Pas de voiture de daddy en danger aujourd’hui, Menya était venue “à pieds”. Pratique, partir pile à l’heure sans risquer d’arriver en retard, elle ne ferait pas attendre son fiancé pour leur “deuxième rendez-vous”.
Un rendez-vous qui la mettait étrangement d’une excellente humeur. On aurait pu croire que la fille à papa viendrait à ce date avec des remords insoutenables pesant sur sa conscience, ces remords de mettre en place un plan pour manipuler complètement son père. Mais non.
Rien que de la bonne humeur sur son visage à l’idée d’un petit relooking pour lequel elle se sentait déjà inspirée. Il y avait de nouveaux articles fabuleux dans sa boutique préférée, et elle avait hâte de faire essayer à Elan cette petite veste qu’elle avait repérée l’autre jour tandis qu’elle se trouvait en pause déjeuner-shopping avec son secrétaire.

Et puis, il y avait également cette coupe qu’elle avait hâte de voir. Son coiffeur s’en était vanté, mais il avait refusé de lui montrer le résultat histoire qu’elle puisse juger de son Art avec ses yeux.
Grotesque. Oui, un peu. Après tout, elle lui avait dit le genre qu’elle voulait, le thème, “le mood” et il était très peu probable qu’il ait osé improviser. Elle était une professionnelle, inutile d’essayer de sortir de ses directives, elle avait su aussitôt quelle genre de coiffure serait parfaite pour son fiancé.

Portable dégainé pour patienter, elle avait étudié son calendrier avec soin pour planifier quelques délais.
Ils n’étaient pas tant en retard. Quelques jours, tout au plus, mais rien d’insurmontable.
Si elle lui trouvait un début de garde robe correct aujourd’hui - et elle n’en doutait pas - sachant qu’il avait déjà la coiffure, qu’il ne resterait que quelques détails niveau apparence et qu’elle pouvait commencer ses leçons pendant le shopping… hum… est-ce qu’une rencontre ce mois-ci avec son père était trop présomptueuse ?

L’homme était impatient. Il voulait savoir.
Un peu méfiant aussi ?
Il avait peur qu’elle lui ramène un type peu recommandable… ou un trop porté sur la chose pour traîner avec sa fille.
Pour ce qui était de sa belle-mère, évidemment, selon elle, son choix ne pouvait être que préférable au raté que sa belle-fille avait rencontré… un raté assez fou pour demander la main d’un typhon ambulant.
Ses demi-soeurs voyaient un moche… quand elle n’était jamais sortie qu’avec des couvertures de magazine, la jalousie.
Et son demi-frère se rangeait sans doute entre l’avis de son beau-père et de sa mère.
En résumé, ils n’avaient aucune confiance en elle.
Comme si elle n’était pas capable de se fiancer à un type bien par ses propres moyens.
Alors à un type bien Menya on ne sait pas… mais en attendant, tu t’es quand même recruté un faux fiancé pour les berner.
Du grand génie. Elle refusait toute critique sur son plan. Ce ne serait forcément pas objectif.

« Elan ! » le regard qui s’était relevé d’un calendrier était tombé sur un fiancé un peu plus loin auquel elle avait adressé un signe de main. Un petit veinard, si vous vouliez son avis, au vu du contrat avec plein de petits caractères qu’elle lui avait préparé « Salut chéri. » c’était supposé être amusant ? Se jouer de sa famille entière en leur mentant ?
… carrément !
C’était en tout cas bénéfique pour des cheveux qui avaient enfin trouvé une vraie coupe plutôt que… c’était quoi le nom qu’elle avait trouvé pour ça déjà ?
… une coupe à la va vite ? Une tentative d’amas non structuré ? Elle ne savait plus vraiment sur quel terme elle s’était posée… mais oublions-ça ! Le problème était clairement résolu. Et elle l’avait confirmé en passant ses doigts entre ses mèches - pour en remplacer deux, trois tout au plus - et étudié l’oeuvre d’art de son coiffeur préféré « T’es beau gosse. » on démarrait le date sur un compliment, ça partait bien « ça te va vraiment bien. ça te plait toi aussi ? » clairement, s’il préférait sa coupe d’avant, il avait un problème de goûts… mais elle n’était pas là pour juger… enfin pas trop !

Dégoûté.
Il y avait passé combien de temps ? Deux heures ? A s’agiter dans tous les sens comme une mouche complètement défoncée, allant d’une pièce à une autre en courant presque, pas loin de se taper les murs avec la vitesse. Les bras remplis d’objets en tout genre : vêtements sales, objets à jeter, journaux dépassés et tout un tas d’autres choses que je ne saurai nommer. Pourtant, contrairement à ce l’opinion populaire accorde aux hommes célibataires, Elan n’est pas sale. Mais cette fois-ci, il avait décidé de faire le grand ménage ? Pourquoi ? Sa fiancé allait débarquer. Enfin, son employeuse. Enfin Menya quoi. Pouvait-il l’accueillir dans te telle condition ? Pensez-vous que le plus grand acteur studio dans le rôle du prince charmant à une pauvre croquette de Megan posée délicatement dans un coin de l’appartement ? Non.

Il avait tout donner : découvert des recoins qu’il ne connaissait même pas, eut un léger bond dans la poitrine en découvrant un … objet non identifié ? Denis, c’est toi ? Non. Ce n’était pas Denis. Et tout cela pourquoi ? Pour courir vers la porte comme le type bercé trop près du mur qu’il est, pour ouvrir cette dernière et … découvrir le coiffeur tout seul ? Bah, elle est où la big boss ? Pas là. Ah … Bah c’est Aspho qui va être content …


C’est donc avec un appartement nickel et une nouvelle coupe de cheveux qu’il avait débarqué à Celestia.  Cet autre côté du mur pour lequel le nombre de fois où il a pu t’y rendre se compte sur les doigts d’une seule main. Pourquoi il irait de toute façon ? Boire une bière qui lui coûterai une paie ?
Mais les choses étaient différentes maintenant. Il était un soi-disant riche héritier. Bientôt, il n’aura plus assez de mains pour pouvoir compter. Mais en attendant, il était complètement paumé. Alors il suivait son GPS à la lettre bien que discrètement. Son rôle commençait plus ou moins ici, il ne voulait pas risquer qu’on le voit en détresse dans un quartier qu’il est censé connaître.

Finalement, par chance, on l’interpelait. Il relevait alors les yeux pour découvrir sa soi-disant fiancée. Un sourire se dessinait sur ses lèvres alors qu’il s’approchait d’elle. « Salut, je t’ai pas fait trop attendre j’espère ? » Pis accompagner ses paroles, il l’embrassait sur le front … SUR LE FRONT ??? COUPEZ ! Non mais attendez, le type a rangé son cerveau dans un placard et a oublié de le récupérer ? Non parce que je veux bien, que Menya soit petite (minuscule), mais ça se voit quand même ? Ne me dites pas qu’il a fait exprès juste parce qu’il n’était pas sûr de la manière dont il devait la saluer en public ? … « Je me suis méga perdu, il faudra que tu me fasses visiter ? » Des mots chuchotés discrètement, comme si soudainement quelqu’un allait s’arrêter pour écouter leur conversation : mais on ne sait jamais.
Et puis, comme il s’en doutait, venait l’analyse capillaire. Non parce que, elle avait suffisamment critiqué sa coupe pour qu’il s’en souvienne ! Et effectivement, elle le recoiffait déjà. Alors qu’il avait fait attention en plus ? « J’espère que tu ne dis pas ça juste par rapport à la coupe ? » Non parce que bon, il allait finir par se vexer un peu quand même. « Ouais ça va, c’est pas mal. » PAS MAL ? Carrément mieux que l’autre qui te fout des cendres pleins les cheveux ! Ce type lui avait fait des massages, posé une serviette chaude, après shampooing et soin alors qu’il ne connait même pas la différence entre les deux. « En tout cas, il était super sympa. Mais je croyais que tu allais venir moi ? » Le retour de ce sentiment amer, celui d’avoir fait le ménage pour rien … Non franchement, il en avait gros sur la patate là. « En tout cas, je te suis. J’imagine que tu sais déjà où aller et je te fais confiance. » Tu es sûr d’être mentalement prêt Elan ?

« Non t’inquiètes ! » bon, normalement, qu’on s’entende, elle était celle qu’on attendait. Pour un premier “jour de travail” ça le faisait moyen. Mais elle n’était pas non plus de ces patronnes tortionnaires qui ne laissaient rien passer. Menya Lovàas pensait qu’il était important de faire en sorte que le personnel se sente bien dans son job.
Assez bien et assez à l’aise pour coller un baiser sur le front de la patronne ?
Ok, ça c’était inattendu. Mignon ?
L’homme prenait des initiatives, on ne pouvait pas lui retirer. Pourtant, elle avait été à deux doigts de lui dire que quitte à l’embrasser pour la saluer, autant le faire comme si elle n’était pas sa soeur.
Comme ça ? Direct ? Le premier jour de travail ? Fallait pas laisser le temps créer une alchimie entre eux ? Une alchimie évidente qui ferait que personne ne remettrait en question leur couple si crédible ?

« On va mettre ça au programme. T’inquiètes, j’aurais pu bosser dans le tourisme. » vraiment ?
Elle savait vendre non ? C’était pareil pour les coins. Et peut-être même que sa famille aurait préféré ce genre de carrière à celle dans laquelle elle avait décidé de se lancer.
Cet aparté terminée, elle avait pu se concentrer sur l’oeuvre de son coiffeur, améliorer la “Elan touch” entre les mèches, puis complimenter enfin celui qui était supposé lui avoir demandé sa main. Vraiment, un travail d’artiste. On entrevoyait déjà les prémices de la grandeur. Elan Pankratz allait devenir la pièce ultime de son Art, elle le jurait « Evidemment que non. Est-ce que t’as déjà oublié ce menton parfait ? » et son cul ? Pas le temps de perdre sa concentration. Il fallait booster son poulain et elle avait un diplôme de confiance en soi « Pour une coupe réussie, il faut le physique qui va avec. » est-ce qu’elle devait lui donner des exercices du type : se mater dans le miroir et se faire 5 compliments par jour ?
S’il manquait véritablement de confiance, il faudrait y songer.

« Pas mal ? ça, Elan, c’est ce qu’on appelle de l’art capillaire. » n’exagérons rien, le type bossait avec des ciseaux et des bigoudis et son pinceau ne servait que pour les colorations.
De l’art capillaire
Pas moins. Elle ne voulait rien entendre.
Sauf la déception de son cher et tendre ?
« Ah oui ? » en même temps, n’aurait-elle pas dû le préciser dans son message ? Un petit mot. Au moins quelque chose pour le sous-entendre « Et t’étais déçu ? » ça se demandait ça ?
Fallait croire. ça se faisait même avec un petit sourire charmeur sur les lèvres.
Ne commençons pas pourtant, un dossier pour harcèlement d’un employé, ça ferait clairement tâche « Tu peux. On va commencer par ma boutique préférée. J’ai fait du repérage l’autre jour, et j’ai vu quelques articles, tu vas les adorer. » oui parce qu’elle connaissait si bien ses goûts à ce fiancé qu’elle venait de rencontre.
Pauvre Pankratz, il s’était retrouvé embarquer direction la première boutique sans savoir vraiment quel type de patronne il avait accepté.

Main glissée dans la sienne sans timidité, juste un sourire, et on commençait déjà cette vaste comédie sans fond tant le chaos leur était infini.
Porte de boutique poussée quelques secondes plus tard, employée qui la salue aussitôt comme une Reine - elle peut vu les crescents qu’elle laisse ici - puis employée congédiée d’un « On va se débrouiller, merci. Je préfère rester seule avec mon copain. Mais si j’ai besoin, je sais où vous trouver. » ouais, son copain… copain qu’elle avait entraîné jusqu’aux rayons homme pour fouiller ensuite les portants de sa main libre  « Il te faut du chic bien sûr, du casual chic mais j’avais pensé aussi qu’on pouvait se lancer dans le hipster. On peut tenter un peu de streetwear mais on tombe vite dans le manque de classe. Un truc mal coupé et c’est la fin, la chute, t’as la tête du mec qui crache pour marquer son territoire, salue ses potes d’un “yo batard. Bien ou quoi ?” et aborde les femmes en leur proposant une glace à la menthe. Pas terrible quoi. » heureusement, il avait “décidé” d’accorder sa confiance à une vraie artiste de la mode qui savait en déceler les pièges.

Devons-nous par de nouveau de la manière juste pitoyable dont il venait de la saluer ? Pas vraiment. Il n’était pas tout à faire sûr de la manière dont il aurait dû s’y prendre et les regrets venaient déjà le ronger. Il avait l’air d’un con, il en avait conscience mais il avait le présentiment que cela aurait été pire si elle l’avait recalé devant tout le monde. C’est peut-être difficile à croire au vu des innombrables conneries qu’il peut faire ou dingueries qu’il peut sortir, mais il en avait une ! Alors il avait choisi la demie mesure. Avait-il bien fait ou au contraire merdé sur toute la ligne ? Il ne le savait pas. Du moins, elle ne lui a rien dit. C’est que c’est ok non ?

Il avait réellement besoin d’une visite. Parce que si il connait Ketterdam comme sa poche, il ne pouvait pas en dire autant de Celestia. Il serait grillé à des kilomètres à la ronde si il ne prétendait pas scroller son téléphone tout en marchant soi-disant sereinement. « Excuse-moi mais, tu as des défauts du coup ? » Demandait-il en lâchant un petit rire. A l’écouter, elle était la femme de la situation dans tous les domaines. Coupes de cheveux, stylisme, psychologie et maintenant, guide touristique ? Elle n’était pas la femme de la situation mais la femme de toutes les situations.

D’ailleurs, cette coupe semblait lui plaire. Lui ? Il ne voyait pas trop la différence malgré l’absence de crainte de sentir son cuir chevelu cramer. Et ce n’était quand même pas négligeable … Et puis toute la farandoles de produits qu’il a pu utiliser … Non en vrai, il voyait une différence dans la technique. C’était bien plus agréable, mais pas vraiment dans la coupe. Bon, si au moins elle arrêtait de critiquer ses cheveux après cela, il prenait ! Mais face à son compliment, il espérait qu’il ne le devait pas uniquement à ses mèches coupées. Non, bien sûr que non Elan, pense à ton menton ! « Tu sais que j’ai regardé dans le miroir la dernière fois, il est vraiment pas mal ! » … Oui. Il l’a vraiment fait. Est-ce que il l’a également comparé avec des mannequins de magazine ? Peut-être bien … « Peut-être … Mais peu être c’est un truc comme les nuances de couleurs ? Les hommes voient pas la différence mais les femmes si ? » Tout le monde peut voir la différence Elan. « Enfin, si je te plais, c’est le plus important de toute façon. » Et puis si Nyel ne se fout pas de sa gueule, c’est encore mieux.
Mais peu importe, elle le trouvait beau, il se trouvait beau, que demande le peuple ? Une lueur d’intelligence ? Un élan de lucidité ? Une réduction considérable de la connerie ? Non mais il ne faut pas trop en demander …

« Je suis toujours déçu quand tu n’es pas là bébé. » Répliquait-il avec une mine légèrement abattue. Qu’est-ce que tu fais ? Que nous vaut ce soudain jeu d’acteur ? La honte. La honte devoir lui dire : oui parce que du coup j’ai nettoyé tout mon appartement pour rien. Vous imaginez ce qu’elle pourrait penser ? Que son mec au joli menton est crade ! Non, non, non, sans lui !

Mais avant de se lancer dans le plus grand rôle de sa vie, il avait besoin d’un costume. Enfin, plutôt d’une garde-robe. Il n’en était pas encore à s’habiller comme un véritable plouc mais son style n’a rien à voir avec ce qu’attend Celestia d’un riche héritier. Mais elle allait remédier à ça, pas vrai ? Il lui faisait confiance, elle le lui confirmait de par ses mots et le fait qu’elle avait au préalable fait du repérage, tout va bien dans le meilleur des mondes …

C’est donc main dans la main, que l’aventure dans la première boutique débutait. A peine arrivé, un malheureux se dirigeait déjà vers eux pour les assister. Un malheureux qui se fit immédiatement rembarrer par une Menya qui savait déjà ce qu’elle voulait. Et le mec ne peste pas ???? Premier choc culturel. C’est donc encore abasourdi qu’il se laisse guider vers le rayon homme. Wow, tout est si bien rangé, tout est si propre, si lumineux … Peut-être devrait-il davantage sortir le jour lui qui est constamment entouré de néons ? Non, cela n’avait rien à voir avec Ketterdam en plein jour. « Dans du quoi ? » Hipster ? « C’est pas les types à grosses barbes là ? » Il écarquillait les yeux. « Tu veux que je me laisse pousser la barbe ? C’est une très mauvaise idée, ils sont deux-trois à se battre en duel, j’aurai l’air d’un con. » Le plus grand regret de sa vie, cette incapacité à avoir une barbe … « Pis en plus ça cacherai mon super menton. » Ouais, pense à son super menton Menya ! « Après on peut tester … mais sans la barbe du coup … » Après tout, qu’est ce qu’il perdrait ? « T’aime bien les glaces à la menthe sinon ? » Pardon ? « Non mais j’veux dire, les vraies glaces. Pas leur référence de beauf. » Oh, tu m’as fait peur … Par curiosité, son regard glissait sur une étiquette pendue juste devant lui. Une étiquette indiquant un code barre. … Non, ce n’est pas le code barre, mais le prix. Il eut bien du mal à cacher son choc. C’est donc avec des yeux ronds qu’il se tournait vers elle pour lui chuchoter discrètement. « T’as vu les prix ??? » Non parce que, peut-être qu’elle avait pas fait attention tu sais … « Ce … » C’est quoi ça d’ailleurs, un gilet ? « Cette chose est plus chère que mon loyer ! Il est fait avec quoi ? De la fourrure rare ? C’est Jessica Alba qui l’a tricoté ? Il est enchanté aussi peut-être ? Tu crois qu’il fait ressortir les muscles et que je vais me transformer en Hulk si je le porte ? » Non parce que là, il ne voyait pas ce qui valait un tel prix pour un simple gilet …

Des défauts ? En voilà une question étrange.
Voyons voir.
Dans sa famille, on disait souvent qu’elle était “un peu” butée, ou qu’elle n’en faisait qu’à sa tête.
De son point de vue, elle était plutôt déterminée. Ce qui était bien sûr une belle qualité.
Il était déjà arrivé qu’on lui dise également qu’elle était curieuse. Mais elle n’était pas de ce club qui scandait à la première occasion “la curiosité est un vilain défaut”
Plus vaguement, elle avait déjà entendu à plusieurs reprises qu’elle n’était pas possible
Mais là encore, ça lui donnait plus l’impression d’être une personne à part, quelqu’un de difficile à inventer si elle n’était pas déjà sur Terre.
Alors franchement, à cette question, après un petit temps de réflexion sur son visage, elle ne pouvait que répondre « Je ne crois pas non. » En réalité, c’était un mensonge.
Elle en était certaine.

Tout comme les qualités de ce menton vantées la dernière fois « Tiens tu vois, j’ai l’oeil ! Mais ça reste étrange que personne ait pensé à te le dire avant.» et puis, cette coupe le sublimait. Qu’est-ce que cette coupe ne faisait pas ?
La cuisine. Les corvées de compta. Sortir les poubelles. Sécuriser les bas quartiers.
Y’avait tout un tas de trucs qu’une jolie coupe de cheveux ne savait pas faire Menya.
« Hum… je pense pas que ce soit une question de ça. Mais en tout cas, moi j’te trouve très séduisant avec cette nouvelle coiffure. » bon, est-ce qu’elle pouvait arrêter de flatter son employé et progresser dans cette après-midi qui serait peut-être déjà beaucoup trop longue du goût d’Elan ?

« Je viendrais la prochaine fois si tu veux. » visiter son logement à Ketterdam ?
…
Bah…
Menya ? Tu vas pas lui faire le coup, la fameuse stratégie de poser un lapin pour le rendre fou de toi ?
Alors. Pas forcément maintenant. Mais si jamais son appartement avait besoin d’être redecoré, bien qu’aucune personne de chez elle n’irait, elle pouvait aussi y jeter un oeil.
…
Bah quoi ? C’était important pour qu’il se mette dans la peau du personnage ! Il ne fallait négliger aucun détail !

Le plus important d’abord. Le style vestimentaire ! C’était devenu l’urgence numéro une. Et maintenant qu’ils se trouvaient dans du paradis vestimentaire… le jugement pouvait apparaître quelques secondes dans ses yeux à la question de son fiancé.
Relax Menya. Tous ne sont pas comme ton secrétaire parfait. Celui avec lequel tu peux parler mode sans le larguer « Oui, je pensais plus au style sans la barbe. D’ailleurs, je sais pas trop si ça t’irais… t’as quel âge ? » son père avait de quoi niveau menton. Mais il l’entretenait chez le meilleur barbier de Celestia, évidemment. « La menthe non. La glace oui. J’aime bien innover niveau parfum. La violette c’est clairement sous-estimé. Si tu veux, en sortant, on ira s’en manger une. » une glace, ce serait forcément moins cher que l’étiquette qui semblait avoir fait buguer son promis

« Oui. » ne réponds pas oui simplement comme ça, tu vois bien que l’homme est en état de choc  « Alors non. Mais ça a le mérite d’être bien coupé, d’avoir une matière orgasmique sur ta peau, de voler limite ton coeur quand tu l’enfiles. J’ai même pas envie de voir les boutiques par chez vous quand j’vois vos fringues mal coupées des fois. Tu verras en essayant, ça vaut clairement son prix. » chemise, veston tirés. Sourire satisfait sur les lèvres. Evidemment, pour elle, la dépense n’avait rien de futile. Mais elle n’avait pas grandit à Celestia, et elle pouvait se permettre de tirer un pantalon avec.
Sans lui demander sa taille ?
De son avis, c’était la bonne. Elle était une experte en matage
« Tiens tu devrais commencer par ça. »

Le silence suivant sa question : a-t-elle des défauts ? était littéralement impressionnant. Était-elle entrain de s’en chercher un ou la liste est-elle trop longue ? Était-elle entrain de rayer ceux qui pourraient la faire fuir ? Non parce que au départ, c’était une plaisanterie ou plutôt une flatterie. Mais il se doutait bien que tout le monde a des défauts. Pourtant, il savait pas réellement si il devait paniquer ? Quoi que, il n’était pas certain de pouvoir s’en trouver directement également. C’est quoi tes défauts à toi, Elan ? Une sociabilité trop exacerbée ? T’es pas sûr que cela en soit un … Une capacité inouïe à t’attirer des emmerdes ? Non franchement celui-là à son sens, était complètement exagéré … Flash info : non. « Moi non plus, on va vraiment former le couple parfait. » Attendez, pardon ? Un couple parfait ? Dans la destruction, certainement oui. Et puis quoi Elan, t’a abandonné tes recherches après deux tentatives ? Visiblement, oui.

Si ils formaient un soi-disant couple parfait de par leur absence de défauts (lol), ils approchaient la sublimation physiquement. Il n’en doutait déjà pas, rappelons tout de même qu’elle avait quand même pris un selfie afin de vérifier leur compatibilité physique mais alors là avec cette nouvelle coupe de cheveux et cette mâchoire récemment découverte comme un point phare de son visage, on atteignait un tout autre level. Ajoutez à cela une patronne qui le qualifie de séduisant et le voilà qu’il se sent comme Icare, prêt à défier le soleil. « Peut-être parce qu’ils étaient trop impressionnés par ma mâchoire pour me le dire ? » Bien sûr, Elan. C’est un peu comme le bruit que tu fais lorsque tu respires … « Si tu me trouves encore plus séduisant avec cette coiffure, j’suis un homme heureux alors. » Elle a dit séduisant, pas encore plus séduisant. Tu vois, c’est pour ça qu’on ne te complimente jamais Elan, après tu te sens plus pisser.

Et après cet élan de joie, bonhomme hypé comme jamais par une patronne peu avare en compliment, le léger pincement au cœur. Ce terrible souvenir de son absence lors du rendez-vous de ce matin. Ces litres de sueurs écoulés pour rien. Disgrâce infame. « Ouais, je pense que ça serait bien pour apprendre à se connaître ! » Attention, n’y voyait rien de sexuel la dedans. Quoique, il n’était pas contre un 10 niveau geste intime mais il a bien compris qu’il n’obtiendra rien (pour l’instant). Et puis, t’es sûr que c’est ce que tu veux Elan ? Te retaper des heures de nettoyage ? Tu t’es pas assez agité pour rien ? Visiblement non, il en redemande. Pire, il avait l’impression que cela était absolument nécessaire au vu des efforts qu’il avait fourni aujourd’hui. Et puis, cela pouvait toujours servir ? Admettons qu’elle ait besoin de lui soudainement comme ça ? Elle saurait le trouver.

Mais à l’instant présent, l’urgence était ailleurs. Ses vêtements ne faisaient pas assez bourges et il le savait pertinemment. Il laisse donc l’affaire aux professionnelles qui commence à lui parler en … une langue morte. Hypster ? Comme les types à barbes ? La panique. Il est un peu le chauve des joues. Impossible d’avoir une barbe. Une peau de couille à la place des joues, il serait dégueulasse. Alors avant qu’elle ne fasse des plans sur la comète, il préférait la prévenir. Sa barbe ne poussera jamais correctement et oui, c’est un drame national pour tous. « 25 et oui je sais, c’est une catastrophe mais ça ne veut pas pousser. » Un soupire désespéré s’échappait de ses lèvres. Assez parlé des choses qui fâchent, reconcentrons-nous sur des sujets sérieux. Tiens, est-ce qu’elle aime les glaces à la menthe ? Attendez, on ne vient pas de dire sérieux ? « Je pense que c’est une bonne idée. » Après l’effort, le réconfort pas vrai ? Pourtant, il ne sait pas encore à quel point il en aura besoin …

Et puis comme un gosse qui s’ennuie dans les magasins pendant que son parent fait les courses, son regard se perd sur les prix. … Le choc. Un gilet au prix de son loyer. Loyer qui prend bien 65% de son salaire. Plus de la moitié de sa paie dans un bout de tissus. Alors, il essaye de justifier ce prix, tant bien que mal. Des matériaux rares ? Une bombe atomique connue qui l’a conçue ? Des excuses pitoyables que réfutaient Menya. Non. Juste une bonne coupe et apparemment, une sensation incroyable lorsqu’il est porté. … C’est une vaste plaisanterie ? Non parce que dans un premier temps, comme pour ses cheveux, il ne voyait rien de différent concernant la coupe et dans un second, ce n’est pas comme si les fringues de Ketterdam avaient le même effet qu’une attaque d’abeilles une fois porté … Il n’était pas tout à fait convaincu par ses arguments, raison pour laquelle après un long silence il se contentait de répondre. « On verra hein … Mais je reste persuadé que mon appart’ est meilleur d’un gilet. » Bon, il comparait l’incomparable aussi …

Trop de paroles, passons à la pratique. Est-ce que cet ensemble que sa chère et tendre venait de lui tendre valaient réellement bien plus que son appartement meublé ? Il n’en était pas convaincu mais le suspens se réduisait alors qu’il se dirigeait vers les cabines d’essayages. Une fois à l’intérieur, rideau tiré, il s’exécutait. Elle ne devait pas prendre ses mesures au fait ? C’est ce qu’il aurait voulu lui demander alors qu’il ôtait son tee shirt mais l’idée qu’un vendeur ne passe dans le coin pile à ce moment là et c’est leur histoire romantique qui s’effondre. Bon … Il pouvait lui faire confiance, pas vrai ? Et puis, il enfilait la fameuse chemise et il arrivait à la conclusion que non. Il s’y sentait trop serré. Peut-être que c’est comme ça qu’on la porte à la celestienne ? « Je crois que j’ai un problème avec la chemise. » Osait-il cependant avant d’ouvrir le rideau pour lui montrer. « Elle est méga serrée, non ? » A peine eut-il fini de poser sa question et prit une respiration un peu plus grande, que le bouton au niveau de ses pectoraux pétait tel un boulet de canon. Malheur, un vendeur passant pile à ce moment-là se le prit pile dans la gorge. « Oh mon dieu, ça va ? » Lui adressa-t-il légèrement paniqué. Ce à quoi le malheureux lui répondit par un bref signe de tête positif. Ouais, il en était pas certain …