enfant longuement désirée, arrivée tardive au sein du foyer familial, on murmure que le prénom était déjà choisi bien avant sa naissance. romy au teint de chérubin, on aime à lui répéter que la seule exigence parentale était que le prénom comporte la lettre symbolique, dite parfaite, cyclique, infinie. O comme pour Oesterwind, c'est pourtant cette même lettre qu'elle décide d'abandonner lorsque ses parents la jugent imparfaite, la rejettent. le pseudonyme jusqu'alors uniquement utilisé sur les écrans devient désormais une seconde peau, une nouvelle vie. rym au teint d'albâtre et aux lèvres rosies.

sous les dorures du quartier midriais, c'est à l'ombre d'une clinique privée qu'elle vit le jour de même que l'été s'achève. morgan oesterwind veillait son épouse depuis la tombée de la nuit, sa main dans la sienne, et ce ne fut qu'à l'aube qu'ils purent poser les yeux sur leur miracle. romy, venue avec les premiers rayons solaires du 22 septembre 2001. apportée avec le jour, désormais baignée dans l'obscurité, à fuir l'astre ayant baigné ses premières heures.

ça a commencé par ennui, besoin de passer le temps trop souvent passé seule à la demeure familiale. téléphone dernier cri posé maladroitement sur un meuble de cuisine, recette de sa grand mère sous ses yeux. guuys, i hope you're alright, 'cause i am ! éternelle phrase d'accroche pour débuter ses vidéos, et bientôt le nombre de likes qui grossit, la communauté qui se forme autour de rym (pseudonyme choisi au hasard quand romy ne passait pas) comme un nuage d'abeilles dont elle serait la reine mère. célèbre influenceuse, c'est dans le domaine de la cuisine qu'elle exerçait alors dès l'âge de quatorze ans. recettes d'abord simples, puis de plus en plus recherchées, besoin de satisfaire l'audience, de créer plus de contenu de référence. elle commence à chercher des recettes abandonnées, oubliées, de famille, ou avec des ingrédients de la basse ville, n'hésitant pas à partir même sur le terrain à ketterdam (poussant parfois jusque zaun) pour se renseigner, savoir ce qui est le plus facile à obtenir.

mais l'univers s'écroule quand elle perd le goût, à l'exception seule de l'hémoglobine. à dix neuf ans à peine, romy devient rym, la vampire. elle ne se laisse pas abattre, se sert finalement après de longs mois de vide de sa transformation pour son contenu. vlogs, posts, vidéos, elle ne se cache pas, au contraire, elle s'expose. elle perd une grosse partie de ses abonnés, les enfants du fléau n'étant pas appréciés par beaucoup. elle tient pour crédo le principe suivant : les haters donnent des vues. c'est comme ça qu'elle ignore ceux qui se rendent sur ses lives pour l'ignorer, garde le sourire quand on lui envoie des messages de haine où on lui demande de mourir. la seule à pouvoir jouer avec sa vie, c'est elle-même.

c'est d'ailleurs pour ça probablement qu'elle a fait partie de ces influenceurs à l'initiative du projet bleak, faisant des vidéos s'apparentant à de l'urbex ( urban exploration ) rejoignant des endroits dangereux, voire interdits pour se confronter au risque et usant d'un sablier du temps pour se sauver en cas de danger/mort. le projet cartonne, les vidéos s'enchaînent depuis 2021. le groupe ainsi assemblé se permet même d'acheter un complexe sur midrias pour disposer d'un local chacun où tourner ses vidéos, ainsi que de salles communes pour travailler sur la prochaine expédition de groupe.

esprit intenable, porté par les envies. il y a un peu plus d'un an encore, dans une autre vie, romy était promise à un fils de celestia. inutile de préciser que son passage dans la catégorie "enfants du fléau" n'a pas réjouit sa belle famille en plus de sa famille tout court. depuis, rym est célibataire, loin de vouloir se poser dans une relation sérieuse ou même d'y songer.

l'opulence et la sécurité ne suffisent visiblement pas à celle qui joue les têtes brûlées. c'est pourtant bien dans un appartement luxueux de midrias qu'elle habite seule, rym, fenêtres calfeutrées mais un accès au toit dont elle profite lorsque les étoiles sont hautes et si belles, si loin du fold menaçant plus bas, plus loin, hors de portée.

à se croire trop intouchable, vient fatalement le retour de flamme. parfois, il lui semble encore sentir la douleur de la morsure, l'énergie se dérobant à elle, puis le goût, écœurant, métallique, du sang entre ses lèvres. vampire. elle n'en avait jamais vraiment trop connus, rym. c'était presque comme un conte pour enfants, une histoire qu'on raconte avant de dormir, ces créatures qui peuplent pourtant bel et bien la ville, plus souvent dans les quartiers de la basse ville que chez elle, où être enfant du fléau est synonyme de dégringolade sociale. qu'à cela ne tienne, rym, elle, elle trinquera avec ses smoothies de sang face caméra. unbothered bitch.

⌜ keywordѕ ⌟ champagne for my real friends, real pain for my sham friends ; xoxo ｢ꕥ｣ centuries ; house of memories ; baby girl ; bloody doll ; am i a monster ? ; afraid to kill ; losing control ; lights, cameras, action ; we could be lovers ; dirty little animals ; ｢ꕥ｣ long live the rich ; she's such a princess ;

pétillante, vive, c'est comme si le soleil cherchait à la suivre, même dans les recoins les plus sombres, ceux là même où elle est obligée de vivre aujourd'hui ; elle ne se laisse jamais abattre, rym. voit toujours le côté positif des choses, naturel désarmant, à presque y chercher une quelconque hypocrisie. pourtant, elle est seulement de ces enfants qui veulent vivre, vite, fort, et sans limite, à en payer parfois (( souvent )) le prix, tête brûlée qui déjà n'avait pas peur de poser trop de questions, de s'aventurer dans la basse ville, consciente du danger, mais inconsciente malgré tout. elle rit de ces riches qui profitent uniquement de leur labeur à l'approche de la mort : elle, elle veut vivre jeune, elle veut forger des souvenirs qu'elle pourra raconter aux enfants des autres pour leur faire peur, pour les faire rire, pour susciter toutes ces émotions qui valent la peine d'être vues, entendues, lues sur les visages poupins et ceux marqués par de longues - et belles - années de vie. c'est ça qu'elle veut, rym. et si ça doit s'arrêter avant.... ainsi soit-il.

elle abuse des bonbons acidulés, jurant qu'elle parvient à sentir le côté sucré ainsi que le côté piquant ☾ elle maîtrise toujours très mal le mode de déplacement des vampires. vous savez, le truc des ombres, là ☾ neige a été la première personne dont elle a pu prendre le sang sans perdre le contrôle. elle accepte d'ailleurs ses propositions principalement pour ça, bien que culpabilisant systématiquement sans le lui dire ☾ casse cou du projet bleak, elle joue les big bawss à partir la première dans une pièce, pour souvent être celle qui traversera le plancher. une fois sur deux, elle arrive à se sauver avec ses ombres. l'autre moitié, elle se casse quelque chose. ou pire. ☾ elle s'est déjà envoyé en l'air avec ash hors caméras dans un lieu d'urbex. il s'en souvient. elle non. ☾ elle nourrit secrètement l'espoir de pouvoir créer une cuisine pour vampires, pour leur permettre de se nourrir de sang collecté (et non pas prélevé directement à la source) sans risque, ni impression d'insatisfaction ☾ elle n'en parle jamais, mais elle est à ce jour toujours très effrayée par la vampire en elle ☾ curieusement, même si ses fiançailles ont été évidemment rompues, azan l'a aidé après sa transformation et a toujours contact avec elle aujourd'hui. sans doute un peu coupable de ce qui lui est arrivé alors qu'elle le suivait ☾  

zoom in, zoom out
september 22nd 2016, rym is fifteen
— guuys, i hope you're alright, 'cause i am ! and you all know why. elle tape dans ses mains avec entrain, caméra allumée au milieu de la cuisine, parents absents, comme bien souvent. pourtant elle rayonne, romy, le sourire qui rend les iris rieurs, et l'immense saladier qu'elle vient poser devant elle d'un air mystérieux. — because it's my birthday, yay ! so i thought it'd be cool to do a live to celebrate with y'all, and bake my very own birthday cake as i'll answer your questions. c'est devenu un quotidien, un échange constant, les pseudos qu'elle reconnaît, d'autres non. progressivement, elle s'est créé cette petite communauté commentant ses recettes, réclamant plus de contenu, plus d'elle, tout simplement. si jeune et pourtant déjà si médiatisée, publications quotidiennes sur momento, vidéos culinaires en tout genre, interviews de grands chefs midriais (à commencer par son propre père, sa plus grande inspiration). et elle aspire à devenir un jour un aussi grand chef que morgan oesterwind, romy. elle a toujours voulu briller dans les cuisines et régaler les palais.

polaroid love
august 18th 2019, rym is seventeen

— him ? c'est murmuré à l'adresse de sa mère dans une grimace, observant de loin le blond à l'allure austère, froide. repas de famille en compagnie de proches amis de ses parents, sa mère a toujours été une très bonne amie de l'épouse vaan-karst, mais jusque maintenant, romy n'a jamais particulièrement sympathisé avec leurs enfants. et encore moins celui-là. — he's a good kid. tente de rassurer sa mère, laquelle connaît la famille entière depuis des années. pourtant, quand elle observe son futur époux, romy ne peut s'empêcher d'être dubitative, jouant avec ses couverts à table comme si elle allait devoir brandir son couteau pour se défendre devant ce garçon. — it's like... someone wrote "careful, i bite" on his forehead. et malgré elle, elle ravale une envie de rire qui grillerait totalement sa discussion tout sauf convenable. pourtant, quand elle porte ces yeux en direction de sa mère, romy ne peut s'empêcher d'être intriguée par ce qu'elle y voit. de la pitié ? de la compassion ? — if someone could melt the ice surrounding him, it's definitely you, my little sunshine. et si la brune était un chiot, sans doute serait elle en train de lever les oreilles et d'agiter la queue, ravie d'entendre ces mots.

fiancée à azan vaan-karst ?
ainsi soit-il.

i'm a sucker for you
february 2021, rym is nineteen
— go away. le timbre est froid, comme toujours. à la différence que cette fois c'est dans les rues de zaun qu'elle s'aventure, romy, suit azan comme une ombre pour chercher à en savoir plus sur lui, percer cette fameuse carapace dont lui parlait sa mère les premiers jours. tu parles. un an et demi de galère, tout ça pour qu'il daigne à peine la regarder dans ses bons jours. — fine. stay on your own. but i promise you're gonna use your right hand once we get married because i'm not into dead men. ou c'est tout comme, mort de l'intérieur, le type, c'est pas possible d'être aussi coincé du derrière. un fléau. c'est la dernière chose dont elle se souvient, alors qu'elle criait encore sur azan tout en s'éloignant de lui dans la rue. puis, elle se souvient du prénom crié au loin. de la douleur autour de sa nuque, tandis qu'elle sombrait peu à peu sur l'asphalte.

ꕥꕥꕥ

16 hours later ; le bruit de verre brisé brise le silence dans la maison. jamais n'aurait-elle cru lire une telle expression de terreur sur le visage de ses propres parents, voir son père se dresser en travers de son chemin vers son épouse. — m--mom... dad...  elle était rentrée chez elle, ne se souvenait même plus comment. l'esprit trouble, sensation de froid, la main plaquée à l'endroit où elle se souvient avoir été mordue. — daddy, i'm scared, i.. i'm scared what happened to me ?  une part d'elle sait déjà. sent les griffes qui percent les doigts, qu'elle rentre dans les paumes de ses mains comme si ça pouvait cacher le reste, cette horreur qu'elle a vue dans l'une des vitrines de midrias alors qu'elle traversait les rues endormies. elle geint, l'enfant aux pupilles rougeâtres, chasse les larmes qui se perdent le long des joues pâles, tandis que, impuissants, les parents oesterwind assistent à la mort de leur si douce enfant. et ça, romy ne le comprend que lorsqu'elle voit sa mère brandir une lame en sa direction. — mom...? la voix se brise, les sanglots remontent. jamais ne s'est-elle senti aussi seule, abandonnée, incomprise et perdue. besoin désespéré que ses parents lui disent que tout ira bien, que d'autres y ont survécu, qu'ils l'aideront à s'adapter à ce nouveau monde. — get out, you monster. et si elle a toujours su les positions de ses parents sur les enfants du fléau, à scander que ceux-ci sont dénués d'âme, elle espérait qu'avec elle... ce serait différent. — OUT ! le grain strident de la voix de sa génitrice déclenche à nouveau ce déplacement qu'elle ne saisit pas, voix qui s'éloigne quand tout à coup elle se retrouve dans sa chambre, terrifiée, effondrée. elle saisit son téléphone après avoir verrouillé la porte, le temps de chercher un sac assez grand pour récupérer un maximum de ses affaires. et au travers des soubresauts et de son enfer, elle n'arrive qu'à prononcer le nom de son amie : — neige.. neige i'm so scared..

how could you warm my heart that's so cold ?
2022, rym a 20 ans

— hm ? is it working ? elle se penche en direction de la camera, paille entre ses lèvres tout en dodelinant de la tête sur sa dernière playlist du moment, mise à disposition de ceux le désirant depuis quelques jours sur son momento. le liquide carmin au fond du gobelet danse aussi, s'agite dans le receptacle transparent quand elle lit déjà les premiers commentaires du live. — "ew, gross." are ya talking about me, or about this ? elle soulève le gobelet rempli de sang pour l'approcher de la caméra, sourire mesquin sur les lippes. — hey, has your mother never taught you to not judge something you never tried yourself ? rire mutin quand elle sait très bien ce qu'elle dit, ce qu'elle fait. tout est calculé, petit personnage parfait, marionnette aux fils renouvelés depuis que ses rêves culinaires se sont évaporés. être la première cheffe vampire aurait pu être une option, mais sans pouvoir goûter ses plats, c'est risqué. elle a appris à se relever, rym, romy aux oubliettes, laissée dans cette chambre avec le reste de ses affaires, probablement brûlées par ses parents comme si elles pouvaient garder une trace du monstre que leur fille est devenue. et elle espère, rym. elle espère, parfois, que l'un d'entre eux se trouve devant son écran, à la regarder aujourd'hui. à voir combien elle se relève seule, capable de tant en dépit de ce qu'ils ont pu dire, en dépit de tous ceux qui lui ont tourné le dos du jour au lendemain. à tous, elle leur montrera.

— so, shall we begin ?