elle n’était qu’une fleur qui s’ondoyait sous la molle caresse de l’air et l’entendre s’exprimer de la sorte cassait des murs qu’elle ne savait reconstruire que trop lentement. ― je devrais m’estimer heureuse que tu ne saches pas deviner, sinon je serais perdue. quelques mois plus tôt, son inconscient serait tombé dans un panier de fleurs aux senteurs exquises, elle aurait adressé une moue tendre, pas forcément parce qu’elle aurait été convaincue par l’authenticité de son caractère mais parce qu’elle aurait pensé ; que ce soit entre un théâtre de balivernes ou bien les démonstrations réelles de sa tendresse, que ce ne serait rien que pour elle. mais un triste mépris c’était emparé de son être, pour elle-même, pour sa naïveté de petit bourgeon. car, en vérité, jamais ne lui avait-il adressé un mensonge qu’elle s’était mise à y croire toute seule. ― mais toi non plus tu ne me dis pas tout, n’est-ce pas ? douce délurée comme elle s’était fatiguée à le devenir, même quand ses seules échappatoires avaient pour défaut de n’être que des ruses rouillées, elle se demandait si elle finirait par l’emporter un jour : une réponse à ses questions. ― comme la raison pour laquelle tu ne veux pas que- la fameuse raison pour laquelle il l’empêche de descendre, comme si elle ne s’en doutait pas. mais, quelle tendre et ingénieuse trouillarde elle faisait, d’espérer de garder ses suspicions dans un sac et de sourire avec les mensonges qu’elle avait remporté dans sa course à la complaisance. et puis elle soupira. ― cette fleur, c’est un poison, naïm, une vermine et tout ce que tu veux de la sorte, alors il vaudrait mieux que je m’en débarrasse toute seule. ce n’était pas non plus faux, de même que son inquiétude était véritable. il n’y aurait pas de mot à enduire sur sa volonté et s’il espérait la perdre dans ses sentiments, elle s’y était déjà perdue toute seule, comme toujours.

icaes avenue - appartement

23/04/2022

les mauvais bouquets
♡ ⁄⁄ ft. @Ianthe Shedergen

Pouvait-il se montrer réellement insensible lorsqu'elle gisait ainsi dans ses bras, aussi douce et fragile qu'une fleur, séduisante comme l'épineuse contre laquelle il aimait s'écorcher délibérément ? Il le pouvait. Car Naïm ne percevait que son propre intérêt dans cette relation qui n'était tissée que d'illusions, et si sa douceur pouvait largement faire croire le contraire, ne restait-il au fond qu'un sombre égoïste qu'Ianthe devait à tout prix fuir. — Tu n'as pas envie de me les dire ... ces choses ? Et c'est en arborant l'un de ses sourires les plus charmants qu'il lui pose la question, car il ne redoute pas vraiment l'affrontement, Naïm ; et si parfois il fuit le conflit, ce dernier est courant pour lui, presque quotidien. Non, ce qu'il redoute, ce sont les non-dits qui s'encrassent, séparent et détruisent sans crier gare. Ces derniers ont des effets sacrément dévastateurs car ils rongent l'âme en silence et lime les amarres jusqu'à ce que la corde rêche finisse par casser sans moyen de revenir en arrière. Ce qu'il redoute, Naïm, c'est de ne plus jamais avoir accès aux tendres bouquets. Aussi, se pare-t-il de ses plus beaux atouts, le charme daemonis qui influence ses victimes et la roucoulade qui n'en est qu'à ses prémisses. Confusion continue de le tourmenter alors qu'elle ne termine pas sa phrase, Ianthe, la laisse en suspens ; et il lui est d'autant plus difficile de comprendre ce qu'elle peut lui reprocher quant elle-même n'arrive pas à le formuler. (A-t-elle déjà cédé ?) Sans la bousculer, il la laisse terminer car il est plus sage de ne pas la presser ; il n'y gagnerait rien de toute évidence, et il ne cherche pas à déclencher une tempête, juste à éviter l'ouragan. — Et bien, si c'est une vermine... Je t'accompagne ? Pas près de la laisser filer, non. Ses lèvres s'approchent, conquérantes, et déposent sur sa joue nacrée, un tendre baiser. — Plus vite on s'en sera débarrassé, plus vite on pourra se poser. Ce n'est pas ce que tu veux, hm ? Qu'il pouvait se montrer patient, Naïm - adorateur de trésors ; et s'il maîtrisait suffisamment l'art du temps, alors des merveilles il en recueillait une pléthore.

les mauvais bouquets ― naïm

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