le nom est l'héritage branlant de sa mater qui n'avait de cesse de se perdre en bobards élaborés, lorsqu'il n'était qu'un gamin un peu ennuyé par sa trogne de poupon (et son physique un brin particulier). au gré de ses anecdotes, elle leur inventait des espoirs ; une lignée à remonter ; une histoire. ne l'a toujours crue qu'à moitié, à partir du moment où kaz a commencé à remarquer quelques détails défaillants dans ses contes. fils de rien, il ne l'a appris que bien plus tard. (« don’t talk shit about us hun, it’s no good for your guts to be that negative, le réprimande souvent anja, lorsqu'il évoque tranquillement leur absence de substance—et donc de responsabilité. »)
parce que rhishan n'a été que l'invention d'une adolescente enceinte, livrée à elle-même après avoir été recrachée dans les boyaux de zaun, s'étant étirée de foyer en foyer depuis sa naissance. nom d'emprunt arraché à l'affiche mouillée, et partiellement déchirée, faisant la publicité d'un bordel aux portes à peine ouvertes. at rhishan's, you'll never feel alone ever again, promettait d'ailleurs le bout de papier humide.

naissance lorsque le soleil était encore à son zénith. ses pleurs d'enfant se sont rapidement mêlés aux festivités qui secouaient velaris en l'honneur de la fête nationale. à l'apogée des réjouissances, la lumière se dissimulait pourtant derrière les blocs d'immeubles, la chaleur étreignant les corps à l'aube de l'été quand rien ne semblait être susceptible d'éclairer les dédales de zaun.

homme de main, prompt à accepter toutes les propositions qui lui passent sous la paume. les contrats que kaz accumule sont de courte durée, et nargués de ponctualité, préférant sa liberté de choix à l'emprisonnement qu'une véritable embauche signifierait pour lui.

collaboration fructueuse avec ros qui plonge ses racines dans la dureté de leurs alentours, organisant paris sportifs illégaux (généralement une fois la saison d'hoverball amorcée), et recel de vol au marché noir. également à l'affût de rumeurs susceptibles de les enrichir, il n'est pas rare de voir l'un ou l'autre se présenter sur le palier d'un zaunard dont le nom leur a été donné, sourire cisaillant la commissure et proposition alléchante pendue sur le bout de la langue. aiment à se dire qu'ils savent repérer les opportunités et qu'ils ne sourcillent guère à l'idée de diversifier leurs activités.

profondément épris de liberté, ayant toujours viscéralement préféré la palpitation des premiers contacts à la routine doucement établie (qu'il n'a jamais su de quelle manière tenir). s'est souvent demandé de quoi il avait besoin, lorsque les sentiments à peine éclos s'effaçaient à mesure des étreintes consumées.

le concept d'âme sœur ne lui est pas inconnu. unique progéniture d'une mère romantique, les lèvres délicatement narguées de légendes, les connaissances de kaz sont amples, régulièrement gonflées d'anecdotes ponctuelles. s'est cependant toujours senti imperméable à ce folklore, l'idéalisme s'étant usé depuis l'enfance sur son humour et sa nonchalance. jusqu'à ce que ses rétines s'égratignent sur la silhouette de nimia, l'élan de son souffle coincé dans le creux de sa gorge, les côtes fissurées dans la cavalcade cardiaque amorcée. viscéralement saisi, il a su. et, lorsque le fantôme des néons lui caresse encore l'échine une fois rendu dans le labyrinthe qu'est ketterdam, il lui semble avoir toujours su.

zaunard qui s'arrache parfois à l'étreinte de son quartier pour se perdre dans le labyrinthe qu'est ketterdam. toutefois profondément loyal aux siens, à ceux qui l'ont entouré depuis l'enfance (et parfois martyrisé aux abords de l'adolescence), jamais l'idée de quitter zaun ne l'a traversé quand l'horreur appartient au quotidien, et que la peur ne l'a plus percuté depuis longtemps tant elle est ancrée dans ses habitudes.
et l'attention se loge machinalement sur les crescents qui s'accumulent peu à peu, à force de travail et de ruses ; créant l'embryon d'un empire là où, à l'évidence, l'attrait financier est foutrement stérile.

« the fuck are you supposed to be, bruv? » le sourcil qui s’arque sur la surprise. lorsque les lèvres de kaz s’écartent sur le soupir de lassitude juste avant que la fente frémissante ne se torde en plaisanteries habituelles. « yeah, right. I’m gonna go now. »

good fucking riddance, then.

d'une mère loup-garou, qui n'a jamais su de quelle manière lui expliquer ce qu'était son père, ou son identité (dont il a fini par se désintéresser après quelques années de constantes interrogations), sa chute de reins s'est sertie d’un pompon de lapin lorsque la courbure de son crâne en arbore les oreilles. kaz ne sait par quelle étrangeté il a été épargné des attributs monstrueux qui auraient pu le toucher au corps, ayant décliné des caractéristiques curieusement douces, se fracassant alors inévitablement sur ce que l’on sait et s’imagine des shymers. aspect qui lui porte alors inévitablement préjudice, lorsqu’on pense souvent à tort que la terreur que les shymers insufflent au monde sera équivalente au pouvoir qu’ils détiennent. what good can a bunny rabbit do for me, exactly?, lui dit-on souvent avant que les talons ne se tournent et que les semelles ne commencent à marteler le macadam.
les vœux qu’il vient à exaucer sont donc moindres, et se déclinent le plus souvent sur l’autel du désespoir de l’individu que kaz vient (malgré lui — bien que ce ne soit pas tout-à-fait vrai) à exploiter pour son propre bénéfice..