mortelles, toujours. prédictions virulentes qui s'infiltrent dans la tête, qui rendent la respiration chaotique. les doigts remontent la nuque, essuient la sueur qui s'y est installée; avant que le menton ne s'abandonne sur ton poing fermé. si elles sont toujours différentes, tu as pourtant l'impression de vivre la même journée, encore et encore. qu'importe les variations du drame, le résultat reste le même. et si certaines s'effacent, d'autres restent. fermer les yeux devient compliqué; si bien qu'à l'instant, même cligner des paupières te semble insurmontable. souffler devient urgent. et le temps s'étire, fait patienter les impatients. mais tu attends qu'au moins, les phalanges calment leurs tremblements. longtemps pour eux, jamais assez pour toi. dans un soupir que tu ne contiens pas, l'échine se redresse; et si l'attention est portée sur cette cigarette que tu viens coincer entre tes lippes, les pas pourtant t'amènent déjà au client suivant. doigts perdus à l'aveugle sur la poignée, le battant tiré du pied, et un signe nonchalant pour l'inviter à entrer; mais tu ne regardes pas, la silhouette qui s'avance, trop concentré sur le poison coincé là. allumer, d'abord; inspirer, ensuite; et seulement à ce moment, le nez se relève pour trouver face à toi, une image que tu n'aurais pu inventer. et pourtant, si tu devais dessiner la mort, ces yeux là lui siéraient si bien. ce sont ses mots qui détournent l'observation, te font fixer cette table que tu ne rejoins pas; immobile, le corps s'enlise. tu restes là, l'oreille orientée, les sourcils froncés derrière ces quelques mèches de cheveux qui menacent de toucher la tige allumée. il y a trop de choses, cain, qui viennent t'agacer. cette demande à peine formulée, dont tu ne perçois pas les contours; cette absolue certitude sur tes talents; ce s, qui rend les morts nombreuses. mais ce n'est même pas ça, qui vient hérisser les cheveux qui parsèmes ta nuque. c'est son attitude. — non. la réponse claque, vient couper ce silence que tu laissais durer jusque là. ni doux, ni brutal; le mot résonne. sans précision; mais il comprendra aisément que ce n'est pas l'identité, que tu viens démentir. — on t'a menti, ajouté alors que finalement, le corps s'éloigne. s'il croit que c'est si facile que ça. tu rejoins ta chaise, mais la table ne reçoit aucune carte; juste tes pieds que tu viens poser dessus. qu'il ne pense pas que tu vas faire quoi que ce soit pour lui. et penché en arrière, la fumée offerte au plafond, ta main se tend. elle ne pointe pas l'assise en face de toi, cependant. c'est l'entrée qu'insolemment, les doigts viennent indiquer. — si ta mort ne t'intéresse pas, tu peux t'en aller; et ça tombe bien, la porte n'est pas fermée.

le geste meurt, phalange échouée devant l'immobilité qui te fait face, qui te laisse comprendre que l'invité s'est déjà englué à l'assise. forcément, ça ne pouvait pas se passer autrement; à débarquer en terrain conquis, on en oublie qu'aucune invitation n'a été envoyée. pourtant, l'attitude déployée laisserait comprendre à n'importe qui que tu ne souhaites pas le voir s'éterniser. tes paupières se ferment, lorsqu'il reprend finalement (les frayeurs précédentes oubliées devant la contrariété qui te prend maintenant), et quittant le plafond, ton nez pointé vers l'intrus, les iris se dévoilent, viennent trouver le visage funeste qui te fait face, -- tu as de quoi payer, répété, les mots entendus, -- mais je n'en ai pas envie, négociations clôturées aussi rapidement qu'elles ont commencé. si l'argent te suffisait, tu n'aurais pas refuser en premier lieu. et tu ne serais même pas ici, à supporter l'insupportable à longueur de journée. mais aucun ne quitte sa position, l'opposant statique à mourir, et toi, en face, le corps déjà agité à simplement être éveillé. rien pour vous entendre, de toute évidence. pourtant, lorsqu'il soupire, lorsque ses yeux glissent jusqu'aux tiens, le regard fuit ailleurs, entrainant tes pieds qui délaissent la table abimée. comme deviné, il ne va pas s'en aller. alors tu t'installes, les coudes prenant la place libérée sur le bois, cigarette collée à ta lippe, doigts emmêlés plantés sous ton menton. distance réduite, ton diminué; intimité nouvellement créée, factice, -- je ne connais pas ton nom, esquisse d'un sourire, insolent, -- et ça tombe bien puisque je m'en fous, mais si l'une de tes mains s'échappe pour récupérer la clope, tes iris ne quittent plus les siens, le cendrier visé à l'aveugle, -- mais je sens, nez retroussé un instant, -- que tu es de mauvais augure. et fragmentées, les phrases s'arrêtent. comment poursuivre cette conversation en obtenant gain de cause quand il est évident que tu n'as rien à y gagner à participer. mais il ne partira pas, il l'a avoué. te voilà coincé, cain. autant qu'il l'est. coincé ensemble sur une pente glissante; c'est presque amusant. -- si je n'ai pas été assez clair, tu m'en vois désolé, je vais reprendre, la consumée abandonnée, un doigt libéré vient se poser devant lui, pulpe appuyée sur le plat de la table, -- tes informations manquent d'informations, la phrase est prononcée lentement, pour que l'idée simple se fasse un chemin jusqu'à sa tête, l'intellect volontairement rabaissé, -- je ne saurais prédire la mort d'un inconnu, il me faut un visage, la main s'aventure là, juste devant le sien, les traits désignés d'un geste flou, avant que tu ne te recules, -- et quand bien même j'en serais capable, je n'ai pas prévu d'user de ces visions pour le faire. tu n'as jamais essayé, pour être honnête; ne connais ni tes limites, ni l'étendu de tes capacités. puisque tu ne veux pas savoir. tu te contentes de ce que tu sais, ce qui fonctionne; stagnation volontaire d'un coeur perpétuellement en deuil. hibernation éternelle, lassée. ton échine retrouve le dossier de ta chaise, et l'attitude pourtant fermée de tes bras que tu viens croiser devant toi, les mots t'échappent, laissés sans surveillance un instant, -- mais puisque tu ne veux pas partir, je t'écoute. qu'il pose clairement ses attentes. -- explique moi exactement ce que tu veux, et tu verras, en fonction, de quelle façon tu l'enverras chier.