mort, enlèvement d'enfant, violence, discrimination.

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Géante Bleue

aux caprices des ÉTOILES - elle livre son destin, puissent-elles éclairer son c h e m i n, de leur lumière d'argent dans le firmament.





❝ et au centre de la galaxie,
elle attendra le retour, de son plus vieil amour.


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˗ˏˋ Esfir Zoldik ˎˊ˗
❝ syllabiques promesses dans le firmament, deux étoiles assemblées dans la stratosphère - l'une jaune et rougeoyante dont les sourires chatoyants réchauffent jusqu'aux tréfonds de l'univers, l'autre bleue s'étreignant de mystique, pourchassant les mystères. Esfir l'a vu, il harmonise sa lumière froide et elle parade avec l'unique certitude d'une complémentarité parfaite. De l'emprunte radieuse des Zoldik à Velaris il ne reste rien de plus qu'une branche oubliée et une réputation souillée, traîtres à la magie embrassant la fuite : le patronyme est devenu synonyme de déshonneur.

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˗ˏˋ 22. oct. 1998. Midrias ˎˊ˗
❝ minuit sonnante - quelques minutes d'écart entre la naissance de deux âmes jumelles [ [ séparation présage ] ] dont les lunes s'entremêlent : il sera d'or et elle sera d'argent dans la citée de tous les possibles et de tous les faux-semblants. Une histoire de cendrillon brisée lorsque les douze coups annoncent la fin du long travail de la douleur, c'est la métamorphose en ciel nocturne, une éclipse de deux étoiles qui scintillent parallèlement en un bouquet de pleurs.


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˗ˏˋ writer / seers order ˎˊ˗
❝ plus connue sous le nom de plume Astéroïde, elle est l'auteur à succès d'une saga de romans young adult fantasy appelée La rotonde aux miroirs comptant à ce jour 4 tomes. Adaptés de ses propres journaux intimes où elle couchait les visions floues d'un avenir en perpétuel brouillard, ses livres sont an réalité une version romancée de son existence, fragmentés selon ses inspirations et le pouvoir c a p r i c i e u x de sa lune, ils mettent en scène une voyante (comme elle), se lançant dans une quête périlleuse à la recherche de son frère jumeau (presque comme elle), accompagnée de l'âme-sœur dont elle entrevoit des morceaux de vie depuis sa naissance (qui lui tarde à son tour de croiser). Simple distraction permettant d'échapper à l'ennui et à la folie de ses temporalités confuses elle ne s'attendait pas au succès rencontré, par-delà les frontières, jusqu'aux imposantes tours de Celestia.

❝ pion retardataire la résilience pourrait être amère mais Esfir n'est pas de ces êtres paralysés par la rancune et la colère. Murmures enchantés au sein de l'Ordre des voyants elle se greffa à la cause par obligation non par choix. Quelle différence au fond ? Elle paye le prix de sa sagacité succombant aux vestiges d'une magie dont on tente par tous les moyens de conserver l'ancestrale renommée. Elle ne sait si c'est vain, contemple avec lucidité le tableau de cette société dont elle se fait étrangère dans sa propre citée, interdite et l'expression intrépide, étincelante d'une curiosité a v i d e. Mandatée par le Conseil depuis le drame d'Ozela Place, elle fut dépêchée avec d'autres voyants pour trouver l'origine de ce « regrettable incident » - au zénith du chaos il est urgent d'expliquer l'inexplicable. Elle voit les grands pontes de ce monde s'agiter, rassurer l'opinion publique pour qu'elle ne succombe aux vertiges abyssaux de l'inconnu. C'est son travail de trouver une réponse.

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˗ˏˋ cosmic feelings ˎˊ˗
❝ soulmate specialist - si facilement amourachée de l'idée même de l'Amour, l'amour et ses mystères, ses effleurements, ses soupirs, ses douleurs enchantées - ses rêves brisés - et ses baisers volés. La haute idée de l'autre [ [ the true love ] ] dont elle arbore le cœur au bout de ses prémonitions. Esfir rêve de s'unir, comme les oiseaux : pour toujours. Éreintée de s'éprendre sans parvenir à véritablement se donner puisqu'elle connait la fin avant même les débuts; risibles idylles de façade, elle en prend pourtant jusqu'à la dernière goulée en attendant de le trouver, s'abreuve aux amours-passades jusqu'à ce qu'Eros la guide sur le bon chemin. Destin, coup du sort ou grands dragons de pierre, chacun lui donne des noms différents mais elle sait, parce qu'elle a vu, qu'il l'attendait, quelque part - cet être capable de lire jusqu'à son âme et s'y retrouver captif volontaire. Le mystère de l'attraction la plus sincère. Une connexion unique, que ses histoires passées ont à peine su emprunter, le sexe seul ne lui suffit pas, les sentiments tièdes la mortifient. Elle veut plus. Elle veut t o u t et par-dessus tout : lui.  






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˗ˏˋ celestia ˎˊ˗
sa présence stellaire étouffée dans une toile d'onyx - aux mains des Earlinger elle fut confiée [ [ attachée ] ], auprès d'eux elle demeure au sein des hauteurs. Si toutefois elle est parfois tentée d'oublier qu'elle n'y est qu'invitée c h a n c e u s e ces mécènes ont tôt fait de le lui rappeler. Elle y dispose d'une liberté toute relative puisqu'ils disposent d'elle à leur convenance en échange de leur hospitalité.

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˗ˏˋ seer ˎˊ˗
sa lune de bleu et d'argent scintille plus fort lorsque les nuits sont dégagées, elle se joint aux étoiles pour y lire jusqu'à leurs confidences de constellations bavardes - sa voyance est prémonitoire, depuis l'enfance elle la berce de visions éparses (et vaporeuses) lors de songes orageux. C'est d'abord au cœur de ses rêves d'enfant que les images sybillines se sont imposées, pour surgir en pleine journée, stopper ses pas en pleines rues, perdue dans les temporalités et les visages qu'elle ne connait pas encore. Auprès des oracles de la citée de Jade, elle a appris à lire à travers les cristaux, déclencher les présages qu'elle ne parvient pas à manifester par la seule force de son don.

he said:
— don't you feel loneyly living in your own little world?
she whispered:
— don't you feel powerless living in other people's worlds?

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❝ you're on a different road, I'm in the Milky Way
you want me down on Earth, but I am up in space





+ + clairvoyante - empathique - compatissante - idéaliste - douce - rêveuse - créative - romanesque - affectueuse.

- - insouciante - enfantine - fuite de la réalité - influençable - naïve - boudeuse - indécise - lunatique.


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˗ˏˋ couronne stellaire ˎˊ˗





La nuit étendit son long manteau de velours noir, à chaque extrémité de ses bras de géant se suspendaient des guirlandes de constellations, claires comme des nuages de lait dans une mer de café, l'astre d'argent scintillait dans son trône d'opale et de nacre et sa lumière nimbait la chevelure de l'enfant à ses côtés d'une lueur si pure que le blond paraissait b l a n c. Ses doigts graciles de petite fille jouaient avec ses mèches éparses, elle s'amusait à les faire tourner une par une autour de son majeur, puis valser entre son pouce et ses phalanges avant de les laisser retomber gracieusement dans le creux de sa clavicule. Même dans la fraîcheur de la nuit son corps émettait une douce chaleur réconfortante réchauffant la surface de sa peau en contact avec la sienne - c'était une chaleur familière qu'elle avait pris l'habitude de côtoyer depuis le berceau, non, bien avant ça, lorsqu'ils partageaient le même espace au sein d'un seul être.

— Look Soleil, all this lights... So bright... Looks like glitter from cosmos.
— They're not. Mom told me that's stars...
— Yeah... and she said the sun too. A big BIG one! All yellow and all warm, like you!
— Warm like me... chuchota-t-il pensif ses yeux toujours fixés sur le ciel d'onyx criblé de cristaux de toutes les couleurs: des rouges, des ocres et cyans.

Esfir s'accouda en acquiesçant dans l'herbe encore humide de l'orage de la veille, c'était le solstice d'été - la nuit la plus courte et lumineuse de l'année, comme tous les ans, ils avaient installé leur campement dans le jardin de la cour arrière. Entre le chêne centenaire et le pommier en fleurs ils avaient accroché des lanternes d'argent, les domestiques leur avaient laissé disposer les coussins de soie et semer les perles d'étoiles partout sur les étoffes pour leur faire croire à [ [  l'illusion ] ] d'avoir monter eux-mêmes cette gigantesque tente. Leurs parents venaient de se retirer à l'intérieur de la demeure, après avoir été conviés à prendre le dessert à leurs côtés à même les tapis brodés d'azur, presque aussi lumineux que la lueur de l'arcane, qui transformaient le sol meuble en une rivière d'étoiles en fusion. Aux premières caresses du crépuscule les jumeaux leur avaient réclamé de quitter leur base cosmique, comme chaque année et comme chaque année, ils s'étaient attardés, mimant une fausse déception d'être ainsi exclus de leur cercle privé, de leur nuit sauvage à la belle étoile pour fêter le début de la saison estivale.  

— ... And, hmm- you know reprit-elle doucement les doigts écartés au-dessus de sa tête vers l'arbre céleste auquel pendaient tous ces astres dansant, elle avait l'impression qu'en tendant les mains le plus loin possible, elle pourrait s'en saisir, qu'ils tomberaient en pluie argentée pour inventer mille reflets nouveaux dans le miroir du vent.  — If stars are suns and the sun is a star too, it means that you are me and I'm you! clama-t-elle comme une révélation qui venait de lui apparaître dans l'immensité de la nuit. — Once mom told me that the stars shine for a long, looooong time! So you and me, we'll be together the same way, right?
— Like, forever? demanda-t-il en se tournant vers elle.
— Yeah! Exactly! Like forever. Pinky promise.

En se tournant à son tour vers lui elle saisit son auriculaire par le sien, les croisant solennellement par ce serment aux rêves, à la lune et aux étoiles, au cœur de l'opaque des é t i n c e l l e s jaillirent sous ses veines, elle les senti crépiter sous la pulpe de ses doigts et jura avoir vu passer une étrange lumière de sa peau à la sienne. Dans l'air, flottait une odeur de comète, elle ne savait pas encore que ce serait leur dernier solstice ensemble avant très, très, longtemps.

SEPTEMBRE, 2003 ☆☆ dénoncés par des voisins auprès de la Brigade chargée du traitement des Gifted les Zoldik durent fuir leur foyer, devenant ainsi des traîtres à la magie. Esfir et leur mère partirent la veille au soir et attendirent au port que leur père et Soleil les rejoignent à l'aube. Ce ne fut jamais le cas. Les pacifieurs arrivèrent plus tôt que prévu, ils ne trouvèrent qu'un jumeau sur deux mais s'en saisir suivant la procédure. Valan Zoldik qui n'avait nulle intention de céder son fils fut tué dans la mêlée par un pacifieur trop zélé cherchant à lui faire lâcher prise. Mort sur le coup par un pouvoir d’électrokinésie le foudroyant sur place. L'affaire fut étouffée et Soleil fut confié à Burns Arkham - membre du Conseil, mécène et celestien émérite. Ciana Zoldik emmena sa fille sur le continent, espérant un simple retard mais connaissant dans son cœur la vérité de cette séparation et son caractère définitif.

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˗ˏˋ dans la tête, un tas de comètes ˎˊ˗






Les paupières chutaient et les nerfs décramponnaient. Errance dans les avenues de Morpheus où résonnait le bruit de l'univers qui vit et survit au rythme des sphères — il faut s'imaginer une nuit sans lune, où toutes les étoiles s'écroulent, tombent dans un ogre de puits, un trou nocturne où seules quelques formes de vie se débattent encore dans l'ombre. Les angoissent la rongeaient, les c a u c h e m  a r s reprenaient ; la langue noire de la nuit l'avala et l'emporta dans un maelström de mauvais songes, puisque désormais la nuit était amante et traîtresse à la fois, elle changeait de visage, la traînait sur des rivages hostiles, et doux, et flous, pour mieux la chasser d'elle-même pénétrant ainsi dans son corps. La faisant jouet dans son théâtre d'ombres. Le crâne se retourna péniblement sur l'oreiller éventré, guettant la fin des supplices nocturnes, des souvenirs aux portes de l'océan en feu. Il engloutissait des navires [ [ dévorait sa vie ] ] lorsque les premières caresses du Horla façonnaient les insomnies, les pensées enflaient, se multipliaient, mutilaient le corps et le forçait à sortir de sa transe.










Tout fut d'abord silence. Puis elle se cambra en un hurlement déchirant l'infini. Elle se balança sur le bord de son lit, à moitié éveillée, à moitié endormie. La vivacité du souvenir la transporta, perfide et habile, il revint lui chatouiller l’inconscient, par vague, souiller son matelas de ses cris. Elle aurait voulu cet astre jaune au cœur de sa chambre où l'espoir se concentrait, où l'horreur se confinait, où les nuages pleuvaient leur poussière d'étoile.

Le corps tressauta d'une transe meurtrière, les paumes couvertes de sueur se crispèrent sur les draps lorsque la porte s'ouvrit à la volée sur cette mère qui venait la réchauffer, calmer la folie de la cacophonie de la nuit, embrasser les lourdes paupières qui tentaient vainement de chasser les ombres coupantes du monde à l'envers. Sa respiration s'emballa, l'estomac encore noué tandis qu'elle murmurait à son oreille que « tout allait bien » dans un terrible blasphème, qu'elle était « sauve » que ce n'était qu'un mauvais rêve, m e n t e u s e.

— It's okay, shhh.... it's alright. murmura-t-elle en embrassant sa tempe.
— You said they would come back. articula-t-elle difficilement dans un sanglot étouffé, cherchant son souffle dans la pénombre.
— I know sweetheart...
— Where are they? I miss them, so bad.
— I miss them too.
— So why we're not looking for them? Why don't you do anything? You just waiting! You don't even try! sa voix se brisa sur l'intonation trébuchante de ce dernier reproche, les larmes traçant de longs sillons sur ses joues diaphanes. — I want daddy! And I want Soleil! He's all alone by himself, he doesn't sleep well when I'm not with him... He's alone! He must be so afraid! et les paroles réconfortantes qu'elle entendit en retour ne la réconfortèrent pas, et la main caressant son dos pour l'impulser à se calmer ne la calma pas, des mois durant elle avait cherché dans les yeux de sa mère l'espoir auquel se raccrocher, il s'était amenuisé jusqu'à presque disparaître, remplacé par la peur et le chagrin. Chaque nuit, depuis presque un an, elle se réveillait convulsant de douleurs, pleurant une perte dont il semblait qu'elle ne se remettrait jamais. — I can't! I can't, I swear it I've try... but I can't anymore... I can't sleep... And I can't breath... I can't eat and I- I miss him, I miss him all the time, every minute of every day. Comme une image au fond de sa tête qui ne s'estompait pas, qui lui chuchotait à chaque seconde qu'elles avaient eu tort de partir, qu'elle l'avait abandonné et qu'il le savait, qu'elle avait failli à leur promesse. Il fallait qu'elle le retrouve, qu'elle lui dise combien elle regrettait, qu'elle l'entendait encore et le voyait toujours, qu'elle n'aimerait plus jamais personne jusqu'à ce qu'il soit de nouveau là.

JANVIER, 2005 ☆☆  en désespoir de cause et voyant sa fille dépérir à petit feu en l'absence de son âme jumelle, Ciana Zoldik décida à contre cœur de lui faire boire une potion d'oubli pour effacer ainsi l'existence de Soleil de sa mémoire. Chaque rêve, chaque parole, chaque étreinte fut alors oubliée — le leurre fonctionna, Esfir reprit doucement des couleurs, redevint pleine de vie et de joie, d'espoir...  
Ciana renoncera à alléger son fardeau, gardant ses propres souvenirs et sa culpabilité, punition qu'elle s'infligea à elle-même pour n'avoir pas réussi à les sauver. Elle n'en dit pourtant jamais mot, bien qu'Esfir pu sentir cette tristesse insondable au fond d'elle, un vortex qui la transforma en l'ombre d'elle-même.

2008 ☆☆  Esfir et sa mère trouvèrent un nouveau foyer à la Citée de Jade, située au sommet des Montagnes Sacrées sur les terres enneigées. Une ville de givre et de sérénité dont les palais en pierre de lune se peignent de mille nuances de vert sous les aurores boréales qui, chaque nuit, baignent les cieux de leur lumière astrale. Ciana s'y remaria, une union moins portée par l'amour que par le besoin d'offrir un semblant de sécurité à la famille qu'il lui restait. Elle ne donna cependant jamais d'héritier à son nouvel époux et malgré les nombreux guérisseurs et spécialistes dont il demanda l'avis, aucun ne pu trouver l'étrange affliction qui l'empêchait de porter un enfant. Pour cause, Ciana avait elle-même renoncé à cette possibilité, terrifiée à l'idée de donner de nouveau naissance à un gifted et de se le voir arraché.

2009 - 2016 ☆☆  auprès des o r a c l e s de la Citée de Jade, plus connus sous le nom de Liseurs de verre, Esfir fut initiée à la magie des cristaux: la spécialité de leur cercle. Un art divinatoire permettant de canaliser la magie et interpréter les présages à l'aide des pierres et des pouvoirs qu'elles renferment. Ainsi elle apprit au travers de l'améthyste et de la célestine à éveiller ses rêves prémonitoires, projeter son enveloppe astrale au cœur des songes. Grâce à la cornaline et au quartz rose, aussi appelée « pierre du cœur », à développer la magie de l'amour ou magie rouge — favorisant les visions de félicité, formant des couples auprès de qui elle répandait ses bénédictions. Elle en fit sa sphère d'expertise, cherchant toujours une façon de porter secours aux âmes abîmées, solitaires, estropiées de leur moitié comme elle l'était. Elle trouvait un réconfort à les guider sur le chemin de leur destin. Elle préféra se tenir éloignée des pierres de mort, fidèles compagnes des nécromanciens, l'onyx et l'obsidienne faillirent causer sa perte lorsqu'à l'aube de ses seize ans elle traversa les mondes juqu'au royaume des esprits pour entrer en communication avec une âme errante. Elle s'y égara, perdue, des jours durant qui ne parurent pas plus d'une minute, un de ses aînés parvint à la ramener dans le vivant, de justesse. Ce qu'elle y a vu la hante toujours. Elle se jura de ne plus jamais y toucher.

2016 - 2018 ☆☆ d'abord par bouts, qui se collèrent et se décollèrent, parce que son don prit de l'assurance, parce que sa lune s'animait à mesure que le lien se raccordait — comme une berceuse dont la mélodie familière se précisait, un écho lointain. Elle recommençait à voir son visage, si semblant au sien, à entendre sa voix, qui paraissait si proche. Il avait toujours été là, même quand elle était partie, même lorsqu'elle l'avait oublié. Les visions finirent par se préciser et avec elles la certitude de son existence: le soleil était revenu éclairer sa vie.  

je me souviens, il me semble
des jeux qu'on inventait ensemble

2019 ☆☆ malgré l'insistance d'Esfir pour connaître la vérité sa mère se terra dans le silence, sans doute pour la protéger, peut-être égoïstement par peur de découvrir ce qu'il était advenu après leur départ. Esfir décida de mener ses recherches seule et partit pour les terres du sud afin de consulter les érudits des îles de la flamme bleue - Favalond - afin d'en apprendre plus sur les gifted et ses propres origines. Comme un appel à sa prière (ou ses cauchemars) c'est là-bas qu'elle fut retrouvée par l'Ordre des Seers, après avoir été vendue par des chasseurs de prime traquant les gifted en fuite, pour le compte de la citée. Elle parvint à négocier auprès du Conseil que toutes les charges pesant contre sa mère soient abandonnées, en échange de sa coopération la plus totale et son adhésion immédiate à l'ordre. Un retour à Velaris chaotique, étrangère parmi les siens et pourtant une certitude intacte — celle d'y trouver t o u t ce qu'elle recherchait.

2019 - 2022 ☆☆ mauvaise pioche: les Earlinger la « recueillirent » et prirent en charge son éducation magique au sein d'Iron Gates, mécènes charitables (lugubres) à la générosité sans pareil (intéressée) auprès de qui elle prit conscience de son insignifiance — à peine plus visible qu'un meuble, guère plus importante qu'une simple acquisition. Si elle trouva un réconfort salutaire à son amitié discrète avec la cadette, l'aîné lui inspira en premier lieu une peur indicible, justifiée par les visions d'horreur qu'il lui infligea malgré lui. Une entente finit par émerger, au prix de nombreux efforts pour sortir de l'ignorance froide qu'il lui adressait habituellement, une entente tristement calculée puisqu'elle fut chargée de l'espionner pour le compte de son paternel.

mars 2022 ☆☆ les espoirs s'effritèrent lorsqu'elle sentit la connexion avec son frère se briser plus douloureusement que ces vingt années de séparation [ [ C R A C ] ] arrachée du sommeil en une respiration saccadée, tourmentée, la gorge tuméfiée du hurlement qu'elle n'a pas su pousser mais éprouvé au plus profond d'elle-même. Des doigts passés à la cambrure de son cou — là, elle put presque y sentir l'effroi, la m o r s u r e du vent. L'emprunte de la mort. Et le soleil s'éteint. Et le vide la dévore.

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˗ˏˋ turbulence atmosphérique ˎˊ˗





Il y eut des regards assassins [ [ accusateurs ] ], dévastateurs — dédaignant les vies gâchées, les familles meurtries, c'était bien la honte et non la culpabilité qui ravageait son visage de pierre. Un lourd silence, annonciateur des éclaboussures à venir dans ce grand manoir sinistre aux trop nombreuses pièces, à la lumière sombre, l'obscurité semblait toujours la chasser comme une intruse dans sa demeure. Tout était toujours t r o p calme. Sauf aux heures semblables à celle-ci, lorsque le patriarche loin des regards curieux ne s'évertuait plus à contenir la rage bouillant dans ses veines, venimeuse amie brouillant son regard d'une ombre m e u r t r i è r e qu'Esfir lui connaissait si bien. Le plancher grinçait tandis qu'il faisait les cent pas dans son bureau, crachait ses mots au fils prodige, les poings si serrés que ses jointures devinrent blanches. Esfir n'osait même pas le regarder, l'attention placardée sur le sol, suivant sa démarche furibonde. — Such a humiliation! What do we look like hum? cracha-t-il entre ses lèvres haineuses. — What am I going to say to the Council? Ses questions n'attendaient aucune réponse, uniquement prononcées à voix haute pour souligner l'évidence de leur échec. Un échec plus politique qu'humain, Esfir le devinait, Mr. Earlinger se fichait bien du nombre de morts ou des familles endeuillées, tout ce qu'il voyait c'était la position délicate dans laquelle il se trouvait désormais, le drame d'Ozala Place ayant mis en évidence la fragilité des défenses de la haute-ville et la désorganisation de ses forces armées. Un rôle qui lui incombait, en tant que Conseiller de la sécurité intérieure.

— It's not his fault! parvint-elle à articuler les yeux toujours rivés sur ses chaussures.
— What did you say? il se tourna enfin vers elle, comme s'il venait tout juste de se rappeler de sa présence.
— He-he did what he could... He didn't know. sa voix n'était plus que balbutiements lorsqu'il s'approcha d'elle.
— No. But you should have.
— I'm sorry! I tried, I swear! B-but it all happened so fast... and it was so blurry I-
— Details of your incompetence do not interest me. la coupa-t-il d'un ton si tranchant que c'est toute sa carne qui s'hérissa tandis qu'elle pouvait déjà sentir les larmes lui monter aux yeux. — You are such disappointments. All of you. Le reproche était sans appel, il n'avait nul besoin de regarder son fils pour qu'il comprenne qu'il le tenait tout aussi responsable de ce fiasco. — I'm sure the Council won't hold it against you. I'll do better next time. I-I promise. Don't blame your son please. À peine avait-elle relevé la tête, le regard implorant, qu'elle sentit sa main s'abattre sur son visage, elle ne la vit même pas venir — cette claque de rappel à l'ordre, pour qu'elle ne puisse oublier où était sa place. Certainement pas à défendre Hadès, encore moins à contredire celui qui l'avait pris sous ses bonnes grâces. Elle porta aussitôt ses propres doigts à sa joue écarlate, encore douloureuse de l'impact. — I'm sorry... répéta-t-elle cherchant à couvrir son visage sous ses mèches de cheveux, les larmes b r û l a i e n t sous ses paupières, elle savait qu'elle n'arriverait pas à les retenir encore longtemps et c'est pourquoi, quand il la congédia, elle ne jeta pas même un regard à Hadès avant de sortir.