Descrendo Il abat son poing sur le réveil et ne bouge plus. Comme les heures précédentes il fixe le plafond, fuyant le sommeil et les cauchemar qu'il apporte. Quelques minutes passent et sa journée reprends là où il l'avait laissé. En geste mécanique, il répète inlassablement les mêmes gestes. Se laver, s'habiller, manger. Depuis qu'elle n'est plus là, il ne sait plus comment sortir de cette torpeur glacé qui le fige. Le trou béant de sa poitrine lui rappelle constamment ce vide qu'elle a laissé derrière elle. Il y a perdre un proche, et perdre la moitié de soi-même. Levi sait qu'il ne sera plus jamais le même et qu'il a enterré ce jour là sa joie de vivre et son sourire.

Ce qu'il déteste par dessus tout c'est les œillades de pitié sur son passage. Tout le monde connait son histoire, cette fin tragique pour sa jumelle qui s'est faites agressé par un homme suite à un rendez vous qui s'est mal terminé. Toute le monde a déjà perdu quelqu'un dans ce monde fait d'atrocité et d'horreur, et pourtant ... Celui-ci attise les curiosité. Macabres et hors du commun. Il ne s'agit pas là d'une fin tragique suite à une mission, ou un monstre du fold.

C'est bien plus intriguant, bien plus excitant. Le monstre le plus affreux a frappé, la pire des raclures : l'homme. Le corps sans vie retrouvé au petit matin près du canal, sa jumelle s'est débattue autant qu'elle l'a pu. Mais l'Homme a gagné, et une fois de plus l'humain s'est montré sous son pire jour. C'est exaltant pour les autres de lire et relire cette histoire encré dans les pages du journal au lendemain de cette date fatique. C'est comme si personne n'avait appris à gérer le deuil et la mort. Des murmures, des ragots qui alimenteront les conversations pour quelques jours avant qu'on ne s'en lasse et qu'on trouve meilleur histoire à faire circuler. C'est ça qui devrait être pathétique.

Il n'a pas prit un seul jour de repos. Avoir du temps pour lui l'angoisse et lui rappel qu'il est désormais seul, et cette main gracile qu'il tenait s'est effacé. Il suffoque la nuit, et se réveil les draps couvert de sueur et l'oreiller imbibé de larmes. Il ressasse indéfiniment dans son esprit torturé le moment où tout a basculé. Son corps qui bascule et la vie qui s'échappe dans un gémissement de douleur. Complémentaire, les jumeaux pouvaient résister à tout ce qui semblait s'attaquer à eux. Pourquoi a-t-il fallu qu'il lâche sa main ? La culpabilité, la rage, la colère, tout l'accable. Pourtant Levi reste debout, mois après mois, il devient le pantin de ses capacités. Ne réfléchit plus, fonce tête basse, devient dangereux pour lui même mais jamais il n'a abattu autant de travail.

Il se perd dans l'exaltation de la compagnie d'hommes ou de femmes qui croisent sa route. Préfère croire que ses nuits seront plus courtes et plus tolérables ainsi. La douleur est devenue une compagne qu'il tolère parce qu'elle le maintient en vie. Levi traque l'homme qui s'est évidemment enfuie. Il passe son temps libre à sa recherche, il zone à Ketterdam et se perd dans les rues de zaun à n'en plus finir. Il n'y a que ça qui le soulagera, il s'en convainc. Le deuil lui est impossible. Ma Terre s'arrêtera bientôt et c'est la faute de quelqu'un d'autre. Lui le bouclier n'a pas su protéger la seule et unique personne qu'il ait jamais aimé.

Militaire qui connait son devoir et fils dévoué, Levi coche sur son calendrier les jours qui se succèdent, les uns après les autres, ignorant chaque grain du sablier qui l'écorche à vif. De toute façon, plus rien n'a de sens. Son corps subit, son corps guérit, mais son âme s'amenuise et le garçon rayonnant et dragueur qu'il pouvait être laisse place à un homme rempli de vengeance et d'amertume acide.

Un jour après l'autre.