Une intention toujours qui existait derrière ses actions à Leora. Jeune femme qui s’entourait de solitude et de méfiance. Qui apprenait à s’adapter à ce monde qui les entourait. À le comprendre et à en tirer les conclusions à ses questionnements. Photographie qui l’accompagnait dans ses quêtes et l’intelligence qui illuminait bien souvent ses pupilles. Perspicacité qu’elle utilisait pour vaguer entre les parures de Célestia. Entre les rumeurs et les instincts, pour en découvrir la vérité. Rarement se montrait-elle intéressée, Leora. Rarement prenait-elle le temps de chercher la compagnie. Sauf lorsqu’il y avait un intérêt derrière la discussion.

Ces derniers jours, ces dernières semaines, c’était le plus jeune Sa’Adar qui avait soulevé des interrogations chez elle. Un doute qui avait pris place et qu’elle se devait de décortiquer, de comprendre. Savoir si les impressions, si les murmures trouvaient vérités quelque part. Après les attentats qui avaient défiguré Célestia, certains soupçons avaient commencé à germer face aux intentions de son comparse étudiant. De voir s’il avait bien un lien avec ces événements récents. Révoltes qui avaient abîmé la haute ville, qui avaient rendu anxieux les cœurs fragiles, les âmes insouciantes. Peur et incompréhension qui continuaient de colorer les visages. Ne sachant pas réellement si de telles horreurs pouvaient se reproduire. Et Leora n’était pas de celle à rester assise à attendre. Elle voulait chercher et découvrir. Elle qui souhaitait rendre cet endroit plus sûr pour elle. Elle ne fermait pas les yeux sur ce que son ombre lui murmurait, sur ce qu’elle semblait avoir découvert.

Il y avait quelque chose d’intrigant à propos de lui. Quelque chose qui voulait la persuader de redoubler de méfiance en sa présence et qui, par le fait même, attisait sa curiosité. Une âme de détective qui s’affirmait de plus en plus en elle. Qui la poussait à flirter avec les dangers, à les rechercher presque parfois. Alors qu’elle tentait de se convaincre du contraire. Certaine qu’elle souhaitait prudence et sécurité. Mais au fond, peut-être aimait-elle l’effervescence du risque, la caresse du danger, les tensions de l’imprévisible. Elle se retrouvait à fouiller elle-même pour les réponses, se mettant en situation périlleuse pour obtenir ce qu’elle cherchait. Si Babylon était l’un de ceux dont elle se méfiait, pour découvrir les vérités et secrets, elle devait l’amener à lui parler et à répondre à ses questions. Tout en jouant sur l’intelligence. Être attentive pour ne jamais se faire prendre au piège.

L’approcher s’en trouvait plus facile qu’elle n’avait d’abord pensé. Si elle avait bien remarqué ses questionnements de la voir l’aborder, si elle avait bien réalisé les doutes qu’il arborait, elle n’avait pas reculé devant les risques. Elle embarquait dans le jeu, Leora. Subtilité délicate dans sa façon d’agir, à ne jamais se dévoiler réellement. Car tant qu’il n’avait pas de preuve de ses réelles intentions, elle pouvait continuer son petit manège. À voir qui des deux s’échapperaient en premier. « Are you all alone ? Care for some company ? »  Elle se laissa glisser près de lui. Le printemps se faisait doux et agréable après l’hiver et l'été approchait rapidement maintenant. Une bonne raison pour profiter de l’extérieur. Parc de l’académie qui offrait quelques espaces pour se poser un court instant. Elle déposa son sac près d’elle, laissant un mince sourire étirer la commissure de ses lèvres. « What are you doing here ? » En apparence tranquille et douce, pourtant l’angoisse de s’asseoir près de lui existait bel et bien. À ne jamais savoir comment pouvait se dérouler l’entrevue. Car s’il était bien mêlé à tout ça, comment pouvait-elle se protéger réellement ? Inquiétude qui se formait au fond d’elle-même, mais qu’elle laissait reposer là. Sans la laisser paraitre dans son regard, dans son sourire. Ne jamais lui montrer l’anxiété qui vivait en elle. Et lui cacher les intentions qui la poussaient à l’approcher. Vouloir se protéger tout en fouinant là où l’imprudence s’en trouvait élevé.

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Et parfois, il trouvait ça hilarant d’absurdité. Il était l’un des instigateurs d’une des plus importantes attaques terroristes jamais observées à Celestia, et pourtant, rien de plus qu’un étudiant en sciences politiques. Lisse et impeccable en apparence, peut-être quelques vices légers à lui reprocher, mais dans l’ensemble, il était un sans fautes. Babylon avait d’excellentes notes, un comportement impeccable, ses professeurs lui vouaient un profond respect. Il était jalousé de ses compères masculins, adorées par ses comparses féminines. C’était peut-être, finalement, le plus risible dans toute cette histoire. Cette admiration malsaine qu’ils portaient à celui qui avait brûlé leurs maisons, blessé leurs mères, traumatisé leurs frères. Le culte de la réussite et du mensonge poussé à son extrême, et aujourd’hui encore, il se complaisait dans ce statut, celui du pauvre orphelin qui n’était parti de rien, et qui arrivait à tout.

Il est assis sur ce banc, un genou replié qui lui sert de maintien à l’énorme manuel de cours qu’il lit avec attention. Ses objectifs n’avaient pas changé d’un pouce : l’obtention de son diplôme était une condition fondamentale à la bonne réussite de son plan d’auto-destruction. Il se devait d’être brillant, remarquable, assez pour que l’un des rapaces opportunistes du gouvernement le veuille dans sa famille pour en faire son digne héritier. Le fils Sa’Adar avait parfaite conscience de ce qu’il représentait aux yeux des hauts dignitaires de Celestia : il n’était qu’un objet à brandir, une acquisition dont on pouvait se vanter. Ils n’hésiteraient pas une seconde à marier de force leurs pauvres filles, si ça pouvait servir à leur réputation. Et il se foutait bien des dommages collatéraux, Babylon. Comme toujours.

Le livre en équilibre sur sa cuisse, dans ses mains un carnet dans lequel il prend des notes. Profondément concentré mais toujours alerte, il entend la jeune fille se glisser comme une plume auprès de lui, identifie son parfum aussitôt. You again. Aucune agressivité ou agacement dans la voix, simplement un constat, et même une lueur de jeu dans son fond. Il prend le temps de finir la phrase qu’il notait, puis relève ses yeux noirs vers l’inquisitrice. I’m starting to think you’re stalking me. Son regard profond et amarré au sien en dit le long sur le sous-texte de cette plaisanterie. Sourire sobre qui se fait provoquant, lui révèle qu’il sait à quoi elle joue. Et surtout, qu’il aime ça. Babylon aimait l’attention, et ne s’en cachait pas. Il l’aimait encore plus lorsque cette dernière lui était donnée par une fille prodigieusement belle et sans peurs.

À son interrogation, il se contente de désigner d’un mouvement du menton le bouquin jonchant sur ses genoux. I’m hanging around Iron Gate, pretending to study to find my next victims. Sarcasme comme seconde nature, c’est aussi le moyen de désarmer l’autre et d’en analyser les réactions avec attention. Qui était-elle ? Qu’est ce qu’elle lui voulait ? Qu’est ce qu’elle avait découvert ? What about you ? You’re student here, right ? Il connaissait évidemment déjà la réponse. Leora était le genre de fille qu’on remarquait, le genre qu’il remarquait. Il fallait être misérablement stupide pour ne pas réaliser que les enjeux de ce rapprochement n’était pas innocent, il avait alors lui aussi enquêté sur l’étudiante en droit. Leora Lazarus, jeune mariée à l’alliance étincelante qui emprisonne son coeur, semble vouloir se glisser dans les ombres pour ne jamais se faire remarquer. Pourtant elle est là, un doux sourire aux lèvres, et s’arme de courage pour parler à celui qu’on osait jamais aborder, celui dont le simple statut suffisait à taire la curiosité. Maintenant, c’était à lui de découvrir si la témérité de la belle suffisait à encaisser ce qu’elle voulait à tout prix savoir.

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Qui était-il au fond ? Que cherchait-il ? Jusqu’où était-il prêt à aller ? Des questions dont elle souhaitait les réponses. Ce qui la poussait à l’aborder, à tenter d’interpréter les secrets dans chaque réaction, entre les lignes de mots qui seraient prononcés. Et cette façon dont il agissait lui ressemblait sur ce point. De provoquer pour tirer des réflexes automatiques, involontaires. De ceux qui pouvaient en dire beaucoup à qui savait lire et écouter. Cherchait-il à la faire réagir, à analyser ses expressions comme elle voulait le faire elle-même ? Ça l’amusait, Leora. Un peu trop. Elle qui ne se laissait jamais découvrir. Le mystère dans lequel elle se plaisait, le silence qui suivait les questionnements qu’on pouvait lui soulever. Discussions en évitant soigneusement l’évidence des réponses. Elle n’acceptait pas réellement de s’approcher, car l’inconfort s’en ressentait rapidement. Petit air innocent sous un regard illuminant de perspicacité. Difficile de lui tirer les émotions qu’elle savait garder cachées. Énigmes dans lesquelles elle aimait se draper pour ne rester qu’une intrigue aux yeux des autres. À ne jamais se laisser découvrir, ne jamais laisser la chance de la connaitre. Elle qui préférait demeurer parmi les ombres, à ne pas attirer l’attention. Pourtant, les esprits vigilants et intelligents finissaient par la remarquer. Et ceux à qui elle semblait se frotter n’étaient peut-être pas une compagnie recommandée. Ceux dont un voile de secrets et danger flottait tout autour. Qui pouvait faire fuir et appâter tout à la fois. Ces quelques personnes avec qui elle prenait un malin plaisir à jouer, qu’elle ne s’inquiétait pas assez de provoquer. Petit minois qui se voulait charmant, qui s’intéressait à ce qui pouvait être découvert, à ces informations qui pouvaient s’avérer utiles.

La première réaction à sa présence lui tira un sourire discret. Qu’elle laissa flotter un instant sur ses lèvres, divertissement qu’elle ne camouflait pas totalement. « That’s called interest. Don’t you enjoy my company ? I’m hurt now. » La pointe de malice, moqueuse dans ses propos. « If I were stalking you, you wouldn’t see me. » Cet air de défiance qui colorait ses pupilles maintenant. Qui s’amusait des répliques. Et si elle osait, c’est qu’elle avait remarqué qu’il aimait jouer lui aussi. Cette lueur dans son regard lui donnait le feu vert pour se moquer tout en douceur. Testant tout à la fois les limites, savoir jusqu’où elle pouvait pousser pour faire réagir, sans pour autant se mettre en mauvaise posture. La confiance en ses capacités qu’elle démontrait. Habitué à observer, à analyser. Les filatures pour photographier lui connaissaient. Si elle ne le voulait pas conscient de sa présence, elle ne se présenterait pas à lui aussi facilement.

La question envoyée dans sa direction ensuite et elle choisit d’y répondre. Vaguement. Comme à son habitude, sans se dévoiler. Puisque son but était de lui faire baisser sa garde, de l’amener à s’échapper, elle se devait de donner une impression d’ouverture. Aussi fausse fut-elle. Car l’intention était bien d’en apprendre plus sur lui sans lui laisser la possibilité d’en découvrir sur elle. « Me ? I am. But you already know that, don’t you ? I’ll bet you also know my major. » Petit regard en coin, pour jauger l’expression avant d’ajouter : « You strike me as someone who likes being one step ahead of others. If not… Well, you’ll see me a bit disappointed. » Leora qui savait toujours relancer les provocations et s’en amuser. Une lueur de défi brillait dans ses pupilles quand elle les posa sur lui. Si le sujet était sérieux, si elle cherchait de vraies réponses concernant les attentats — pour de faire sens de ce qu’elle entendait, entre les murmures de son ombre, les mensonges éhontés et les vérités cachées — elle ne pouvait s’empêcher de jouer lorsqu’elle se frottait à un adversaire dont l’intelligence méritait qu’on s’y attarde. Babylon était de ceux à impressionner, à attirer respect et attention, à se positionner là où il souhaitait se trouver. Et son ombre lui murmurait sans cesse d’être prudente. Surtout devant ceux qui étaient prêts à tout.

L’aplomb dont elle faisait preuve. De celle qui était difficile à déstabiliser. Ou du moins, difficile à lire pour le constater. Car elle le cachait affreusement bien les quelques fois où on arrivait à la surprendre. L’anxiété qu’elle avait appris à camoufler, à ignorer. Si bien qu’elle paraissait parfois comme sans peur, confiante à outrance. Alors qu’au fond, les angoisses et inquiétudes résidaient toujours quelque part. Et devant Babylon, si elle se présentait comme courageuse — ou peut-être inconsciente —, elle n’en était pas moins sur ses gardes. « So tell me, is there a profile you’re looking for ? Maybe I could help. » Leora qui aimait se prendre au jeu. Sarcasme dont elle se riait. S’amusant à frôler les risques d’un sourire moqueur. Cet air faussement candide qui s’affichait à quelques moments sur ses traits délicats. Quand elle voulait se montrer brebis inoffensive, alors qu’elle en savait plus que ce qu’elle laissait paraitre.

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elle avait de l’aplomb, définitivement. de par son statut, son charisme ou de la délicatesse de ses traits, bien peu avaient l’audace de s’approcher de l’hériter sa’adar, et quasiment personne n’osait jouait la carte de la provocation avec lui. tout n’était que relations de pouvoir, au sein des murs de l’iron gate academy, il y avait là une chaine de domination indicible, et la place des deux frères se trouvait être parmi ce micro-groupe aux privilèges écrasants, tout en haut de la pyramide. leora, elle tapait dedans comme si ce n’était qu’un château de cartes, et cela plaisait beaucoup à babylon. en un sens, il se retrouvait en elle. lui qui avait compris depuis fort longtemps l’absurdité des relations humaines, quand il avait suffi d’un changement de nom sur un document pour que du bas de l’échelle, il se retrouve propulsé à son dernier barreau. actually, i enjoy your company more than anyone else’s. parce qu’ils étaient d’un ennui mortel. parce qu’aucun d’entre eux n’avait su ne serait-ce que le faire légèrement douter, culpabiliser de son plan d’extermination. tous plus stupides et ignorants les uns que les autres. alors que ses yeux continuent de balayer les informations du manuel, son affirmation suscite assez d’attention chez lui pour que son regard se relève vers elle, et plonge profondément dans le sien. come on leora… you definitely know if you were stalking me well that i always see people. et malgré son sourire charmant, elle pouvait lire sans difficulté dans ses traits combien il était sérieux. babylon connaissait les gens. dans une méfiance inculqué par sa mère depuis sa plus tendre enfance, il avait appris à analyser les autres avec finesse, c’était une question de survie.

son visage se tourne vers le parc, où les étudiants vont et viennent, se risquent à quelques coups d’oeil vers le duo définitivement étrange qu’ils formaient ensemble. un sourire en coin s’empare de ses lèvres lorsqu’elle sous-entend qu’elle n’était pas la seule à enquêter, babylon ne dément pas, après, tout, ils connaissaient tous les deux les règles du jeu auquel ils se risquaient. il laisse leora s’exprimer, il avait plutôt tendance à ne jamais vraiment trop écouter les gens, sauf quand ces derniers se révélaient intéressants. alors soldat baby se tait, analyse sa manière de connecter ses propos, l’usage et l’éloquence d’un sarcasme subtil et provocant. so tell me, is there a profile you’re looking for ? maybe I could help.  un rire fin et léger s’échappe de ses lèvres, il attendra encore quelques secondes avant de finalement la libérer du silence pesant qu’il cultive. you right. i do. so tell me… sa mâchoire carrée s’incline légèrement sur le côté, lorsqu’à nouveau, il lui offre des pupilles immenses, élargies par la curiosité et l’intérêt qu’il lui porte. why are you trying to be one step ahead of me ? puis, comme si il s’apprêtait à dire un secret, il approche son visage de quelques centimètres, baisse légèrement son ton pour adresser sa deuxième interrogation auprès de son oreille. and why you think i’m looking for someone ? do you want me to look for someone ? barrières inviolables du respect des codes sociaux dont il se fout bien, il franchit encore quelques centimètres pour s’approcher assez, pour qu’elle puisse quasi sentir son souffle sur sa peau. maybe, someone like you ? et aussitôt le murmure révélé, il s’éloigne de la princesse au parfum enivrant, plutôt satisfait du dernier coup joué. leora était l’épouse d’un autre, et la plupart des étudiants qui la connaissaient devaient bien le savoir. ainsi, la voir si proche d’un autre homme n’allait pas servir à sa réputation. elle qui paraissait toujours si sûre d’elle, la mettre dans une situation d’inconfort nourrissait sa curiosité, il s’interrogeait sur les limites de la jeune femme. jusqu’où était-elle prête à aller pour obtenir les informations qu’elle voulait ?

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Intérêt qu’elle ne portait que rarement aux héritiers célestiens. Car tout lui paraissait rapidement si fade. Fastidieux que d’évoluer entre l’hypocrisie et les parures opulentes. À ne pas s’y tromper, Leora savait y naviguer. Elle savait s’y plonger et disparaitre parmi la brillance de Célestia. Mais les conversations s’en trouvaient risibles. Lorsque ce n’était que du paraitre, que tenter de garder sa place à ce sommet instable. Seul moment où son regard s’y portait réellement était lorsque les secrets semblaient renfermer les fautes et péchés. Qui attirait son attention à Leora, qu’elle cherchait à déterrer. Parfois parce que c’était les demandes reçues du cabinet, d’autre fois par simple curiosité. Babylon était une curiosité qui lui appartenait. Après les murmures de son ombre et les doutes qui avaient commencé à germer. Elle voulait savoir. Comment il se démarquait des autres. Impression d’inaccessibilité qu’il renvoyait de prime abord, mais elle avait trouvé plutôt facile de l’approcher. Mais peut-être était-ce dû au fait qu’ils avaient tous les deux remarqué l’attrait pour le jeu que l’autre détenait. Et soudainement, cette histoire avait pris une tournure différente. Le but en restait le même ; savoir s’il avait réellement une part de responsabilité dans les attentats. Comment, pourquoi.

Mais il n’était pas de ceux qu’on lisait aisément. Et elle savait déjà qu’elle devrait redoubler d’intelligence si elle voulait lui soutirer des informations, si elle voulait lui causer des réactions. Alors, elle s’approchait et il la laissait faire. Quand chacun surveillait les gestes et les intentions de l’autre. Son sourire se colora d’une touche de satisfaction dans tout cet amusement. Imaginer que sa présence était plaisante. Que le jeu était intéressant. Et lorsqu’il plongea son regard dans le sien, elle ne se détourna pas. Courage qu’elle se découvrait, et soutenir les regards ne l’angoissaient plus vraiment. Sourire qu’il lui offrit, pourtant ses yeux ne riaient pas. Avertissement peut-être. De ne pas tenter ce qu’elle ne pouvait réussir. Mais ce n’était pas ce qui la décourageait. Leora qui se montrait parfois arrogante, parfois précieuse.

Discussion qui continuait. Provocations qu’elle semait, car elle savait si bien les cultiver par la suite. S’en amusant avec finesse. Cherchant les réactions et attendant qu’il accepte de lui répondre. Patience de quelques secondes avant d’en être gratifié. L’écoute qu’elle lui portait, avec ce regard qui cherchait toujours à lire entre les lignes. Il s’approchait alors. Ton qui s’élevait à voix basse. La proximité qu’elle n’appréciait pas tout particulièrement, Leora, lorsqu’elle n’avait pas invité elle-même à s’approcher. À trop s’avancer, elle risquait de s’en trouver à porter de main, à porter de mal. Mais elle n’allait pas laisser paraitre son inconfort. Elle avait bien l’intention de percer à jour les secrets, et elle ne voulait lui donner aucune emprise sur elle, aucune chance de jouer ses cartes mieux que les siennes. Alors, elle le laissa approcher. Sans chercher à se reculer, sans frissonner. Regard en coin, curiosité, mais la méfiance aussi. De celle qui surveillait chacun de ses faits et gestes. Prête à réagir à la moindre éventualité douteuse. Mais ce n’était qu’un murmure partagé. Qui finalement, lui tira un mince sourire. Car elle ne s’y attendait pas totalement à ce qu’il lui renvoie ainsi la provocation et ça la fit rire un court instant.

« Wasn't it the game we were playing? What kind of victim the bad boy was looking for ? » Le regard scrutateur qu’elle posait sur lui. Entre l’amusement et la curiosité, elle flottait librement. Elle était divertie des répliques, des échanges. Jeu de rôle soudain et lui ayant attribué le visage du vilain, car le principe de victime s’y attachait. Le sarcasme seulement qu’il avait utilisé pour jauger ses réactions et Leora qui le ramenait sur la table pour en jouer. « But you'll look for a long time if you want someone else like me. I'm quite unique, won't you say so? After all, am I not among the rare company you enjoy? » Était-ce une pointe d’arrogance qui paraissait ? Peut-être. Quand l’aveu l’amusait et caressait la fierté. Et si tout n’était que mensonge, elle allait se régaler des mots énoncés malgré tout. « Hmm. Maybe you are looking for someone like me, after all. » Son regard qui voulait se parer d’innocence, mais de nouveau la provocation ne se camouflait pas. Air de réflexion de celle qui émettait une possibilité comme si cela ne la touchait pas. Comme si elle n’en était pas le sujet. Effleurant l’annonce sans s’y attarder, pourtant se plaire dans l’idée. Puis, le rire quittait ses lèvres. Léger, insouciance dont elle semblait se colorer lorsque les mots n’avaient aucune importance sur les réelles intentions. « I’m not expecting anything, really. » La moquerie qui faisait briller ses pupilles. Aucune attente, aucun désir de l’être réellement. Ce qu’il cherchait. Audace avec laquelle elle s’amusait à pavaner, mais qui ne s’attendait à rien. Leora dont l’arrogance ne dépassait jamais les limites qu’elle s’imposait.  

La réflexion qui continuait alors, sur la première question qu’il avait soulevée. Pourquoi essayait-elle d’avoir un pas d’avance. « Isn’t it boring if it’s always you in front all alone? Don’t you find it thrilling not knowing what to expect? If I can surprise you, that would be amusing. Quite delightful even, I would dare to say. » Qu’il ne sache pas sur quel pied danser avec elle. Qu’il se doive de réfléchir. De s’arrêter sur ce qu’elle disait, sur ce qu’elle faisait. De s’y attarder avec la même attention qu’elle accordait à ses paroles à lui. N’était-ce pas plus intéressant de jouer ainsi ? Que d’avoir déjà toutes les cartes en main. Aimait-il se prendre au jeu ou préférait-il avoir la victoire assurée dès le début ? Leora, elle, aimait se laisser attirer par le jeu.

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