les oiseaux dans la brise, nous sommes
la mer et ses abysses, nous sommes
du néant les prémices, nous sommes

— M O R T - N É S —

H E R escapades dans le lointain — impression enfantine ; c'est guidé par sa sœur anthéa que le garçon descend les marches quatre à quatre, étouffant un rire que l'adrénaline lui provoque. il y a dans l'interdit l'envol des démons, il y a dans le partage du délit l'indescriptible fraternité. ❛ mais plus vite silva ! bouge ton cul ! ❜ qu'elle maugrée sans ouvrir la bouche.  ❛ c'est toi la sale tortue, on dirait mamie benedita ! ❜ qu'il répond avec des mots sans parole ( pensées livre-ouvert ). sous la lune complice, ils rejoindront la cabane tendre de leurs bêtises, alterneront histoires d'horreur et projection de dessins animés... ce avant de regagner leurs chambres douillettes en prétendant ne jamais les avoir quitté. et demain, malgré les yeux aux contours lilas — ils affronteront la journée pour mieux se chamailler à la nuit tombée ( promis juré ).

T H E M — g o l d e n  trio à l'amitié immuable, les mères réunissent les landaus dans une sororité fastueuse. liens irréfutables qui grandissent en même temps qu'eux, il n'y a pas de silva sans iseul et asmar. rois et reine d'un monde qui semble vouloir devenir leur, sujets d'admiration et de jalousie ( sur eux, toutes les attentions ). elle — fougueuse, méthodique, rationnelle, fidèle, égocentrique, aventureuse, dominante. lui — attentif, cynique, impulsif, amusant, faux-leader, égoïste, incertain.

silva ne se souvient pas, de la première fois. seulement de la troisième — ou la cinquième ? iseul vient de remettre un peu de carmin sur ses lèvres, soigneusement. elle range hasardeusement son miroir de poche dans son sac, entre ses stylos colorés et ses copies parfaites... les yeux brillent d'une intelligence sournoise qui lui font presque détourner le regard ( amoureux ). la vilaine sylphide bat des cils, innocence surjouée de celle qui de ses charmes connaît trop bien les effets. eh bien silva ? quoi, ça ne me va pas ? haussement d'épaules évasif, un raclement de gorge comme si de rien alors qu'asmar lâche un rire narquois. pas besoin de partager ses réflexions pour que l'évidence soit perçue par les compères — rêver de lui croquer la peau. et c'est quelques semaines plus tard qu'ils échangèrent un premier baiser
— et cette fois, il est impossible de l'oublier.

T H I S
tw — viol, descriptions, suicide.
l'agitation dans la maison le sort de son flegme, curieux capharnaüm sévit dans les couloirs du manoir... abandonnant son ouvrage, silva quitte ses cahiers pour annihiler le mystère, mauvais pressentiment par dessous la chair. et à se rapprocher, l'on perçoit davantage du chaos, il y a une voix qui se détache des murmures agités — elle est  fêlée . cris de fureur; gémissements désespérés. c'est seulement en la voyant recroquevillée dans l'entrée qu'il reconnaît la créature griffant fébrilement quiconque tente de l'approcher ( larmes de sang — regard fou ). silva accourt, bouscule à son tour le personnel de maison qui ne sait comment appréhender l'agonie et ses tumultes... oui,  silva accourt et saisit le visage ecchymosée d'une sœur déformée. anthéa bredouille le prénom de son frère entre deux sanglots, supplication ultime alors qu'elle capitule dans ses bras.  ❛ ne les lis pas silva. tu, i-il ne faut pas que... pitié, ne les lis pas. ❜

alitée des jours, alitée des mois. cage sublime que sont les draps de satin ! anthéa ne quitte plus le lit, et les subterfuges pour l'en sortir fanent plus vite que ses faux sourires. la cabane fraternel dépérit, le corps s'affaiblit. maman chouine, papa hurle. à son chevet silva se fait silencieux, caresse tendrement les cheveux. il lui parle de cinéma, lui conte des romans qu'elle ne prend plus la peine de lire. c'est de patience et d'amour qu'il s'arme contre le secret, parce qu'un soir elle frappera à sa porte; et comme les enfants qu'ils étaient hier, ils courront jusqu'au petit matin. un soir. un soir prochain.

mais ! fantôme ; voilà ce qu'elle devient. quand il la serre, il ne sent plus sa main. quand il la regarde, même au fond des yeux il ne voit plus rien. inéluctablement, la vie s'éteint. alors silva n'en peut plus d'attendre un miracle, et les promesses volent en éclats — sans son accord, piller la vérité interdite ( elle se voulait tendre, la trahison ).
elle se sentait invincible — perchée sur ses talons à danser avec ses copines. la nuit était jeune et le cœur transi. sans craindre les gouttes d'or, la belle faisait pleuvoir le champagne dans le carré VIP, jetant à la volée quelques regards vers un des princes en train de danser. elle se sentait invincible, jusqu'à ne plus rien sentir. l'esprit est devenu brume où les pensées planent sans espoir de devenir réalité. il était demain, ou nous étions hier... et les yeux peinaient à rester ouverts, les mains glissant contre les murs des toilettes. ils la tenaient par les cheveux, alors qu'anthea n'entendait plus le rire de ses sœurs ni la musique criarde de la boîte de nuit. dans le brouillard ne demeuraient que leurs soupirs rauques et des insultes salaces. on la maintenait debout à défaut de la maintenir en vie. les mots restaient coincés dans sa gorge, sans forme et pourtant si difficile à ravaler. elle pleurait un peu de champagne, celui de la coupe du prince. violemment, la mort et d'autres l'ont enserré. hier et demain. n'être plus que de la brume. ne plus rien sentir. vouloir mourir. hier et demain.
silva n'ose même pas regarder son fantôme, il n'ose pas relever la tête. son menton tremble et le reste de son corps demeure figé. tendre trahison transforme silva en charon, entre eux s'incarne la barque sur le styx. il n'a pas le temps d'articuler un pardon qu'elle pose une dernière fois la main sur l'épaule de son frère. et enfin ! anthéa quitte sa chambre, pour la dernière fois. finalité cruelle, ultime élan de la faux. 

T H A T
tw — tentative de suicide.
à son tour, sur le pont des âmes. la lune complice partage l'intimité de l'instant au bord du fil, alors que silva balance l'un de ses pieds aux abords du vide. il en imagine l'étreinte ( la fin ), il fantasme les retrouvailles ( la paix ). frisson chagrin du corps qui taquine le néant, silva essaye d'être prêt à la rejoindre... prêt à découvrir le maître sentiment, nocturne que sera le couronnement du malheur ou de la peur.

un ricanement — cruellement l'on raille la pesée de son désespoir. le garçon ne se tourne même pas vers la créature qui finit par cesser de s'esclaffer, n'esquisse aucun geste même quand les ongles de l'inconnu caresse sa nuque.

. ❛ alors ? prêt à plonger ? ❜
. ❛ ... ❜
. ❛ tu m'as l'air en difficulté. besoin d'un coup de main ? ou peut-être d'un coup de pouce ? ❜
. ❛ vous n'êtes pas sensé m'empêcher de sauter ? ❜
. ❛ moi ? moi je ne suis rien sensé du tout ! je n'ai jamais été mordu par les responsabilités. tu ne m'as pas répondu. de quel côté tu veux être poussé ? ❜
. ❛ je veux juste que ça s'arrête. ❜
. ❛ ça ne répond toujours pas à ma question. si tu continues, je choisis l'option de la facilité. ❜

la main descend contre le dos.

. ❛ j'ai beaucoup trop mal. je suis fatigué, tellement fatigué. alors non je ne sais pas de quel côté je veux tombé. je ne sais pas lequel est le plus adapté. je ne sais pas de quoi je suis capable. je n'en peux plus d'y penser. ❜
. ❛ mmh. je suis d'humeur joueuse, pas toi ? ❜
. ❛ non. pas moi. ❜

mais la main le tire à défaut de le pousser.

. ❛ j'ai un marché à te proposer. si tu es prêt à en finir, tu n'as pas grand-chose à risquer de toute manière. tu n'as rien sauf ta détresse. eh figure toi que je suis intéressé ! prêt à t'en débarasser. ❜

silva finit par regarder la shymer.

❛ je souhaite que tu me prennes tout de ma désolation. ❜
et sans vergogne,
l'immonde salvateur dévalise ses émotions.

T H E N
il est la belle carcasse; en la poitrine les champs de bataille sont déserts et les combats abandonnés. les tourments n'ont plus de goût: la larme si elle coule n'est plus qu'un sel fabriqué au désarroi inexistant. silva a donné tout de son cœur que la chose a croqué à pleines dents ! elle s'est repue, vorace, de tous ses bons et mauvais sentiments. alors silva ne rit et ne crit pas. silva est mesuré. il est tout rempli de rien; gonflé l'ennui et à l'incompréhension d'un monde qui s'écorche vif. il se complait d'une mélancolie subtile, n'enviant rien à son passif humain. robot, monstre, néant. parfois il se maquille d'émotions d'apparat pour écourter les élans d'autrui ou pour faire trembler son spleen... peine perdue ! car l'enfant sous la lune n'est plus.

T H O S E

STAGAM —
chocker ( 36 centimètres) or mélangé ( 18 carats ) avec de la poudre de bois ( white stag ).
si avant la création de cet illustre bijou d'autres colliers utilisaient de la corne de cerf blanc, cette pièce s'est fait connaître pour la préciosité de son processus de création et le soin de ses finitions. portée par velya xao pendant l'avant première du film à succès blasphème doré ( 1983 ), il n'en existe que trois exemplaires dans le monde. aujourd'hui de nombreuses répliques circulent, faites en cornes de jackalope.

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RIDAM —
paire de boucles d'oreilles ( 158 grammes ) avec une multitude de saphirs, inspirée par la fleur empoisonnée ( tearidescent ).
pièces uniques issues d'une micro-collection de 1971, elles furent portées par dris eridani, femme du troisième héritier. c'est sur son cadavre que l'on retirera la paire, seulement six nuits après le mariage — overdose. histoire finement contée sur un petit carton de présentation juste au dessus de la vitrine où reposent les bijoux.

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