pankratz, à l'oreille ce nom de famille ne vous dira certainement rien. ou peut-être si, à la limite, parce qu'il ressemble un peu à un mélange de pancréas et de crasse mais bon là encore rien à voir. il n'est présent dans aucun livre d'histoire et n'a pas le moindre impact une fois que vous le mettez sur la table.
elan, vous dira peut-être quelque chose, surtout si vous suivez ce prénom par "tu sais l'autre qui travaille dans le bar là". là peut-être que son visage vous reviendra en tête (quand bien même je vous l'accorde, cela reste relativement flou). en même temps comment l'éviter ? le type parle à tout le monde avec une aisance quasi surnaturelle pour un humain.

25 années se sont écoulés depuis son premier cri. il a fait une énorme soirée lors de son dernier anniversaire, soit le 12 mai. vous n’aurez pas les détails de cette soirée, fallait être là. né à Velaris.

barman. Vous voyez le mec super canon, brun mystérieux, avec des pectoraux en acier et un charme dingue ? bah c’est pas lui. lui c’est son collègue. bon Elan aussi est canon mais il n’a pas le calme mucho calor de son collègue quoi. on l’entend même avant de le remarquer. enfin, peu importe. façon il fait des meilleurs cocktails que lui, alors en attendant il a beau être canon l’autre, il sert à rien.

hétérosexuel, il n'a de yeux que pour les courbes féminines. papillonnant ici et là parfois, il n'a pas encore trouvé quelqu'un d'assez instable mentalement pour choisir délibérément et consciemment de le supporter jusqu'à ses vieux jours, il est donc célibataire.

ketterdam & il fait de son mieux ? il gagne de l'argent certes, de quoi se nourrir, loger et blanchir mais il n'arrive pas réellement à faire d'économies. c'est à croire que avoir quelques pièces en trop dans son portefeuille est une phobie. en réalité, il passe plus de temps à aider les autres qu'à épargner.

si cette question venait réellement à lui être posée, il répondrait certainement qu'il a le don de faire les meilleurs cocktails du pays. la vérité, c'est qu'il n'en aucun.

peu importe combien il aurait aimé en avoir un, il n'en a aucun.

si les humains sont considérés comme des fléaux, il ferait très certainement parti de cette catégorie. mais non.

optimiste ; sociable af ; têtu ; drôle ; fatiguant ; désordonné ; serviable ; à l'écoute ; sympathique ; impulsif ; franc ; idiot ; fêtard ; rancunier ; taquin ;  courageux ; extraverti ;

T H R E E

A propos de sa vie, Elan ne saurait probablement pas quoi vous dire. Sa vie ressemble à celle de tous les habitants de Ketterdam. Le dégout de voir les grilles se fermer pour protéger le haut du panier et l’appréhension de subir une attaque qui vous ronge le ventre. Des sentiments cultivés depuis bien des années pour celui qui est né et à grandit dans ce même quartier. Deuxième enfant d’un modeste couple humain, il ne possède rien. Pas de pouvoir familiaux, pas de don, pas de fléau. Rien, mis à part ce vide qu’il a appris à ignorer avec le temps. Pourtant, enfant, il les envier les autres. C’est vrai, il aurait presque pu vendre son âme pour sortir de la triste norme dont il faisait partie. Mais tout ceci, c’était avant de rencontrer sa meilleure amie, Nyel. Prétendue aveugle pour cacher sa nature de sorceleuse, utilisée dans des combats de rues pour gagner quelques billets. Cela aura été une sacrée droite qui lui aura remis les idées en place. Des droites physiques, il s’en ai pris plein d’ailleurs. Il s’entrainait souvent secrètement. Parce que si Nyel perdait ses combats en étant sorceleuse et que se sont ses proches qui l’envoient au charbon, qui la protègerai ou du moins, essayerai de la protéger en cas de pépin ? C’est complètement idiot et à la limite du suicidaire mais Elan a toujours été comme ça. Le gosse sympathique du coin, un peu trop bavard et un peu trop enthousiaste qui fera toujours passer les autres avant lui.

A l’âge adulte, rien n’a changé. Il préfère se serrer la ceinture et aider les autres plutôt que d’avoir le portefeuille égoïstement « bien rempli ». Pourquoi faire ? Pour aller où ? Il n’est pas tout à fait certainement que passer de l’autre côté du mur le rendrait plus heureux. Non, en fait, il en est certain. Si il en avait la possibilité, il changerai de pays, de continent, peut-être même d’univers. Mais en attendant, il est coincé ici.

Et parce que on ne le changera probablement jamais, en 2018, il se met à héberger deux gosses échappés d’une secte ; Callen et Zylith. Enfin, il n’y a pas un milliard d’année qui les sépare, ils sont majeurs en réalité, mais ils étaient tellement niés ensemble qu’il en avait presque le tournis. En avait-il réellement les moyens financiers ? Non, aux dernières nouvelles, le salaire de barman ne rapporte pas des milliers. Pourtant, il l’a fait. A trois, ils formaient une belle brochette quand bien même il avait parfois l’impression de jouer au papa. Au départ, cela ne devait durer que quelques mois. Finalement, le temps passe vite et quatre ans se sont écoulés avant leur départ.

Du moins, ce qui devait être leur départ. Elan avait aussi mal au cœur qu’une maman qui voit ses petits quitter le nid. Pourtant, il n’a rien dit. La fierté de Nyel déteindrait-elle sur lui ? Peu importe. Pourtant, le soir venu, alors qu’il s’apprêtait à vivre sa première soirée de célibataire depuis longtemps, Zylith est rentrée. Parmi les litres de larmes et ses reniflements de rhinocéros, il finit par comprendre que Callen n’était jamais venu à leur point de rendez-vous. Bah où est-il alors ? Il crut devenir fou en l’écoutant suggérer qu’il était mort : Non, impossible, il y avait sûrement autre chose. A peine quelques jours après cette annonce, la jeune femme met les voiles elle aussi. Finalement, il avait davantage l’impression que ses petits lui avaient été arrachés plutôt que s’être doucement envolés.

Le retour à la vie seule a un goût amer. Soudainement, son appartement pourtant si petit lui paraît brutalement trop grand. Mais il en faut bien plus pour l’abattre. Son optimiste et sa détermination de retrouver Callen en vie sont toujours là. Après tout, si il n’a plus tout ça, qu’est-ce qu’il lui reste ?