Il a le visage collé à la vitre, les yeux rivés sur le groupe de gamins, approximativement de son âge, en train de danser et chanter en bas de l'immeuble. Ça fait des semaines qu'il les observe du haut de sa prison, rongé par l'ennui et l'envie. Mais sa mère lui a formellement interdit. Stay quiet, qu'elle ordonne sans cesse. Don't let anyone see you, qu'elle répète. They will hurt you. Mais l'enfant surprotégé ne comprend toujours pas, du haut de ses 8 ans, commet le premier faux pas, avançant timidement vers eux. Hi, can I join y-? Un hurlement strident s'élève alors, le coupant net dans son élan. Un autre gamin se met à hurler, puis une troisième sur sa gauche. Le cœur cogne douloureusement, soudain pétrifié, regrettant instantanément d'avoir désobéi. Les cris ont rameuté plus de monde, et Asphodel ne peut plus fuir, piégé et terrifié. — Oh my god, is that a beast from the Fold? Here?? — I don't think so, I heard it talk. — That's a shymer, god forbid — It's monstrous, should we call the witchers? — It's still young, maybe we can scare it off. Un adolescent finit par s'approcher, une batte de baseball dotée de piques, à la main. — You fuckin' monster, you made a mistake to come here!! — I-l only w-wanted to-... — Kill it!! — YES! L’approbation traverse la foule comme une traînée de poudre, les propos de plus en plus violents se font comme des lames en plein coeur pour le gamin qui ne cherchait qu’à se faire des amis. Les regards se font haineux, et lorsque le garçon armé s’approche, Asphodel agit par pur instinct, sa queue fendant l’air pour briser la batte en plusieurs morceaux, blessant le garçon qui hurle, la main ensanglantée. Un silence de plomb s’installe, et sous les regards horrifiés, Asphodel a la présence d’esprit de prendre la fuite.

— What were you thinking? It was reckless and dangerous! What if you had lost control and he had seen? — But he didn't, and I can manage, stop being dramatic… Si être surpris par sa mère en plein make-out avec un gars lambda n'était déjà pas suffisamment embarrassant, le manque de confiance envers ses aptitudes, lui, devient blessant.  — I’m seeing him again later. — No, you’re certainly not! — Excuse me? — I am your mother and I’m telli- — No you’re not. — What? — My mother, you’re not. Otherwise, I wouldn't be that hideous, would I? — Aspho darling, you’re not hideous. — Whatever. — You know I don’t recognise you anymore, you barely speak to me, once you would tell me everything. What is happening? — What's happening? Really? What's happening is that I’m SICK to live like this, hiding, stuck in that shithole with you telling me what to do, or not do!! Leave me the fuck alone! Le silence est oppressant, uniquement rythmé par le souffle saccadé de l'adolescent au bord de la crise de larmes, mettant à rude épreuve le maintien de l'enchantement. Il le sent, aux picotements sur sa peau, annonciateurs de malheur, que la magie ne tiendra pas longtemps s'il laisse ses émotions prendre le meilleur de lui. Alors il se force à tout renfermer, s'imaginant une pièce dans son esprit dans lequel il rejette tout ce qui lui porte préjudice avant de fermer à double tour. — I won't come get you after work this time, don't wait for me.
tw: mort, sang
C’est l’odeur poisseuse de l'hémoglobine qui percute d’abord les nasaux, recouvre la puanteur émanant des déchets entassés. Y a comme un mauvais pressentiment qui vient étreindre le myocarde, pas qui s’accélèrent au même rythme que l’organe angoissé. Malgré la colère, c’est le remord qui bouffe désormais l’adolescent. Elle a tenté de l’appeler, à plusieurs reprises, il était trop occupé pour décrocher. N’a pas voulu décrocher. Mais à cette heure, elle aurait déjà dû être rentrée. L’obscurité et le calme environnant n’auront jamais paru si angoissant, oppressant alors qu’il s’enfonce dans les abysses. Il recompose une nouvelle fois le numéro sur son téléphone, mais celui-ci est coupé, ne permet pas de la localiser. La mâchoire se crispe, les poings se ferment, enfonçant douloureusement les ongles dans la chair pour le distraire de la vague de panique qui menace de l’engloutir. L’odeur devient soudain plus forte, suffocante. Il s’arrête alors, les yeux rivés sur la masse sombre jonchant le sol un peu plus loin. Les lèvres tremblent, le cœur s’arrête de battre. Parce que même dans l’obscurité, il est capable de la reconnaître. Mom? Les genoux tombent à terre après l’avoir rejoint, les yeux exorbités et le corps tremblant. Avec délicatesse, il glisse ses doigts dans sa crinière enflammée, désormais imbibée de carmin, ramenant sa tête sur ses genoux. La peau est glacée. Et malgré la triste réalité, le cœur, lui, se permet encore d’espérer, murmurant contre la chevelure tâchée quelques mots d’encouragement à l’endormie. Parce qu’elle n’a pas le droit de partir. Et derrière les yeux embués, il y a les remembrances de leur dernière altercation qui reviennent par flash, douloureusement vivides, le perce en plein cœur. La plainte sourde qui racle le fond de la gorge se mue en un hurlement inhumain, effroyable, avant de se briser, plongeant la scène dans un décor macabre. L’état de choc ne lui permet pas de réaliser que l’enchantement le dissimulant ne fait plus effet, révélant le monstre tapis dans l’ombre, désormais visible sous le regard terrifié du témoin qui immortalise la scène d’une vidéo. L’alarme sonore des autorités en chemin sort la bête de son état second, réalisant avec désespoir qu’il ne peut rester, lisant la condamnation dans les yeux du témoin apeuré qui offrira aux pacifieurs une raison de le traquer. Il ignore comment il parvient à trouver la force de se lever pour la laisser, mais alors que le quartier s’anime et la traque débute, il court à en perdre haleine, laissant derrière lui la seule personne qui a su l'aimer et qu'il n'a pas pu honorer.

Il n’est pas réputé pour accorder sa bénédiction à n’importe qui, l’ange déchu, alors lorsque les céruléennes choisissent l’élu, les témoins, envieux·ses, s’accordent tous·tes à dire qu’il s’agit là d’une chance incroyable. Asphodel, connu uniquement sous son nom de scène Ezreal, ne choisit pas par hasard ses partenaires d'un soir, les critères sont nombreux et d’une exigence implacable. Ça n’a pas toujours été le cas, mais aujourd’hui, la créature avare peut se permettre d’être capricieuse, perfectionnant son apparence comme un culturiste au sommet de son art, méticuleux dans les moindres détails. Ce soir, c’est Luke le bienheureux qu’Ezreal rejoint, un client à la peau diaphane qui fascine autant qu’elle attire le shymer avide. Et comme avec toutes ses proies, la démarche reste plus ou moins la même, adaptant son jeu selon le cas. Ezreal devient l’épaule sur laquelle s’épancher, ou le réceptacle de toutes leurs frustrations et désirs refoulés. Il ne lésine pas sur les moyens pour obtenir ce qu'il veut, ayant rapidement compris que tout devient possible à celui qui sait attendre et écouter. Il suffit que le malheureux se laisse distraire suffisamment longtemps, détourne le regard que brièvement, et le poison est distillé dans la boisson, drogue venant altérer le comportement et la mémoire pour permettre à l'incube d'opérer sans crainte de répercussions, usant du reste de ses charmes pour sceller un pacte que le pantin n'aura pas conscience de formuler. Et c'est heureux, parce qu'il ne fait pas dans le service après-vente.

son rêve était de devenir danseur de ballet — n'a pas revu sa véritable forme depuis presque 1 an — ne souhaite plus jamais remettre les pieds dans zaun — a ramassé et soigné un poro mourant qui ne le quitte plus — hématophobe, l’odeur ou la vue du sang fait chuter sa pression artérielle — trouve le jeu d’hoverball totalement stupide et ne comprend pas l’engouement qu’il y a autour — déteste ce qu’il est, et n’a aucun scrupule à piéger les plus faibles pour voler leur apparence — n’a aucune loyauté envers quiconque si ce n’est lui-même — son bien le plus précieux est le plaid de sa mère qu’il a récupéré la nuit de sa mort — a une dent sucrée prononcée difficile à contenter, virant parfois à l'obsession — il ferait n'importe quoi pour des bonbons acidulés au citron.