Le lot quotidien de Callen est complexe. Ses responsabilités et son rôle sont tellement importants qu’elle devrait déjà se sentir privilégiée d’avoir développé un tel lien avec lui. Zylith Arroyal n’a rien à offrir à sa communauté, ni à lui et c’est d’autant plus pénible quand son cœur en désire toujours plus. Elle aimerait avoir une place indispensable dans sa vie, lui prêter la seule épaule sur laquelle il pourrait pleurer sans avoir honte, briser l’interdit en caressant ses lèvres du bout des siennes. Elle n’imagine pas une seule seconde que d’autres ont les mêmes rêves. Que d’autres ont même réussi à les exaucer en partie sans qu’elle ne puisse le deviner. Car Zylith est aveugle et l’amour est bien le seul responsable dans cette histoire, elle qui détient tous ses secrets et les conséquences de ce lourd fardeau.

C’est pourtant en connaissance de ce dernier que la shymer aimerait avoir un pouvoir. Un pouvoir de s’immiscer dans ses pensées, les lire voire même rejoindre ses rêves les plus fous. Si la réalité d’une soirée dans les bois en sa compagnie est déjà si agréable, Zylith serait capable de prendre plus de risques dans un autre univers. Ses yeux aux mille étoiles fixent le garçon et ne laisse aucun répit à ce pauvre cœur. Lui qui avait peiné à se remettre de la pente quelques minutes plus tôt, est définitivement persécuté cette nuit.  

Pourquoi ? Pourquoi ne cherche-t-il pas à la raisonner ? Pourquoi ne cède-t-il pas à la tentation de ses lèvres ? Elle est sûre d’en apprécier le contact, elle mais la demoiselle ne peut pas prendre le risque d’être celle qui détruit tout sur son passage. L’envie est bien présente, terriblement présente. C’est juste qu’il a tout à perdre. Quant à la jeune femme, son cœur a bien compris qu’il était le parfait bouc-émissaire ou punching-ball. Callen se mordille la lèvre inférieure. Elle le remarque, bien évidemment. Ce n’est pas anodin mais elle ne réalise pas non plus à quel point tous les deux se retiennent. S’il avait vraiment voulu l’embrasser, il aurait cédé, pas vrai ? Sa main termine son chemin sur la nuque de la belle sans pour autant l’attirer vers lui, comme elle l’aurait tant voulu. Son nez se retrouve contre son épaule pendant quelques secondes durant lesquelles Zylith ferme les yeux. Son souffle est chaud voire brûlant et être près de son corps ainsi ne risque pas de faire baisser la température. Elle se redresse pour caresser son front. Où seraient-ils tous les deux sans cette foutue lune ? Auraient-ils eu la chance de se rencontrer ? Serait-elle venue jusqu’ici si elle n’était pas touchée par cette malédiction ? Callen Komeyt ne l’a pas délivré de celle-ci, pire encore... Il avait pris son cœur en otage. Un sourire se dessine sur ses lèvres. “ Idiot... “ Elle échappe un léger rire. “ Je ne suis pas censée dompter des Collumnicus ? “ Elle ne devrait pas casser le sérieux de cette conversation. “ Partons tous les deux, Callen et tant pis si nous ne tombons pas sur des créatures sorties de notre imagination... Tu verrais les merveilles qu’on peut croiser rien que dans notre monde. “ Elle en avait une en face d’elle, pourrait-elle ajouter avec audace. Elle lève plutôt son petit doigt et le dirige vers lui. “ C’est une promesse ? “ demande-t-elle avant de se lever. “ Tu as un couteau ? “ Elle ne veut pas le faire passer pour mort... Juste une idée spontanée un peu bizarre. “ Nous avons tellement passé du temps dans ces bois... C’est notre maison et si nous devons la quitter, je veux juste marquer notre passage ici. Que tout a commencé ici. “ Et tant pis, si l’arbre lui en veut d’avoir violenté son tronc. De toute façon, Zylith n’aura peut-être pas assez de force pour graver leurs noms.  

Son coeur ne semble pas encore prêt à arrêter sa cavalcade.
Il devrait pourtant se remettre maintenant que la tentation n’est plus si près.
Pourtant là, le regard relevé vers Zylith, savourant chaque caresse sur son front… il se dit qu’il aurait peut-être dû y obéir pour faire exploser la torture.
ça ne calmerait pas ses battements non ?
ça les affolerait davantage ?
Embrasser Zylith… ça devait être différent. Il n’avait pas besoin d’essayer pour en être sûr, il le savait, c’est tout. Ce ne serait pas comme obéir à un devoir… il en mourait d’envie. Et sa main ne résiste pas à venir en trouver une autre pour jouer un instant avec des doigts « Si, c’est un peu ta grande mission sur cette planète. » dompter des columnicus… et rester avec lui. Surtout rester avec lui.
Un souhait bien égoïste mais qu’il ne pouvait s’empêcher de formuler.

Il le formule quand ses lèvres osent prononcer des mots de folie.
C’est stupide. Idiot. Irresponsable surtout. Et pourtant, il s’imagine… partir un beau matin en compagnie de Zylith et ne plus jamais regarder en arrière.
ça ressemble à un doux rêve, étranger à cet univers dans lequel il est né… « Il y en a vraiment beaucoup ? » des merveilles…
Parce qu’il est convaincu d’avoir la plus belle à portée de regards  « Comme quoi ? » évidemment, l’enfant curieux demande à ce qu’on lui vende du rêve. Pourtant, il n’en n’a pas vraiment besoin quand son doigt se dirige vers un autre pour le serrer « Oui, c’est une promesse. »
Dans quoi est-ce que tu viens de t’engager Callen Komeyt ?
Sur le chemin des interdits à priori.

Sur le sol, quand Zylith se relève, il se redresse pour s’asseoir avant de hocher la tête. Sa main vient chercher son sac et quelques secondes plus tard, pendant les explications de sa camarade de virées nocturnes, il lui tend un couteau pour se relever à son tour « Alors choisis le meilleur endroit… » son regard se promène sur le coin de paradis, divague entre quelques arbres… l’idée lui plait. Un peu comme pour marquer le coup et laisser une trace des débuts de leur histoire… des noms sur une page de garde d’un livre avec beaucoup de chapitres.
Parce qu’ils en ont plein à écrire… n’est-ce pas ?
Demain, et les jours d’après, Zylith fera toujours partie de sa vie. Ce serait cruel de lui arracher sa source de bonheur maintenant qu’il y a goûté…
Vivre sans elle, il sait très bien qu’il n’en n’est plus capable.

« Cet arbre. » de l’index, il désigne un arbre qui lui fait de l’oeil. Et puis son regard croise celui de Zylith, et en signe d’innocence, il lève les mains « Pardon. Je t’ai dit que tu choisissais. » alors il abandonne l’arbre très cool pour une gravure des yeux et reporte son attention sur sa douce lumière pour voir où son regard se portera.

En dix-neuf ans d’existence, Zylith Arroyal a toujours fait preuve de courage. Premier exemple, elle n’a pas suivi les consignes de ses parents qui l’obligeaient à rester enfermée dans sa chambre pour cacher sa vraie nature. Deuxième exemple, elle n’avait pas hésité à leur tourner le dos pour trouver un monde supposé meilleur. Troisième exemple, elle l’avait fui les terres principales de Ketterdam dans l’espoir de trouver un remède. Mais si la jeune femme subit encore sa malédiction, elle avait fait la rencontre d’une personne qui donnait du sens à sa vie entière. Elle ne saurait dire pourquoi, ni comment il avait réussi à avoir autant d’importance pour elle mais il l’avait réussi à lui faire perdre ses moyens. L’idée de perdre pied n’est pas désagréable. C’est juste qu’elle ne veut pas tout détruire. Perdre ces moments avec lui lui briserait le cœur mais en sa présence, sa nature avait terriblement changé. Ses attentions sont remplies de douceur et les moments de silence sont reposants. Une parfaite symbiose qui semble aussi irréelle que ses poussières d’étoile. Elles sont à portée de mains et pourtant, quand Callen Komeyt est dans les parages, un terrible constat peut être effectué. Fini la demoiselle courageuse quand de ses lèvres, elle ne parvient pas à braver l’interdit !  

Alors, au lieu de se laisser guider par l’un de ses plus grands désirs, la jeune femme évoque un projet. Quitter une secte paraît plus simple que de passer aux aveux. Une logique qui n’en est pas une, de toute évidence mais apparemment l’un comme l’autre semble une nouvelle fois en parfaite harmonie. Un léger rire résonne dans les bois. “ Tu ne me crois pas sur parole ? “ Elle aimerait lui citer sa découverte pour la musique, quelques années plus tôt. Surtout le piano, même si la guitare avait tendance à lui donner envie de danser. Mais ce jour-là, aucun cavalier n’aurait pu la satisfaire. Désormais, aurait-elle un partenaire de danse ? Si leurs lèvres ne s’étaient pas scellées, c’est finalement le cas de leurs petits doigts. Promesse d’enfants alors que les enjeux sont dangereux. Mais encore une fois, Zylith serait capable de prendre le risque. Ailleurs, elle n’aura plus besoin de le partager, ni de compter le temps qu’il leur reste à passer ensemble, avant le petit matin.  

Elle cherche donc le meilleur endroit pour marquer leur passage ici, dans les bois. Quelque chose de mémorable en l’honneur de leur rencontre. Ne peut-elle pas graver son prénom en toutes lettres sur le cœur de Callen ? Aller ailleurs, c’est lui permettre de découvrir de nouvelles personnes alors qu’adviendra-t-il de sa petite personne fermée aux autres ?  Mais par chance, la jeune femme est trop occupée par sa recherche d’emplacement pour se laisser distraire par des pensées qui n’ont aucun sens. Zylith se retourne vers l’homme qui désigne un arbre. Elle n’a pas le temps de choisir, alors ? Elle fait mine de le juger du regard et se donne un air taquin. “ Fais gaffe, je suis armée. “ Elle marche à côté de l’arbre et pendant plusieurs secondes, un blanc s’installe. Sa réflexion est interprétée par cette nouvelle grande actrice avant de jeter son dévolu sur l’arbre choisi par les soins de son complice. “ Je te fais confiance. “ Et puis, elle retire peu à peu l’écorce de ce pauvre arbre pour inscrire leurs initiales. “ C’est droit ? “ Demande-t-elle avant de s’évertuer à graver un cœur, difficilement. Elle ne saurait se justifier réellement alors elle brode quelques excuses. “ J’ai vu des gens faire ça... Apparemment, ça représente des âmes sœurs. Une moitié + une autre moitié. “Tu en penses quoi ? “ Une drôle de sensation de retourner à la maternelle.  

C’est presque un contrat que Zylith s’apprête à graver sur l’écorce d’un arbre.
Quelque chose pour les lier à une folie.
Une promesse…
… sur laquelle sa raison ne se questionne pas encore. Elle devrait pourtant. Lui souffler au moins… lui dire que le plan est fou et qu’il sonne peut-être un brin trop sérieux maintenant. Que même plaisanter sur le sujet n’aurait pas dû être permis ceci dit.
Alors y songer sérieusement et le promettre à un arbre… niveau folie, on était clairement dans le niveau rouge au minimum…
Et pourtant, ses pensées voguent loin, très loin. Vers les columnicus. Vers la possibilité d’une autre vie. Avec Zylith.
Un futur qu’il voit avec des couleurs bien plus jolies que celles du présent, même si Zylith a coloré son monde auparavant en noir et blanc quand elle a débarqué dans sa vie.

Mais là, les mains levées sous la menace d’une Arroyal, il se dit que loin d’ici, Zylith serait bien capable de retirer les dernières traces de noirceur.
Presque comme l’écorce qui se met à tomber tandis que sa complice trace les premiers accords d’une promesse qu’il se permettait parfois d’envisager dans des rêves insensés.
« Une graveuse d’écorce talentueuse, de toute évidence. » pour quelques lettres ?
Zylith aurait pu faire la roue maintenant qu’il l’aurait sans doute qualifiée de grande gymnaste capable d’éclipser n’importe quelle adroite personne dans un cirque.
Et puisqu’il n’y avait pas de verres correcteurs pour sa vision charmée, autant le laisser admiratif devant quelques lettres.

Puis un coeur que le sien voit sans doute comme un véritable travail d’artiste.
… que le sien supporte à priori en accélérant son rythme… et en laissant son teint se colorer légèrement.
“T’es con Callen”.
Voilà ce que ses pensées répondent à cette phase de “panique” qu’il ne sait pas vraiment qualifier avant de se rapprocher prendre l’arme des mains de Zylith.
Rien qu’un trait sur lequel il repasse, une bien faible participation dont on pourrait se moquer…
… mais une recherche pour s’engager aussi dans cette promesse…
« Non c’est cool, j’aime beaucoup. » le concept d’âmes soeurs ?
Oui…
Ce concept qui  a coloré un peu ses joues en somme.
Pourtant, il essaie d’avoir l’air détendu, un peu cool et de garder la pause tandis qu’il fixe une œuvre… puis parfois un endroit que ses yeux essaient de mémoriser.
Cette place est leur désormais. Leur drapeau trône fièrement sur une écorce… ses pensées viennent capturer l’instant…
Un souvenir agréable dans quelques temps.
Un endroit pour se perdre en réalité…
Une perdition recherchée, un goût de désespoir amer… mais le besoin de revivre un moment parfait… avec le regret de ne pas pouvoir s’y téléporter pour honorer cette promesse sans attendre.