And now I'm acting hella elite
Never want the peoples that's in my league
I wanna fuck the ones I envy

Une flûte de champagne à la main, Amore était là à toutes les fêtes. Iel aimait recevoir des invitations par dizaines, iel prenait même un certain plaisir à en refuser au profit d’autres, ne pouvant qu’apprécier la délicieuse ironie de voir qu’ils demandaient tous sa présence alors qu’avant ils ne faisaient que la dédaigner. C’était son tour, à présent, de les regarder de haut, perchés sur les talons de ses chaussures.

C’était les plus fastueuses qu’il choisissait toujours - celles où il fallait le mieux s’habiller, le mieux paraître, car les apparences étaient tout ce qui comptait en ce monde. Rien n’était plus important que de briller pour Amore, briller jusqu’à s’en brûler quitte à se noyer dans les lumières superficielles. Et si pour rayonner plus fort iel devait projeter une ombre d’autant plus longue, alors cela lui convenait ; personne ne pourrait plus la voir, une fois aveuglé par son éclat.

Quand bien même son cœur était toujours grignoté d’une jalousie rampante, quand bien même le vide au fond de ses entrailles se creusait un peu plus à chaque fois, surtout qu’il n’était pas rare que se mêlent à ses soirées des invités tout droit venus de Celestia. S’il repoussait de toutes ses forces la sensation qui lui grimpait entre les côtes, il ne pouvait empêcher son regard se faire plus intense lorsque celui-ci glissait sur eux. Iavaient une chose qu’il n’avait pas, une chose qu’il ne pourrait jamais avoir ; cette magie qui lui avait glissé entre les doigts, dont il ne pourrait toujours avoir que le penchant négatif, cette magie à laquelle il n’avait pû goûté qu’en se perdant dans les reflets trompeur de l’offa. Il avait bâti son empire dessus mais ça ne suffisait pas pour arrêter de vouloir s’en salir les veines, pour combler le vide que lui laissait ce manque jamais comblé.

On ne l’aurait pas dit toutefois à Midrias, tant les richesses étalées rivalisaient de grandeur. Mais tout l’argent du monde ne pouvait acheter ce qu’ils rêvaient tous de toucher du doigt, et ne suffisait qu’à en donner l’illusion, d’une façon ou d’une autre - et d’une manière plus ou moins légale.

Ils s’y mêlaient presque pourtant à ses nobles celestiens, lors de ses démonstrations de luxe, même si tout le monde était bien conscient de la séparation, et beaucoup de Midriais aimait à la rendre plus ténue ou faire comme si elle n’existait pas. Amore faisait partie de ceux-là évidemment, et si les mots de l’humiliation qu’iel avait subi restaient brûlants dans son esprit, il s’efforçait d’en repousser les souvenirs tout en faisant tout pour leur donner tort. Alors il n’hésitait pas à se comporter en parfait bourgeois, en ostensible riche pour mieux se rapprocher d’eux.

C’était l’un d’eux d’ailleurs, dont il reconnaissait la silhouette qu'il avait déjà tenue entre ses bras ; l'un d'eux qui relevait son menton avec orgueil, comme s'il était bien mieux que tout le monde dans la pièce. Et cet état d'esprit Amore pouvait le comprendre, mieux, iel le partageait. Cela rajoutait du charme, en tout cas un défi certain, et le séduire pour une nuit avait été comme effleurer l’inaccessible une fois de plus. Et si se contenter de le frôler sans jamais pouvoir s’en saisir tout à fait commençait à le lasser, cela continuait tout de même à l’attirer tel un éphémère par la flamme qui le consumerait.

Alors il se glissa non loin de Naïm pour le saluer - quelque chose semblait avoir changer chez le jeune homme, mais quoi ?Peut-être pourrait-iel l’apprendre, ce soir...

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aux nuits fauves insoupçonnables de gloutonnerie où la dentelle esquisse une toile divine, satire de la modique jeunesse dorée qui derrière ses airs classieux se révèle décevante, abîmée par les mœurs archaïque d'une société matrixée par l'illusion-pouvoir ; Naïm en raffole. de ces nuits d'ivresse à boire jusqu'à plus soif, à s'esquinter les narines en inspirant de la poudre fine aux couleurs de l'arc-en-ciel, à se fumer le cerveau, à se bousiller le corps et se flinguer l'âme en conscience ; oh oui, il en raffole tant. puits sans fond, gouffre abyssal d'insatiabilité, le fléau se baigne dans la luxure et la débauche pour s'oublier lui-même, satyre-incube qui aspire la vie comme un trou noir géant, déglutit, souffre, suffoque et s'enlise dans ces marécages putrides d'insatisfaction. la tête tourne, les sens sont altérés par la drogue aspirée furieusement et la boisson ingurgitée comme le nouveau-né glouton boit son lait ; tout n'est plus que sons et images chaotiques et disparates, sur la toile étanche presque palpable de ses torts qui l'accusent avec véhémence, fredonne aux esgourdes les fautes commises de manière répétitives, obsolètes reproches qui fissurent la conscience ; et le rire explosif qui n'a rien d'une réjouissance, sonne comme le glas de cette maudite expérience.

la tête renversée, pomme d'Adam qui ressort et derrière les orbes luisants d'insécurité, la folie ; de n'en avoir plus rien à faire que tout disparaisse en fumée, Baby peut faire flamber le monde, il continuerait à rire aux éclats, car c'est bien futile tout ça, n'est-ce pas ?  et qu'est-ce qu'il en sait lui de ce qui est bon ou mauvais, qu'est-ce qu'il s'en fous aussi quand pèse à l'intérieur de son âme cette sensation cruelle et incurable de vide. il a besoin d'être rempli, Naïm, mais tout ce qu'il convoite devient insipide aussitôt acquis ; quelle merde d'épuiser en continu toutes ces sources pleines d'illusions, à ce compte autant crever déraisonnablement. et l'abandon n'est plus très loin, il a un pied au-dessus du précipice et le corps flanche, perd l'équilibre. la chute fera mal, c'est indéniable, si elle ne s'avère pas fatale. mais qui l'espère, vraiment ? pour qui compte-t-il réellement ?  à nouveau, le rire est tonitruant. ce qu'il est con, hein. putain ce qu'il est con.

rires d'avarices et le port altier, la parade est de mise même en soirée. maître illusionniste, indigne héritier qui se mêle à la populace, leur fait grâce quand tout son mépris s'affiche dans son regard ; y'en a-t-il un seulement susceptible de le satisfaire ce soir ? il ne croit pas, non ; il en sûr pourtant le jeu reste excitant ou est-ce l'illusion qui court dans ses veines. il ne sait qu'en penser, Naïm, pourtant il l'a bien repéré. Amore au physique ravageur, source de plaisir infatigable et il pourrait se damner, là tout de suite, pour l'entendre rire ou chuchoter tout bas des obscénités pour le séduire. la psyché part en vrille, le masque s'effrite et dans son imprudence, Naïm se déconcentre, laisse tomber la traque ; ou a-t-il trouvé sa proie. — Amore... l'appelle-t-il sans détour, la voix plus rauque qu'il ne l'aurait souhaité, pourtant arrive-t-il encore à dompter l'intonation pour la rendre plus sensuelle. et l'oeil flatte, gredin, quand il esquisse un sourire conquérant en disant — penses-tu que j'aurais pu t'oublier ? car dans ses manières princières, Naïm lui signifie bien qu'il est spécial, Amore et qu'une fois n'est pas coutume, il s'en souvient. — tu m'accompagnes pour un verre ? la voix siffle dans l'air, touche la cible, Naïm au charme renforcé par le fléau tire des flèches invisibles, en plein dans le mille.
que croit-il.

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Les regards qui se croisèrent se firent brûlant soudain, comme une étincelle d’envie qui s’embrasait, comme si leurs charismes magnétiques s’entrechoquaient pour mieux exploser en lambeaux de désir. La voix de Naïm était rauque lorsqu’il l’appela, mais séductrice, et Amore n’avait pas à se faire prier pour tomber dans ses filets. Il voulait bien se faire proie, se laisser dévorer si c’était pour mieux se consumer. Et c’était ce que le Célestien lui promettait avec son regard avide, son sourire trop dangereux et son aura envoûtante. Si c’était généralement les autres qui tombait sous le charme du daemonis, iel n’était pas pour autant insensible à celui-ci - loin de là, et ceux du jeune homme faisait clairement partie des irrésistibles. Plus encore que la dernière fois, comme si quelque chose avait changé, comme s’il y avait quelque chose en plus qui augmentait encore l’attraction et creusait la curiosité déjà insatiable d’Amore.

Naïm ne l’avait pas oublié ; comment aurait-il pu ? Le midriais se savait être un bon amant, et il prenait toujours soin de se rendre inoubliable. Mais ça faisait toujours plaisir de l’entendre, surtout de la part de quelqu’un comme ça - samaël déchu par l'œil orgueilleux qu’il portait sur le monde. Péché partagé par cellui qui ne se lassait jamais de recevoir des compliments, démon trop sensible à la flatterie qu’iel était. Et si seulement c’était là leur seul sacrilège…

-Avec plaisir, sussura-t-iel après avoir vidé sa coupe de champagne, regard ingénu comme si elle n’avait jamais existé. Mais je ne peux pas te promettre de m’arrêter à un seul verre…

Avec un sourire, il glissa sa main dans le dos de son interlocuteur pour mieux l’accompagner à travers la foule, et héla d’un geste de la main l’un des employés de la soirée pour qu’il leur serve de nouveau cocktail.

Son bras se tendit pour attraper le verre alors que Naïm prenait le sien, et c’est pour trinquer qu’Amore se pencha vers lui, trop subtilement pour être direct et trop proche pour ne pas être indécent. Ses lèvres s’étirèrent encore alors qu’il but au lieu de se rapprocher plus encore, car s’iel appréciait quelque chose autant que les nuits de luxure qui venaient après, c’était bien le jeu de séduction lui-même.

-... Et tu sais bien que ça n’est pas la seule chose pour laquelle je peux t’accompagner.

Le sous-entendu était à peine caché mais après tout, pourquoi ne pas se jeter ensemble dans les méandres de leurs vices les plus sombres ? Même s’ils ne se connaissaient pas vraiment et que l'un comme l'autre gardait bien ses secrets, c'était exactement ce qui pouvait les rapprocher, ce qui pouvait les relier -  à travers leurs différences et leurs mépris, à travers leurs fausses lumières et leurs auréoles pourries, c'était leur véritable point commun.