・[ FI(R)ST DAY ON EMERA ]・
le temps lui parait long. en “réalité” - si on peut dire - le temps, si jamais il est question de temps dans un mode de feuille de papier … en “réalité” le temps lui paraît de plus en plus long, à Ellyon. les lapses de “temps” entre les visites d’Astra qui s’étirent, il lui semble. l’absence de stimuli qui se fait de plus en plus “sentir” - si on peut dire. à part voir, il ne fait pas grand chose, Lyon. bref. tout ça pour dire qu’il se fait ch-er grave.

alors un “jour” - si on peut dire - Ellyon s’alanguit seul dans son monde en aquarelle (pour rester poli). et il décide de euh, sortir ? sait pas bien comment l’idée lui est venue, ni comment il a fait, mais il l’a fait. hop ! into the real world, on sort du carnet à dessin de mademoiselle Astrea. heureusement que cette dernière n’était pas là, d’ailleurs. parce là ! grande découverte pour sieur Lyon qui découvre brusquement que les objets ont un poids, une texture, une chaleur. et il passe une bonne demi-heure à soulever tous les trucs qu’il trouve pour comparer. découvrant la densité par la même occas’ en soulevant des petits objets plus lourds que des gros. ponctuant le tout de “ouhaaaa !!!” ou “holy sh-t !” et encore “démeeeennnt !!”. #débiloss #possédé

et après cette séance de sous-pesage des plus enthousiastes, Lyon décide d’aller faire un tour dehors, la sensation de l’air glissant sur son visage lui arrachant de nouvelles exclamations fleuries. et lui faisant lever les mains en l’air les doigts écartés pour faire passer le vent là, et puis sur ses avants-bras aussi en remontant ses manches, breeeef. on ne va pas tout décrire en détail sinon on est encore là demain. mais dîtes-vous bien que Ellyon, c’est un corps d’adulte certes, mais avec les connaissances de ce monde-ci d’un petit gosse, la retenue sociale d’un ouistiti, la concentration d’un chiot et surtout une méconnaissance totale de tous autres stimuli que ceux visuels et auditifs. (bah oui? jusque-là, le type c’était juste un dessin dans un dessin). donc. autant dire que quiconque l’ayant croisé ce jour-là s’en souvient encore. (ok “encore” c’est peut-être exagéré sachant que ça ne fait qu’une semaine.) mais ça crie, ça pense à voix haute -et fort- et ça dit bonjour à tout le monde avec des grands sourire aussi, et ça veut taper la discute, sauf que les gens à Ketterdam, ils ont pas forcément envie de causer avec un type particulièrement joyeux, voyez. pour eux, c’est louche. “mais vous faîtes tous la gueule ici ou bien ??!” oups. il a parlé un peu fort. des regards noirs, il rentre la tête entre ses épauls et s’éclipse en trotinnant et en pouffant de rire comme un idiot.

et puis vient le drame. enfin pas tout de suite. mais ça tire tout en bas de son ventre. ça non plus il ne connait pas, les sensations organiques. et presque machinalement, il porte la main là où la pression se fait plus forte, et un peu plus bas aussi et … hein ? depuis quand il a un truc … là ? et hop le type qui jette un œil dans son pantalon au milieu de la rue et se met à beugler. “WHAT THE F-CK IS THIS SH-T !?” un pénis, monsieur. mais il n’a pas souvenir qu’Astrea lui en ait jamais dessiné un. ni qu’elle ne lui en ait déjà parlé. (bizarre, bizarre...) donc il ne sait pas bien quoi en faire même si ça a l’air lié à son problème. en tout cas, vu la tronche des passants autour qui le regardent regarder (et pas que) le nouveau machin qu’il a entre les jambes, … il ferait mieux d’arrêter. “non mais vous pourriez aller aux toilettes quand même !” devant son air de poule qui a trouvé un couteau, la bonne dame indignée lui indique une bicoque bof propre où il doit visiblement se rendre s’il veut continuer son inspection. mais il se fait précéder par un type qu’il se met en tête d’imiter. bonne idée l’en prend puisqu’il constate que l’autre gars à le même machin que lui et que lui sait s’en servir. ainsi Ellyon peut soulager les tiraillements dans son bas ventre en se servant d’un truc qu’il apprendra plus tard s’appeler urinoire. “ah ptn c’est trop bien ce truc !!” pisser. oui. c’est ça qu’il trouve trop bien à l'heure qu’il est. en tout cas, ça le met d’encore meilleure humeur ce cher Lyon, qu’il s’autorise même une remarque tout à fait innocente (non mais en vai, hein, pour lui, c’est innocent, il a pas conscience de euh … bref !) “ah ! le mien est plus gros qu’le vôtre !!” et BAM !! un poing dans la gueule et la gueule sur le sol. un moment d’étourdissement et “wahooouuuu !!! ptn ! ça fait mal ! c’est ça quand ça fait mal ! ça fait mal de ouf ! AAAAAAAAAHH !! du sang !!!” (oui ça il sait ce que c’est !) “je saigne, ptn je saigne !!” on ne sait pas trop s’il a peur ou s’il est content (un mélange des deux sans doute) et il se barre en courant direction “la maison”, pressé de faire part de ses nouvelles découvertes à Astrea, pour peu qu’elle soit rentrée entre temps.

de retour chez la belle -bel et bien revenue-, il débarque la moitié de la tronche couverte du sang qu’il s’est étalé sur la peau à force d'essuyer le liquide collant qui lui coule de l’arcade. mais avec un immense sourire d’une oreille jusqu’à l’autre, trop content de ses explorations (même du sol des chiottes) de cet après-midi. “c’est trop cool le monde réel !! par contre, ils sont pas super gentils les gens ici !” preuve en est du cocard qui s'étend tout autour de son œil et qu’il pointe du doigt, genre, elle aurait pû le manquer. “par contre j’ai mal, je crois, au ventre, enfin pas autant qu’à la tête héhé … mais c’est pas comme tout à l’heure. en plus j’me suis vidé. là j’ai plus mal ici.” pof, main qui atterrit sur son estomac qui produit un bruit monstrueux qui lui fait lever des yeux apeurés vers Astra. “qu’est-c’qui m’arrive ?”

ce doit être exactement la même question que se pose la blondinette qui n’a toujours pas bougé d’un cil depuis qu’il a débarqué chez elle avec la délicatesse d’un hippopotame enceint. “qu’est-c’qui m’arrive ?”