Elan était un nouvel homme. Un costume coûtant plus cher que dix de ses loyers, une montre dont le prix pourrait nourrir cent familles de Zaun et le voilà qu’il sortait une voiture avec chauffeur qui avait certainement plus de valeur que sa vie en elle-même.  Mais voilà, Elan Pankratz, barman d’exception à Ketterdam n’était plus. Il était désormais Elan Julian Alfred Pankratz de Lettenhove, génie des finances et passionné par l’art. Issue d’une grande famille renommée à l’étranger, c’est d’ailleurs pour cela que ce nom n’est connu de personne uniquement que de l’élite des élites. Le genre de type à qui on accorde la main de sa fille avec grand plaisir. Gentleman, serviable, intelligent, poli, le genre à qui on donnerai le bon dieu sans confession, le gendre idéal en somme. Il est là, il est prêt Elan. Prêt à jouer le rôle de sa vie.

C’est ce soir que tout se joue. Un repas de famille pour rencontrer les parents de sa dulcinée. Le genre de moment où soit ça passe, soit ça casse. Le genre de moment où il ne faut certainement pas foirer. Le genre de moment où … on est parfaitement détendu ? Parce que si le commun des mortels voudrait que le jeune homme sue des grosses gouttes, le barman n’est pas fait du même bois. Au contraire, il est extrêmement confiant, trop confiant …
A son sens, c’est du tout cuit. Il pense avoir retenu les cours de Menya concernant les bonnes manières. Le mot pense, vous donne déjà un indice sur la tournure des évènements. Concernant le reste, il s’est entraîné devant son miroir. Ouais, rien que ça. Ca aurait pu être une bonne idée d’ouvrir un livre sur les finances, lire au moins les petites écritures derrière mais … il n’y a pas pensé. Non, il s’est entraîné à avoir l’air d’un richou en se mettant, avait discuté avec son reflet pendant longtemps avant de faire une démonstration à Nyel. … … … Quoi ? Qui a hurlé les femmes et les enfants d’abord ?

Il gère. C’est ce qu’il avait dit à sa fiancée. C’est aussi ce qu’il dirait si on lui accordait une interview sondage à peine sorti de la voiture. Il gérait d’ailleurs toujours qu’il a hésité entre taper ou sonner à la porte … Mais par chance, c’est quelqu’un de vraiment intelligent. Sa bouteille hors de prix comme offrande, suggérée par une certaine personne, il avait sonné à la porte et attendue patiemment.
…
…
Cette cravate commençait déjà à l’étrangler …

Ce soir. C’était le grand soir.
Et évidemment, Menya Lovàas avait trop confiance en sa vie pour stresser une seule seconde.
Pas un même un peu en surprenant belle-maman sourire de façon entendue en écoutant l’une de ses filles dire que le futur beau-fils serait forcément un raté puisque sa calamité de demi-soeur l’avait choisi toute seule ?
Elan allait leur en mettre plein la vue. Elle avait conscience en son art. Elle l’avait relooké, elle lui avait enseigné tellement de choses ces derniers mois… qu’est-ce qui aurait pu mal tourner ?
Elle était une artiste ! Une grande artiste ! Et ce soir, elle s’apprêtait à présenter sa plus belle oeuvre à sa famille…
… au cours d’un repas composé de trop de plats. Un repas indécent servi dans de la vaisselle indécente entourée de couverts qui valaient bien trop chers pour se trouver dans le monde qui avait vu la naissance de son fiancé.

Inspiration, expiration… et coupe de champagne vidée d’une traite en croisant le regard moqueur, camouflé derrière un sourire faussement affectueux, d’une belle-mère qu’elle a toujours détestée.
Pauvre petite riche. Pauvre Reine qui pense rouler sur le Monde. Sa trop grande confiance est mise à mal mais elle le camoufle derrière un large sourire « C’est lui ! » et un ton enchanté quand elle entend la sonnerie qui annonce l’arrivée du promis.
Un portier, évidemment ils en ont un, et pourtant elle se dirige trop rapidement vers l’entrée pour abandonner là ceux qui attendent que le massacre débute.

Pas de papounet pour l’instant, le seul dont elle veut gagner la voix à annoncer un léger retard d’un ton boudeur. Fiancer sa précieuse est une chose, se rendre compte qu’un homme est peut-être indécent avec elle en est une autre.
Qu’importe, Menya sait que Daddy finira par la soutenir. Parce que ce Lettenhove qu’elle a construit de ses doigts, c’est une oeuvre… qui porte magnifiquement bien le costume choisi. Première pensée quand elle le rejoint dans l’entrée « Elan ! » pas de bébé ? Sur le coup, c’est le prénom et la réalité qui filtre… parce que sa création, mais aussi son allié, elle ressent le besoin étrange de s’y accrocher quand elle le prend par la main et qu’elle lui confie avec sincérité « Wow… t’es vraiment très beau ce soir. » doucement, elle resserre sa main d’une silencieuse question. Mais pour lui demander tout haut s’il se sent vraiment prêt pour leur petite comédie, c’est un peu tard… alors elle l’entraîne dans le cirque de sa vie. Le vrai. Le Lovàas Comedy Club… une vaste blague sans doute incompréhensible quand on vient du bas… et il a beau prétendre venir du haut, sitôt entré dans le grand salon, c’est bien de bas en haut et avec un regard d’analyse qu’on le détaille.

« Voilà enfin le fiancé dont Menya nous a tant parlé ! » faussement ravie, belle-maman lui tend sa main avec la confiance d’une dame du grand monde. De rouler des yeux, Menya se retient « Elan, je te présente ma famille. Ma belle-mère, Liviah, mes deux demi-soeurs : Ancah et Marienne. Et l’homme avec l’air d’envie de fuite sur le visage là-bas, c’est mon demi-frère Alcín. Mon père ne devrait plus tarder. » et il ne le tuerait pas, elle le juerait… ou l’espérait… ceci dit… il faudrait déjà protéger son innocent fiancé de l’affamée Ancah qui, à en juger par son regard, semblait penser que l’incapable avait le mérite d’avoir du goût. Génial.

People get up and drive your funky soul main theme, s’il s’était laissé porter par la confiance et écouter le petit diable sur son épaule, il se serait lancé dans une entrée fracassante. Il aurait défoncé la porte avec un coup de pied, serait rentré, petit tour sur lui-même avant de s’exclamer les bras ouverts : Papa est là !
Mais non.
Mais Dieu merci ?
Un tonnerre d’applaudissement pour ses deux neurones qui ont organisé cette réunion exceptionnelle ?

Alors il avait attendu, comme un brave. Comme un brave qui commençait à suffoquer. Pardon mais comment font les hommes de ce côté du mur ? Ils écoutent de la musique chiante, bouffent des portions pour hamster, en ricanant à des blagues pas drôle et manquant de s’évanouir par manque d’oxygène ? Quasiment sûr qu’il pourrait trouver ce genre de torture dans l’encyclopédie de Nyel … Quelque part entre le dépeçage et le supplice de la roue.
Mais ça en valait le coup non ?
Oui, très clairement. C’est ce qu’il s’était dit quand Menya avait ouvert la porte. Parce que techniquement en tant que fiancé qui se connaissent depuis longtemps, il devrait être habitué au fait de toujours la voir plus ravissante que jamais. Mais dans les faits, ce n’est pas le cas et à chaque fois c’est la même chose. Un choc mental et voilà ses PV qui dégringolent …
Mais bon, ce n’était très clairement pas le moment d’être ko. Une petite potion et voilà le champion qui repart ! Attends, on ne va pas faint pour une petite robe blanche et une main qui prend la sienne quand même ? On est plus puceau !!
« Merci ! » Un sourire aussi immense que stupide dessiné sur les lèvres, en l’entendant complimenter son apparence, comme si ce n’était pas elle qui lui avait indiqué comment s’habiller quelques heures plus tôt … Et puis, il a vu. Un genre de regard insistant et une main qui serrait la sienne un peu plus. … « Oh, tu es très belle aussi ! Enfin j’veux dire, comme toujours ! » Non mais parce que, Elan a déjà du mal à comprendre lorsqu’on lui parle très clairement alors penser qu’il est en capacité de comprendre des interrogations sans mots … c’est peut-être un peu le surestimer …
Tout comme lui donner ce genre de mission d’ailleurs … mais bon, comment se douter ? Une tenue implacable, un sourire charmeur à ces dames et un baise main dans les règles de l’art ? « Enchanté de faire votre connaissance, Menya m’a beaucoup parlé de vous. » Il ne mentait pas vraiment … Il n’avait pas dit comment elle avait parlé d’eux …
Avoir les regards tournés vers lui, cela ne le dérangeait pas. Au contraire, il aurait plutôt l’audace de vous dire qu’il en a l’habitude. Mais … qu’est-ce qu’elle a celle-là ? Les yeux de la Ancah ne l’avaient clairement pas lâché une seule seconde. Comme l’impression d’être le meilleur steak frites du pays. Ketchup ou mayo, au choix. Et pire, elle s’était presque précipitée pour recevoir un baise main aussi … Non mais ça va aussi, il ne va pas souffler sur les mains de tout le monde non plus ? Alors il avait choisi de l’ignorer, reprenant rapidement la parole pour que cela passe inaperçu. « J’avais pensé à vous ramener des fleurs mais je me suis dis qu’elles risqueraient de pâlir face à la beauté de ces dames … » Attend, tu connais le mot pâlir ? « Alors je vous ai ramené cette bouteille d’exception. » D’exception, ok elle avait coûté cher mais il y a carrément un monde où ils remplissent des baignoires avec … Genre, c’est bon pour la peau !

…
Ok, ils n’ont pas encore développé la télépathie, ce n’est pas un vrai problème.
Et puis, elle peut le comprendre. Cette robe blanche, parfaite, met en valeur son incroyable chute de reins. ça a de quoi vous troubler un homme. En d’autres termes, un compliment est un compliment, et celui-ci la fait sourire et rend impossible tout reproche dans son regard pour ce manque cruel en communication « Merci. C’est notre grand soir, alors je voulais être parfaite. » ok, elle l’était toujours, il avait raison. Mais ce n’était pas vraiment le moment pour se noyer de compliments. Non, l’heure était venue de le jeter dans la fosse aux lions. Ou plutôt aux hyènes si on prenait en compte les trois femmes de “sa famille” qu’elle avait à lui présenter. Et si c’était d’abord la main de belle-maman qui s’était présentée, elle avait vu l’immonde prédatrice se rapprocher.
Génial. Elan venait de taper dans l’oeil d’Ancah…
Satisfaite de le voir ignorer la main, l’instant était venu de savourer la déception sur le visage de sa demi-soeur…
Déception mais malgré tout sourire qu’elle n’était pas capable de camoufler.

Intérieurement, la pointe de contrariété se manifeste alors qu’elle la voit reluquer allégrement son fiancé. Elan a beau être son employé, Ancah n’est pas au courant de la version officieuse… ce qui la gênerait sans doute encore moins.
Se calmer. De toute façon, elle est bien moins jolie qu’elle. Ce n’est pas cette affamée qui réussira à lui gâcher la soirée.
Elle est trop stressée. Extérieurement, elle garde pourtant le sourire. Et puis, Elan se débrouille bien.
Correction, il se débrouille même à merveille. Elle a fait du bon boulot, voilà ce qu’elle se dit. La phrase est parfaite, le cadeau bien choisi, et alors que sa belle-mère appelle le majordome pour l’en débarrasser, ses doigts viennent caresser doucement une nuque.
Quoi ? Elle ne peut pas lui donner une prime devant tout le monde !
Ils jouent le jeu, c’est normal.

« Installez-vous, rien ne nous empêche de prendre un verre en attendant Morgan » d’une main guide, elle entraîne son fiancé vers les fauteuils et s’installe avec lui dans le canapé. Elle se contient quand elle voit Ancah prendre la dernière place, un poil trop collée à son futur beau-frère… pourtant, présentement, elle a bien envie de la tuer « Menya aussi nous a parlé de toi. » le “tu” comme ça, direct ? « Seulement, elle a oublié de nous dire que t’étais si mignon. » range tes dents Ancah, tu croqueras pas dans celui-là, voilà ce qu’elle a bien envie de lui dire « On est ravis de faire votre connaissance, on commençait presque à penser que Menya vous avez inventé ! Désolée Menya, ne le prends pas mal, c’est que tu … hum… tu as tellement d’imagination parfois ! » elle insinuait quoi la mégère ? Qu’elle n’était pas capable de se trouver un bon fiancé toute seule ?

Alors, techniquement Menya, tu as un peu triché. Si le pedigree de celui-ci vient à s’apprendre, tu es morte et bonne pour le mariage classique de riche.
Forçant le rire, elle avait pris sur elle, posant sa main sur la cuisse de son cher et tendre pour répondre « Je sais, il est si parfait qu’il en a l’air irréel, je lui dis tout le temps, hein bébé ? » à boire. Voilà ce qu’il leur fallait, et dieu merci, on leur avait servi le champagne. Alors, après un toast rapide qu’Ancah avait commenté d’un « A ton fiancé petite veinarde. » sa coupe se vide de moitié.
Il n’y avait pas de raison pour que ça plante. Ils avaient bossé. Tout était parfait. Elan l’était, le fiancé rêvé pour une jeune femme de bonne famille. Et puis, ils formaient un joli faux petit couple.

Evidemment que Menya était ravissante. Elle l’était à toute heure de la journée, chaque jour de l’année. Alors il n’était absolument pas surpris que cela soit toujours le cas lorsqu’elle lui avait ouvert la porte. Cela en était tellement évident (mais aussi parce qu’il est con) qu’il avait mis du temps avant de lui rendre le compliment. Dans le fond, elle devait entendre ces mots si souvent qu’ils ne devaient sûrement signifier plus grand-chose, non ? Quand bien même ces éléments pourraient être reçu à en cour d’appel, il s’était finalement ressaisi. Il s’était même permis d’ajouter : « Tu l’es naturellement. » lorsqu’elle avait mentionné vouloir être parfaite.

Et puis comme un brave, il était entré. All eyes on me comme dirait 2pac. Il était littéralement le centre de l’intention et savait pertinemment que ses moindres faits et gestes seraient passés au peigne fin. Mais toujours pas la moindre once de stress à l’horizon … ou peut-être que si ?
Ok la dénommée Ancah était effrayante. Et pourtant, Dieu sait que Elan en avait rencontré des femmes intéressées ou non. Mais alors ce regard … cela lui faisait froid dans le dos. A vrai dire, il ne savait pas réellement dire si elle souhaitait le foutre à poil en lui hurlant de l’enfanter ou alors si elle avait l’intention de la bouffer au sens littérale du terme. Lorsqu’il y repensait … il n’avait pas demandé à Menya s’il y avait des enfants du fléau dans sa famille ? Non pas que cela le dérange, en soit, mais il aurait préféré se préparer mentalement à ce sentiment d’être pris pour un super petit gâteau apéro ou alors un beau cochon rôti …
En tout cas, elle était clairement flippante et il aurait pu la regarder avec un air mi dégoûté, mi-intrigué pendant des heures si Menya ne s’était pas mise à le toucher. Ce n’était pas grand-chose en soit mais étant le premier, bien que faux, geste affectif, cela l’avait interpelé. Agréablement, bien que cela ne soit pas compliqué de faire mieux face à l’exorciste …

Et si le misérable se pensait sauver en se dirigeant vers le canapé, il n’en était rien. Il y avait tellement de places de libres, POURQUOI VENAIT-ELLE S’INSTALLER SI PRES DE LUI ???? La tentation de lancer un regard de détresse à Menya était grande, si majestueuse … mais il s’était abstenu. Alors quoi Elan, tu ne peux pas gérer une fanatique ? C’était lui de mal alpha dans l’histoire, hors de question d’aller pleurer dans sa robe blanche ! De toute façon, elle l’aurait dégagé bien vite. Sûrement un truc du style : ne met pas ton sébum sur moi, ça va abimer le tissus !
« Ah bon ? » Une mine soi-disant étonnée pendant qu’il se rapprochait un peu plus de Menya pour s’éloigner un peu de l’autre. Et quand elle avait dégainé la carte du compliment, il avait seulement laissé échappé un léger rire, court et poli. Une prise de confiance du FC Ancah qu’il appréciait peu. Faire une sorte de rentre dedans au fiancé de sa demie sœur devant celle-ci ? Sur ce coup si, il n’avait pas pu s’empêcher. Ses yeux avaient demandés à sa fiancée : elle veut quoi l’autre ?

Il avait sorti ce même rire hypocrite face aux paroles de la belle mère. Lui fictif ? Evidemment que non. Par contre, payé oui mais elle n’avait pas besoin de le savoir. « Oh, j’essaye seulement d’être à ta hauteur ! » Avait-il répondu à sa dulcinée avant d’ajouter d’un ton plus solennel : « En tout cas je suis également ravi de faire votre connaissance. J’avais tellement hâte de vous rencontrer ! Mais vous savez, j’avais beaucoup d’affaires à gérer … Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! »  C’est clair que sans toi, l’alcoolique du coin doit se sentir vachement seul ce soir …

C’est d’ailleurs en l’honneur de cette âme en peine qu’il avait récupéré cette coupe de champagne. Et c’est sûrement en son honneur aussi, qu’il l’avait avalée cul sec …
…
Il s’en était rendu compte de sa connerie. Mais après coup. Trop tard, en soi. « Oh je suis désolé. » De ne pas être ce que tu prétends ? « Vieux réflexe. » Pardon ? « J’ai beaucoup travaillé avec un Prince d’une contrée voisine ces derniers temps. C’est une tradition chez eux. Etonnant, n’est-ce pas ? » Allez, reprend une coupe et boit la doucement cette fois !

…
Coup dur pour l’équipe. La joueuse Ancah était entrée sur le terrain et elle avait la ferme et très visible intention de faire de l’homme dont elle partageait le canapé un repas qui ne laisserait aucun reste dans son assiette.
Presque l’impression de se retrouver sur un plateau où on tournait une série un peu cruche avec des rires enregistrés, des sons d’indignation, et autres fausses interventions d’un public qui aurait préféré se claquer le front s’il avait été réellement présent.
Le canapé était grand, et pourtant.
Tu recules, j’avance, un concept qui avait décalé tout le monde dans un coin du canapé. Moue boudeuse, moue contrariée, Menya s’était demandée le bonheur que ce serait d’avoir une demi-soeur en moins. Est-ce que les sensations valaient de se retrouver derrière les barreaux ?
Dans le cas d’Ancah, peut-être que porter une combinaison ne serait pas si terrible que ça.
Evidemment, les jolis sacs à main et les chaussures aux talons scandaleusement hauts lui manqueraient. Un meurtre la punirait en lui faisant louper plusieurs collections de ses créateurs favoris. Mais d’un autre côté, la prison lui inspirerait sûrement un best-seller autobiographique qui ferait de sa vie, à la sortie, une réussite.
En d’autres termes… tuer Ancah semblait être un plan à mettre sur la liste nommée “à envisager”.
Alors, elle avait commencé par la fusiller du regard en la voyant se coller un peu plus à son fiancé, lui faisant rencontrer sa poitrine à travers son haut. Chez les félins, se frotter, c’était comme marquer son territoire.
Chez les dentaires, elle supposait que ça voulait dire qu’on chargerait à la nuit tombée.

« Mon pauvre chéri, c’est vrai que tu as été très occupé…» à quoi ? Apprendre des styles vestimentaires et la bonne posture à adopter pendant un cocktail ? « Tu dois être épuisé, et pourtant t’as pris du temps pour venir rencontrer ma famille ce soir. » est-ce que c’était une méthode pour préparer une fuite pas trop tard ?
…
Partir de bonne heure sauverait Ancah.
Tarder l’obligerait à trouver quelqu’un pour l’aider à planquer le corps…
« …» et puis surtout « … » … ça éviterait qu’Elan ramasse une bouteille pour la descendre cul sec au goulot.
Un blanc, un silence, le temps pour elle de déplorer l’aisance naturel de son poulain, et elle venait en renfort pour appuyer l’image de l’original « Elan connait tellement de moeurs et de coutumes différentes. Je l’envie tellement, mais c’est un voyage quotidien d’être avec toi bébé. »
Fallait le comprendre, pauvre homme, collé à une Ancah qui rêvait de le consommer selon ses propres moeurs et coutumes « J’imagine oui. » y’avait de quoi avoir envie de noyer ses traumatismes dans la bouteille « Moi je trouve ça sexy, ça fait un peu homme des rues. » le fantasme du mauvais garçon pour Ancah qui détestait les bas fonds… un comble.

« Qu’est-ce qui fait homme des rues ? » sauvé par son beau-père, l’homme était entré dans la pièce pour déclencher un blanc en accord avec son charisme et sa classe naturelle. Un baiser sur le front de sa femme, la mégère, et il s’arrêtait près de son fauteuil, debout, pour fixer le futur gendre comme dans un vieux film… avec ralenti, paille qui vole, bruit du vent, presque au point de voir une goutte de sueur perler sur le front des opposants oui.
Et puis, finalement, après un long silence, trop long silence à son goût, un mot, un seul, était sorti « Bonsoir. » le bon, la brute, et le truand... c’était pas un délire comme ça ? « Le fiancé de ta fille dîne avec nous ce soir. Tu te souviens chéri ? » est-ce qu’il y avait une chance pour que papounet tue Elan ?
45%. C’était le pourcentage qu’elle avait estimé le jour de la rédaction du contrat. Pourcentage qu’elle n’avait pas partagé avec celui qui risquait sa vie, évidemment. « Je m’en souviens oui. » dans le regard il avait quoi ? 46 ? 49 ? Allez, les prunelles de Morgan Lovàas ne dépassaient tout de même pas le 51% de menace de mort non ?