I'm your poltergeist, know where you're fucking hiding
And no, I'm not frightened
Look me in the face, say you've never met someone like me
I'm the catalyst
Antagonist

Il pue. C'est la première chose qu'elle a vu en le remarquant plus loin sur la place, alors qu'il achetait un bijou. Il pue le mépris, l’arrogance, l’autorité qu’il veut représenter, il pue l’hypocrisie et le mensonge. Il pue, ce Celestien ; parce que c’en est un, Quinn a même pas besoin de son instinct pour en mettre sa main à couper, tant il représente tellement tout ce qu’elle déteste chez eux. Cet orgueil si mal placé juste pour être né, cette façon qu’il a de fouler le sol avec dégoût comme si celui-ci était indigne de lui, cette impression qu’il donne de ne pas être à sa place - pas parce qu’on l’en exclut, mais parce qu’il n’a pas envie d’en avoir une ici, qu’il s’estime bien meilleur que ça.

Habituellement, ça suffirait à la vampire pour venir l’embrouiller, lui gueuler de rentrer chez lui et lui indiquer (pas très) gentiment le chemin retour vers la haute ville. Mais elle n’est pas chez elle, là non plus ; Ketterdam ne lui a jamais été aussi accueillant que Zaun. C’est dans ce quartier qu’elle a appris à se cacher toute sa vie, dans ce quartier qu’elle baisse les yeux et rase les murs pour se faire discrète. Ce quartier qui porte encore les stigmates de l’invisibilité qu’on a voulu lui imposer - qu’on a été forcé de lui imposer, à cause des gens comme cet homme. Elle a ses longues tresses qui lui recouvrent les épaules, son maquillage qui lui sert de camouflage, rien de plus qu’une fine bande de tissu sombre pour recouvrir la marque sur son front. Et surtout, elle a un mauvais pressentiment.

Alors elle essaye de se casser, le plus vite possible mais sans attirer l’attention. Elle y est presque, Quinn ; elle aurait pu se tirer de là, fuir et jamais se retourner. Ça serait facile, de les semer, elle connaît sans aucun doute cette partie de la ville mieux qu’eux parce que jamais ils ne prendront la peine d’en explorer tous les recoins les plus sombres et les plus sales.

La vampire est si proche. Presque volatilisée, sauf que… Elle s’arrête en entendant le cri d’une gamine, sert les poings. Elle a plus le pacifieur en visu depuis plusieurs minutes, trop occupée à se barrer sans paraître suspecte, est-ce que ça a suffi pour qu’il s’attaque à une gosse ? Est-ce qu’elle peut vraiment faire quelque chose, est-ce que cette fois encore ça sera son combat, seule dans ces rues qui continuent de l’intimider ?

C’est là qu’il passe à côté de la voyante sans vraiment la voir. Mais elle, elle voit.

La marque sur le cou de l’enfant qui se débat entre ses bras impitoyables.

C’est un putain de chasseur de Gifted, et aussitôt sa vision devient rouge, les ténèbres qui envahissaient déjà la rue à la tombée de la nuit s'obscurcissent et la vampire bouscule tout le monde pour se foutre devant lui avec une vitesse presque surnaturelle, bloquer sa route. Non, elle peut pas laisser faire ça Quinn ; pas alors qu’elle a craint que cette scène arrive toute son enfance, pas alors que Mavis et Noah se sont enfuis de là-bas et qu’elle sait qu’ils ont pas tous eu la même chance qu’eux.

-Lâche-là, persifle-t-elle avec haine en direction du ravisseur. Ou je te force à le faire.

Elle a pas peur, Quinn, tant pis s’il est plus grand qu’elle ou qu’il porte cet uniforme qu’elle déteste. Tant pis si elle ne lui fait pas peur non plus - et même tant mieux pour elle s’il la sous-estime, il prendra un coup en plus dans son égo quand elle éclatera sa belle gueule. Parce qu’elle est pas dupe, elle sait très bien qu’il ne va pas lâcher la petite dreamer comme ça. Et elle est fin prête à se battre jusqu’à ce qu’il le fasse.

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Un peu plus tôt, elle n’était pas elle-même Quinn, ne l’est jamais vraiment lorsqu’elle évolue habituellement à Ketterdam, identité floue qu’elle enfile pour mieux se protéger et se mouvoir dans les rues du quartier. Pourtant, en cet instant elle n’a jamais été aussi elle ; la rage au ventre et dans ses poings serrés, droite comme un i en seul barrage à cet homme abject et ce qu’il incarne.

L’injustice. C’est le mot qui résonne entre ses côtes, qu’elle a envie de hurler, de lui cracher à la figure. Le mot qu’il cristallise, représente peu importe ses vêtements - ou bien au contraire, justement à cause d’eux. Cet uniforme qui lui incombe tous ces droits et une autorité que la voyante refuse de lui arroger. Cet uniforme qu’elle méprise tant, à la fois parce qu’il ne veut rien dire et symbolise autant. Parce que ce n’est pas tant son visage, l’important, ce n’est même pas lui en tant que personne, mais bien tout ce qu’il représente en portant ça, en faisant ça, en disant ça. C’est pas encore personnel, pas vraiment.

L’injustice, c’est ce qu’elle voit quand elle regarde le monde et les scènes comme ça, ce contre quoi elle s’est juré de lutter. Ce qu’elle peut pas laisser se dérouler juste sous son nez. Plus que jamais elle est une erinye, Quinn, chargée de punir ceux qui le mérite, déesse persécutrice qui fera justice sans merci même si celle-ci est sanglante. C’est son devoir, à elle ; celui qu’elle s’est elle-même choisi, parce qu’aucun autre ne faisait plus écho à ce qu’elle ressentait. La voie qu’elle a décidé d’emprunter parce que jamais elle en aurait suivi une autre qu’on aurait tracée pour elle, et qu'elle regretta jamais où ça la mène.

L’injustice, elle coule dans les mots du milicien en même temps que la fausseté quand il lui demande poliment de se “mettre sur le côté” alors que vu le regard dédaigneux, voir carrément écœuré qu’il lui lance, il a juste envie de lui dire de dégager. Mais il fait bonne figure, il fait le bon gars, parce qu’après tout entre eux deux, c’est lui le mieux habillé. Lui qui est né au bon endroit, lui qui porte le bon badge, lui qui est dans son bon droit.

Sauf que la vampire s’en fout, de passer pour la méchante ou la mauvaise ; quand elle regarde la gosse qui gigote en geignant entre ses bras, elle sait qu’elle fait le bon choix. Elle la récupérera de force, s’il le faut, et ça lui fera même bien plaisir. Dans tous les cas, c’est une enfant du fléau et lui un mage, personne ne la dépeindrait comme l'héroïne ici - elle commence à être habituée maintenant, mais ça suffira pas pour vraiment la transformer en monstre, ce sera qu’un masque de plus qu’elle enfile sur ses traits mais qui changeront jamais qui elle sait qu'elle est.

Alors elle obéit pas, Quinn, feule pour toute réponse (évidemment négative) à ce qu’il a gentiment ordonné. Pas le temps d’analyser la scène correctement, de réfléchir à comment se battre efficacement une fois l’enfant dans les bras, elle compte sur l’effet de surprise pour réussir à lui arracher la gamine alors qu’elle se jette sur lui ; avec un peu de chance, il sera assez dégoûté par son approche pour lâcher sa proie, si ça lui permet d’esquiver correctement.

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Elle le prend au dépourvu en s’attaquant à lui sans lui avoir donné des signaux qui auraient pu l’aider à renforcer sa vigilance. Sa prise sur l’enfant se relâche, la petite en profite pour donner un rude coup du coude dans le bras du Célestien qui encore une fois, perd contre la basse ville.
La fillette s’enfuit dans la foule qui s'est reformée derrière lui, il s’élance à sa poursuite. Il tente au mieux d’esquiver les obstacles mais son antagoniste est plus à l’aise dans cet exercice que lui, elle prend l’avantage.
Il coupe sa route par une autre rue avec moins d’affluence et en ressort dans la peau de la gifted qu’il recherche. Il sort à un croisement qui le remet sur le chemin de la pseudo héroïne qu’elle s’essaie à incarner.
Elle tombe dans son piège. Elle s'approche de lui, prête à secourir la copie de l’enfant qu’il est par la force de la magie.
« Tu viens de me gâcher la vie. » Accuse-t-il de sa petite voix qui jure avec son regard d’adulte solide et cinglant.
Elle ne doit rien comprendre au reproche, pourtant c’est bien sa faute si la gamine va passer un jour de plus dehors à la merci du danger. Alors qu’elle pourrait à cette heure être sur une voie bien différente, pleine de succès et de promesses d’avenir.
Il n’est pas trop tard, Romance n’est pas du genre à facilement s’avouer vaincu.
« Et c’est pour ça. » Il récupère son enveloppe originelle, ça en effraie et ébahit plus d’un autour d’eux. Ceux de la basse ville n’ont entendu parler de tels pouvoirs qu’en histoire, quand on les faisait rêver d’extraordinaire les enfants de la haute ville eux frémissaient en écoutant à leur chevet les légendes maléfiques qui existent belles et bien ici-bas.
De la magie, ils ne connaissent que la peste surnaturelle produite par le Fold. Et c’est bien pour ça qu’il se bat, pour la sauver de l’extinction et à force d’effort, ramener sa pureté au monde pour qu’elle puisse profiter aux générations qui les succéderont.
C’est à son tour d’être prise de cours, il la menotte en déclarant. « Que je vous arrête pour entrave à la justice. » C’est d’ailleurs en son nom qu’il l’abandonne à son sort au profit de la fillette qu’il a eu la chance d’apercevoir près de la sortie du marché. — La voyante saisira cette opportunité pour fuir mais ça lui est égal, car maintenant qu’il l’a mise hors-jeu, récupérer le petite ne sera qu'une étape de routine.

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Ça tire un sourire féroce à la guerrière quand elle le percute violemment, et que l’enfant en profite pour lui échapper et se glisser dans les ruelles.

Il s’en fout d’elle, elle n’est pas celle qui l'intéresse ; Quinn le voit bien. Elle n’est même pas une véritable ennemie, plutôt une nuisance, comme un insecte un peu agaçant dont on aimerait se débarrasser mais pas avant d’avoir fini ce qu’on fait. Et son objectif, à lui, c’est la petite Gifted - se débarrasser des fléaux, ce n’est pas son job, et il a l’air admirablement dévoué à sa tâche première. Sauf que la combattante, elle, est admirablement dévouée à lui pourrir la vie. C’est des gens comme lui qu’elle s’est échappée toute son enfance, c’est des gens comme lui dont elle avait peur quand elle avait l’âge de cette gamine, c’est des gens comme lui qui ont déboulé dans sa salle de classe et dont Lamia l’a sauvé. D’ailleurs s’il n’avait pas l’air aussi jeune, elle pourrait presque le soupçonner d’avoir été l’un d’eux.

Alors quand il se désintéresse tout de suite de la vampire pour se lancer à la poursuite de la gifted à la place, elle n’hésite pas une seule seconde pour se ruer derrière lui, le talonner dangereusement jusqu’à ce qu’il reporte enfin son attention sur elle. Qu’il s’attaque à une adversaire à sa mesure, pas à une gamine qui ne peut pas se défendre - si elle avait le temps elle en cracherait par terre de mépris, tant c’est une technique méprisable de s’attaquer à plus faible que soit.

Elle le perd de vue un instant pourtant, mais connaît assez bien le quartier pour savoir où débouche la rue où il vient de s’engager pour la semer. Dommage pour lui. Sauf que quand elle arrive, elle scrute les visages sans réussir à trouver le sien. A-t-il fait demi-tour ? Il n’y a que la jeune dreamer qui en sort et Quinn se rapproche d’elle immédiatement, surveillant les alentours alors que tous ses instincts crient au danger, la prévienne que quelque chose ne va pas.

Sauf que le danger n’arrive pas de là où la voyante le croit. Et les mots de l’enfant lui glacent le sang alors qu’elle se tourne vers elle sans comprendre, se heurte à son regard trop dur.

-C-comment… Comment ça, lui gâcher la vie ? Comment ça, l’aider à être sauvée, à garder sa liberté serait lui gâcher la vie ? Ici celui qui lui gâche la vie ce n’est pas elle, c’est…

…Ce pacifieur, qui apparaît comme par magie depuis les traits enfantins, déchirant l’apparence qu’il s’est créée pour l’occasion. Et la vampire est prise au dépourvue, assez surprise pour lui laisser l’occasion de glisser des menottes à ses poignets. Elle s’apprête à se débattre, à ruer, à tempêter mais comme précédemment, ce n’est pas elle qui l'intéresse. Et il la laisse là, seule, pour mieux repartir à la poursuite de sa proie initiale. C’en serait presque vexant d’être aussi accessoire pour lui, sauf que Quinn a d’autres problèmes que son égo qui se portera bien qu’un Celestien fasse attention à elle ou non. Elle veut son attention, pourtant. Pas pour elle-même, si ça ne tenait qu’à elle il pourrait l’ignorer autant qu’il le veut, mais bien pour qu’elle ne soit plus portée sur sa précédente victime.

Alors elle hurle encore, l’insulte de tous les noms, et tant pis si ça ajoute outrage à agents à la liste de ses délits.

-Tu vas crever, sale chien, tu m’entends ? Tu vas crever seul, déchiré par les monstres du Fold, et personne te regrettera !

Furieuse, la vampire se lance à sa poursuite même si elle est toujours menottée, prête à l’attraper avec ses dents s’il le faut. Son sang doit être aussi mauvais que lui, et elle le lui dégueulerait sans doute à la gueule si elle le goûtait, mais elle savourerait son dégoût de devenir un de ces monstres qu’il dédaigne. Aidée de sa vitesse surnaturelle et de son instinct qu’elle utilise à outrance pour deviner où il se dirige, elle finit par le percuter une seconde fois, encore plus brutalement que la première et cette ils roulent à terre tous les deux. Dans sa chute le bandeau de la voyante glisse, révélant la lune rouge sombre qui étincelle, écho à la couleur du sang qui goûte de ses narines parce qu’elle utilise trop sa magie.

-Toi aussi tu deviendras un fléau, sale ordure.

Peut-être pas comme elle mais il en sera pour tout son entourage, toutes les relations qu’il laissera pourrir, tous les mensonges et la toxicité qu’il sèmera sur son chemin. Peut-être qu’elle projette Quinn, mais quelque chose lui souffle qu’il est aussi ignoble qu’elle le pense et elle est toute prête à écouter son intuition. Elle veut bien le haïr, s’il est aussi haïssable.