with /  @Kael Vasserys — célestia - mid february (ic, crédits)

Leora n’était pas de celle à se complaire dans ce genre d’endroit, dans ce genre d’événement. La parure en grand, artifices tout autour. Trop de gens dont les sourires fendaient l’honnêteté de grandes paroles qui se trouvaient bien vides. Jeu de pouvoir dans lequel elle n’avait de mots que les salutations gracieuses, que les désirs attisés qu’elle refusait. Par chance, elle n’était pas de celle à principalement attirer le regard. Plus subtile Leora, douceur dans l’ombre d’une trop grande salle. Lumière qui brillait sur d’autres. Sa place se trouvait dans les sillages pour récolter ce qu’elle venait chercher.

Invitation qu’on lui avait remise. Demande lancée pour qu’elle y participe, qu’elle utilise ce temps d’observation précieuse qui leur était accordé. Apparat et échanges. L’ennui qui guettait, mais la conscience qu’il devait y avoir quelque chose à apprendre. Elle n’y serait pas si l’intention n’était pas de soutirer, de surveiller. Mais lasse, elle s’en trouvait. De jouer à la poupée avec les plus puissants. Reflet d’une colombe qu’on souhaitait en cage, pourtant la clé qui reposait dans son nid, si seulement elle décidait d’en sortir. Emplacement de choix cependant, pour ce qu’elle voulait. Elle était attentive Leora. Sous le masque de l’innocence, éclat d’intelligence qui passait inaperçu. Maquiller la vérité, la perspicacité sous la touche d’un regard docile était si facile que ça en était risible. Car Leora n’était rien à leurs yeux. Personne. Importance reléguée à un joli minois duquel on appréciait le silence. Et dans cette apparence, le loisir de se faufiler et d’écouter. De comprendre, de découvrir. Tant de courbettes ridicules qu’elle remarquait pour dissimuler les abominations.

Tourner autour de l’opulence, les minutes s’étiraient. Avec paresse. Aisance pour ce monde qui l’accompagnait. Habitude ancrée en elle de jouer. Faux-semblant. Visage d’une beauté délicate, caché par le désintérêt. Et dans la prestance, dans les jeux fastidieux, elle devenait contrariée. Le fil des secondes commençait à lui peser, et la solitude se rappelait de meilleure compagnie que l’hypocrisie qui l’entourait. Un verre qu’elle attrapa d’un geste lent, pour ensuite s’éloigner. Glisser entre les corps nantis pour espérer retrouver le calme. Rétablir la distance qui lui donnait son aise et l’observation tranquille à partir des ombres. Fuir les discussions, reprendre son souffle un instant avant de continuer la danse. Où chacun de ses mouvements était réfléchis, cadence rythmée pour laquelle elle ne devait manquer aucun battement.

Ce fut un appel qui chatouilla son écoute, qui taquina son avidité. Une lueur qui s’animait dans son regard lorsqu’elle entendit cette voix. Lorsqu’elle tourna le visage pour constater qui se trouvait à quelques pas. Dans ce décor incongru, dans lequel il semblait se fondre et pourtant détonner. Un intérêt tout autre que venait de prendre ce gala. Soudainement, l’ennui semblait fondre. Ambition audacieuse de celle qui désire fortement des réponses. Et les premiers mots qui la divertirent alors que son regard se posait sur lui, attentive et curieuse. « Do I ? Or maybe you are unconsciously paying closer attention to me. I wonder why I could catch your attention that easily.  Did the memory of me linger in your mind, captain? » Provocation tout en douceur, tout en finesse. Le ton moqueur, intéressé. L’amusement rapide qui étirait ses lèvres. Changement de sa posture, attention qu’elle focalisait sur lui.

Alors qu’elle n’échangeait que les masques et les politesses, elle retrouvait maintenant de son ardeur. Elle n’avait certainement pas oublié, Leora. Souvenir qui dansait sur ses lèvres, entre une anxieuse envie de jouer et de fuir. Mystère qui entourait toujours le capitaine. Celui qu’elle avait toujours l’intention de percer à jour. Si une partie d’elle ressentait l’engouement de croiser à nouveau sa route, une autre s’inquiétait du plaisir qu’elle semblait trouver à le narguer. Joutes verbales qui avaient toujours eu leur place à Célestia. Jeu de pouvoir et d’affront. Chercher à blesser l’orgueil de l’autre, à cacher ses viles intentions. Fourberie du quotidien pour Leora. Mais avec lui, l’intérêt se trouvait dans l’échange intelligent qui voulait en découvrir plus, qui caressait les secrets, qui se jouait de la tension. Car entre eux, l’étincelle avait peut-être existé et attiser une flamme arrogante dont l’audace était dangereuse pour celle qu’elle était.

Kael Vasserys n’était pas à prendre à la légère. Elle le savait. Pourtant, elle se prenait à adorer la danse qui les liait, qui les animait. Une touche de convoitise silencieuse. Fièvre de l’inconnu qui l’intriguait. Il était plus intéressant que tous les visages rassemblés autour. Et elle n’avait malheureusement d’intérêt que pour lui à l’instant. Vil appétit dont elle se refusait. Perdre pied lui était impossible. Elle ne se laisserait pas avoir par l’illusion qui la captivait. Comme c’était si facile de s’en convaincre lorsqu’il n’était pas devant elle. « In all honesty, I did not expect to see you again. Color me surprised to see you here of all places. But now that we met, would you save me from all those lame conversations? » Air candide qu’elle pouvait se donner. Dans son élément. Dans ses habitudes de n’en dévoiler que trop peu. Mince sourire qui s’étirait sur ses lèvres, qui l’invitait. Qui ne se cachait pas de l’amusement et de l’envie de s’éloigner un peu de l’essoufflement de Célestia. Mais une distance qu’elle gardait. Car elle voulait voir cette rencontre comme un moyen de passer le temps de façon plus intéressante, de pouvoir observer la foule sans devoir s’y mêler. Rien de plus. Absolument rien. Elle ne s’y laisserait pas tenter, voulait-elle s’en convaincre oh si fort.