drinking wine and staring at the walls (madden)

01/11/2022

i just sat round drinking wine and staring at the walls —
ketterdam, @Madden Erenford

Journée de merde. La pluie, le vent qui gèle les doigts quand il écrit sur son petit carnet gondolé. Et puis il y a la colère qui gronde aussi fort que les ventres vides, les pauvres gens qui négocient leur pas grand-chose contre le presque-rien d’un malhonnête qui lui, passera l’hiver à l’abri. Sa journée à commencé sous la lune, elle s’achève sous la lune et entre-temps : de l’injustice à bouffer pendant les heures de ciel gris qu’il a passé dehors, les restantes assis à son bureau tellement loin des fenêtres qu’il s’est bousillé les yeux à écrire les rapports des autres.

Sarkan refuse de rentrer chez lui frustré. C’est la seule règle qu’il s’impose : trouver quelque chose de positif à retenir, ne pas faire de son appartement le récipient de sa colère. Les murs sont fins et la culpabilité prend déjà trop de place. Il cherche longtemps quelque chose de bien, d’acceptable, de tout juste potable à se répéter pour le reste de la soirée. Rien ne vient et pire encore, en mordillant son stylo, un mauvais goût envahit sa bouche en même temps qu’il se rend compte des tâches noires sur ses doigts. Sa marche de la honte jusqu’aux toilettes est majestueuse. Il entend certains de ses collègues se foutre de sa gueule mais il garde le menton haut, juste parce qu’il ne sait pas quoi faire d’autre. Au moins, eux auront de quoi rire en rentrant chez eux.

Face au miroir, il tente d’effacer ses conneries en vain, crache toute l’encre qu’il peut en se demandant si ce truc n’est pas un peu dangereux pour la santé, tout de même. C’est en frottant sa peau jusqu’à l’irritation que l’idée lui prend. Il a lu quelque part que les mauvaises choses pouvaient se noyer dans l’alcool, les bonnes s’y célébrer – et quand il n’y a rien, l’alcool le transforme en quelque chose. Pour ça, il a déjà un glorieux compagnon en tête. Madden n’est pas du genre causant, il est aimable et plein de conseils avisés de mec qui a roulé sa bosse, mais Sarkan ne sait pas grand-chose de lui, outre le fait qu’il aime les murges après le boulot, qu’il ait quelque chose à noyer, célébrer ou créer de toute pièce.

Vaincu par l’encre tenace, c’est avec les lèvres teintes qu’il retrouve celui qu’il admire en mentor. Un peu trop enjoué par son idée excellente, il plaque les deux mains sur son bureau, le fait trembler trop fort. Avant que l’aîné ait le temps de lui faire remarquer qu’il devrait mieux se contrôler etc., etc., il lui fait son plus beau sourire. « J’ai besoin d’aller boire un verre – envie. » Il rectifie : il n’a jamais besoin de boire. « Où tu veux, maintenant parce qu’on a déjà fait près d’une heure de rab qui ne changera pas le monde et je t’invite. » Il se veut faussement charmeur, avec son invitation, bat des cils comme une adolescente dans un bouquin cliché, tout pour que Madden prenne son manteau et l’embarque pour lui donner cette chose positive dans sa journée de merde.

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29/05/2022

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ketterdam, @Sarkan Azantys

C’était long, vraiment trop long. Les journées où il ne se passait rien et où ils devaient simplement faire des rapports, les yeux plaqués contre les lignes de cette paperasse qui ne semblait pas diminuer. Au contraire, Madden avait plutôt l’impression que plus il en faisait et plus il y en avait. C’était interminable et il aurait presque préféré se retrouver enfermé dans une pièce avec Azalina qui lui disait qu’elle l’aimait et qu’elle le voulait. Presque parce qu’il ne savait pas quel enfer était le mieux entre l’enfer du bureau et celui de l’amour. Mads aurait pu ne pas vivre un enfer avec cette partie amour de sa vie, mais le simple fait qu’elle soit la sœur de Lex gâchait tout. Il était incapable de laisser cette culpabilité qui le rongeait depuis plus de dix ans de côté pour accepter de vivre cette idylle avec la jeune femme. C’était pour cette raison qu’il avait changé de régiment, quittant les belles rues de Celestia pour s’enfermer dans cette plus pourrie de Ketterdam. Ainsi, il avait une excuse pour rester loin de Lina, loin de cet amour qui les consumait tous les deux. Ce n’était clairement pas une bonne solution, mais c’était celle qu’il avait choisie. Il préférait se flageller et autoriser la jeune femme à vivre un amour loin de lui, plutôt que de succomber à la tentation de faire d’elle sa femme.

Puis de toute façon, il devait bien avouer que malgré la distance qu’il mettait entre lui et elle, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à Azalina. La preuve, Madden était censé finir de remplir ce dossier et il n’y parvenait pas parce que ses pensées vagabondaient vers la jeune femme. Il ne fallait pas qu’il reste derrière un bureau. Mads était un homme d’action, pas un mec qui passait son temps à rédiger de la paperasse. Mais parfois, comme aujourd’hui, il n’avait malheureusement pas le choix.

Deux mains se retrouvèrent sur son bureau avec fracas, le faisant presque sursauter par la même occasion et en même temps sortir de ses pensées. Madden releva la tête pour croiser le regard mordoré de Sarkan. Il ouvrit la bouche pour lui rappeler d’y aller plus mollo sur le bois du bureau quand il fut pris de court par le jeune homme. Il avait envie d’un verre et s’il était totalement honnête, Mads en avait aussi envie et surtout besoin. Contrairement à son cadet, le witcher avait plus besoin d’alcool qu’il en avait envie. Avec la mort de Lex, c’était devenu une échappatoire de boire et malheureusement, il était devenu alcoolique. Il lui fallait bien plus qu’un verre pour aller mieux et oublier cette culpabilité qui lui pourrissait la vie.

« T’as décidé d’embrasser un poulpe sans son avis avant de venir me voir ? » Référence non cachée au fait qu’il avait de l’encre plein les lèvres. Il avait sûrement du mordiller son stylo et voilà le résultat. Madden se redressa, faisant craquer sa nuque et ses épaules. « C’est vrai qu’un verre serait le bienvenue… J’en peux plus d’être assis devant cette multitude de papiers. Et puis, si tu offre la première tournée, je peux pas refuser. » Le plus vieux se leva, étirant ses muscles endoloris et soupira en regardant une nouvelle fois Sarkan. « Tu comptes pas y aller ainsi quand même ? On dirait que t’as sucé toute l’encre de ton stylo. Si t’avais faim, fallait me le dire, je t’aurai offert à bouffer. » Même si c’était sarcastique et qu’il se moquait de lui, Madden espérait quand même qu’il irait se débarbouiller avant.

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01/11/2022

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ketterdam, @Madden Erenford

Madden est dans un mauvais jour. Ou peut-être pas. Tout ce que Sarkan voit, c’est un regard un peu vide, un peu loin. Aussi attaché soit-il à son aîné, le pacifieur commence à regretter son choix de camarade de beuverie. C’est son instinct qui l’a mené là. Sarkan, il aime les choses brisées. Mieux encore, il voudrait être la colle qui remet les morceaux à leur place. Mads fait partie de ceux qui laissent émaner une fêlure, une brèche à peine assez grande pour qu’un courant d’air d’émotion y passe. Sarkan a le pif pour dénicher les gars comme lui.

C’est en se mordant fort les joues qu’il se retient de sourire face au presque-sursaut de son collègue. Ils ont des choses sérieuses à discuter. « T’as décidé d’embrasser un poulpe sans son avis avant de venir me voir ? – Et toi t’as bouffé un clown ? » Sans honte, le jeune est prêt à assumer son humour déplorable – au moins autant que celui de son compère, soit dit en passant. Une roulade des yeux plus tard, il expose son plan d’action. Flacon et ivresse, salutaire pour l’un et fossoyeuse pour l’autre. À entendre Madden, ils ont passé la même journée. Papiers. Noir sur blanc (la couleur ne va pas au teint des pacifieurs). Fautes de frappe dans les PV. Abréviations aberrantes. C’est en passant sa journée en revue qu’il se rend compte qu’elle le rassure, au fond, qu’il aime la chaleur de son petit bureau près des archives. Il a vraiment envie d’un verre.

« Tu comptes pas y aller ainsi quand même ? On dirait que t’as sucé toute l’encre de ton stylo. Si t’avais faim, fallait me le dire, je t’aurai offert à bouffer. » Par réflexe, Sarkan repasse la main sur ses lèvres, impuissant. Stylo – 1, witcher – 0. Voilà pourquoi sa courte carrière n’a étonné strictement personne. « Pourquoi, t’as honte ? Ce matin j’ai enregistré la plainte d’un mec qui s’est fait tatoué l’intérieur des yeux. Des yeux. Et il n’avait pas honte, lui, il était serein avec ses yeux tatoués. Alors tu vas prendre ta veste et te remettre d’une tâche d’encre qui me fait un petit style underground. » Pas le temps de cogiter, il tourne déjà les talons et compte sur l’appel de la bouteille pour faire réagir l’autre, dont il entend bientôt les pas derrière lui.

Le trajet se fait majoritairement dans le silence. Ils n’ont jamais été grands parleurs comme ceux qui secouent les mains en marchant dans un monde qui n’existe plus que dans leurs mots. Madden et Sarkan, ils sont le monde qui disparait autour d’eux. « Là, c’est ok ? » Un signe du menton désigne un bouge crasseux, gardé par une femme chancelante dont la cigarette qu’elle agite du bout des doigts parait trop lourde pour elle. C’est l’endroit rêvé, loin des tentatives ratées de reproduction des lounges de la Haute-Ville. Rien que la misère qui leur colle tous à la peau, des lèvres asséchées de la femme à l’entrée aux chaises dépareillées. Il imagine déjà la gnôle frelatée imbuvable, se languit d'avance de la chaleur qu'elle leur prêtera. ».

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29/05/2022

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ketterdam, @Sarkan Azantys

« Ouais, j’ai raté ma vocation. J’aurais dû devenir humoriste. » répliqua Mads du tac au tac sans même détourner le regard du jeune homme en face de lui. Les lèvres bleues n’étaient clairement pas quelque chose qui semblait le gêner parce qu’il continuait de parler au plus vieux presque sans s’en soucier. C’était drôle et à la fois tellement ridicule. Madden n’avait qu’une envie, le traîner dans les toilettes et frotter tellement fort qu’il enlèverait tout. Les lèvres de Sarkan ne seraient alors plus bleues mais rouges à cause de la force qu’il y mettrait. Mais, heureusement pour le plus jeune, Mads n’en fit rien et écouta la proposition plus qu’alléchante d’aller boire un verre avec lui. Un léger sourire fleurit sur les lèvres de Madden et disparut presque aussitôt. Il ne buvait plus simplement pour le fait d’apprécier un alcool. Non, le witcher buvait pour faire taire la culpabilité qui le rongeait et le forcer à détruire sa vie de l’intérieur. Il n’avait besoin de personne pour faire de sa propre vie son enfer.

Il accepta donc la proposition de son cadet, se levant en étirant son corps endoloris. Il avait passé une journée collée derrière un bureau, à lire plus de mots sur des feuilles de papier blanches qu’il n’en avait lu dans toute sa vie. C’était peut-être exagéré, mais dans l’esprit de Madden, c’était même un euphémisme. Ce dernier fit même craquer ses articulations pour montrer qu’il détestait ne rien faire de ses journées et aujourd’hui en était un bel exemple. Soupirant légèrement, ses yeux se reposèrent sur Sarkan et ses lèvres encrées. Madden n’était pas du genre à faire des remarques s’il voyait un homme porter du maquillage ou même s'habiller avec des vêtements que l’on genrait de manière féminine. Mais, là, ce n’était même pas fait exprès et en plus c’était ridicule. Il fit donc la réflexion à Sarkan et leva les yeux au ciel à sa réplique. « En attendant, je suis sûr que lui c’était badass, quand chez toi, c’est d’un ridicule. Mais si tu veux passer pour un bouffon, libre à toi. » Mads haussa les épaules. Ce n’était pas son problème s’il voulait passer pour un con. Il le prévenait que c’était débile. Sarkan en faisait après ce qu’il en voulait.

Le plus vieux se mit alors à suivre le plus jeune et la route se fit dans le silence. Ça convenait parfaitement à Madden. Il n’était pas du genre à parler de la pluie et du beau temps simplement pour combler un silence qui n’était en rien gênant. Puis, il n’aurait pas su de quoi parler avec son cadet. Alors, le silence était ce qu’il y avait de mieux pour eux. Quand Sarkan brisa cette quiétude entre eux, le regard doré de Mads se posa sur cette femme et une discrète grimace déforma son visage l’espace de quelques secondes avant qu’il ne revêtisse son masque. Il n’était pas fan de ce genre d’endroit, habitué depuis qu’il était petit aux bars branchés de la haute-ville qu’il fréquentait avec ses amis et Lex. Seulement, à Ketterdam il ne pouvait pas se permettre de faire la fine bouche. Il haussa donc une nouvelle fois ses épaules. « Je te suis ! » Sarkan devait mieux connaître les environs que lui qui venait de Celestia et ne l’avait quitté que pour venir se terrer dans la basse-ville pour s’éviter de travailler encore avec des gens qui connaissaient Lex. Les deux hommes passèrent à côté de la femme qui leur envoya un regard langoureux. « Je pense que tu lui as tapé dans l'œil Sarkan. L’encre fait peut-être son effet. T’as trouvé ton style, c’est cool. » dit-il en posant sa main sur son épaule avec un sourire sarcastique sur les lèvres tandis qu’il les mena vers le comptoir pour prendre leur première tournée.

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