Until the sun's up, we are lovers

L’avoir contre lui le déstabilisait toujours. Les caresses impossibles à refouler, l’envie au bout des lèvres, et chaque baiser qui traduisait les sentiments éclatant tout autour. Quand le moment de nier n’était plus tout à fait là. Quand tout ce qu’il voulait était son être entier pour lui. Dans l’aveu qu’il avait partagé, le cœur qui s’affolait à nouveau, la tête qui ne pensait plus. Puis, la demande de Rome qui venait le briser un peu plus. Regard plongé dans le sien. Le court silence. À se mordre la lèvre sous ce que ça pouvait impliquer. Son attention ancrée sur lui, les mains qui le gardaient tout près. Le soupir glissait, incapable de résister. Prêt à craquer. « Ok… Pour ce matin seulement. J’te promets rien pour la prochaine fois. » Le murmure. Touche d’incertitude qui parsemait ses pupilles, mais la demande qu’il ne voulait pas lui refuser. Ce regard qu’il posait sur lui qui l’empêchait de se retirer froidement comme il le faisait si souvent. Et s’il évitait de lui promettre quoi que ce soit, il admettait cependant qu’il serait de retour. La conscience des mots pas tout à fait présente. La réalisation tomberait plus tard. Son esprit occupé à osciller entre les désirs et la peur qui continuait de comprimer son cœur. Voulant encore faire taire les espoirs idiots qui semblaient se raviver dans les premières lumières du jour.

S’il savait comment lui faire plaisir, comment le combler la nuit durant, tout semblait différent à l’instant. Quand les cœurs étaient au bord d’imploser, c’était comme lui prouver son amour que de lui accorder cette nouvelle danse. Sa présence rallongée, et ce regard félin qui croisait le sien le rendait fou. À le vouloir bien trop fort pour résister. Et il n’y résista pas, Nerian. Rome qui le requérait et il lui donnerait tout. Matinée où flottait un air de renouveau. Un changement dans le déroulement habituel de leur rencontre. Car Rome avait réussi à le retenir, à lui soutirer ses confidences. Accro à son corps Nerian, il ne voulait pas le lâcher. Les caresses qui glissaient avec douceur, les baisers déposés çà et là, les attentions portées à celui qu’il adorait tenir entre ses bras. Qu’il ne pense qu’à lui. Que ce matin leur appartienne. Qu’ils s’aiment alors que les premières lueurs de l’aube les éclairaient. Réflexions qui se trouvaient bien loin quand tout ce qui importait était les sensations de son corps contre le sien.

Et lorsque la fièvre retombait, il ne restait que le silence et leur souffle contre la peau. Entre les draps de ce lit qu’il avait pensé quitter, Nerian y resta cette fois allongé. Le visage qui voulait se cacher dans la chevelure blonde. Continuer d’oublier la réalité qui existait dehors. Son bras qui l’entourait, qui le gardait contre lui. Ses doigts glissaient contre sa peau, mais le mouvement se trouvait anxieux. Le doute et l’ambivalence. Le myocarde qui battait la chamade sous l’étrangeté de la situation. Car il ne restait pas Nerian. Jamais. Et il ne savait plus très bien comment agir, ce qu’il devait faire là, à ce moment. Finalement, sa voix brisa le silence en premier. Les questionnements qui se soulevaient sous la crainte. À voix basse près de son oreille. « Et maintenant ? Il se passe quoi si je pars pas tout de suite ? Si je reste ? Ça veut dire quoi pour toi ? » Sa main qui continuait son manège pour l’aider à ne pas paniquer, à ne pas s’enfuir. Parce que même après tous les mots prononcés, tous les aveux partagés, il ne voulait rien vraiment admettre, Nerian. Pas prêt pour une relation. Il ne pouvait pas le concevoir, pas le comprendre. Encore effrayé à cette simple idée. La réponse de Rome qu’il anticipait avec inquiétude. Ne sachant pas vraiment ce qu’il voulait entendre. Et comment il allait réagir. Car il était à des lieux de son confort. Quand les sentiments étaient bien réels, bien avoués. Mais que la seule envie qu’il avait maintenant était de fuir le plus loin possible, de s’enfermer dans sa cabine en se martelant le crâne de ses choix toujours foireux. Sauf qu’il restait. Il restait parce qu’il ne voulait pas le blesser plus qu’il ne l’avait déjà fait. Parce qu’il avait accepté pour cette fois de lui accorder ce moment. Parce que ce qui n’avait pas d’importance pour lui en avait pour Rome. Alors, malgré l’angoisse présente, il ne bougea pas. Mais il ne savait toujours pas ce qui résulterait de cette décision.

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Multitudes d’émotions qui s’entrechoquent à le faire se sentir fébrile, ce matin. Le cœur en souffrance de devoir jongler avec les rythmes différents qu’on lui impose. Et pourtant préparé à être brisée dans cette discussion; Ce qu’il n’est finalement pas, juste trop surchargée. Parce qu’il ne s’attendait pas à cette réaction de la part de Nerian. A l’imaginer passer cette porte pour ne jamais revenir. Et pourtant ce sont dans ses bras qu’il se retrouve, sous ses caresses qu’il soupire et se laisse emporter. Bras autour de sa nuque, mains qui se perdent dans sa chevelure avant de rejoindre cette peau satiné dont il ne se lasse pas. Accro à son corps. A sa chaleur. A tout ce qu’il lui procure. Et il ose demander sa présence pour la matinée, regard plongé dans le sien. Comme un besoin de s’assurer que toutes ces confessions ne disparaîtront pas à peine le dernier baiser échangé. Prunelles qui brillent à sa réponse. Et même s’il s’agit que d’un matin, sans promesse pour la suite, il ne peut que savourer ce pas en avant.

Les mots disparaissent dans leurs baisers, à découvrir ce renouveau à travers leurs gestes, leurs regards, leurs caresses. Il ne s’agit plus de combler les plaisirs de chacun à la nuit tombée, mais bien de s’aimer sans qu’il n’y ait besoin de le dire. Matin qui leur appartient sans que le départ ne soit précipité aux premières lueurs de l’aube. Et il a l’impression de le redécouvrir entièrement, Nerian, ce pirate qui a su capturer son cœur. A se laisser volontiers submerger par les sensations, sans qu’aucune barrière ne puisse se mettre entre eux. Il lui offre tout, Rome. Jusqu’à ses derniers soupirs qui finissent par être étouffés contre ses lèvres.

Lueurs du soleil qui vient chatouiller les visages alors que les corps restent allongés, collés l’un à l’autre, entre ces draps qui avaient si souvent vu le pirate s’éloigner. Et bien que la fièvre soit redescendue, il a le myocarde toujours frénétique. Bras qui l’entoure et le souffle dans son cou lui confirme bien sa présence. Il n’est pas parti. Mais les caresses contre sa peau sont anxieuses, à le garder attentif aux moindres gestes qu’il pourrait initier, aux regrets qui pourraient se présenter. Le souffle à son oreille le fait tressaillir mais les questions le ramènent à ces doutes qui assaillent Nerian. Prennent de la place dans cette relation si particulière. Les draps se froissent sur son corps alors qu’il se met sur le côté, visage face au sien, à ne pas lui laisser le choix que de le regarder. Les doigts attrapent la main anxieuse et la porte à ses lèvres. Je ne suis pas entrain de te mettre la bague au doigt. Ni de te demander de vivre avec moi. Ni même… d'officialiser quoi que ce soit, si ce n'est pas ce que tu veux. Savoir qu’il l’aime est déjà assez. Pour le moment. Aveux qu’il a dû aller chercher. Et même s' il le sent, son cœur, se serrer malgré tout, il sait aussi qu’il ne peut pas forcer les choses. Sait-il seulement ce que c’est d’être dans une véritable relation, le cadet Vasserys. N’a jamais eu l’occasion de le découvrir jusqu’à maintenant. Et au fond, l’inconnue l’effraye aussi. Le fait que tu reste ce matin, me suffit. Parce qu’enfin, il n’a plus la sensation d’être juste là pour répondre aux besoins charnels des autres (et des siens au passage). Plus que ça. Une chaleur qu’il n’est pas capable de décrire. Et ce sentiment qui l’enveloppe à chaque fois qu’il est dans ses bras. Les lèvres s’étirent dans un doux sourire avant que la tête blonde ne vienne se coller contre le torse de son amant, les bras autour de sa taille. Profitons juste d’être ensemble. Juste encore un peu. Avant que la réalité ne les rattrape.

Until the sun's up, we are lovers

Attente gonflée d’anticipation. Après les questions prouvant une nouvelle fois cette peur qui le rongeait, cette incertitude qui l’animait. Inquiétudes qui ne lâchaient plus quand il était à des milles de ses habitudes. À se trouver là, toujours dans son lit, ce corps contre le sien. Et il en appréciait à tous instants le contact, la chaleur. Présence qu’il convoitait sans savoir l’accepter. Car s’il était ce qu’il voulait, c’était si effrayant d’imaginer qu’il pouvait y avoir plus. D’oser espérer que ça pouvait être différent. Il en était incapable, Nerian. Tout gâcher avait chaque fois été plus facile. Plus rassurant en un sens, car il en connaissait la finalité. Il la contrôlait. Mais ça, ici, à l’instant… Il était déboussolé par ses propres décisions qui lui remettaient au visage ses contradictions. Quand avait-il accepté de rester auprès de quelqu’un pour la dernière fois ? Il n’arrivait pas à s’en souvenir. L’impression que tout pouvait lui échapper des mains si facilement avait toujours été trop présente. Est-ce que tout ne remontait pas au départ — vente — de son petit frère ? Son impuissance qu’on lui avait fait amèrement réaliser tant de fois ensuite.

Pensées qui défilaient à vive allure, qui marquèrent un arrêt lorsque Rome se déplaça sous les draps, se tournant vers lui pour lui faire face. L’obligeant à le regarder, ses pupilles qui s’accrochaient aux siennes. Un instant à se demander s’il ne se détournait pas, mais le moment d’après, il acceptait de s’égarer dans ce regard félin qui pouvait le faire fondre bien facilement. Silence de quelques secondes, durant lequel il sentait son cœur s’affoler dans sa poitrine en patientant pour une réponse. Souffle presque retenu alors qu’il ne bougeait plus. Immobilité de celui qui ne savait pas. Qui n’avait peut-être jamais su. Ce qu’il devait faire. Les premiers mots le poussèrent à se concentrer sur lui, à écouter les réponses qu’il redoutait autant qu’il les attendait. Les phrases étaient partagées en douceur, comme s’il tentait de ne pas l’effrayer. Lui accorder qu’il n’y avait rien d’officiel si ce n’était pas ce qu’il voulait. Les doigts contre sa main comme une caresse lente qui le calmait étrangement. Malgré ce cœur qui continuait de battre férocement.

Il le fixait, cherchant à faire sens de la situation avec chaque seconde qui s’écoulait. Sur ce qu’il voulait, ce qu’il attendait, ce qu’il espérait. Les bras de Rome l’entouraient et les siens se refermèrent autour de lui comme un réflexe qu’il semblait avoir pris avec lui. Un léger soupir quittait ses lèvres, entre le soulagement et la fatigue. Sa main se perdit dans les mèches blondes, enroulant ses doigts, effleurement délicat pendant que les réflexions continuaient de tourner à vive allure dans son esprit. « Juste comme ça ? Ok… je peux faire ça. » Les mots incertains qu’il prononçait, toujours hors de son confort, mais les efforts qu’il faisait ce matin. Ce matin seulement, se disait-il. Aucune promesse. « Rome… » Une pause avant de reprendre, comme s’il ne savait pas très bien comment le dire, quoi lui dire, ce qu’il voulait lui partager de ses émotions mélangées. « … merci. » Le murmure soufflé, presque inaudible tant c’était étrange à dire pour lui. La seule chose qu’il put ajouter, sans trop savoir si ça pouvait vraiment exposer ce qu’il ressentait. Mais la reconnaissance était réelle. De l’avoir écouté, de toujours le vouloir près de lui, d’accepter sans peut-être comprendre ses inquiétudes et de ne rien lui demander de plus, car il en était incapable à l’instant. « Je… pourrais nous cuisiner un truc avant de partir ? T’as quelque chose dans le frigo ? » Proposition soudaine qu’il ne faisait pas normalement. Qu’il n’avait jamais fait. Et si ce matin était une exception à la règle, il pourrait peut-être lui partager une nouvelle part de lui ? Juste cette fois. Un peu de ce talent qu’il gardait sous silence lorsque ce n’était pas nécessaire. Il n’avait jamais cuisiné pour Rome. Ça rendait peut-être l’idée particulière. En même temps, ça restait seulement de la cuisine. « Mais je vais devoir partir après. J’ai le ravitaillement à m’occuper avant le départ du navire. » Explications qu’il ne donnait jamais avant ses départs. Mais cette fois, une raison était émise. Comme pour lui promettre qu’il ne fuyait pas aujourd’hui. Ses tâches l’attendaient à bord et Nerian n’abandonnait jamais l’Arcadia.

until the sun’s up, we are lovers

Lueur du jour qui lui chatouille le visage et la chaleur qui l’entoure lui gonfle le cœur. Depuis combien de temps attendait il ce simple moment ? Celui de profiter de sa présence au petit matin, sa chaleur, ses bras autour de lui, son souffle contre son oreille. Si différent des autres et du vide qu’il laissait en claquant la porte derrière lui. Et il en profite, Rome, autant qu’il peut, ne sachant pas de ce que seraient fait les autres lendemains. Et l’espoir que ça reste ainsi, que les mauvaises habitudes ne reprennent pas. Que ce cœur qu’il lui a ouvert soit plus fort que les inquiétudes qui le rongent.

Draps qui se froissent sous son mouvement pour lui faire face, à Nerian. L’obliger à le regarder, à plonger entièrement dedans. Les doigts qui se referment sur cette main anxieuse et caressent souvent qu’il débutent alors que les mots sortent de sa bouche. Pas de bague au doigt, pas de demande de vie commune, pas même d’officialisation s’il ne le voulait pas. Et même si, au fond, cette idée ne lui plaît pas spécialement, il sait Rome, qu’il ne peut pas forcer les choses. Step by step. Se savoir aimé était déjà merveilleux. Et peut-être que lui-même il a peur de cette inconnue qu’il ne connaît pas. Gamin qui n’a jamais eu le temps de se mettre vraiment en couple avant que la vie ne décide de lui faire connaître les enfers. Que sait-il vraiment de l’amour en dehors de ce sentiment qui l’habite si fort ? Pas grand chose. A se laisser porter par ses émotions. Les vivre pleinement sans honte. Il pouvait bien se le permettre après toutes ces années.

Corps serré contre le sien, il profite des caresses autant que possible et sourit contre son torse à l’écoute de ses mots. Remerciement qui le touche mais pour lesquels il reste silencieux. Pas besoin de mot pour lui faire comprendre ce qu’il ressent. Et les bras qui se resserrent encore un peu plus autour de lui, le myocarde toujours battant. Et il pourrait rester ainsi tellement longtemps. Juste à écouter son cœur contre son oreille. Mais à nouveau, il sait, Rome, que ce n’est possible, que le quotidien doit continuer et qu’ils sont voués à se séparer à un moment donné. Pour mieux se retrouver, qu’il espère en silence. Vraiment ? Doit y avoir de quoi faire, oui. Visage qu’il relève sur le sien, regard brillant d’impatience soudaine. C’est la première fois que tu me le proposes. Parce qu’il ne prenait déjà pas le temps d’attendre qu’il se lève pour partir. Fuite qu’il prenait pour l’ignorer des jours durant. Est-ce qu’à travers cette proposition, il pouvait espérer que tout ceci n’arriverait plus ? Il le veut si fort, Rome. Mais l’inquiétude demeure au fond.


Etreinte qu’il relâche doucement et le départ qui s’anticipe après le repas. Il hoche sa tête blonde et s’assoit sur le lit, lueur indescriptible au fond de ses prunelles qu’il pose sur les draps. Hm. Je sais. L’Arcadia n’attend pas. Et peut-être qu’il en est jaloux, de ce navire qui fait pourtant partie intégrante de sa vie d’avant. Accapare l’attention de son grand frère et de celle de l’homme qu’il aime. Pourtant, il n’arrive pas à lui en vouloir, à ce navire qu’il chérit tout autant. Sang de marin qu’il ne peut pas nier. Qu’il ne veut pas. Je vais aussi devoir y aller après de toute manière. Le travail l’attend aussi et les affaires sont importantes ces temps ci. De quoi occuper son esprit pour ne pas se demander quand Nerian reviendrait. Profitons juste de ce repas ensemble. De cette nouvelle page qui s’ouvre devant eux et dont il ne connaît malheureusement pas la fin.