Hypnos qui ne chercha pas à la déstabiliser. Compréhension qu’elle sembla lire dans son regard et pour laquelle elle fut reconnaissante. Ils n’en parleraient plus, il ne lui dirait rien de plus. Elle hochait simplement la tête, pour s’en convaincre, pour se faire à l’idée. Pour chasser ses troubles. Les conseils qu’elle voulait prendre à cœur. Car elle considérait ses réflexions et ses avis à Hypnos avec valeur. Même si elle ne le disait pas. Hypnos avait raison. Courir après le vent n’était qu’un moyen de s’égarer en chemin. Elle ne pourrait rien attraper de toute façon.

Elle n’était pas habituée, Leora, à ce genre d’attention de la part des autres. Car elle ne la cherchait pas, car elle la fuyait. Mais quelques fois, elle appréciait qu’on lui accorde ces moments, cette touche qui ressemblait à l’amitié peut-être, mais qu’elle n’osait pas appeler ainsi. Affection qui ne lui avait jamais rien apporté de précieux. Pour elle, c’était davantage une possibilité d’être trahie, de se retrouver à la merci d’autrui. Espérer que le sentiment était réciproque alors que l’hypocrisie vivait si bien en ce monde. Crainte qu’elle avait toujours d’accorder sa confiance. Et si elle appréciait Hypnos, s’il pouvait être un ami, si leur relation pouvait y ressembler par moment, elle n’osait pas lui en donner le titre. Peur de se voir châtié à chercher l’appréciation, la sympathie des autres. Cœur fragile. Leora à la sensibilité qu’elle devait protéger.

Elle en ignorait encore beaucoup sur lui. Espace flou qui l’entourait. Car ils se ressemblaient dans leurs ondulations mystères, à ne jamais vouloir faire paraitre trop. À ne jamais vouloir en laisser la chance. Ce qui complétait une compréhension entre eux. Silencieuse, respectueuse. Et parfois la curiosité qui en cherchait plus, parfois à vouloir en découvrir davantage. Mais elle se disait que c’était mieux ainsi. Garder une distance, garder les secrets. Car s’il décidait de lui tourner le dos, ça lui ferait moins mal si elle ne le considérait pas comme une personne importante. Elle voulait s’en convaincre, à tout le moins. Se voiler les yeux était beaucoup plus facile que d’admettre avoir fait une place dans son cœur à ces gens qui l’entouraient.

Lorsqu’il lui demanda de ne pas se mettre en danger, son regard rencontra le sien. Promesse silencieuse de faire attention, de ne pas se laisser attirer par le sentiment de danger, de garder ses distances avec ce qui devrait l’effrayer. Elle hocha doucement la tête, de nouveau silencieuse. Pour faire de l’ordre dans ses pensées. Elle ne se mettrait pas en danger, elle ne voulait pas. Elle pourrait garder ses distances. Et après tout, elle ne le reverrait peut-être jamais le capitaine. Leur chemin suivait indéniablement un cours différent. Les chances de recroiser sa route s’en trouvaient minimes et elle pouvait chasser cet espoir cette inquiétude.

Le changement de sujet alors. Et Leora ne put s’empêcher d’en être reconnaissante, car continuer de penser au capitaine n’était pas la façon de l’oublier. Continuer de se dévoiler la rendait d’autant plus mal à l’aise que le besoin de fuir s’en ferait sentir bien rapidement. Elle concentra son attention sur les mots et un mince sourire s’étira même sur ses lèvres devant la demande.

– I would like to, yes. Since I never went, it would be about time, right? I’m really curious about the new artists you found. Is there a theme for the next exhibition?

Cœur artiste qui s’emballait à présent, qui voulait s’intéresser. Nuance de l’art, subjectivité propre qui l’avait toujours attiré. Qui la faisait se questionner. Hypnos qui lui permettait les découvertes de nouveau point de vue, de nouvelles œuvres d’art. Photographie qui était son média de préférence, mais elle était ouverte à toutes formes et toutes pensées. Tableaux qu’elle appréciait, les galeries d’art de Célestia qu’elle aimait parcourir avec sa solitude. Mais Ketterdam avait toujours été hors de sa zone de confort. Elle n’avait jamais osé aller s’y promener. Et c’était bien dans ce quartier que se trouvait Art'ère. Cette fois cependant, si Hypnos lui proposait, peut-être pourrait-elle accepter d’y aller. Prendre son courage et une voiture jusqu’à l’endroit exact. Revenir ensuite sans risquer de se perdre dans le dédale de rues qu’était Ketterdam. Mur qu’elle devrait traverser pour une première fois. Celui qu’elle n’avait jamais franchi, car le sang se glaçait dans ses veines bien avant. À l’idée de se retrouver si loin de chez elle. Si loin de ce qu’elle connaissait. Dans un endroit qui pourrait abriter ses cauchemars. Déjà, elle sentait son cœur incertain battre dans sa poitrine. Par contre, elle l’avait l’ambition de changer. Peu à peu, elle cherchait à affronter ces peurs qui la suivaient dans l’ombre depuis si longtemps. Vouloir passer par-dessus. Ne plus se laisser enfermer, ne plus accepter d’en être la proie.

– On which day is it and at what time should I be there not to miss anything of importance? I’ll see if I can spend some time.

Qu’elle disait, qu’elle voulait se convaincre. Cette fois, elle irait. Pour de vrai. Repousser cet inconfort à l’idée de sortir des sentiers qu’elle connaissait bien, refuser la crainte qui habitait au creux d’elle-même malgré sa volonté. Vouloir changer, vouloir braver ce qu’elle avait toujours fui. Elle se voulait décidée.

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Un capitaine mis de côté. Elle se concentrait maintenant sur les idées d’art et de galerie. Sur la proposition d’Hypnos, sur les thèmes et les beautés à y découvrir. Un sujet intrigant. Parlant du ciel et des étoiles. Elle imaginait déjà les couleurs changeantes d’un soleil levant jusqu’à la lune brillante. La voûte céleste scintillante sous leurs yeux. Représenter sous un œil différent pour chacun. Et elle s’emballait déjà à l’idée de les admirer. La prochaine qui serait sur les arts de rue. Type artistique qui était un peu plus loin d’elle, qu’elle avait moins pu observer, mais qui l’intriguait. Car toutes les formes méritaient son temps de gloire. Déjà, elle voulait prévoir participer aux deux expositions.  

Hypnos lui présentait ensuite Ketterdam. you'ld like it. Touche de mystère, de plaisir dans son regard. De questionnement. Entre se demander si elle se sentait attirée par cet endroit qu’elle avait fui jusqu’à présent. Ou si l’anxiété de se retrouver face à celui qu’elle craignait allait la retenir une nouvelle fois. Célestia, sécurité d’un endroit qu’elle connaissait. Qu’elle n’appréciait pas toujours, mais qui était devenu facile à naviguer. Contrairement à ces quartiers dont elle ignorait encore trop. Là où pouvaient se cacher ses hantises. Et pourtant, le temps apaisait ses blessures. Peu à peu. La confortait dans ses ambitions, dans ses choix de changer. Elle qui voulait maintenant se dépasser, se découvrir, se retrouver. Après s’être laissé si longtemps enfermer par l’angoisse. Rideaux clos et frayeur au ventre. Chaines d’un passé qui avaient voulu la retenir dans une bulle de désespoir. Qu’elle abandonnait maintenant derrière. Et même si celle-ci pouvait réapparaitre à tout moment, elle voulait se convaincre qu’elle était en train de changer, de s’affirmer. Comprendre ses peurs et les vaincre. Arrêter de simplement les fuir.  

– This weekend ?

Les mots répétés alors qu’elle cherchait dans son téléphone rapidement. Pour vérifier si elle avait un évènement inscrit sur son calendrier. Elle n’avait pas un horaire bien chargé Leora. Entre les cours et les heures au cabinet, elle était plutôt libre. Préférant éviter les regroupements et les foules, elle participait rarement à des activités de groupe. Les seuls auxquels elle se rendait étaient généralement liés à son travail de photographe.

– I should be free. Morning it is then. I’ll make sure to be there. I like it when its calm.

Lorsqu’elle pouvait se complaire dans le silence, s’émerveiller des œuvres sans être entouré. Se sentir rassurée de ne pas devoir jouer sans cesse. C’était épuisant de sourire, de s’occuper des autres. Passer inaperçue, cette optique lui plaisait davantage. Leora préférant sa propre compagnie, introversion qui dominait son caractère. Un secret non caché, elle était la première à fuir les foules, à observer de loin. N’acceptant que quelques personnes près d’elle. De ceux qui se trouvaient compagnie intéressante. Dans des échanges intelligents. Qui la captivait, qui l’intriguait. Et le reste n’était qu’utilitaire. Pour le travail, pour éloigner. Plutôt solitaire, mais ça ne lui avait jamais déplu. La présence d’Hypnos cependant ne la dérangeait pas. Personnalité intriguant, Leora appréciait leurs discussions. Plaisir à l’idée de visiter la galerie, elle appréciait l’invitation. Hypnos, connaissance qu’elle commençait à accepter. À gratifier amicalement ? Dans une certaine mesure, peut-être. Refus d’accorder plus à leur relation cependant. Celle qu’elle considérait encore beaucoup plus d’affaire et d’échange. Méfiance toujours présente, relation qu’elle voulait considérer utile. Mais l’idée d’admirer les œuvres d’art présenté, de discuter de nouveaux artistes avec lui, ne lui déplaisait pas.

– You’re making me curious about what I could find there. But being a curious is not always a good thing, right ? s’amusa-t-elle de cette vérité. Car s’ils se trouvaient tous les deux ici, c’était à cause de celle-ci après tout. Toujours celle qui la poussait là où elle ne devrait peut-être pas. C’était plus fort qu’elle. D’être attirée par ce qu’elle voulait comprendre. I wonder what could be found or discovered.

Toujours ces questionnements qui la pressaient au-delà de ses limites. Par lesquels elle se laissait emporter pour finalement se retrouver dans une situation nouvelle. Quelques fois maintenant qu’elle s’était demandé — beaucoup trop tard — ce qu’elle faisait là. Comme attiré par ce qu’elle pouvait découvrir. Elle se voulait plus aventureuse que l’on pouvait croire. Particulièrement depuis une certaine rencontre.  

– You’ll have to show me around Ketterdam sometimes. What do you think ? Since you know the place better than me. It is known to be like a labyrinth. I wouldn’t want to lose my way.

Le sourire qui s’étirait sur ses lèvres maintenant. Entre l’amusement, l’intérêt et l’agrément. Proposition lancée, car il lui avait donné matière à réflexion. Curiosité si facile à déclencher chez elle. Elle souhaitait d’un coup visiter ce quartier aux allures inconnues, aux marchés disparates qui devaient y avoir. Car Leora voulait en apprendre plus sur ce monde qui l’entourait. Le comprendre, s’y adapter, pour pouvoir y agir par la suite.

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