the second that the sun exploded
i'm the only fool who stayed
(if you're reading this, i wrote it)








"hey." il s'accoude au comptoir de l'accueil, dans le hall de l'iron gates academy réservé à l'ordre des voyants. il prend ses aises, comme toujours, l'air d'être né là. morticia, secrétaire de l'ordre depuis au moins cent vingt ans et le connaissant depuis son arrivée chez son mécène, à ses cinq ans, lève des yeux agacés vers lui. "what do you want?" connaître le fils arkham depuis tant d'années implique plusieurs choses : 1) elle a assisté à bon nombre de ses frasques, 2) elle l'a vu grandir et devenir un petit con imbu de lui-même 3) elle sait qu'il ne vient la voir que lorsqu'il a quelque chose à lui demander. et justement, soleil demande avec aplomb : "can i ask you a favor?" pour toute réponse elle lève les yeux au ciel, épuisée d'avance. d'un ton à la fois monotone et agacé, elle répète : "what do you want, sunshine? — ah, morticia, morticia. i'm searching for someone. — leave that poor soul alone, whoever this is. — it's a girl. a weirdo. colored hair, pink, at least she had pink hair the last time i saw her. cat eyes. kinda looking like mine." il pointe ses propres yeux du doigt et tourne lentement sur lui-même, qu'elle puisse les contempler sous tous les angles. morticia commence à être intéressée malgré elle par la requête ; elle se penche vers lui pour boire la suite de la description. "tall... that much, i would say." il indique une taille à l'aide de sa main suspendue dans l'air. "she seems to like stars. she had a pair of tights full of stars the other day. — and a moon on her forehead, i assume? — yes, yes, precisely. that's why i'm asking you to help me. never saw her before, so she must be new around here, but you know every seer of this beautiful city, right? — hum hum." elle hoche la tête en signe d'approbation, ses yeux sont rêveurs, elle se repasse mentalement les images de toutes les voyantes qu'elle a vu passer et, après quelques instants de réflexion, elle lui livre le prénom tant désiré : "might be esfir.


yes, esfir zoldik." il a soudainement la tête qui tourne, il part un peu en arrière, se raccroche au bord du comptoir pour ne pas tomber. "you okay?" s'inquiète morticia ; et non, ça ne va pas. esfir lui dit quelque chose. esfir lui rappelle un il-ne-sait-quoi. esfir a été murmuré par des voix, inlassablement, depuis quelques mois. dans ses rêves, dans ses cauchemars, dans ses heures éveillées. partout, tout le temps, de plus en plus fort. "thank you" qu'il répond simplement, évitant la question que morticia vient de lui poser, "any idea where i can find her? — probably the observatory. she seems to like stars, like you said earlier. — yeah, right. esfir zoldik. thank you. — you already told me that." elle le regarde d'un air surpris et inquiet, comme s'il avait pris un énorme coup sur la tête. remercier quelqu'un deux fois n'est pas dans les habitudes de soleil arkham, vaciller non plus. les quatre syllabes es-fir-zol-dik lui brulent la langue et semblent tanguer derrière ses yeux, l'air de vouloir les faire déborder de larmes.

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il y a aussi cette scène étrange, alors qu'il passe dans la bibliothèque, l'utilisant comme raccourci et la traversant sans daigner jeter un coup d'oeil aux étagères. il ne voyait rien, il ne cherchait rien, lorsque soudainement sa lune rouge s'était mise à bruler et l'un des livres s'était amusé à dépasser. un doigt sur la tranche pour le remettre à sa place, mais alors le titre l'avait attiré, la couverture l'avait attiré, les pages quémandaient qu'il les tourne. ce qu'il avait d'ailleurs fini par faire, ouvrant l'oeuvre au hasard, tombant sur la page 122, où un personnage féminin disait : "if the sun is a star too, it means that you are me and i am you!" il s'était figé, la phrase l'avait hanté. résonnait étrangement dans sa cage thoracique et ne se lassait pas de l'étreindre. cette phrase avait des bras, des bras qui le secouaient et cette phrase avait une voix, une voix qui le suppliait de se réveiller.

à la fin de la scène, le personnage disait : pinky promise.

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"you." elle se retourne brutalement, peut-être a t-elle même sursauté. absorbée dans sa rêverie comme elle l'était, la tête dans les nuages — presque littéralement, les prunelles rivées sur le plafond de l'observatoire qui recopie les constellations du ciel. il aurait certainement dû toquer à la porte, même si elle était ouverte, et même si l'observatoire n'est pas un endroit privé. il n'y a qu'eux, eux deux sous le ciel étoilé. "esfir." qu'il répète, et le prénom lui fait encore cet effet étrange, le prénom remue ciel et terre, le prénom soulève un nuage de poussière. en dessous de toute cette poussière, il en est sur, il y a des morceaux de passé. comme de vieux meubles que plus personne n'utilise, dans une maison où plus personne ne vit, que des inconnus auraient voulu sortir et jeter dans une benne, avant de devoir se résoudre à les laisser sur place : ils étaient trop lourds. "your name... you name sounds oddly familiar." qu'il admet enfin, puis, plissant ses yeux de chat qui ressemblent tant à ceux d'esfir : "it's weird. it's like i knew it already. like i heard it somewhere before." un goût de déjà-vu qui reste accroché au palais, comme cette pinky promise lorsqu'elle est partie de chez lui, comme ce livre dont la tranche dépassait.