and the crow begged, and begged again! have mercy god. cut off the wings of this sinful bird. here! destroy your wretched creation. please, put an end to my suffery. but his raucous croaks went unanswered — don't you hear them in the forest, on moonless nights?

SATINE HILLYS —
corbaque courbe l'échine pour se ronger le cœur — palpitante putréfaction qu'est celle de satine. archange funeste qui pourtant jamais ne trahi, c'est bien dans sa candeur que le mal se repait ! à bras le corps la doucereuse enserre les crocs; glorifie les atrocités d'une autorité dont elle partage le sang à défaut du nom. poupée de chiffon, marionnette au cirque castelet ! et la tête dodeline alors que les mains font leurs bienfaits.

11/03/1996 // NEW BEWEL (✧) —
premiers cris dans la ville submergée bulle de verre. c'est entourée d'une myriade de monstruosités marines aux couleurs enchanteresses que l'acrobate enfante; date hasardeuse d'un parcours de circassien, c'est dans la sueur et le sang que la mère découvre son plus précieux trésor.  — c'était donc bien toi le bel amour que j'attendais ! réminiscence d'un présage offert au détour d'un drôle de marché: zaia ta raison d'être se trouve dans une grossesse inopinée: matriarche en amorce ( et pour finalité ).

HEALEUSE, MAQUILLEUSE ET COSTUMIÈRE —
psaumes créatifs que sont les petites œuvres qui lui sont confiées: des heures durant les doigts conjuguent l'or et le pourpre pour sublimer les costumes tirés de son imaginaire. elle habille la magie et les monstres d'une tendresse sublime, et dans chaque roulotte satine s'invite pour maquiller les traits mouvants des artistes. haut les cœurs ! de derrière le rideau les yeux admirent les talentueux, comblée de les accompagner par le biais de ses coutures qui sous les lumières brillent avec eux.

mais de l'illusion il faut défaire les fantasmes — du chapiteau au bureau. presque emploi d'apparat que doit penser mama en caressant le plissé d'une jupe ou la droiture d'un col… ce n'est pas pour ses parures qu'on a voulu de sa signature. pas pour l'application d'un rouge à lèvres en séchant les larmes de la marionnettiste, ni pour son sourire en fermant les boutons de la chemise du petit pierrot. c'est dans l'atrocité que satine se révèle, en enlevant lentement ses gants (noire qu'est la dentelle). sur les crevasses des lames elle dépose la main, sur l'œil crevé elle restitue l'étincelle. guérisseuse de pantins qui s'élancent sur la scène, prête à les réparer à l'acte suivant. éternellement.

BISEXUELLE, SEULE —
sentiments répugnants qu'elle enferme en son sein, ses affections demeurent secrètes quand elles touchent à la passion. couarde, l'éperdue fuit ceux qui provoquent ce battement fou entre ses côtes, maudit les anges et démons capables de lui faire perdre la tête ! ce qu'elle déteste par dessus tout, c'est cette version d'elle qu'elle contient à peine ( vorace, transgressive, insatiable ), cette possessivité qui l'outrepasse et ce besoin de domination qui lui ressemblent si peu. sous les flammes de ses passions satine se transforme, quel autre choix que de taire cette frénésie qui lui rappelle de terribles caractères héréditaires ?

MIDRIAS, MOYENNE —
essor que certains qualifieraient d'apogée pour l'amadeus circus, les coffres sont bien remplis depuis leur installation dans ce quartier prometteur de la cité des lumières. mais de cette réussite ne pas vraiment sentir les effets: la belle ne touche pas vraiment de salaire et doit simplement se tourner vers mama pour obtenir un peu d'argent.

GIFTED, HEALER —
réceptacles de souffrances qui s'incrustent tout le long des chairs, les paumes tatouées s'emparent des douleurs aussi partielles que profondes. il lui a fallu de nombreuses années pour maitriser toute l'ampleur de ce don, ne plus ressentir de plein fouet des résidus de peines d'autrui. aujourd'hui, avec ses prières murmures elle catalyse les afflictions qui disparaissent dans un néant prodigieux — une cantate pour un miracle.

ACCROISSEMENT DES POUVOIRS —
magnificence seulement en bonne compagnie. la capacité louée par ses pairs se trouve pourtant bien désuète si de solitude la magicienne s'éprend. la voilà gratifiée d'une puissance qui ne lui appartient jamais vraiment, renforçant aléatoirement gloire et chaos —  louange et châtiment… simplicité des mauvais choix.

à tous les bizarres (oh) les étranges (oh) les bâtards
à tous les MONSTRES, ceux qui dérangent, les mis à l'écart
à tous les parias (oh) les exclus (oh) sans égards
à tous les SEULS, ceux dans leurs chambres,
toujours dans le noir

petite vagabonde déambule de roulotte en roulotte, ses traces de pas dans le sable dévoilent tout de son chemin ( de couleurs en senteurs ). à la cuisine elle s'arrête un instant, admire la précision des couteaux du chef qui s'activent autour des légumes. vla que la louche virevolte jusqu'à sa bouche pour lui faire goûter la soupe de ce midi ! s'en vient le chef qui lui tire un petit sourire avant de lui sommer de ficher le camp, et satine l'entend gronder les instruments animés de magie « accélérez la cadence, flemmards de métal ! je vous jure, je vais vous remplacer par des ustensiles en argent moi, ça va être vite vu ». dans deux heures, tous les artistes se réuniront sur les grandes tables de bois dans une joyeuse cacophonie avant de partir se préparer pour ce soir, les estomacs remplis. et demain à la première heure du jour il ne restera plus rien de leur brouhaha, du chapiteau et des monstres jolis. rien qu'un peu d'extraordinaire dans les souvenirs des spectateurs. jusqu'au prochain spectacle, jusqu'au prochain pays !

une main potelée dans celle de sa mère, l'autre dans celle de sa tante. zaia enlève à la va-vite un peu du sang sur sa joue, carmin poisseux collé contre son visage ayant retrouvé depuis peu une apparence humain. jézabel leur intime de presser le pas jusqu'à la chapelle au fond de la cour. les deux sœurs s'avancent comme en terrain conquis — la pierre blanche inchangée, les mêmes fleurs juxtaposées dans une harmonie figée, et là ! les pointes d'acier délimitant la prison d'antan. siamoises taisent les mots d'un passé laissé sur le carreau, galvanisant pleinement un silence se faisant cérémonial. satine retient presque son souffle, la pression au bord des lèvres. maman lui a expliqué le pourquoi de ce pèlerinage, l'importance du rituel sacré sensé lui transmettre un précieux pouvoir. jézabel pointe l'artefact 'familial' que les vitraux illuminent d'une gloire multicolore… alors que l'enfant sert plus fort les doigts de sa mère, celle-ci retire sa main pour l'intimer à s'avancer vers sa destinée ( seule ). dépêche-toi. sans mot ni hésitation la petite réunit son courage, craignant de montrer l'ombre d'un doute qui causerait la déception de ses matriarches.  elle atteint le socle où repose un collier aux pierreries fabuleuses —  bouche-bée, les yeux se perdent dans les détails sculptés et la somptuosité du travail d'orfèvre. le cœur explose ! elle le sent imploser, feux d'artifices qui se perdent tout le long de ses bras, de ses jambes. ça crépite contre son crâne alors qu'elle touche finalement l'artefact en récitant les mots qu'on lui a fait répéter tous les soirs avant d'aller se coucher: « sic itur ad astra ».

il n'y a pas eu d'éclat ou de flamme, aucune créature céleste ne fit le déplacement pour tendre à la fille de la fugueuse le cadeau tant attendu. il n'y a pas eu de vague ou de pluie, la mer n'emporta pas la chapelle dans une tempête salée. il n'y a eu que ce silence que les injures de jézabel vinrent à briser pendant que zaia courut vers satine pour attraper ses mains tatouées, ses cheveux de jais, son visage stupéfait. « m-mais qu'est-ce qui s'est passé ? satine qu'est ce qui s'est passé ?! »

rien. il ne s'est rien passé. et c'est dans cette tradition brisée que les sœurs crurent à une punition divine à laquelle leur famille ne pourrait échapper: la fin d'une lignée ( illusion trompeuse d'une aptitude que l'on peine à déceler ).

installée dans les gradins au niveau de la première rangée, satine offre seulement une piètre attention aux répétitions de momo qui s'évertue à apprendre à ses squealies l'arc musical des numéros du cirque. concentration complètement vouée à son ouvrage, la jeune fille coud avec application des rubans scintillants sur un chapeau haut de forme, cadeau destiné à son ami et ses rêves taillés en grand ( encouragement tendre, mon bel au revoir ). mais voilà que jester s'invite par dessous la bâche, qu'il accourt essoufflé près de son amie qui camoufle tant bien que mal la surprise qu'elle lui prépare ! délicatement les doigts de l'apprentie guérisseuse remettent les mèches désordonnés du garçon alors qu'il tente de trouver l'ordre dans la phrase qu'il se doit de prononcer. « c'est flloyd ? il a encore mal ? » apaiser ses maux à la mure, vainement. la bouche tremblante de jester laisse les pensées s'éprendre d'un malheur plus grand, et satine sent la terre se dérober sous ses pieds. « c-c'est... c'est ta mère satine. je... zaia est- e-elle est morte. »

pas de cadeau de départ,
pas d'au revoir
— à la place, viens dire adieu.

toutes les funérailles, jézabel lui a tenu la main
( tu sais, toi aussi tu devrais m'appeler mama ).

devant la porte du bureau de mama, satine tire frénétiquement sur ses gants noirs. nerveuse, elle n'arrive pas à trouver l'élan suffisant pour prévenir sa tante de sa présence. qui aujourd'hui se cache derrière la porte, prêt à subir le courroux sinistre de la femme aux mains de fer ? à qui appartiendront les hurlements perçants de la souffrance sous la lame ? sur quelle peau satine posera t-elle ses mains pour y soulager  les supplices ? contre quel regard aujourd'hui encore s'abattra son silence ? dérisoire que de laisser s'étendre les minutes, maigre tribu d'un murmure pour trouver la force d'entrer —

sic itur ad astra.

c'est en silence que satine s'en retourne à cette place qu'est la sienne. là, dans le coin que se niche la contemplatrice d'outrages, aux côtés du monstre affectueux dont elle se fait nouvelle prolongation ( à défaut d'être siamoises, suis-je ta meilleure moitié ? ). « va t'asseoir. » sursaut. « tu es sourde ? j'ai dit va t'asseoir. » rapidement elle s'exécute, s'installe dans la chaise réservée aux martyrs et aux acclamés ( jusqu'au prochain miracle, la bévue suivante ). jamais ses bras n'ont goûté à l'encolure des accoudoirs de ce fauteuil maudit; il s'agit là pour elle de la première sommation. dans les veines battent la crainte autant que le soulagement — aujourd'hui personne d'autre de mama ne subira les tourments. « tu t'es bien amusée satine ? à railler la confiance que je t'ai offert, à balayer d'un revers de main toute la tendresse dont je te couvre depuis la mort de ta mère ? depuis des années je te traite comme ma propre fille, et c'est comme ça que tu me remercies ? » les lippes s'écartent de stupéfaction sans vraiment y trouver à redire, joues piquées vives d'un rouge coupable. comment ? comment mama peut-elle connaître son secret préservé au péril des promesses ? les pensées s'accommodent d'une surprise subjective… car le cœur, lui, sait. ( jester ). et pour lui, il n'y a de reproche dans ses regrets. le poing de sa tante fracasse le bois alors qu'elle quitte son assise impériale pour s'approcher un peu de sa nièce.  « regarde moi quand je te parle ! ça fait combien de temps que tu te moques de moi, à me cacher la réussite du rituel ? hein ? à me faire croire que la lignée s'arrête avec moi ? » derrière le tumulte de la rage, écume d'émotion ( déception, tristesse, désarroi ). mama n'agite pas que sa colère dans les fluctuations de sa voix, elle dévoile un drapeau d'affection qui encourage satine à la capitulation. « … je suis désolée. je - je ne sais pas ce qui m'a pris. » dévoiler les non-dits avec un mensonge; il y a derrière la manigance l'agitation d'une petite révolte. satine craint de voir sa capacité décupler d'autres maléfices, elle doute des méthodes dissuasives d'amadeus circus ( asservir l'amour, du collier à la corde ). « c'est à cause de toi que je dois en venir à ça. »

marques encore visibles d'une leçon retenue, c'est le long du dos que sont inscrites les lignes d'un destin qui ne lui appartiendra jamais.

à mesure que ses pas l'éloignent des abords de la scène, le tintamarre joyeux s'étouffe dans la tessiture de la toile. de la gloire des applaudissements ne jamais profiter; car sous les lauriers la tête s'effondre et d'autres tâches l'incombent déjà. du désordre être la croix ! la précipitation des artistes fait des loges le théâtre d'un foutoir aux masques éparpillés, elle enlève du sol les costumes abandonnés à la va-vite. véritable rangement remis à plus tard pourtant, comme tous les soirs… c'est d'abord dans chaque roulotte qu'elle ira se présenter; heureuse de voir ses circassiens resplendir encore de leur succès. avec attention, satine regardera la petite erin mimer la pirouette exécutée avec bro, écoutera les complaintes de momo quant à ses bestioles indisciplinées, démaquillera soigneusement le maquillage coloré de jester, et dansera tendrement avec amar... en chantant des airs de nulle part pour soigner la énième bosse sur son front de grand maladroit !

et comme tous les soirs, elle ira dans la dernière roulotte, celle en contrebas. il y aura le silence jusqu'à la porte qui s'entrouvre juste assez pour la laisser passer — une pénombre opaque, volets tirés. lyran sera là, esseulé d'un malheur cruellement salvateur. à ne soutenir ni reflet ni regard, la grandiosité morbide en charpie tout le long de sa carcasse. peut-être qu'avec lui elle pleurera un petit peu. peut-être pas. avec délicatesse elle retirera ses gants, approchera ses mains sans l'ombre d'une hésitation ( connaître ce que ce genre de doute provoque chez lui, shymer craint d'être si répugnant qu'au touché l'âme se disloque encore un peu plus ). satine soignera les mutilations d'un traumatisme souverain, corbeau sur la couronne de cornes.

comme tous les soirs, jusqu'à la fin —
rideaux ?