❝ née Crain scellant les fissures sur commissures ; réinventée S n y d e r identité mensonge (empruntée) elle en oublie le trash d'une généalogie niée -- douce illusion d'une liberté onirique, elle goûte aux fantaisies d'un esthétisme maestro. Sacre barbare qui se pare du sceau de la délivrance, il est son fardeau et son errance, tout à la fois camisole d'une vie antérieure et passage vers les hauteurs. On peut l'écouter de longues heures dégobiller les enfers, mordre l'aurore, se prétendre céleste depuis toujours quand dans ses veines la souillure demeure. Sublimée de ses faux semblants on la renomme et la surnomme, seuls ses « parents » se fatiguent encore à la désigner par son prénom complet ━ Jessamine.

❝ le carmin devenu or pour règne on la dégueule dans ce monde carnivore, zaun défiguré elle le méprise avec hypocrisie -- it's not real, it can't be. À la jeunesse elle débauche les atours, vingt-et-un ans qu'elle prétend tantôt, parfois vingt-quatre, peut-être vingt-deux ; elle se perd en vanité pour mieux se romancer derrière le masque, chrysalide d'un âge figé, trop jeune pour se soucier de l'avenir, trop vieille pour la candeur affichée.
(10 ・06 ・1995) Folâtrant dans la transe de ses presque vingt-sept ans.

❝ âme en déroute depuis la plus tendre enfance de son pâle reflet émerge les erreurs fanées qu'elle collectionne, soulignant toute l'ironie de ce nom aux attentes déçues — cursus raté, le diplôme de cette institution semant injustices et préjugés lui fut refusé à quelques points seulement (si proche du but). Iron Gates lui rit au nez - i'm a disappointment - maudite par son statut de « fille de » sans jamais parvenir à combler les exigences admises, dans la liste de ses échecs cuisants s'ajoute une formation avortée au sein des Pourfendeurs -- pouvoir jugé instable, déséquilibre interne trop dangereux, tempérament imprévisible inadéquat "she's such a mess. She fucks up all her missions, we can't keep her" et toujours elle conte des fictions pour mieux justifier ses débâcles : on la viré de l'Académie pour avoir empoisonné une partie de sa promo au tearidescent, elle a déserté l'Ordre après une liaison sulfureuse avec un haut-gradé marié, c'est de son propre chef qu'elle a abandonné la brigade des pourfendeurs car ses autres projets réclamaient toute son attention et tout son temps. Toute rumeur est accueillie avec une œillade mystérieuse, un rictus tatoué sur les lippes de secrets bien gardés, chaque histoire étirée, fragmentée, elle se joue du vrai pour les rôles qu'elle se dessine.

ALCHIMISTE propriétaire de L'Orbe à rêves -- boutique gracieusement offerte à ses soins par une matriarche désireuse de l'occuper à défaut de la voir lustrer le patronyme. Située à Midrias le magasin (bazar ambulant) regorge de filtres, charmes, bouquins écornés et artefacts à la magie ébranlée, les bibelots en cavale font la guerre aux rares objets de valeur dissimulés sur les étagères poussiéreuses, les cristaux scintillant à peine la porte battante passée préviennent la venue d'un client égaré. La réputation de la boutique n'est plus à défaire, concoctions catastrophes lui octroyant la fureur des acheteurs "I just wanted to lose two pounds but your potion made me lose all my hair, LOOK at me !" - o u p s - victime de son caractère changeant la devanture revêt constamment d'autres couleurs, d'autres appellations : en à peine un an d'ouverture elle fut la Chimère Bleue, l'Obsidienne et l'Astre Dansant avant de devenir l'Orbe à rêves il y a tout juste un mois de cela. Euphorie passagère où Jazz se délecte du plaisir insidieux, et trompeur, d'en être seule gardienne, le cœur pourtant ankylosé d'un ennui sans rupture.  

COMMERCE ILLICITE parce qu'il faut bien palier au manque abyssal de clientèle régulière - et fidélisée. De son activité de f a ç a d e elle cultive le ridicule, la superficialité, l'insignifiance, développant dans l'arrière boutique le véritable service de son [ eden artificiel ]. Gélules des(astres) de sa concoction propre ; les maléfices se sont mutés véritable ambroisie renfermant en leur cœur la création de fantasmes mouvants, douce folie envoûtante. Marchande de sable ❝ les gemmes de cobalt (plus souvent désignées gems) petites pilules à rêves distribuées telles des friandises dans les cercles fermés de Midrias. La jeunesse dorée des hautes sphères en est la clientèle privilégiée, l'extase instantanée les plonge dans un état de bonheur catatonique les faisant revivre dans une boucle intemporelle les plus beaux souvenirs de leur existence stérile, utilisés comme placebo à songes par nombre d'insomniaques les gems rendent le réveil d'autant plus p é n i b l e que les nuits suivantes sont chargées en terreurs nocturnes à en torturer l'inconscient, si bien que certains ne savent plus rêver sans, ainsi se développe l'implacable addiction.

❝ l'étude d'autrui couvrant d'un voile rose l'affreuse b a n a l i t é, abîmes aux miroirs hypnotiques c'est les voir, les perdre, les dédoubler à l'infini. En quête de désirs méconnus, elle s'offre aux plaisirs de compagnies aussi variées que fadasses, un théâtre social vénéré dans ce qu'il a de plus abjecte sans jamais se demander pourquoi. La comédie de plaire, toujours plus, d'une prose pétillante, d'un regard magnétique, à la recherche d'attentions camouflant la vacuité de sa vie. Un show must go on qui la comble un temps seulement. Célibataire qui s'abandonne aux amours le temps d'un battement de cils, persuadée d'une entrave à une liberté dont elle jouit à outrance, si le couple représente un étau la vision de l'être cher est mesquine et tendre, une chaleur gonflant les artères d'un palpitant en demande -- elle se donne toujours à corps perdu, éprise de l'idée même d'incarner l'objet de passions féroces qui l'animent avec déraison. Pourtant, inexorablement victimes malencontreuses de ses échecs habituels ses liaisons crashent en plein vol  ( again and again ) et elle repart aussitôt avec la ferveur de l'espoir se déchoir sur leurs lèvres maudites, il lui faut un petit goût d'interdit, un brin de risques, une pincée de mystère et la voilà conquise, les pommettes se colorent des maux qu'elle échange, des mots qu'elle devine - bisexuelle - le feu-follet s'éveille d'un désir qui ne s'emprisonne pas des carcans d'un genre ; i could be a better boyfriend than him.

❝ née de cendres dans le putride et les bas-fonds, l'âme douce fut bercée dans les bras de Midas par l'amour matériel, c'est prendre l'habitude de posséder et de v o u l o i r -- renier le passé, glorifier la victoire. Elle dilapide du haut de la pyramide, les mauvais rêves de Zaun sont lointains ; Celestia comme berceau d'adoption ; Midrias s'impose en demeure légitime, prétendre à une liberté toute relative qui la rassure, distancée de la basse-ville mais suffisamment en écartée de son foyer adoré...  

❝ de ses créations elle est la proie autant que le bourreau, adepte d'un pouvoir jamais totalement maîtrisé, jamais accepté, il y a les insomnies succédant aux défaites, il y a la peur du sommeil et la fuite du temps. Sans cesse perdue entre la reconnaissance d'un don qui l'a mené loin des horreurs, il la sort de l'ordinaire, la rend tantôt utile tantôt misère mais la replace sans cesse face à la conscience de sa m é d i o c r i t é.