Les langues claquent sur son passage, au rythme de ses talons qui s'abattent sur le bitume. On lui fait subir bien des choses à son nom. On le persifle, le râle, l'exclame, le murmure, le souffle, mais jamais on ne l'oublie. Et c'est bien là tout ce qui lui importe. C'est bien là, toute sa vie. I don't give a damn about my reputation. Parlez d'elle, en bien ou en mal, elle s'en fout, l'attention et le pouvoir restent les mêmes. Ça peut se permettre des Maze si y a du courage dans les veines, mais y aura pas l'assurance d'une réponse de sa part si elle en dédaigne l'intérêt. Même celleux qu'elle tient en estime - et le Fold seul sait qu'iels sont peu - ne réussissent pas toujours à attirer son attention avec ce surnom labyrinthique. Mais il y en a bien un qu'elle affectionne plus que de raison. Son nom de scène. Ce titre qui la porte sur le haut de la piste du cabaret. L'Impératrice. Inutile de dire à quel point ça flatte son ego. Mais quand on y pense, il n'y a pas meilleur pseudo pour la représenter.

CW: mort en couche & rejet parental. Les cris qui ont été poussés du haut de cet appartement minuscule du septième étage en bordure de Ketterdam, ils se sont faits entendre dans toute la rue. Mais ils n'avaient rien d'une bonne nouvelle. La douleur qui s'en était dégagée était annonciatrice de bien terribles et funestes nouvelles. Sa mère n'aura jamais eu le bonheur de voir sa fille tout juste venue au monde. L'accouchement avait été une catastrophe. On aura souvent reproché - à tord - à la pauvre orpheline que si elle n'avait pas été shymer, probablement que sa mère aurait survécu. She killed her mother in the womb. Une culpabilité qui l'aura suivie comme son ombre durant de trop nombreuses années. On aura essayé de la refourguer à son père, mais comment ce dernier, figure de Celestia, pourrait adopter une monstruosité pareille? Reflet de sa propre ignominie qu'il ne saurait avouer. Pourtant sa seule héritière, il n'aura pas eu le cœur à l'abandonner complètement à son sort. La confiera à des gens de Midrias, plus occupés à la surveiller plutôt qu'à l'aimer. Des employés, plutôt que des parents.

FLASH. Avec le dernier sac à la mode. FLASH. Dans le café le plus réputé du moment. FLASH. Sourire carnassier peint du gloss le plus cher. Rien n'est trop beau. Rien n'est trop coûteux. Rien n'est trop extravagant. Vante les merveilles d'une vie superflue et superficielle. Une vie inaccessible pour le commun des mortels. Elle fait partie de cette jeunesses à paillettes qu'on veut imiter à tous prix. Sauf qu'elle, on veut pas tellement lui ressembler. Enfant du Fléau. C'est la curiosité morbide qui pousse à la fascination devant ses traits qui n'ont rien d'humain. On aime la détester. La critiquer. Lui cracher au visage. On la suit rien que pour ce plaisir. Et elle en joue. Son personnage choque, intrigue, attise les rumeurs et les embrase. On l'invite pour le plaisir de la voir de ses propres yeux. Attraction que les assoiffés de sensations fortes s'arrachent. Les bien-pensants souhaitent sa chute, mais si ses ailes ne sauraient la porter, elle saura retomber sur ses pattes. Love me or hate me, both are in my favor. Et pour les plus téméraires ou les moins fortunés, la nuit offrira un spectacle des plus grandiose. Ses talents de chant et de danse s'y retrouvent mis en avant. L'hypnotisme de ses représentations attire plus les clients qu'ils ne voudraient l'admettre. Le cabaret ne saurait se séparer de sa vedette. Ah ça, elle fait le show comme personne. Joue de ses attributs mystiques avec une aisance déconcertante. Elle effraie. De cette peur qui vous paralyse tant on ne peut détacher son regard.

Sans cœur. C'est comme ça qu'on la préfère. On veut pas s'imaginer qu'elle puisse avoir des sentiments autre que la cruauté. L'amour n'a jamais fait partie de sa vie. Elle sait pas c'que c'est, c'est qu'un concept abstrait dans sa tête. Raison pour laquelle elle a tendance à paniquer dès qu'un semblant d'attachement se forme envers une autre personne qu'elle-même. Préfère l'éphémère des relations sans affection. Si tant est que vous avez le courage de l'approcher, et si tant est qu'elle vous juge assez intéressant.e, vous avez une chance. Son lit est bien plus accessible que son cœur, c'est à n'en pas douter. Love? Got no time to waste for that shit. Alors on ne s'étonne pas des réactions de surprises quand on a appris son mariage. Qui l'aurait cru? Pas grand monde, elle la première. D'ailleurs elle se demande encore où cette histoire va la mener. Parce que ce n'est qu'un contrat comme un autre. Un pacte sans magie. Une association à l'état larvaire. Et si pour l'instant elle y gagne une fortune supplémentaire à la sienne et des followers en plus, le temps seul lui prouvera si ce choix lui sera vraiment profitable - ou pas. Au pire des cas, elle pourra toujours le tuer dans son sommeil et récupérer l'héritage. Jouer les veuves noires éplorées, ça doit être amusant, non?

Richesse et extravagance. Tout pour lui plaire. Malgré sa naissance chaotic dans des quartiers moins fastueux, c'est bel et bien sous les lumières de Midrias que Mazikeen a grandi. Elle habite ces rues comme si elles avaient été faites pour elle. Elle qui les avait longuement admirées depuis la fenêtre de sa chambre étant enfant. Elle qui les avait arpentées de longues heures dans le plus grand anonymat. Elle qui les foule sans plus aucune honte quand les regards se tournent sur sa personne. Oh, the way I look bothers you? Seems like a you problem. Son voisinage aurait bien aimé la voir déguerpir. On aurait souhaité qu'elle s'envole vers d'autres rivages quand la gloire et la fortune lui ont souri. Quand elle réussit à s’émanciper de cette fausse famille et de son père absent qui la tenait en laisse depuis son compte en banque. L'indépendance à une couleur d'or. Et l'or, ça lui va si bien au teint.

Uh, you're monster! Ça commence par des cornes tranchantes qui montent fièrement vers le ciel, prêtes à piquer le soleil qui aura eu l'audace de lui faire de l'ombre. Puis il y a ses immenses ailes diaphanes, membranes si fines qu'on y voit au travers. Trop faibles pour la porter dans les airs, trop fragiles pour la protéger d'autre chose que les UV. Accessoires de mode extravagants, aime les sortir quand elle veut prendre toute la place qui lui est due. Viennent ses griffes acérées, longues, dures comme du diamant, serres démoniaques qui aiment à taquiner les peaux vulnérables, menace constante qui fait monter l'adrénaline le long des veines. La peau de son corps fascine. Aussi sombre que la nuit, le bleu qui s'y reflète rappelle le néant qui s'étend entre les planètes. Brille sous la moindre lumière, constellations infinies et minuscules la parcourent. On souhaiterait l'explorer de ses doigts, mais sa rugosité la protège des aventuriers indésirables qui s'y écorchent les paumes. Fascination qui se termine en puissance, le bas de son corps n'est autre que queue et pattes de panthère noires. Force insoupçonnée qui la porte où elle le souhaite, toujours plus haut, toujours plus loin. Elle ne se sentira jamais plus libre que sous cette forme digne d'une chimère tout droit sortie du Fold. Make place mortals, your local nightmare has arrived. Des attributs qu'elle ne s'embête plus à cacher à tous prix, plus comme avant. C'est bien là, tout l'art de sa nouvelle vie. Malgré une maîtrise qu'elle a perfectionné au fil des nombreuses années de son existence, Mazikeen pratique la relâche avec un art certain. Après tout, pourquoi se fatiguer à porter un masque, quand les gens savent déjà ce qu'il y a derrière? Laisser paraître certaines de ses caractéristiques de Shymer lui permet d'économiser de l'énergie, et de ce fait, de passer moins de pactes que si elle devait s'affoler à ressembler à une humaine banale. Mais même si elle se retrouve dans l'urgence, elle sait qu'elle pourra toujours compter sur les âmes naïves que peuvent composer une partie de ses followers, ainsi que sur certains clients du cabaret...