Urgent, ça l’était.
Parce qu’elle était trop conne ?
Disons… que ses qualités d’improvisation n’avaient pas toujours du bon.
Note d’un guide pour ceux qui voudraient un jour se lancer dans les mensonges de fiançailles : s’inventer un fiancé, en prenait un. Parce que rejeter des fiançailles officielles sous prétexte qu’on avait déjà promis sa main… en général, ça amenait à ce que la famille émette le désir de rencontrer le dulciné.
Histoire de le rencontrer, le valider, tout le baratin des histoires classiques à Celestia… à ceci près qu’il lui était visiblement possible de présenter son propre choix pour le premier rôle de sa vie.
Bref, tout ça pour dire : si elle ne présentait pas son bien aimé dans les jours à venir, sa famille trouverait ça définitivement louche.
Son père suspecterait un “petit voyou” en copain, sa belle-mère un moins que rien… au moins, ils ne penseraient pas tout de suite qu’elle avait menti
« Assez oui. Disons que c’est devenu ma priorité numéro un ! » et pourtant, elle gérait une entreprise, elle était une femme d’affaires occupée… qui sortait trop souvent le soir pour quelqu’un de véritablement sérieux.

Ceci dit, elle avait véritablement eu l’air si sérieuse à réfléchir au salaire de son faux fiancé.
Voyons… il aurait des horaires plutôt flexibles… combien en aurait-elle besoin par semaine ? Bonne question. Il y avait souvent des cocktails, et ce genre de choses. Ils pouvaient peut-être date le dimanche de temps en temps. Une promenade à la plage, ce genre de choses. Faire du shopping en semaine et parfois sortir prendre un verre. Il y aurait les dîners de famille, les séances de relooking, il faudrait prendre rendez-vous chez le coiffeur, à l’esthéticienne, sans oublier d’autres petites sorties où ils devraient se prendre en photos pour se créer une histoire. Il faudrait rapidement trouver les tenues parfaites pour les photos de fond d’écran de leurs téléphones… réfléchir à des petits surnoms… Ah ! Et si ça collait, son père voudrait sans doute l’emmener pour leurs prochaines vacances histoire d’apprendre à le connaître sur un temps plus long.
Heureusement qu’elle était riche !
« Voyons, il faudrait faire des tarifs selon l’heure et le jour. Evidemment le dimanche et les heures de nuit rapportent plus. Mais disons que sur un taux normal on pourrait tourner sur du 16 crescent de l’heure. Après, on peut voir pour facturer à la prestation, ça me semble peut-être plus approprié vu le contrat. » qui a osé dire un jour que le romantisme était mort ?

Mmmh oui, c’était sans doute plus simple de le payer à la prestation. Il allait falloir poser tout ça sur un vrai contrat, mais elle n’en n’avait pas moins ajouter un taux horaire suivi d’un petit “au choix” avec les différents tarifs pour différentes prestations. Cette serviette allait devenir bien trop remplie.
Et encore, il n’y avait rien de noté sur les gestes intimes. Regard qui se relève, stylo qui se pose à nouveau, elle n’avait pu s’empêcher de demander « Vous avez jamais eu de copine ? » de fausse, non, sans doute. Disons que c’était pas un procédé très répandu « Se tenir la main, s’embrasser, quelques gestes d’affection en public, la base. Bon, pour les mains aux fesses, vaut mieux éviter, mon père le prendrait mal et le but n’est pas de devenir veuve. » ceci dit, elle lui mettrait bien… la main aux fesses « Voilà ! Vous avez tout compris ! Un vrai génie ! » n’exagérons pas.
Il savait déjà qui était la patronne. Quel bon tuyau on lui avait refilé en lui parlant de ce bar.

« En fait… » et ça y était ! L’heure était venue de raconter son récit de gosse de riche. Les grands classiques de Celestia contées à un innocent « On m’en a déjà trouvé un, sauf qu’il ne me plait pas. Histoire de mariage arrangé, tout ça. Du coup, j’me suis dit : réfléchis Menya, quelle solution tu as ? » et bah au moins, il savait enfin le prénom de sa fiancée. C’était déjà un début plus classique « Qu’est-ce que tu peux faire pour pas te fiancer avec un mec “so boring”, tellement qu’on dirait qu’il vient de ta belle famille ? Et là le flash, le coup de génie ! Fiance-toi avant !  » est-ce qu’elle avait vraiment cette expression si fière sur le visage à révéler une connerie que son cerveau n’avait pas trouvé mais improvisé sur le moment ? « Bon, il y avait bien le risque ça ne leur aille pas, ou que ça n’aille pas après. Mais il est de quoi ? 8 Pourcent ? Maxi 9 allez. » 9 pourcent de chances qu’elle n’arrive pas à faire d’un Pankratz un vrai héritier ?
…
Et bah, ça se voyait qu’elle n’avait pas étudié les probabilités à l’école.

Tu es vraiment sûr de toi Elan ? Tu vas vraiment t’embarquer dans un truc pareil ? Tu sais que tu as le droit de dire non pas vrai ? … Non. La jeune femme vendait trop bien la chose.  C’est donc cela, le secret des RH ? Ils ne font pas qu’uniquement prendre vos CV et jeter à la poubelle sans même vous donner une réponse ? Parce que voilà, un des principaux problèmes dans cette histoire s’était ça. Il ne la connaissait absolument pas puisque dans le cas contraire, il saurait qu’elle n’est pas Directrice des Ressources Humaines. Pourtant, il avait bien des indices devant lui : sa tenue, le fait qu’elle cherche quelqu’un pour elle, un FAUX FIANCE qui est déjà un intitulé de poste douteux, ses missions et son absence de support écrit ou de contrat prérempli.  … Mais non. Il n’a pas pensé à tout ça, une seule seconde. Après le lac de l’incompréhension, la cascade de la connerie. Celle-ci il la connait pas mal … Vous savez, il paraît que le corps humain est composé à 65% d’eau. Elan, c’est son cerveau qui est complètement noyé.

Il n’eut pas plus de renseignement sur la raison de l’urgence. Peut-être qu’elle avait buté son précédent faux fiancé et qu’il lui en fallait désormais un deuxième ? On ne sait pas, on ne sait jamais. Nous vivons quand même dans un monde où Gérard Piqué a trompé Shakira. A qui pouvons-nous faire confiance, je vous le demande …

Pas le temps de relancer la question que la conversation tournait vers les avantages. Mieux qu’une agence de voyage, une pub orale pour le paradis. Cela en était presque trop beau. Ca l’était. Parce que il n’en avait pas encore conscience mais ses dimanches, jours fériés et tout le tralala lui seront largement sucré. Mais l’idée de remettre en question ces morceaux de rêve écrit sur une serviette ? Absolument pas …
Vint la question des salaires. Question à laquelle il s’était planté d’entrée en mentionnant le fait que son salaire n’était pas fou. Les aléas de l’honnêteté. Pourtant, après s’être mangé tout un discours supposé motivant qu’il ne comprit absolument pas, il avait réalisé un semblant de sauvetage miraculeux. La laisser le déterminer. Il valait mieux des misérables pourboires jetés sur le comptoir ? Il voulait voir. …
Des tarifs de jours. Des tarifs de nuit. 16 Crescent de l’heure. Possibilité de facturation à la prestation. … « Ok ça me va. » … Mais qui est cette femme ? Il faut absolument qu’elle rencontre son patron, lui fasse une formation, lui retourne le cerveau comme elle vient de lui faire ? 16 crescent de l’heure, il en était encore abasourdi. Ajouté à cela cette histoire de facturation à la prestation … Elan Pankratz, nouveau mantra : Ma question préférée, qu’est ce que je vais faire de toute cette oseille ? Comme tu le fais actuellement Elan, ne te berce pas d’illusion …

La liste des tâches était tout à fait dans ses cordes. Théoriquement. Seulement, la mention de gestes intimes le gênait. Non parce que, c’est plutôt vaste quand même … « Si mais j’ai juste besoin de savoir de quel degré vous parlez. » Il y a intimité et INTIMITE en gros, en gras, police 24 et surligné … « Ok je vois … » C’est quoi cette déception dans la voix Elan. « Il fait quoi dans la vie votre père ? Non parce que si il est tueur à gage ou un truc dans le genre, il faudrait peut-être que je prenne plus de précaution niveau survie. » Prendre plus de précaution, traduisez ceci par : Appeler Nyel, en soi. Elle tue bien des Denis, s’occuper d’un tueur à gage c’est dans ses cordes non ?

En soit, le contrat était simple. Tu te contentes de sourire, poser pour les photos, jouer les amoureux supplément : Alors hier j’ai foutu une raclée à une bande de saltimbanque qui avaient insultés ma mère de putain haha … tout en fumant un cigare, un verre de champagne dans l’autre. En soit, elle s’occupe de tout, il ne s’occupe de rien. … Non sérieusement, c’est un prank ? C’est sa fête surprise pour son arrivée au Paradis ? En fait il s’est rompu le cou en glissant derrière son bar ? Est-ce que Patrice l’a tué ? Si oui, pourquoi ? Il n’a pas de fille finalement ? Non, tout cela semblait bien réel …

Finalement, il parvenait à remettre sur la tapis la raison de cette offre d’emploi. C’est vrai, à moins qu’il ne soit sous l’emprise d’un charme et que ce soit finalement un super thon qui se présentait à lui, elle avait tout pour elle ? Physiquement parlant du moins puisqu’il ne la connait pas encore. Mais jusque-là pas, pas de drapeau rouge à l’horizon ? … Il ferme juste les yeux sur ses derniers, voilà tout …
Alors il écoutait son récit. Son histoire de vrai presque fiancé ennuyeux qu’elle a préféré troquer contre un faux. En somme, elle ne voulait pas se fiancer. « J’imagine que c’est super mal vu pour les gens comme vous. » Sous-entendu, les richous. « De dire non donc je pense que c’est une bonne idée en vrai. » … Vraiment ? T’es sûr que t’as vraiment écouté ou tu t’es juste arrêté aux paroles sous entendant qu’elle était célibataire ? « Moi je dirai que le pourcentage que ça ne leur aille pas descendra à 4 pourcents lorsqu’ils m’auront rencontré. » … Visiblement, il n’était pas le meilleur en maths non plus. « Ils n’y verront que du feu et si malgré ça c’est toujours un non, c’est juste que j’aurai mis la barre trop haute et qu’ils ont flippés. » Bien sûr Elan rien que ça … « Au fait je m’appelle Elan. E L A N. Ça devrait être plus pratique pour le contrat. » Un contrat au nom de Fab, F A B alors que ce n’est pas son prénom, ne fonctionnerait pas. Il faudrait qu’elle trouve un nouveau fiancé supplément nommé Fab. Un enfer.

16 crescents. Des prestations facturées. Evidemment elle s’occuperait de faire les factures, ce serait sans doute plus simple. Est-ce qu’elle devait prendre contact avec le service juridique ?
Chaque chose en son temps. Le contrat n’en n’était qu’au stade “serviette de bar”. Mais au moins, ils s’étaient mis d’accord sur les tarifs.
Voyons, qu’est-ce qu’ils devaient encore voir ensemble pour un premier contact ?
Il y avait tellement de choses à faire. Dans le fond, les faux fiançailles, c’était presque plus compliqué que les vraies. Dans les secondes, elle n’avait besoin de s’occuper de rien… en dehors d’être un joli objet qu’on échangeait dans un marché.
Les riches, Vraiment. Ils avaient du mal à vivre en 2022.
Trop pas woke
Ne nous égarons pas. Ce n’était pas aujourd’hui que la bataille contre les mariages arrangés serait menée.
Au moins était-elle un peu originale dans sa façon de faire.

Vraie question.
Est-ce qu’ils iraient jusqu’au vrai mariage ?
…
…
Ok, là faudrait sans doute qu’elle revoit le 16 crescents de l’heure.
Sa vie était si compliquée !!!
« Sur une échelle de 1 à 10, 10 étant le sexe, du coup sans parler des degrés supérieurs… » mais qu’est-ce que tu racontes Menya ? « Je dirai qu’on est quand même sur un bon 7. Peut-être 7.5… vous voulez que je chiffre ça sur le contrat ? » on aimerait mieux pas que t’en fasses un contrat en vérité… pense à la gueule de ton père s’il tombe dessus.
La sienne avait emprunté les expressions de la fierté pour parler de lui « C’est un ancien joueur pro de hoverboard, il est entraîneur maintenant. C’est vrai qu’il est un peu costaud et qu’il a déjà mis son poing dans la gueule d’un de mes ex mais juste une fois, deux grand max’ et l’ex en question était très con. » vraiment que deux fois ? Bah, elle était discrète. Et souvent son père envoyait un colosse à sa place.
…
Et ça, tu ne juges pas bon de le préciser à ta pauvre victime ?
…
Bah non, c’était con en fait. Si elle lui en parlait, jamais il ne signerait !

Pas de signature. Vraies fiançailles. Adieu sa petite vie parfaite. Bonjour l’ennui. « Assez oui. En fait, c’est plutôt le cas où tu peux dire oui, ou bien oui. » évidemment que c’était une bonne idée.
En même temps, est-ce que ça lui arrivait d’avoir de mauvaises idées ?
Never !
Tout le temps !
« J’aime cette confiance Elan ! » petit clin d’oeil, index pointé vers lui, félicitations à un bg… leur pourcentage était pourtant bien foiré.
Stylo à nouveau reposé, elle avait sorti son téléphone dans la foulée après avoir écrit son nom sur le papier « Faut qu’on s’échange nos numéros. » en tant que fiancés c’est mieux c’est sûr « Mais d’abord… » d’abord quoi ?

D’abord elle s’était penchée sur le bar « Venez par là. » pour rapprocher leurs visages et prendre un selfie ? Un sourire digne des couvertures des grands magasines de mode sur les lèvres.
…
Tous les couples avaient des selfies ! En fond d’écran. Mais pas lui. Pourtant elle était ravissante sur la photo, réflexion qu’elle s’était faite ensuite en regardant son téléphone « Mmmh… » réflexion plus intense tandis qu’elle analysait leurs visages à côté « ça va. En vrai, on va bien ensemble. Va falloir faire quelque chose à ces cheveux, mais on a un vrai potentiel de couple. » c’est pas un peu gênant de zoomer devant lui ?
Elle était pro. Chaque détail comptait « Vous êtes plutôt photogénique, très joli menton d’ailleurs. » menton ? « Non franchement j’aime bien. » elle n’avait même pas terminé son verre, et elle était aussi perchée ?
Le naturel chérie

« On devrait peut-être arrêter dès maintenant de se parler trop formellement. Je sais que je suis ta patronne, mais je préfère qu’on renvoie l’image d’un couple simple et love to love, plutôt qu’un couple distant et coincé. Ceci dit, faudra éviter de dire à mon père qu’on a déjà couché ensemble… histoire qu’il nous en mette pas un petit troisième. Du coup ton numéro c’est quoi ? » comment est-ce qu’elle allait l’enregistrer dans son téléphone ? Pas vraiment fan de chéri... un surnom avec Elan ? Il y en avait que des trop niais non ? El ? Avec un coeur derrière dans tous les cas, évidemment.
La base.

Il n'était pas tout a faire sûr que Azriel apprécie le fait qu’il ait un autre emploi. Mais normalement, il devrait pouvoir s’arranger. Il n’aura qu'à prendre ses congés et ses vacances qu’il ne prend jamais. Alors oui, les séquelles pourraient être lourdes. Patrice perdrait son sourire en ne le voyant pas derrière le comptoir et boudera approximativement un quart d’heure avant de lui demander où il était la prochaine fois qu’ils se croiseront. Comme il le fait à chaque fois qu’il a le malheur de s’absenter ou de chopper une gastro … Ca sera dur mais il peut bien comprendre, se coltiner BRAD n’est facile pour personne … Allez, il lui offrira son prochain verre va.

Un point d’interrogation sur le contrat bien vite effacé. Ok sur l'échelle des gestes intimes, le plus haut étant le sexe, ça part sur un sept et demi. … Pas de 10. … Pourquoi ce pincement de déception Elan ? Tu sais que ca serait de la prostitution là ? Alors quoi, on peut t’acheter comme ça ? Cesse donc de penser avec ton titan à un œil !!! « Non je pense qu’il n’y a pas besoin de le noter. J’ai capté le truc. » Tu dirais pas ça dans l’espoir d’atteindre le 10 parce que si c’est noté cela n’arrivera pas quand même ? ELAN ???

Ok le terme flou ne l'étant plus, il avait besoin de savoir s' il devait prendre des précautions sécuritaires. Non parce que si sa vie est en danger à tout instant … Non. Si sa vie est en danger à tout instant, plus que d’habitude, il devrait demander l’aide de Nyel. Un ancien joueur de hoverball ok … un peu baraqué bien … qui a déjà foutu des patates a ses exs, super … « Heureusement, je suis pas con ! » Lançait-il en riant un peu. … … Le déni: mécanisme de défense du moi qui consiste à nier une perception traumatisante de la réalité extérieure. … Laissons-le tranquille …

C'était donc une triste histoire de mariage arrangé qui se cachait derrière tout ça. Il n’en a jamais saisi l'intérêt et à son sens, il n’y a que les cons de Celestien pour faire cela … Heureusement que ses parents n’avait jamais eu une telle idée ? Il en frissonnait d’horreur par avance. Il aurait fini avec la fille d’un brasseur de bière pas ouf mais au moins ils auraient eu des bières gratuites … C'était donc tout cela sa valeur ? Des bières. Non, certainement pas. Sa valeur c'était 16 crescents de l’heure.

Et encore, il était à deux doigts de demander plus tant sa confiance augmentait. Persuadé que ses faux beaux-parents n’y verraient que du feu, il n’hésitait pas à baisser la probabilité de raté. … Le temps donnera une autre version de l’histoire mais pour l’heure, il lui souriait juste lorsqu’elle mentionnait qu’elle aimait son énergie. Touchée par la Elan fever ?

Son prénom mentionné, épelé puis après vérification qu’elle l’ait bien écrit, il sortait son téléphone. Enfin, c’est ce qu’il était entrain de faire lorsqu’elle lui demandait de s’approcher. Ce qu’il fit sans réfléchir, parce que il ne pense que rarement avant d’agir. Il m’y bien de longues secondes avant de comprendre qu’il s'agissait d’une photo et se mit à sourire de justesse. C’était bon non? Léger stress en la regardant analyser la photo. Quoi, il a l’air d’un con ?? Le suspens est à son comble, est-ce que Elan Pankratz réussira-t-il l’épreuve de la photo ? Roulement de tambours …

Un vague soulagement le prit pendant qu’il se rapprochait pour regarder son téléphone. « Mais on est super beaux gosses non? » Franchement, incroyable. « Mais ils sont très bien mes cheveux ??? » Non parce que cela faisait deux fois quand même il commençait à s’inquiéter. Il passait donc une main dans ses derniers en se regardant. une nouvelle fois dans le miroir. MAIS ILS SONT PARFAITS ???
Mais pas le temps de lui partager sa routine capillaire afin de lui prouver que ces derniers sont très bien qu’elle le complimentait sur … « Un joli menton ? » Il touchait ce dernier machinalement. « C’est vrai? C’est la première fois qu’on me dit ça ? » Peut-être a-t-il un menton exceptionnel depuis tout ce temps ? Peut-être est-il né pour faire des pubs pour le rasoir ? Vous connaissez les prochaines campagnes de mannequinat pour Gilette vous ? Non ? Dommage …

« Ok ça marche par contre, il y a vraiment des couples qui se vouvoient en 2022? Genre, c’est un truc de la haute ? » Vraie question. « Alors attend bouge pas. » Fouillant dans ses poches quelques instants afin d’extirper le fameux sésame. Il parcourait sa liste de contact à la recherche de ce fameux Elan. Car oui, il fait parti de ceux qui ne connaissent pas leur propre numéro … Il lui déposait donc son téléphone histoire qu’elle puisse le noter correctement. « Du coup Menya c’est ça ? On est ensemble depuis combien de temps ?. » Dans la vraie vie, des hommes meurent pour avoir poser cette question …

« Ok, je verrai en mettant ça au propre ce que ça donne ! » ou alors, comme le disait si bien son faux fiancé, ils oubliaient entièrement ce point.
C’est vrai Menya, admets-le, c’est un peu étrange de coucher ça sur un papier. Il y avait certaines parties qui étaient bien mieux dans le flou.
Comme la connerie de l’homme ?
Tristesse, mais elle l’avait cru. Il y avait pourtant quelques indices, certaines pistes à exploiter, une évidence facile à mettre en lumière autant que la connerie de l’homme. C’est vrai quoi, il y en avait beaucoup des types pour accepter un contrat de faux fiançailles ?
ça, elle n’en savait rien. Mais il n’y en avait aucun pour lui dire non. Du coup, difficile à analyser tout ça. Au moins, plus tard, quand on lui demanderait comment elle avait fait pour ne se douter de rien, elle pourrait mettre ça sur le compte de son irrésistible personne. « C’est clair parce que ça n’a pas eu l’air de lui faire tellement de bien. » le poing vengeur de Morgan Lovàas dans une gueule, ça laissait tout de même quelques traces.

On avançait. On avançait même très bien. Sans avoir le temps de terminer ce premier verre, ils avaient déjà les grandes lignes. Comme quoi, son plan n’était pas si bancal que ça. Si elle osait, elle dirait même que c’était du grand génie…
…
Oh puis allez, elle osait : Gloire à son cerveau aux idées brillantes !
Ouais… gloire à lui… pour avoir improvisé un stratagème aussi con.
Est-ce qu’elle pensait vraiment que sa famille tomberait dans le panneau ?
Elle n’en n’était pas à son premier relooking. Le plan d’aujourd’hui n’était pas si différent que ça. Son fiancé avait une bonne base, en faire un prince ne serait pas si compliqué que ça. Au niveau du style, c’était un jeu d’enfant. Pour le reste, s’il avait vraiment ses facilités d’apprentissage, rien ne serait insurmontable. Elle était prête à lui donner des cours du soir s’il le fallait.

Et puis, n’étaient-ils pas plutôt bien assortis ?
Clairement. Une fois relooké, ils pourraient en faire des photos de couple. Elle entendait déjà tout le monde la complimenter.  Une petite annonce sur les réseaux ne serait pas de trop.
« C’est vrai qu’on est plutôt pas mal. » sauf les cheveux hein ?
Son coiffeur ferait des merveilles. C’était un vrai génie, il avait des doigts en or. Elle lui enverrait dans la semaine.
Non
Demain. C’était urgent.
« Alors… très bien, je n’aurais pas été jusque là. Mais c’est rien, j’suis une pro. J’ai de très bonnes relations dans le milieu. » et bientôt, on ne ferait plus que le complimenter sur sa coupe, et son menton ? « C’est qu’ils n’ont pas mon niveau d’expertise. Je vois toujours les zones à mettre en valeur sur un visage. » ouais… y’en a qui tue des goules, sauve des vies… mais bien sûr, c’était elle la véritable héroïne, celle capable de voir une mâchoire qui méritait d’être mise davantage en avant… où était sa médaille de l’honneur ?
On se le demande Menya, on se le demande.

« Je sais. Je trouve ça un peu vieux jeu aussi, et pourtant ça marche encore. » elle en recevait même certains de ces couples. C’était clairement démodé… comme ce téléphone portable sur lequel son regard s’était posé ?
…
C’était un genre de relique ?
Regarde ailleurs Menya, tout le monde n’a pas le même budget … « Hum… 6 mois ? 5 mois peut-être ? ça pourra justifier en partie certaines lacunes. Mais on ne se connaît pas depuis si longtemps. Un vrai coup de foudre. Ce serait bien que tu racontes un truc un peu niais. Genre tu m’as vu, je suis rentrée dans ta vie et j’ai tout chamboulé. En un regard, tu t’es dit “Ok Elan, tu vas marier cette fille” dans ce style. Du coup tu m’as dragué et moi j’ai senti ce truc entre nous. Oh ! Quand tu m’as abordé, tu m’as dit un truc et sans finir ta phrase je savais exactement ce que t’allais dire ! ça c’est le genre de truc qui marche à tous les coups. Même la phrase la plus bateau façon : “excusez-moi Mademoiselle… » ça te dirait une glace à la menthe ? « … est-ce que vous savez… ?” et là bim j’te donne l’heure sans que tu termines ta phrase ! » oui parce qu’indiquer la direction des toilettes, ça perdait de son charme.
Et sinon ce numéro ? « Allez, je note, je t’envoie le mien en message ensuite. » il avait été noté, correctement, puis son petit message avait été envoyé. Le début de leur conversation d’amoureux. Quelque chose de simple, sans passer par tout l’historique qu’ils avaient dû échanger avant dans leur histoire. Un très simple “Salut toi ♡. Tu fais quoi demain ? J’avais quelques projets mais je me dit qu’on aurait pu passer la journée ensemble.” mais Menya… il est en face de toi ? C’est pas bizarre comme premier message ? « Dans l’esprit de ce qu’on s’enverrait en tant que couple. C’est pour te donner un mood. » Ah… oui un mood… ok. « Au fait, je vais t’acheter un nouveau téléphone. » euh merci ? « Le tiens ne fait pas très gosse de riche. »

Plus le temps passait, plus le contrat se précisait. Outre le fait qu’il n’avait pas réellement la sensation qu’il avait le droit de décliner, il trouvait ce poste … super intéressant ? C’est vrai quoi, quand on y pense c’est des tâches super facile ? De l’argent super facile ! Bon ok, est-ce que cela ne s’apparenterai pas plus ou moins à de la prostitution ? Faux, faux et archi faux. J’ai envie de vous dire menteur … Menteur. Non, lui il voyait ça comme le plus grand rôle de sa vie. Un rôle de fiancé. Était-il contre les gestes intimes ? En particulier un 10 qui se passerait en off ? Sa vie privée de vous regarde pas. ET TOC !

Il était si confiant en ces capacités que la pauvre Menya n’y voyait que du feu. Nyel, elle, aurait enchainer les facepalms jusqu’à ce qu’elle se fasse un bleu. Notamment lorsqu’il mentionnait qu’il n’était pas con. Sa future patronne ne pouvait pas le contredire. De toute façon si elle savait, elle ne serait jamais venue le chercher. Faute de temps, elle se serait rabattue sur Patrice. Ou pire encore BRAD la spatule. Alors il se contentait de répondre. « J’imagine bien oui … » Oui tu imagines bien, à moins que ton futur faux beau-père ne soit atteint par la Elan fever, tes rêves vont devenir réalité … Prions tous pour qu’il soit atteint de la Elan fever …

Mais vous savez qui n’est pas atteint par la Elan fever ? Ou plutôt par la Elan Hair n b fever ? Menya. Deux fois déjà que ses cheveux en prenaient pour leur grade. La première fois en étant surnommé choses mal coupés, la deuxième en signifiant qu’il fallait vraiment faire quelque chose. … Pourtant, il avait vérifié dans son reflet et tout était parfait ? C’est le chouette type en bas de chez lui qui lui fait la coupe. Pas la barbe parce que il aurait peut-être trois poils si il la laissait pousser. Mais 10 crescent la coupe ça vaut le coup non ?? Ok son salon est dégueulasse, en fait il fait ça dans son salon avec les gosses qui courent partout autour et si fume sa clope pendant qu’il vous coupe les cheveux mais il est vraiment super sympa ??? Franchement, il ne comprenait pas un tel acharnement … C’était de l’intimidation capillaire ! « Je vois pas ce qu’ils pourraient faire de mieux mais ok … » C’est quoi ce sentiment ? Cette réaction naturelle, cet instinct, qui lui dit qu’il vaut mieux ne pas trop la contredire sous peine d’avoir une tête comme une pastèque ? Un présage Elan, un présage …

Mais tu vois Elan, ta coupe est peut-être à revoir mais tu as un super menton ! Et il ne lui en fallait pas plus pour oublier le drame capillaire. Pourquoi personne ne lui a dit ? Oh, il y repensait, il devrait peut-être lui dire qu’il fait un bruit apparemment étrange lorsqu’il respire ? Bruit qu’il n’a jamais entendu de lui-même, information transmise par Nyel. … Non ! Elle pourrait rengainer la marchandise. Alors il se contentait de sourire. « Bah merci … Je trouve que vous avez vraiment de beaux cheveux ! » Pas comme Elan, visiblement …

« J’pense que ça doit en arranger certains en vrai. » Il haussait un peu les épaules. « Par exemple celui qui vous a été présenté, si il est chiant comme mon collègue Brad, il trouvera jamais personne. » Peux-tu nous rappeler qui pécho le plus entre vous deux ? Allô ? Elan ? T’es là ? Ah ça a raccroché …

Après les détails du contrat, ils devaient parler du scénario. Alors il osait, pour la première fois de son existence, poser sereinement la question de la durée de leur relation. Vous demandez-vous si il l’a déjà posé la voix tremblotante et des perles de sueurs sur le front ? Voyons enfin … Bien sûr que oui … Et il s’était fait largement engueuler. Mais de ce cas-ci, il n’avait techniquement rien à craindre. A moins qu’elle se mette directement dans le rôle et se décide à lui foutre la gifle du siècle … Non c’est bon Elan, tu peux respirer. « Ok, 5 mois. Un coup de foudre. T’as terminé ma phrase lorsque j’ai voulu t’aborder en demandant l’heure. » Ça va, c’est pas trop compliqué. « Et il était quelle heure ? » Est-ce vraiment nécessaire ? « Puis après on a parlé toute la nuit, comme si on se connaissait depuis toujours ? » Quelque chose me dit que quelqu’un vomirait en l’écoutant prononcer ces paroles …

Il attendait alors patiemment son message tout en songeant à la manière dont il allait la surnommer. Men ? Men in black ? 17 heures 17 ? La meuf du bar ? « Je mets quoi comme surnom ? » Ouais, il vaut mieux laisser les professionnels faire. Un rapide coup d’œil au message. « Ouais, des messages de couple quoi … » Bon jusque là, il savait faire aussi. Et puis, la niaiserie, ça le connait. « Mais du coup on parle jamais normalement par ces numéros ? Genre, on est toujours dans notre rôle ? » Il vaut mieux non ? Imagine que quelqu’un lui prenne son téléphone … « Au pire si je sais pas, j’ai besoin d’une info je t’appelle directement. » Bravo Elan, tu as trouvé ça tout seul ? Son regard glissé vers son téléphone portable. « Euh, bah, merci ? » Doit-il lui dire qu’il n’a pas de voiture ? Son portable ne respirait pas la jeunesse mais il fonctionnait et ça c’est déjà quelque chose !