Il déteste cette sensation qui le dévore.

elle le ronge, l'inquiétude. celle qui plie le corps en deux et le cœur en quatre. elle le bouffe, le digère et le recrache haut dans le ciel de zaun, là où il ne devrait pas trainer — loin au-dessus de la bataille, silhouette ténébreuse dans la pénombre, guettant un signe, n'importe quoi.

de son frère, de sa mère, de la fin de la guerre.

au premier tour la chance ne semble pas leur sourire. au second, le palpitant serré bat sourdement jusqu'à ses oreilles. boum, boum, un cri muet. au troisième les forces semblent s'inverser et il retrouve espoir. ne peut s'empêcher d'y revenir. les ailes griffues râpent le ciel d'encre encore, et encore, au risque d'être repérées. mais les seadanda ne sont pas le seul ennemi. à cette hauteur et par ce temps anormal, ce froid glacial, les ailes habituellement protectrices se font sensibles. kane le sent, tire sur la corde pourtant ; trop inquiet pour ses proches pour se soucier de lui-même à cet instant. terrifié à l'idée qu'ils puissent se trouver parmi les corps ensanglantés plutôt que dans les rangs encore

et s'ils s'étaient quittés en mauvais termes pour ne plus jamais se revoir ?
((il ne le supporterait pas))

le dernier atterrissage se fait en catastrophe. haletant, ivre de douleur, la membrane souple couverte d'une pellicule de glace craquelant aux replis. la semi-chute résonne dans tous les membres en un pénible échos et il peine un instant à retrouver son souffle, kane, frémissant jusqu'à l'os. ce sont des voix qui l'alpaguent, cris d'effroi d'abord à son apparition, puis une pointe d'inquiétude mêlée d'horreur. « are you okay? — fine », qu'il gronde en retour, jetant un coup d'œil par-dessus ses ailes gelées. les yeux étrangers se rivent sur les cornes saillant de son crâne et kane sans honte déplie son corps malmené, ne peut toutefois retenir un gémissement lorsque le mouvement vibre à travers le patagium transi de froid. « you need help », elle insiste, fermement cette fois, et il entame de s'éloigner, chaque mouvement plus pénible que le précédant. « i don't need anyone — yes, you do. » elle se glisse de l'autre côté d'une aile trainant au sol faute de pouvoir être repliée, attrape délicatement son bras pour le passer par-dessus ses épaules. murmure pour l'apaiser lorsqu'il siffle et se crispe. « it's okay, i'm not gonna hurt you. » elle le traine plus qu'elle ne l'entraîne jusqu'à des secours déjà présents et il ne comprend qu'en quittant l'impasse dans laquelle il s'était vautré :

la bataille s'est achevée.

des hauteurs de ketterdam, on aperçoit zaun, ou la débâcle sordide qu'elle est devenue. « holy crap, qu'il souffle entre ses dents. just let it slide. those people need the help more than i do. — you're not doing well yourself », elle réplique, entêtée. accepte qu'ils n'interfèrent pas avec les secours, mais ne le libère de sa prise qu'une fois à l'hôpital. l'attente s'y fait interminable ; sièges tous occupés, foule défilant sans fin. kane s'avachit dans un coin, attendant l'appel de son nom, et les heures qui suivent se gorgent d'anxiété : à somnoler sous l'effet du froid tout en surveillant régulièrement son téléphone dans l'attente d'un appel, d'un message. are you okay? envoie-t-il par sms, quelque part entre sommeil et éveil.

c'est une éternité plus tard, lui semble-t-il, qu'il émerge réellement, les ailes encore dans le plus pathétique des états, mais l'esprit plus vif. il profite du chaos pour se faufiler plus loin à l'intérieur, à un poste de secrétaire inoccupé. passant étrangement inaperçu dans les lieux surpeuplés, il entre les lettres de son nom de famille dans le système, en quête des chambres de son frère et de sa mère. trouve le second et s'éclipse dans l'urgence juste à temps pour éviter de se faire pincer. se perd à plus d'une reprise avant de trouver la bonne chambre, de laquelle surgit une gamine rousse qu'il bouscule par mégarde. « sorry », grogne-t-il sans s'enquérir de son identité, peu familier avec la totalité des contacts de sarkan de toute façon.

la chambre a l'odeur de l'hôpital, aseptisée et déplaisante. « you better be alive », il marmonne plus pour lui-même que pour le cadet allongé, vraisemblablement inerte, dans le lit à quelques pas de lui. mais l'autre dort encore et kane n'ose le réveiller. se recroqueville, à la place, dans un fauteuil sur lequel il replie ses jambes, gigote inconfortablement en une tentative d'agencer ses ailes engourdies.

il se réveille plus tard encore, des prunelles d'or vissées sur lui. fucking finally. what happened to you? et il y a dans son timbre trainant l'ombre de cette inquiétude qui n'a cessé de le ronger tout ce temps.

Il aime la plénitude du devoir accompli.

Le pouvoir de fermer les yeux sans penser au reste, se laisser glisser dans un sommeil vide de cauchemars. Se réveiller de temps à autres pour admirer un visage amical, replonger le sourire aux lèvres en se disant que ça en valait la peine. Jouer les héros. En être un juste pour une nuit avant que la réalité – le bilan qui s’alourdira d’heure en heure – ne vienne lui exploser à la figure. Dans sa chambre le silence règne, rythmé par les machines branchées à son corps et même elles ne peuvent pas ruiner sa tranquillité. D’aucun dirait qu’il est encore sous le coup des anti-douleurs et que bientôt, les souvenirs reviendront le hanter avec force.

« You better be alive. – I am », mais la réponse n’est que dans sa tête, probablement comme la question d’ailleurs, parce qu’il n’y a aucune raison pour que la voix de son frère lui parvienne ici, maintenant, alors qu’il est censé guetter le ciel du haut de sa vigie ou jouer les oiseaux de malheur les dragons ne savent où. Il se plaît à l’imaginer heureux et inconscient du monde sur son bateau perceur de nuages. Parfois, il envie un peu la liberté qu’il s’est créée, loin de l’hiver meurtrier qui s’est abattu sur leur monde, si haut dans le ciel qu’on en voit toutes les étoiles que la pollution refuse à ceux d’en bas. Là-dessus il se rendort pour de bon, derrière les paupières des images de pirates de contes et d’immeubles en ruine qui se mêlent étrangement et une dernière pensée qui tourne en boucle, la même que sous les décombres :

Kane lui manque.

Une toux désagréable le réveille et le revoilà déphasé. Rose n’est plus là – est-ce qu’il l’a au moins remerciée d’être restée avant de sombrer ? À sa place une silhouette recroquevillée qu’il reconnait sans peine. Malgré le temps. Malgré les colères. Malgré la rancune qu’ils traînent en silence. Il n’y a que lui pour avoir l’air encore d’un enfant perdu quand il dort et que son apparence ne le protège plus. « Kane ? » Un murmure à peine audible qui ne fait pas trembler l’aîné. Sarkan essaye de tendre une main vers lui. Ses côtes désapprouvent et il se rétracte, essayant à la place de faire taire une nouvelle quinte malvenue. Ne reste qu’à le regarder dormir, lui-même trop épuisé pour se poser des questions auxquelles son grand-frère ne se donnera pas la peine de répondre. Comment ? Et surtout, pourquoi ? Pourquoi n’est-il pas bienheureux sur son foutu bateau, avec son foutu équipage qui a la chance de mieux le connaître que lui, en train de commettre n’importe quel foutu délit pour ramener de l’argent sale à la maison.

Le petit en est encore à ses reproches de bon type holier than thou quand une aile s’agite doucement. Puis l’autre. Puis des yeux exténués, plein de brouillard, qui se posent sur lui. « Fucking finally. – you were the one sleeping. » Un regard noir l’empêche d’en rajouter une couche. Parfois, pour ne pas dire rarement, le plus vieux révèle son pouvoir de premier né qui empêche Sarkan de jouer au petit con. « What happened to you ? » Il fronce les sourcils, étonné qu’il ne soit pas au courant puisqu’il a su où le retrouver. À moins que dans le chaos de la guerre, les informations se perdent entre les secours et les soignants. À moins que Kane ait fait du Kane et se soit infiltré là sans rien demander à personne. Le comment lui semble résolu. « A fight against a building. I won. » Il ose sourire avant de se faire réprimander, car il sait que la remarque assassine tombera bien assez tôt. « And you, what are you doing here ? Aren’t you supposed to… I don’t know, sing dirty shanties about drunken sailors ? » Les moments heureux ne durent jamais longtemps lorsqu’ils se retrouvent. Trop vite les tacles fusent et c’est à leur mère de jouer à l’arbitre. Maman n’est pas là, et Sarkan n’a pas la force de partir en croisade idéologique. Alors il espère, juste un peu, maintenir un semblant de légèreté.

Vite dissipé cela dit, quand il se met à mieux le regarder. « Your wings. » Le comment est rouvert ; la seule option non-envisagée est peut-être la pire. Et s’il n’était pas un visiteur ? « What happened to them ? What have you done ? » Par réflexe il tente de se redresser (troisième tentative sans succès, l’agacement prend ses quartiers). La seule chose qui tient la rancœur éloignée, c’est l’inquiétude viscérale.

Et quand se dissipent les méandres du sommeil, kane accueille d'un grognement (peu) avenant l'attention surprise de son frère, pourtant incroyablement soulagé. un regard fait taire la remarque qui suit, aîné agacé, à l'évidence. vieille rancœur que celle qui le tiraillera éternellement à l'idée que sarkan ait choisi de servir un peuple qui le décrie, quitte à risquer activement sa peau pour une majorité d'ingrats.

A fight against a building. I won. doesn't look like it, proteste kane en avisant son torse entièrement bandé, dommages externes masqués à sa vue, dommages internes sans doute plus inquiétants encore. did you get a monster's head as a trophy? or nothing but your broken ((il s'interrompt pour désigner d'une main vague sarkan dans son ensemble, amas de muscles et de membres abimés)) …something — whatever got you bedridden. et il devait s'agir d'un sacré immeuble, pour parvenir à l'immobiliser de la sorte ; car rien ne semble à même de terrasser la bonne volonté qu'il suinte par tous les pores.

ew.

aren’t you supposed to… I don’t know, sing dirty shanties about drunken sailors? weren't you supposed to be stuck with useless archives? guess they only let you out when they need — pause quasi inaudible : some tool, passe-t-il sous silence ; reprend : someone to use. et si soulagé soit-il de le savoir cloîtré loin des risques du métier, kane s'agace, paradoxalement, de la facilité avec laquelle on l'écarte. le frère qu'il n'a pas vu grandir semble valoir mieux que dix celestiens, et pourtant velaris le regarde de haut. ça l'enrage. autant que la misère imposée à leur père. your wings. sarkan interrompt le fil amer de ses pensées. par réflexe, elles frémissent contre les épaules de kane, comme douées d'une vie propre et désireuses de s'épanouir sous le regard qui les fixe. mais la douleur se rappelle aussitôt à son bon souvenir, jamais apaisée, faute de soins, et kane grince des dents, crispé tandis que ses paupières se closent. un instant, avant d'expirer l'élan douloureux. pour se changer les idées, il arpente lentement la pièce, bougeant les quelques bouquets et objets sur le chevet de sarkan et les étudiant avec curiosité. what happened to them ? what have you done ? it will pass. has to. car ce n'est pas en ces lieux qu'il trouvera le moindre apaisement. sans doute passera-t-il voir dusk et le prendra-t-elle en pitié — ou plutôt, sans doute lui imposera-t-elle de rester immobile le temps qu'elle improvise des soins inspirés par la toile. ce serait le mieux qu'il puisse obtenir, à moins de rentrer à la maison. ça l'inquiète plus qu'il ne le laisse percevoir, pourtant.

et sarkan le connaît trop bien pour s'y laisser prendre : les ailes de kane lui sont étrangement précieuses à lui aussi, vestiges de leur proximité d'antan. l'aîné songe très sérieusement à piéger un·e healer le temps d'un pacte, mais ne l'évoque pas. ce sont des choses que sarkan ne peut pas comprendre. lui combat les monstres, il ne leur vend pas des parcelles d'humanité en échange de vœux. i may or may not have flown too high. péché d'orgueil plus courant que l'inverse, assez pour que sa mère l'ait souvent affublé du surnom icarus lorsqu'elle pansait les plaies dues à des chutes de trop haut. mais le temps a fait son œuvre, ce ne sont plus les chutes que craint kane. le problème vient d'ailleurs cet hiver : de ce froid mordant, qui ne pardonne pas ; de cette période étrange qui glace jusqu'aux os et même au-delà. et il n'aurait pas dû voler cette nuit, kane, pas alors que tout velaris était exhorté à demeurer cloîtré, mais il se moque des remontrances qu'il risque. i had to check for myself how good of a job you were doing, see. le ton est sarcastique, comme souvent, et détaché comme s'il n'avait pas tenté le diable en survolant un terrain de bataille envahi de monstres armés de lances. et puis, tant par inquiétude que pour interrompre une potentielle diatribe affectée, il demande d'une voix morne, comme s'il ne crevait pas du besoin de savoir : have you heard from mom?

Aveuglés. Par la fierté. Par la colère. Par l’injustice. Par leur incapacité à se mettre à la place de l’autre. Et au milieu de tout ça, Sarkan ne parvient pas à voir que ce qu’il aimerait, c’est le serrer dans ses bras. « doesn't look like it. – I’m alive, looks good enough. » Quand bien même il préférerait l’être un peu moins. Ne plus entendre le sifflement de sa respiration difficile, ne plus sentir l’étau qui lui presse les côtes. Ne plus être la cible désignée de la rage de Kane. Il l’aimait mieux endormi.

Il peine à suivre le rythme mais le frère s’en fiche, lui, de la brume dont il n’arrive pas à se débarrasser totalement. Ses balles fusent et manquent de taper juste, elles sifflent presque à chaque mot qu’il prononce. « did you get a monster's head as a trophy? or nothing but your broken …something — whatever got you bedridden. » Le voilà, l’être moqueur qui le fout au sol, le piétine tout entier en s’attaquant à ce qui n’est pas – ne sera jamais – juste un morceau de lui. « My place is too small for a monster’s head. And pneumothorax kinda fits my aesthetic. » Il aimerait pouvoir se tourner, lui montrer son dos comme lorsqu’ils étaient enfants, lui montrer qu’il le blesse, à défaut de savoir lui dire. Cloué sur son matelas, il est obligé d’esquiver, de rendre les coups en espérant sincèrement lui faire mal. « weren't you supposed to be stuck with useless archives? guess they only let you out when they need someone to use. – Shut it, now. » Un essoufflement brutal le fait gémir de frustration. Cette nuit, il ne gagnera rien.

Alors il se concentre sur autre chose : ses ailes. Ses ailes trop précieuses pour leur monde, ses ailes qui ont fouetté l’air de son enfance, ses ailes qu’il a tellement, tellement voulu voir surgir les nuits de solitude à Celestia. « it will pass. has to. – doesn’t look like it », qu’il imite l’aîné, sans gêne. Sans le dire, pour éviter la fuite ou la tempête, Sarkan sonne discrètement. S’il imagine mal des experts en ailes de shymers, peut-être qu’un médecin pourra calmer un peu ce qui ressemble terriblement à des brûlures. « i may or may not have flown too high. » Le regard du cadet se fait inquisitorial et il répète, lentement, les mots de son frère qui se fout de sa gueule. Il ment plus mal encore que Rose qui clame son innocence. Au moins, il a enfin l’impression de le connaître un peu. « i had to check for myself how good of a job you were doing, see. – For fuck’s sake ! » Il se met à tousser craint de s’évanouir comme un con, au beau milieu d’une déclaration de guerre. « Did you enjoy the view ? » Kane est… Kane, inchangé, insupportable, Kane. Pourtant Sarkan menace de craquer, serre les poings de ses moindres forces pour empêcher la fureur gangréneuse de se propager, en vain. « I hope it fuckin’ hurts. » Autant répondre à un mur.

« have you heard from mom ? » Le sang s’échappe un peu plus de son visage. L’autre lui a pourtant demandé calmement, trop pour que ce soit normal. Maman a quelque chose de sacré, de trésor qu’ils s’évertuent à protéger de tout. Devenus parents de leur propre mère, il n’y a qu’elle pour faire taire leurs gamineries. « No… » Sarkan essaye, tant bien que mal, de rassembler les souvenirs de la batailles, qui déjà fuient dans un coin de sa tête pour mieux bondir dans ses futurs cauchemars. « I think I lost her when I saw light in the building and left the squad », qu’il sort péniblement, sachant que Kane va lui sauter à la gorge pour avoir osé perdre la précieuse génitrice, là où il aurait dû la protéger, la persuader de retourner à la maison. « D’you think she’s – you called ? » Une infirmière aux cernes creuses se tient à la porte. Il avait oublié qu’il voulait faire une bonne action pour son frère. Que ses ailes aillent crever dans la douleur. « Yeah, hum, I think you might have a patient, her last name is Mentys, late fourties, witcher. » La femme le regarde de son air épuisé qui ne peut plus supporter les demandes non-vitales de ses patients, alors il rajoute un « it’s our mom, please » plein de détresse non feinte tandis qu’il ose enfin jeter un œil en direction de son frère. Un soupir bruyant, et il entend des petits pas s’éloigner. Ne reste que la prière.

«say that again? pneumo—quoi ? ça a le nom d'un monstre tout droit sorti du fold, il se demande s'il est légal de souffrir de cette chose, quelle qu'elle soit. what is it? attentif. ce n'est pas sa spécialité, mais il voudrait comprendre ce qui a peut-être failli lui prendre sarkan, encore.

il s'est tendu si vite tout à l'heure, lui non plus ne l'a pas vu venir. c'est qu'il en a des choses sur le cœur, kane, des griefs-grenades qui n'attendent que d'être dégoupillés pour leur exploser à la gueule à tous les deux ; ils le prennent de court, surgissent au moindre coup porté par sarkan. puis glissent les regrets sous son faciès flegmatique et, sans changement d'expression, il s'adoucit. c'est dans sa posture que se lit la différence plutôt que sur ses traits, dans ses gestes plutôt que dans un sourire factice. il regarde un peu de côté, l'air vaguement embêté plutôt qu'agacé. did you enjoy the view ? il ne prend pas la perche tendue cette fois, pas sur ce sujet-là. it looked fucking awful, even from afar., répond-il simplement, mollement. c'est sobre et évident, mais chargé de questions dont : how you coping? qu'il demanderait, s'il était plus explicite, plus éloquent. à la place il laisse à sarkan le choix de l'évitement ; sait que de certaines tempêtes on ne veut ni ne peut parler. il se passe une main sur le crâne, à travers ses mèches bleues qui lui retombent sur les yeux, et il soupire. this kinda shit can fuck you up, you know what i'm saying? i mean, oh que c'est dur à dire ; as your brother i got you. l'offre est sur la table, pour le jour où. en attendant, il ne parle pas de ses regrets quant à la bataille, il n'avoue pas : si je t'avais vu courir vers ce building, j'aurais tout fait pour te stopper. kane a l'égoïsme d'un frère à qui on a arraché son cadet, il en a assez de craindre de le perdre au profit de nobodies. et si ça le rend fou parfois, au point de sillonner le ciel au-dessus d'un champ de bataille, il ne peut pas mentir : il ne regrette pas. recommencerait cent fois, avec pour seule différence d'être plus efficace.

((mais même s'il l'avait vu, aurait-il été de taille ? face à un witcher déterminé, il n'aurait pu que menacer de s'aventurer avec lui vers le danger et ils se seraient tous deux fait embrocher avant même de s'en apercevoir, trop occupés à se chamailler. peut-être les choses se sont-elles simplement passées comme elles devaient se passer)).

i hope it fuckin’ hurts. oh thank you, qu'il réplique sans passion. have you heard from mom ? et juste ainsi sarkan se décompose. il le regarde comme si kane le démolira, comme s'il est de son devoir de porter tous les poids du monde, calm down atlas, i'm sure she's okay, tempère l'aîné sans vraiment savoir s'il y croit. elle est forte, leur mère, witcher ayant livré à son fils son don-malédiction, mais elle prend de l'âge. et outre les cicatrices en surface, les douleurs se font de plus en plus profondes, ils la voient grimacer le soir depuis des années en étendant ses membres meurtris. elle n'aurait pas dû prendre part à la bataille, mais on n'a pas vraiment le choix quand on est gifted et pauvre dans une ville comme velaris. sarkan dégotte une infirmière à toute vitesse, joue de son charme et de ses puppy eyes pour lui soutirer l'information. elle s'éclipse quelques minutes avant de revenir et de leur annoncer, navrée : elle semble avoir été admise en soins intensifs, je n'ai pas pu en savoir plus. kane se laisse retomber dans le fauteuil installé près du lit. il y a un bref silence, au bout duquel il constate : well, shit. et puis il tente de forcer. is there a doctor we can talk to? someone supposed to give news? we're family. ça lui semble évident, que quelqu'un devrait les tenir au courant. mais elle lui explique que la situation elle-même est critique, lui parle de sous-effectifs, de difficulté à tenir le compte des blessés. il n'en a pas grand-chose à faire, de ses constats ; tout ce qu'il veut, ce sont des nouvelles de sa mère. 'kay, thanks for nothing then i guess, qu'il la congédie en se détournant d'elle, signant la fin de la conversation. quand elle s'en va cette fois, c'est en claquant des talons sous l'outrage, et non pleine de bonne volonté comme lorsqu'elle a accédé à la demande de sarkan. peu importe, kane attend juste qu'elle s'éloigne pour partir en quête. i'm gonna see what i can find.