« J’ai trop de pistes de tortures pour avoir un mode opératoire. » est-ce que ça partait vraiment dans ce genre de conversation ?
A priori.
« Un jour tu décapites, le lendemain tu amputes, une semaine après tu écartèles, et puis quand tu t’ennuies tu te contentes de juste faire saigner. L’égorgement, on a tendance à le délaisser par manque d’originalité mais ça fait partie des plaisirs simples de la vie. Alors t’en fais pas Pankratz, j’me ferai pas choper. » et une personne aussi charmante qu’elle n’avait pas beaucoup d’amis ?
Vraiment, c’était étonnant.
Il cherchait aussi. Elle répondait. Concept simple de conversation malgré l’originalité de cette dernière.
Avant le prochain thème fantastique, et ô combien joyeux, qui aurait pu s’intituler :

Faisons croire à Elan Pankratz qu’il n’a plus que quelques jours à vivre

Visiblement, leurs moments passés ensemble rimaient toujours avec un pur bonheur.
Est-ce qu’elle n’avait pas bientôt fini ?
Le gosse - quoique plus vieux qu’elle - allait en faire des cauchemars. Il allait se retourner dans son lit toute la nuit à se demander s’il pouvait s’endormir. Car après tout, qu’est-ce qu’il lui assurait qu’il se réveillerait le lendemain pour voir une nouvelle journée ?
A priori, pas son amie d’enfance du coup.
« Non j’crois pas Pankratz, j’en suis sûre. La dernière fois que j’ai entendu un type respirer comme ça, il était mort trois mois plus tard.. » ouais elle faisait partie de ses amies toujours présentes pour vous rassurer « Tu vas crever Pankratz. » … et sinon, un petit sujet plus joyeux pour détendre l’atmosphère ? Genre un film sympa ou une bonne soirée récemment ?
… bah y’avait bien celle d’il y a trois jours, quand elle avait entendu ce craquement satisfaisant en mettant son poing dans la gueule d’un type qui lui avait dit “Pousse toi la naine”... mais ça n’amuserait sans doute pas Elan.

Un Elan qui s’amusait de toute façon davantage dans ses cuisines à… la faire attendre un temps bien trop long sincèrement pour choisir un foutu champignon.
Merde, ils se ressemblaient tous. Qu’est-ce qu’il pouvait être chiant quand il s’y mettait !
Allez, c’était un peu pour ça qu’elle l’aimait non ?
Non.
« Je m’appelle Nyel. Et c’est un Yellow Windfoot. Prends en un au hasard et on se tire. » avant que le chauve qui leur collait au cul ne se décide à croquer du Pankratz.
Bah… au moins, il crèverait d’un autre truc que sa maladie respiratoire imaginaire.

« On en prend qu’un. Tu fais pas un élevage. Parce qu’après, qui sait qui devra s’en occuper quand tu seras pas là ? Moi. Est-ce que j’en ai envie ? Non. Tu prends un Denis, et on s’en va. Maintenant. » N’avait-elle pas un petit problème d’autorité ?
L’avenir nous le dirait : c’était visiblement le genre de femmes qui plaisaient à Elan.
« Bon vous vous dépêchez les amoureux. J’ai pas toute la journée.» les quoi ?
« T'as dit quoi là ?»
Reste calme Nyel.
C’est un qualificatif comme un autre.
Il aurait pu faire pire, il aurait pu te traiter de naine, comme ce pauvre type d’il y a trois jours.
Alors certes, le qualificatif ne respirait pas la crainte et le respect, mais contente toi du peu.
« J’ai pas toute la journée. Vous êtes sourds ? »
Respire. Respire petit nénuphar. On t’as jamais appris la méditation Nyel.

« T’es gentil, il va le payer. Alors tu lui laisses le temps de choisir ok ? » mais Nyel, tu viens pas de dire à Elan de se dépêcher ?
Faudrait savoir.
Bah peut-être qu’il se dépêcherait avant que sa meilleure amie, prétendument pacifiste, qui avait tenté, quelques minutes plus tôt, de calmer une situation… ne la fasse désormais dégénérer.

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… Non mais alors, je vous jure que Nyel est sympa en vrai. Non parce que pris en cours de route comme ça, son discours pourrait paraître effrayant…. Il l’était même non-pris en cours de route mais écoutez. Pensez-vous que vous pouvez reprocher à quelqu’un son énergie débordante ? On lui a dit quelque chose à J. K. Rowling quand elle a inventé un méchant sans nez ? On ne lui a rien dit du tout. Nyel, elle amène une explication à ça : si il lui manque une partie importante, c’est parce que on lui a coupé. Elle peut même vous nommer la couleur du sang au fur et à mesure de la coagulation et décrire la douleur pendant dix minutes sans jamais se répéter. Voilà, il faut la voir comme ça Nyel. Une J. K. Rowling de la mort qui ne bâcle pas son travail parce que je ne sais pas vous mais je ne sais pas comment Harry a réussi à prendre Voldy au sérieux, ok ?

C’est donc un Elan parfaitement averti du génie incompris de sa meilleure amie, qui ne sourcillait pas. Même si elle venait de qualifier de multiples tortures de plaisirs simples de la vie. … « Tu sais c’est quoi mon petit plaisir simple de la vie ? » Il laissait une micro-pause avant de reprendre. Non parce que il la connait, elle lui aurait dit qu’elle s’en fout. « Les cacahuètes à l’apéro. » Tellement sous-coté ? Oubliées de tous ? Considérée comme acquises ? Mais savez-vous qui se cache derrière ce petit ramequin fournit presque automatiquement avec votre verre ? Un petit cœur qui bat. Un Elan Pankratz qui a pensé à vos papilles. Alors ne sous-estimez pas les cacahuètes. Plus jamais.

Pas plus qu’il ne fallait sous-estimer une soi-disant bonne santé. Jamais il n’a douté que cette histoire de souffle était inventée. Il allait pile où voulait l’amener sa meilleure amie, comme toujours. Alors dans sa panique, il y voyait un peu d’espoir … Rapidement balayé par la jeune femme. Bah ouais, elle lui fait croire qu’il va mourir, elle va pas lui faire croire qu’il a des chances de survie non plus … J. K. Rowling … Nyel … « Trois mois ? » Les yeux écarquillés, ils remettaient sa vie en question. Est-ce que il devait prévenir quelqu’un ? Qui allait s’occuper de Megan lorsqu’il sera mort ? Est-ce qu’il devait préparer son testament ? Pour léguer du vide ? Mais si il lègue du vide, est-ce que il faut quand même faire un testament ?

Il comptait reprendre ses réflexions à plus tard. Non parce que, prévoir, c’est important ! En attendant, il devait trouver un remplaçant au Denis mort. Comme lui. Bientôt. D’une minute à l’autre étant donné l’agacement de Nyel, que dis-je, Harry ou dans trois mois comme le dit la prophétie. Et parce que il tenait un minimum à sa vie, il choisissait un Yellow Windfoot. Puis un autre. … Le premier parce que il ressemblait un peu à Denis et l’autre parce que il faisait méga pitié. Il avait cet aura de la victime des Yellow Windfoot, le vilain petit champi. Non vraiment, il lui faisait de la peine. De la peine à lui mais pas à Nyel du coup. Mais il n’allait pas se laisser abattre ! Il comptait bien l’attendrir, lui expliquer que prendre deux Denis c’est vraiment super idée ! Et puis … « Oh … »

Avez-vous la moindre idée du nombre de fois où des gens se sont amusés à les qualifier ainsi ? Prenant en considération le fait qu’ils se connaissent depuis approximativement toujours en fait, cela fait beaucoup. Maintenant, imaginez le nombre de fois où Nyel s’est battue juste pour ça ? Eh ouais, c’est complètement égal. Une coïncidence ? Je ne crois pas.
On pourrait penser que c’était vexant. Non parce que finalement, quand on vient à se battre parce que quelqu’un à sous-entendu que vous étiez amoureux, c’est que vous avez un sérieux problème. Mais non, il le prenait archi bien. Bah ouais, c’est super dégueu ce qu’il raconte ? Nyel, c’est sa sœur, la famille, la fafa. Pas de ça en famille ! C’est donc tout naturellement qu’il affichait une mine offusquée.

Mais du coup, il devait se dépêcher ou prendre son temps ? Non parce que là, il savait plus vraiment … « Bah j’veux toujours les deux du coup. » Oui parce que du coup, reprenons là où nous en étions avant que l’autre affreux ne s’interpose. « Denis bis et Bruno. » Les gestes liés à la parole, il désignait les Yellow en question. Et oui, le Yellow bully s’appellera Bruno. …

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Les cacahuètes.
« Trop classique pour un barman. » parce que la décapitation c’était pas trop classique pour une sorceleuse ?
Oui, mais elle avait fait l’effort d’apporter une certaine composition. Elle avait poussé les détails pour forcer l’imagination - qu’on le veuille ou non - alors que des cacahuètes…
ça faisait une bonne chute, un effet comique, un effet Elan quoi.
Note du coup : dans trois mois, elle penserait à foutre des cacahuètes sur la tombe imaginaire d’un Pankratz qui guérirait miraculeusement de sa maladie « Sans vouloir t’alarmer… » bah oui, évidemment qu’elle n’était pas du tout en train de l’alarmer maintenant à lui annoncer sa prochaine mort… une bonne amie comme elle, on en faisait pas deux « Faut que tu penses à mettre tes affaires en ordre. »

En lui laissant des Yellow Windfoot sur le bras. Parce qu’une chose était certaine, sur le papier qui mettrait en ordre ses dernières volontés, Elan Pankratz lui confierait sans doute la garde de ses futures adoptions.
Ne l’oublions pas, au moins, Denis irait dans un foyer qu’il n’était jamais supposé avoir quitté.
Normal d’hériter de l’autre, ou des autres, quand on était sa petite amie ceci dit.
Sérieusement…
ça se voyait non ? Ils étaient bien loin de l’image du couple tous les deux !
Un couple, en général, quand ça faisait du shopping, ça se chamaillait et…
… Ok, abandonnons cette définition avant de davantage porter à confusion.

Soupir. Profond soupir.
Devant ce choix borné d’en avoir deux.
Ils allaient vraiment y passer la journée ?
« C’est bon. Prends les deux. Mais compte pas sur moi pour garder Bruno. » il le ferait… et il aurait sans doute raison. N’était-elle pas celle qui râlait mais rendait tout de même service à son cher et tendre imbécile de meilleur ami ?
…
Si, parfois, elle se désespérait un peu.

« On va prendre ces deux-là. C’est combien ? » le prix donné, son attention s’était reportée sur les champignons.
…
Vraiment…
Oui vraiment.
C’était prévisible un peu non ?
« Tu te souviens que Denis n’est pas pour toi hein ? » non parce que partir d’un point A, pour aller à un point B, passer avant par le D et terminer sur le Z… c’était trop.
… en attendant, elle ne venait pas de céder au caprice de son gosse ?
…

Passons. Bruno et Denis confiés à Elan, ils pouvaient au moins se casser de là avant qu’un chauve ne perde sa dentition à la prochaine remarque qui lui poserait problème.
Rentrer. Donner Denis à son gosse. Souhaiter une belle mort à Bruno. Et ne plus jamais, ô grand jamais, partir à la chasse d’un Yellow Windfoot.
Non Nyel. La prochaine fois, ce sera une poro prénommée Chanel…

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Pouvons-nous récapituler cette grande quête de la destinée s’il vous plait ?

- Denis est techniquement perdu, officieusement mort et desséché dans un coin. Le coupable reste introuvable mais tout laisse à penser qu’il court encore dans la nature.
- Nyel traîne dans des endroits chelous, apparemment pour chercher de l’inspiration pour son best-seller sur les méthodes de torture à venir. Ou plutôt pour inspirer les autres. Enfin peu importe.
- Elan fait vraisemblablement un bruit étrange lorsqu’il respire et va mourir dans les trois prochains mois selon le docteur Krane. Il doit faire son testament alors qu’il n’a rien à léguer et surtout, qu’il ne va pas réellement mourir. Soit il est juste con, soit Nyel est cruelle. Si vous voulez mon avis, il y a un peu des deux.
- Les types du restaurant ne savent pas prendre les compliments mais l’humain persiste à penser que le proprio a un super crâne.
- En plus de ne pas savoir prendre les compliments, ils ne connaissent absolument rien aux relations. Elan et Nyel en couple ? NON. PAS DE CA EN FAMILLE, C’EST DEGUEULASSE OK ?
- Le fameux type a failli perdre ses dents d’ailleurs, risque très connu lorsqu’on les qualifie ainsi.
- Elan doit se dépêcher, puis prendre son temps pour choisir. Ne cherchez pas, c’est Nyel. Tu fermes ta gueule et tu obéis Elan.

Alors il obéissait Elan. Enfin, à sa manière. En vérité lorsqu’on y repense, il n’a pas fait qu’un seul bon travail en choisissant un sosi parfait, il en a fait deux ! En choisissant deux Yellow Windfoot. Denis bis pour sa ressemblance et Bruno pour la peine qu’il faisait. … Bruno n’était clairement pas prévu au programme. Qu’est-ce qu’il va foutre avec un Yellow Windfoot ? Ca bouffe quoi un champi d’ailleurs ? Il n’en sait rien et n’a même pas songé à se poser la question. Tout ce qu’il sait, c’est que Nyel l’aidera dans tous les cas. « Ouais, ouais, t’inquiète. » C’est ce qu’il lui a d’ailleurs répondu lorsqu’elle lui a spécifiquement signifié de ne pas compter sur elle pour Bruno. … Il n’y a pas un bug dans tes plans là Elan ? Non. Parce qu’il sait qu’elle l’aidera quand même, elle trouvera juste un énième prétexte bidon pour le faire … Ou alors il ne lui laissera pas le choix en la saoulant littéralement avec ça. De toute façon il sait qu’elle sait qu’il sait.

Comme elle sait qu’il est capable de s’attacher au faux Denis à la vitesse de la lumière et de ne plus vouloir filer ce dernier à la gosse. … « Ouais, façon Bruno est plus stylé. Attend qu’il reprenne du poil de la bête et que je lui fasse faire de la muscu. » Il a même déjà prévu de lui faire des haltères avec un cure dent et des cacahuètes …
Denis et Bruno payés puis récupérés, il fallait voir comment ils quittaient le restaurant à toute vitesse. Non parce que, une vie humaine était en jeu-là. Et plus important encore, l’idée de monter une équipe de football de champi pourrait germer dans l’esprit du jeune homme et ce n’est pas une bonne idée …
Allez, on donne Denis l’imposteur aux voisins et on commence les échauffements avec Bruno !

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