Histoire

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❝ Ne pars pas… reste avec moi…
Tu n’as pas ta place là-bas…
Tu le sais non ? ❞

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I. Solar Eclipse

Sa tête s’était secouée. De gauche à droite. Une négation réaffirmée malgré la voix de sa mère derrière elle.


Hésitante, la coiffeuse avait regardé la femme qui la paierait à la fin, puis une enfant qui avait secoué la tête pour la troisième fois.
Un soupir de la première avait donné la victoire à la seconde. C’était avec une frange pour masquer son front que l’enfant était sorti. Une frange pour camoufler ce signe dont elle portait pourtant le prénom.
Luana.
La première des deux enfants Aiwenor. Des jumeaux. Le soleil… l’obscurité. Deux opposés. On l’avait su avant la naissance. Par sa mère qui n’avait sans doute jamais caché cette lune semblable à la sienne.

Celestia. C’était l’endroit qui avait vu naître les deux enfants Aiwenor.
La lune était venue la première. Puis elle avait vu le soleil se lever et elle avait toujours préféré la lumière de Soàan à la sienne.
Fascinée, d’aussi loin qu’elle s’en souvenait, la chaleur qu’il dégageait avait forcé l’admiration plutôt que l’envie.
Elle l’avait instantanément aimé. Son coeur fermé à tous, il en avait eu la clé.
Pour lui, ses mains se tendaient toujours. Elles s’ouvraient pour donner et recevoir. De Soàan, son parfait opposé, rien ne l’effrayait.


Un haut gradé chez les pacifieurs.
Une voyante avec sa propre boutique dans Celestia. Elle proposait charmes, amulettes, prédictions, bons conseils.
C’était l’identité de leurs parents.
Une riche famille. Il l’était par leur influence. Sa mère, elle conseillait des familles "importantes" de Velaris depuis tant d’années.
Elle le ferait aussi. Elle était destinée à suivre sa route.
Quand elle serait plus grande, on viendrait la voir aussi.
Même si aujourd’hui on la fuyait… au point qu’elle cachait cette lune pourtant symbole de leur force.

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❝ Tu as l’air si triste aujourd’hui. C’est à cause des autres ?
Ils ne comptent pas, tu le sais. Je te l’ai déjà dit. Tu n’as pas besoin d’avoir des amis, je suis là moi ❞

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II. Orbit


Comme une promesse, c’était ce qu’elle avait dit à son frère ce matin-là.
Mais maintenant qu’elle se retrouvait face au grand moment, elle sentait le courage l’abandonner et le doute l’envahir.
Est-ce que c’était une si bonne idée que ça ?
Elle savait très bien comment ça se terminerait.
Mais elle l’avait dit. Et elle ne se voyait pas avouer à Soàan qu’elle n’avait même pas essayé.

Alors, depuis sa place d’éternelle observatrice, elle avait pris une profonde inspiration.
Encore quelques secondes de plus à observer le groupe d’enfants qui s’amusait à faire des potions, et elle était descendue de son perchoir. Rapidement, elle s’était assurée que sa frange lui retombait bien sur le front et elle s’était avancée


Le ton plat. Sans émotions. Elle ne savait pas parler comme les autres. Dans sa voix, il n’y avait pas de chaleur. Elle le soupçonnait déjà… c’était parce qu’elle n’en n’avait aucune en elle….
Mais déjà ça… c’était beaucoup pour elle. Un grand pas. Elle n’avait jamais joué qu’avec Soàan.
A leurs regards, elle avait tout de suite compris ce qu’ils s’étaient murmurés entre eux. Sa lune, même si bien cachée, ils n’ignoraient pas sa présence.


Alors, elle avait décidé de prendre leur silence pour un accord et elle s’était assise par terre en face du groupe.
Personne n’avait rien dit.
Sa main s’était saisie d’un pot, elle avait commencé son mélange, ils avaient repris le leur.


Si elle n’avait pas osé participer à la conversation quand celle-ci avait gagné en confiance, elle avait écouté. Attentive. Elle avait murmuré tout bas une phrase qui avait provoqué un silence trop long à son goût.


Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? C’était trop.
Alors, elle s’était définitivement tue. Qu’ils la laissent rester assise ici, c’était déjà une grande victoire pour elle.

Elle n’avait jamais été très appréciée. A l’école, elle n’avait pas d’amis.
Elle n’avait jamais eu que Soàan… mais avec lui, tout était toujours si simple. Si doux.
A lui, elle savait lui sourire et sa voix…
C’était parce qu’il devait lui prêter un peu de sa chaleur…


L’exclamation lui avait fait relever la tête du sol qu’elle fixait depuis qu’ils s’étaient échangés leurs breuvages.


C’était faux… elle l’avait étudiée… c’était supposé donner de l’énergie. Son manque d’expérience ne la rendait pas parfaite, c’était très expérimental, mais jamais elle n’avait voulu empoisonner personne. Alors sa tête s’était secouée pour nier.


Mais rien n’y avait fait. Tour à tour, ils avaient lancé sur son visage le contenu de leurs pots.
Elle n’avait pas bougé. Elle n’avait pas pleuré. Sa main était passée rapidement sur son visage pour retirer les quelques feuilles et branches broyées. Ses doigts avaient replacé sa frange. Et elle s’était relevée de cette façon très digne qu’elle adopterait à chaque humiliation.
Elle n’avait prononcé aucun mot. Pas un au revoir. Pas une excuse. Elle leur avait tourné le dos et s’était éloignée d’eux.
Aucune larme sur ses joues. Juste l’intérieur d’une joue que ses dents avaient mordu pour les contenir.
Calmement, sans courir, elle s’était rendue aux toilettes pour se rincer la figure. Sans faire de scène, elle avait ramassé son sac, sa main s’était tendue vers la porte d'un cabinet qu’elle avait ouverte pour la refermer derrière elle. Assise, elle avait tiré un livre de ses affaires et elle avait fait semblant de lire malgré une vision plus si nette. Les quelques gouttes sur les lettres, elle prétendrait que c’était celles qui retombaient du visage qu’elle venait de laver.

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❝ Pourquoi tu le détestes comme ça ?
Si t’avais pu en choisir un, ça aurait été lequel ?”
T’aurais préféré un pouvoir qui te fasse aimer des gens ?
ça n’aurait rien changé tu sais… c’est pas à cause de lui, c’est parce que t’es comme nous… comme moi… ❞

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III. CRATERS


Une pensée qu’elle n’avait pas osé exprimer à haute voix.
Une pensée qu’elle avait gardé pour son profond dégoût.
Pour la seconde fois, son père lui avait signifié qu’il reprenait la leçon, alors la leçon avait repris.
L’homme en face d’elle s’était tendu, ses membres s’étaient crispés sans qu’elle ne fasse rien…
Honteuse, son regard avait retrouvé le sol.
Silencieuse, ses pensées avaient formulé des excuses muettes…


Combien de temps est-ce qu’il restait encore ?
Cette salle lui donnait toujours l’illusion de le retenir… parce qu’elle détestait cet endroit… et qu’elle détestait ce qu’elle y faisait… quel genre de personne elle y devenait…
C’était comme des fils invisibles… comme une poupée, rien qu’une simple poupée qui pouvait faire tout ce qu’on lui demandait… délicate, si elle l’était assez, peut-être que ça lui ferait moins mal…


Ne pas contraindre, mais accompagner.
L’homme avait semblé vouloir le faire, sa main gauche avait accompagné la sienne en douceur, puis la droite.
La gauche, puis la droite, encore une fois…


Mais il n’était pas payé pour danser avec elle. Son père, s’il embauchait des gens pour quelques heures, c’était pour que sa fille puisse maîtrise ce don qu’elle avait reçu à 8 ans. Celui qui l’avait rendu plus sombre qu’elle ne l’était déjà.
Une marionnettiste.
C’était ce qu’elle était.
Si elle le voulait, si elle travaillait… les autres ne seraient rien de plus que des pantins pour elle… c’était un grand pouvoir, un cadeau inestimable…qui avait presque rendu son père fier d’elle pendant un temps…
… avant qu’elle ne devienne si nulle…

Plusieurs fois par semaine, même le week-end, elle devait s’entraîner. Ce pouvoir réclamait maîtrise et discipline. Pour son père, c’était presque devenu plus important que ses dons de voyance.
Pour elle… c’était devenu son cauchemar.
Ses yeux s’étaient fermés aux premiers signes de douleur sur le visage de l’homme. S’il continuait d’avancer, elle devrait resserrer son emprise.
Si elle le faisait, elle risquait de lui faire plus mal.
Si elle ne le faisait pas, son père serait contrarié et il faudrait recommencer du début


C’était beaucoup d’efforts. Beaucoup d’énergie. Un gaspillage inutile à son sens.
Ses yeux s’étaient rouverts.
L’homme n’avait pas reculé.
Il avait fait un pas de plus vers elle.
Sa pression s’était relâchée un peu plus. Il en avait fait un deuxième.
Son père s’était fâché. Ce jour-là, elle avait eu le droit de sortir après une leçon de moral.

Comme elle le faisait parfois, ses pieds l’avaient traîné jusqu’à la chambre de Soàan dont elle avait poussé la porte.
Sans un mot, elle s’était avancée et s’était assise près de lui.
Toujours sans un mot, sa tête s’était reposée sur une épaule et ses yeux s’étaient fermés dans un soupir.


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❝ Tu te trompes sur ton frère… tu le préfères à moi, mais personne ne t’aimera jamais autant que moi…
Tu devrais partir… avant que ce soit lui qui ne te laisse… ❞

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IV. MOONLIGHT

Elle n’était plus si sûre.
Ils l’avaient tous regardé bizarrement au petit-déjeuner.
Cette frange qu’elle portait depuis des années et qu’elle avait relevé d’un bandeau pour la première fois… elle était tentée de la libérer.
Si même sa famille la regardait bizarrement… qu’est-ce que ce serait pour les autres ?
C’était une mauvaise idée. Il était plus prudent d’y renoncer.

Mais pour fêter ses 17 ans, aujourd’hui, elle avait essayé de se faire jolie. Elle ne le serait pourtant jamais vraiment. Quand elle se regardait dans la glace, elle ne voyait sans doute pas grand chose de différent des autres, une personne à fuir…
Certaines étaient jolies.
D’autres étaient amusantes.
Certaines avaient les deux. D’autre filles montraient des qualités différentes qui les rendaient intéressantes… qui donnaient envie d’aller vers elle.
Elle, elle était celle avec les notes exemplaires qui fichait toujours la frousse aux autres.
Celle qui se cachait sans en avoir l’air…
Celle qui ne montrait jamais rien, pas même quand elle avait de la peine.


Et puis la main qui s’était saisie doucement de la sienne comme si elle savait qu’elle s’apprêtait à esquisser un geste pour retirer un bandeau, pour se cacher à nouveau…
Cette main le lui avait rappelée…
Pourquoi ce matin-là, elle s’était coiffée différemment.

C’était terminé. Elle ne se cacherait plus… plus tout à fait….


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❝ Tu sais, je pourrais t’aider. Avec ton pouvoir. Le mien y ressemblait beaucoup… avec moi, t’arriverais enfin à le maîtriser… et tu ne ferais plus mal à personne ❞

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V. BLACK MOON

Personne.
ça n’arriverait plus jamais. C’était la dernière fois qu’elle faisait du mal à quelqu’un. Elle se le promettait.
Elle allait enfouir ce truc en elle. Profondément. Si bien qu’elle en oublierait son existence.

De belles promesses qu’elle s’était déjà faites.
Mais qu’elle n’avait pas réussi à tenir.
Ce truc grondait toujours en elle. Comme une part de noirceur qui ne demandait qu’à sortir et à tout engloutir sur son passage.
C’était mauvais.
Douloureux.
Noir et sans aucune lumière.
Elle n’en n’avait pourtant jamais voulu… mais il revenait toujours… elle avait beau toujours tout contrôler, envelopper son coeur et ses émotions… il y avait des ratés.
Un sentiment trop fort.
Un geste maladroit pour défendre un frère qui venait la protéger.
Son inconscient qui la protégeait des brimades quand elles tentaient de se faire violentes.

ça ne s’enterrait pas….

Elle le savait pourtant.
Mais cette fois, c’était différent. Si elle avait déjà fuit cette salle où elle s’entraînait avec son père des heures durant…
Si elle l’avait déjà fait même après l’ajout de son frère en soutien pour lui permettre de recharger ses batteries et poursuivre…
Elle en avait claqué la porte pour de bon aujourd’hui.
Son père pourrait insister. Elle ne cèderait pas.
C’était inutile. Il pourrait bien dire ce qu’il voulait, elle ne le maîtriserait jamais comme elle le voulait… et elle n’en tirerait rien de bon….


Pourtant, cette fois-là, depuis sa chambre où lui parvenait les cris de douleur d’un homme qu’on avait payé pour souffrir… elle avait pensé qu’elle tiendrait bon….


Oui… là-bas… cet entre-monde qu’elle ne pouvait s’empêcher de visiter… qu’elle en ait besoin ou non…
Il l’appelait… parfois sans cesse…
Jour et nuit…
Et ses mots lui faisaient parfois manquer de prudence…

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❝ Un jour, tu resteras ?
Tu ne m’abandonneras plus, n’est-ce pas ? ❞

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VI. MAGNETIC FIELD

Le bal de fin d’année.
Elle avait mis une jolie robe qu’elle avait passé du temps à choisir.
Soàan l’avait coiffé, il l’avait même maquillé… elle s’était presque sentie jolie pour une fois.
Et comme d’autres filles de son âge, elle s’était demandée si son cavalier aussi la trouverait jolie.
Parce qu’elle en avait un.
Oui… elle… Luana Aiwenor, on l’avait invitée au bal.
Il viendrait la chercher ici, devant chez elle.
Soàan était parti le premier.


C’était les mots qu’elle lui avait dit.
Puis elle avait attendu.
D’abord à l’intérieur.
Puis dehors, malgré la pluie.
D’abord à l’abri… elle avait guetté.


Combien de temps pour que cette pensée se glisse dans sa tête jusqu’à devenir une conviction ?
Depuis combien de temps est-ce qu’elle attendait ?


Quelques pas. Sous la pluie. Le saccage de sa coiffure.
Dans le fond, elle savait que ça n’avait plus d’importance.


Le son de la pluie l’avait bercée.
Elle ferait mieux de rentrer.
Aller à l’académie seule la couvrirait, une fois de plus, de ridicule.
Mais ses pieds n’avaient pas pour but de la conduire au bal.
Ce soir, dans sa jolie robe, elle ne danserait pas.


Une inspiration. Puis un soupir, elle s’était finalement arrêtée. Sans se soucier de la pluie, elle s’était assise sur un banc.


Ils semblaient parfois gentils.
Ils ne l’étaient pas vraiment pour elle.
Et c’était probablement de sa faute.
Tout ça, ce n’était pas pour elle.
Pourtant, il lui avait déjà pris la bêtise d’essayer, comme ce soir.
Même si elle savait… que sa place n’était pas là-bas… mais ailleurs….


Est-ce que Soàan la cherchait déjà ?
Une partie d’elle espérait qu’il n’avait pas remarqué son absence.
L’autre savait que c’était davantage un souhait plutôt qu’une réalité.
Il méritait de profiter de sa soirée…

Une simple visite. Un court voyage. Quelques minutes. Elle entendait presque cette voix l’appeler.


Pas longtemps. Elle ne resterait pas longtemps.
C’était dommage… elle était pourtant vraiment jolie cette robe.
Mais ses yeux s’étaient fermés.
Les compliments que Soàan lui avait fait en la voyant… ça lui suffirait…


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❝ Je le vois bien tu sais … que tu t’éloignes de moi.
Pourquoi Luana ?
C’est à cause de lui n’est ce pas ?
Tu penses que ta place est là bas parce qu’il est là ?
Tu penses que tu peux vivre au milieu des autres, s’il reste près de toi ?
Mais tu te trompes … et au fond de toi, tu sais très bien que j’ai raison ❞

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VII. LUNAR EFFECT


Sa tête s’était hochée. Sans formuler de réponse orale tandis que ses doigts rassemblaient les cartes devant elle.
L’homme était accoutumé. Sa famille consultait les femmes Aiwenor depuis plus de vingt ans. Exclusivement la mère, puis la fille quand elle avait été en âge de le faire. Et puis, Luana avait commencé à travailler dans la boutique familiale. L’homme avait pris l’habitude de venir s’y faire tirer les cartes deux fois dans le mois.
Alors oui. Il n'était pas choqué par les silences. De la conversation simple. Utile. Sans bonus.
C’était connu. La fille Aiwenor était loin d’être une grande bavarde.


Il était sorti. Il avait tenu la porte pour un autre homme. Un qui avait fait soupirer Luana intérieurement.


Mais elle n’avait rien montré de ce qu’elle montrait habituellement. Soit pas grand chose.
C’était presque curieux… que l’endroit marche aussi bien alors qu’elle était si froide.
Les gens venaient pour les compétences des femmes Aiwenor. Pas pour prendre le thé.
Elle avait beaucoup étudié. Pratiqué au moins autant.
La voyance, c’était son don.
L’autre… elle préférait taire son existence.


Le paquet de cartes rangé, elle était partie dans l’arrière boutique pour prendre le petit sac préparé à l’intention de ce client qui persistait à venir trop souvent à son goût ces derniers temps.
Il était étrange. Collant.


Peut-être.
Mais elle ne comprenait pas pourquoi il s’obstinait.
Aujourd’hui, elle n’avait pas le temps pour subir ses tentatives de conversation.


Alors, en repoussant son sac sur le comptoir, elle en était venue droit aux faits.
L’expression déçue de l’homme face à la rapidité de l’échange ne l’avait pas peinée.
Qu’est-ce qu’il voulait au juste ?
Dans tous les cas, il serait déçu… ou il prendrait la fuite.




Il avait sorti son argent, un sourire désolé sur les lèvres.
Vu comme ça, il avait l’air très gentil. Il l’était sans doute. Mais c’était toujours la même chose avec les autres…


Ce n’était pas un mensonge. Il y avait ce dîner ce soir. Elle se devait d’y être. Une tapisserie silencieuse sauf si on la consultait…
… sauf si on abordait ce soir ce sujet qui semblait planer depuis quelques semaines…
… une impression étrange venant de ses parents…
… une annonce qui ne lui plairait sans doute pas…
Ou ce n’était que dans sa tête… une mauvaise intuition…


Encaisser. Rendre la monnaie. Dire au revoir au client.
Pourtant, sortir pour ce café… au final peut-être qu’elle aurait dû prendre la fuite ce soir avec un homme auquel elle rendait service
Depuis combien de temps est-ce qu’elle n’avait pas fait d’efforts pour se sociabiliser un peu ?

Elle n’avait pas de temps pour ça.
Elle avait son travail. Les séances en dehors. Ce livre à terminer. Et bientôt, malheureusement, un fiancé à fuir et décourager.
Mais là, tout de suite, sa seule excuse face à cette bouche qui s’ouvrait avait été de décrocher son téléphone dès la première sonnerie.
Soàan, son éternel héros.

Et pourtant s’il avait su, il n’aurait pas appelé… il l’aurait même encouragé à sortir le prendre ce café…
Une bien faible trahison à côté de tout ce qu’il faisait pour elle depuis toujours….
Elle n’avait pas besoin de faire des efforts. Elle n’avait pas besoin d’essayer ce nouveau café avec un inconnu. Elle l’avait lui…
C’était écrit… quelque part dans l’histoire Aiwenor…
Quoiqu’il arrive…
La lune s’était choisie satellite du soleil

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Caractère

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Difficile à cerner ☽ Froide ☽ Cultivée ☽ Incompréhensible ☽ Intelligente ☽ Barrières anti-sociabilisation ☽ Coquette ☽ Ne se justifie jamais — économie des mots ☽ Des armes telles que sa différence pour mieux rejeter les autres, une courageuse bien trop peureuse socialement parlant ☽ Intuitive ☽ Une apparence sans faiblesses mais des cicatrices dissimulées sous le gel. Une eau glacée sans ondulations, imperturbable définition d’un masque de protection ☽ Attentionnée ☽  Déstabilisante autant que malaisante ☽ A l’écoute ☽ Sensibilité inavouable, déception d’autrefois ou inapte, pudique en sentiments ☽ Grand coeur caché il ne vaut pas celui d’un soleil né peu de temps après elle ☽ Glaçante, parfois blessante ☽ Flippante ☽ Fatiguée par les efforts de sociabilisation ☽ Solitaire ☽ Compréhensive ☽ Réservée ☽ Empathique ☽ Jugée hautaine ☽  Méfiante ☽ Solitaire ☽ Trop dure envers elle-même  ☽ Fuyante ☽ Addict à son ❝ monde ❞

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En résumé

·͙⁺˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚⁺‧͙⁺˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚⁺‧͙⁺˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚⁺‧͙

≈☆≈ Première née, à quelques minutes près, des jumeaux Aiwenor. Deux faces d’une même pièce, une lune puis un soleil. L’obscurité, le froid, puis la chaleur.
≈☆≈ La lune qu’elle porte à son front avait été prédit par sa mère. L’arrivée d’une deuxième voyante dans la famille, quelqu’un pour reprendre le flambeau.
≈☆≈ Elle a toujours été plus proche de sa mère. Son père, un haut gradé chez les pacifieurs, est un homme dur, presque impossible à satisfaire, qui pense résultats et ambition plutôt que sentiments.
≈☆≈ Son petit frère, son jumeau, est la personne dont elle se sent le plus proche. Pour le dire plus justement, il est toute sa vie. Elle l’admire autant qu’elle l’aime. Sa vie sans lui, lui est tout simplement inimaginable.
≈☆≈ Torturée par la peur d’être gênante dans la vie de son frère, celle de lui faire perdre l’amour des autres quand elle a toujours pensé qu’il attirait ce sentiment autant qu’il le représentait…. Pour ces raisons, elle l’a parfois évité, dans leurs études surtout, préférant rester dans son coin pour mieux le retrouver le soir.
≈☆≈ Encouragée par Soàan, elle a parfois essayer de se faire quelques liens. Des échecs.
≈☆≈  Moquée, bousculée, elle n’a pas eu la plus évidente des scolarités. Malgré ce que son cadet peut dire, elle a fini par penser que les relations sociales n’étaient pas pour elle. S’isoler lui a toujours semblé plus simple. Comme en repousser certains avant qu’ils ne lui tournent le dos en premier. Ce qu’elle définit comme un gain de temps pour tout le monde.
≈☆≈ La solitude pour principale compagnie, elle a commencé à user de plus en plus de son don de voyance pour laisser son esprit vagabonder dans ce qu’elle nomme ❝ l’Entre-Mondes ❞.
≈☆≈ Des esprits pour converser, elle s’y fait même un ❝ ami ❞, Tòmas… toujours là pour l’encourager à ne pas aller vers les autres à l’inverse de Soàan… toujours à essayer de la retenir un peu plus avec lui. Pour Tòmas, il est évident que la place de Luana est davantage dans son univers que dans celui où elle a vu le jour.
≈☆≈ L’Entre-Montes a contribué à son renfermement. Comme une addiction, un appel qu’elle ne contrôle parfois pas toujours… comme une condamnation qui plâne au dessus de son destin… la promesse sinistre qu’un jour, elle ne reviendra pas.
≈☆≈ Son don de voyance lui a parfois causé quelques ennuis, possessions, corps inerte qui se refroidit laissé en arrière, si sa mère a les clés pour ce soucis, si ses clés ont été partagées à la connaissance de Soàan, c’est bien souvent le don de ce dernier qui a su la tirer de là avant qu’il ne soit trop tard. Une source de chaleur, une lumière qu’elle peut suivre dans l’obscurité…
≈☆≈ Elle adore lire. Elle apprécie en réalité toute activité qui lui permet de s’enfermer ailleurs.
≈☆≈ Il n’est peut-être pas si fou de dire qu’elle s’est volontairement coupée les ailes par peur….
≈☆≈ Elle s’est longtemps cachée derrière une frange bien trop longue, un prétexte pour masquer la lune sur son front d’abord, une barrière réconfortante au final…. Elle a pourtant fini par se laisser convaincre par son frère de se montrer un peu plus. Aujourd’hui, elle aime les jolis vêtements, a même une passion pour les beaux dessous et passe un peu de temps dans les rayons maquillage. Si elle a fini par se débrouiller sur le sujet, elle sert bien volontiers de cobaye à son frère qui semble souvent trop heureux de la pouponner.
≈☆≈ Cet autre pouvoir dont elle a renoncé à apprendre la maîtrise, il la terrifie, comme une part de noirceur en elle qu’elle refuse….. C’est aussi à cause de lui qu’elle évite les autres, par peur de leur faire du mal. Comme si cette chose mauvaise en elle pouvait sortir à tout moment. Contrôler toute émotion est devenu une partie de ses nombreuses barrières bâties avec le temps.
≈☆≈ C’est de loin qu’elle regarde la vie. Les autres. Dérangeante pour certains, elle préfère souvent sembler les ignorer.
≈☆≈ Sa mère et elle font partie d’un cercle de voyants. A chaque premier croissant de lune, ils se réunissent. Prédictions, rituels en hommage à la lune pour renforcer leurs dons. Mais aussi conversations sur les familles qu’ils conseillent. Faire partie de ce cercle est un grand privilège, un moyen d’influence de plus pour les Aiwenor.
≈☆≈ Elle a commencé à aider à la boutique de sa mère très jeune. On peut s’y faire tirer les cartes mais aussi acheter quelques articles confectionnées par les femmes Aiwenor comme des amulettes de protection.
≈☆≈ Moins froide qu’il n’y paraît, secret connu par son jumeau avec lequel elle se montre affectueuse.
≈☆≈ C’est elle l’aînée. Un fait. Un devoir. Intimement convaincue qu’elle doit le protéger, l’histoire nous apprend que Soàan lui a pourtant bien souvent volé le rôle.
≈☆≈ Mythe des jumeaux, pas vraiment légende… elle est capable de sentir quand quelque chose ne va pas avec Soàan. Impossible de lui mentir, impossible qu’il lui mente. Leurs âmes sont connectées.
≈☆≈ Les répliques parfois glaçantes et terrifiantes, Luana c’est le genre à sortir la phrase thème >film d’horreur qui plombe l’ambiance, le tout sur un ton des plus plats. La technique est même devenue une astuce de défense pour les gens qui osent les embêter avec son frère.

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Far side of the Moon…

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≈☆≈ Mélange sucré salé, trempeuse de frites dans la glace avec une préférence pour celle au chocolat. Mélange improbable qui pourra dégoûter le public mais satisfait ses papilles.
≈☆≈ Cornflakïnoame. Terme étrange qui évoque sa passion pour les cornflakes qu’elle trouve le moyen de caser dans tout : glace, yaourt, fruits.
≈☆≈ Étrangement, malgré son manque de sorties, c’est une pro aux machines à pinces au point qu’on l’accuserait de tricherie à la voir attraper si facilement les peluches.
≈☆≈ Avec la plus grande des fiertés, elle se dit >non superficielle et juge même les femmes qui le sont. Pourtant, peut-être et seulement peut-être, qu’elle a déjà craqué, de très très loin, sur un homme simplement parce que son physique plaisait à ses yeux. Fait qu’elle niera bien sûr jusque dans la tombe.
≈☆≈ Soucieuse du sens des choses, ses cadeaux ont en général toujours une signification qu’elle ne donne pas forcément. Et s’ils ne sont parfois que personnels, elle ne fera jamais un cadeau pour faire un cadeau. Si on cherche plus loin, les couleurs, le symbolisme des fleurs ou des pierres, tout ça n’a aucun secret pour elle. Elle offre d’ailleurs beaucoup d’amulettes à Soàan
≈☆≈ Intelligente, ça la rend plus agaçante aux yeux des autres. On la voit sans doute comme une Mademoiselle-je-sais-tout et une personne hautaine. Une fille de sa classe a fait courir le bruit qu’elle avait couché avec le prof pour avoir de si bonnes notes. Accusation qui avait le mérite de changer de celles qu’elle entend toujours, ça en aurait presque été original.
≈☆≈ Sans faiblesses apparentes, elle a pourtant le vertige et une force inexistante au stade de ne pas savoir ouvrir un bocal par ses propres moyens.
≈☆≈ Loin d’être une bricoleuse de talent, c’est même tout le contraire. On dirait que son statut le justifie mais d’un autre rang social, avec les besoins et dont l’entraînement, l’incompétence serait la même.
≈☆≈ Elle ne boit que très rarement, pour ne pas dire jamais. Impossible de la croiser avec un verre de trop
dans le nez. Mais le faire nous apprendrait que l’alcool marche plutôt bien sur elle. Plus bavarde, plus expansive et démonstrative… la rencontrer un soir comme ça et la revoir le lendemain peut effectivement nous faire voir les Aiwenor comme des triplés