who has the biggest ?



Piquante ? Elle ?
Pour être piquante, il fallait dégager de la vie. Luana Aiwenor n’était pas certaine d’être dans ce cas-là.
Alors mordante ?
Hum… non plus. Le genre d’adjectif qu'on filait à quelqu’un avec des poings pour s’exprimer même si le froid pouvait être qualifié ainsi…
Non, dans son cas, elle n’était pas rafraichissante mais refroidissante.
Et pourtant, les dégrés ne semblaient pas volontaires à chuter sur le thermomètre de son cher et tendre fiancé…
… Il n’était pas à grand chose de la faire soupirer.
Tragique… mais au moins il accomplissait presque l’exploit d’être capable de la faire réagir.
Et n’était-ce pas déjà un peu le cas ?
Même pas en rêve.
Kieran Sköll lui était indifférent.
Complétement indifférent
Et son physique que certain.e.s qualifieraient de “séduisant” ne la ferait pas changer d’avis.

Parce qu’il n’était pas si beau à ses yeux ?
Elle n’en savait rien. Elle ne l’avait pas regardé.
Pure perte de temps que de s’intéresse aux physiques des autres.
…
Alors jamais elle n’usait de ses yeux ?
…
Des défauts, elle en avait. La superficialité n’en faisait pas partie.
Et pourtant, elle savait penser que certain.e.s devaient le trouver à leur goût.
…
« A priori, avec … » ouh Dieu que le mot était dur à prononcer… une inspiration, du courage à puiser et elle était parvenue à rajouter « … ta fiancée. » malheureusement oui sa fiancée.
Une fiancée qu’il souhaitait spontanée…
« Je ne suis pas quelqu’un de spontané. »
… pauvre Kieran Sköll. Qui avait eu l’idée folle de lui refiler une fiancée pareille. De toute évidence, elle lui était tout sauf compatible. Et quand il parlait de profiter de la journée… le désespoir perçait presque dans son regard.
Elle avait envie de rentrer.
C’était tout ce qu’elle demandait…
Pourquoi avait-il fallut qu’elle tombe sur lui ?

Elle ne comprenait pas. Son karma ne pouvait pas être si mauvais…
… et pourtant, elle était la première à penser qu’elle méritait d’être punie pour des actes passés.
Punition évidente donc que de se faire invitée par Monsieur Sköll… scepticisme dans ses pensées que de l’entendre confirmer le terme. A ses yeux, ça ressemblait plus à un kidnapping. Et si le froid ne la dérangeait pas habituellement, elle aurait bien usé de ses mains de glace comme prétexte pour rentrer dès à présent.
A la place, elle s’était retrouvée avec le thé de son choix… thé qu’elle avait fixé entre ses mains avant de se forcer à la politesse d’un ton qui n’en possédait aucun « Merci. »
Comme on les avait bien éduqués les Aiwenor…

Est-ce qu’on les avait éduqué à passer plus de temps avec des Sköll ?
Dans son cas, probablement que oui.
Fiancée à l’un d’entre eux, sa situation soulignait comme évident son destin de “femme d’un autre” « Je ne suis pas sûre que ce soit si calme que tu le prétends. » parce que, à son sens, il n’avait rien de reposant.
Correction : à son sens personne, en dehors de son jumeau, avait une compagnie reposante.
Socialiser… ça avait toujours été fatigant pour elle. Elle ne savait pas y faire.
Elle ne savait pas s’y prendre.
Son niveau était d’une nullité sans nom… et pourtant, il avait été capable de l’entraîner plus loin dans une activité qu’elle mourait d’envie de fuire…

Tir de fléchettes.
Son regard s’était porté sur ses dernières et de longues secondes de silence avaient été sa première réponse avant qu’elle ne se décide d’un plat « Si ça t’amuse… » elle ne serait sans doute pas très douée à ça… viser ne faisait pas partie de ses qualifications…
Et lui ?
Question qu’elle s’était posée en relevant les yeux vers le Sköll.
S’il proposait, c’est sans doute qu’il se savait doué. Il était sans doute du genre à aimer briller. Soàan était de ceux à le faire naturellement. Quand elle, elle appartenait à l’ombre.

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Bien sûr que le coin de ses lèvres s’était soulevé en un rictus satisfait. La difficulté qu’elle éprouvait à prononcer ce mot, ce qu’elle était inéluctablement vis-à -vis de lui, n’aurait certainement pas dû l'amuser autant. Pourtant, il ne pouvait - ni ne voulait - entièrement dissimuler la lueur mauvaise d’amusement qui brillait au fond de ses iris. Elle s’y ferait.. Ou pas. Mais à ce sujet, le Sköll était empreint d’un vague optimisme qui ne lui ressemblait pas.
Certainement car la Sorcière n’avait pas encore décidé de chasser le Loup.
❝ Dans ce cas, je pense que nous n’avons pas besoin de mettre un cadre si stricte entre nous. ❞ Un peu de spontanéité entre deux jeunes gens à qui on ne demande que de croquer la vie, n’est-ce pas ? Non. Bien sûr. La réponse de Luana, il s’y attendait. Un nouveau sourire habille ses babines, loin de se formaliser.  ❝ Tiens donc, ❞ ne peut-il s’empêcher d’ironiser, le ton rieur. Qu’elle ne le prenne pas mal, ses réactions sont un délice pour la Bête. Aussi, il serait dommage de mettre si prématurément un terme à cette rencontre ! Et quel horrible gentleman il serait s’il n’invitait pas sa fiancée à se réchauffer les mains autour d’un thé chaud ?
Luana Aiwenor était si chanceuse.

Malheureusement pour elle, le Sköll n’en avait pas fini avec elle. Et quel honneur il lui faisait ! Supporter tout ce bruit, toutes ces lumières et ces odeurs sucrées juste pour le plaisir de sa compagnie… Quel plaisir, non ?
Pauvre, pauvre Luana.
A sa réserve, il lui répondit d’un sourire. Difficile de dire s’il était rassurant ou malicieux. Il ne l'entraîna pas moins au coeur de la fête qu’elle tentait de fuir, s’arrêtant devant le premier stand qui lui sembla idéal. Tir de fléchettes. Comme c’était futile. Mais le Loup se laissa prendre au jeu pour mieux piéger sa Belle. S’il s’attendait à un refus, il fut presque surpris par sa résignation. Amusé, ça, il l’était. Probablement pas pour les mêmes - ni les bonnes - raisons.  ❝Alors essayons. ❞ Il se délesta de quelques crescents auprès du forain qui lui échangea dix fléchettes. Kieran glissa un regard vers Luana comme pour s’assurer qu’elle n’en profite pas pour fuir. Puis, il s’empara d’une fléchette et considéra la ballon en mouvement.
Le Sköll ne disposait d’aucune formation militaire ou martial. Dépourvu de pouvoir, il ne s’était jamais entraîné avec un instructeur qui lui aurait donné un quelconque avantage pour ce jeu. Contrairement à d’autres hommes qui se pavanaient à Celestia et Midrias, Kieran n’avait aucune raison d’éprouver de la confiance sur cette épreuve. Il avait toutefois quelques aptitudes remarquables que la Lune lui avait laissées. Lui qui était si petit et chétif avant qu’on le maudisse… S’agissait-il d’une vile consolation que le ciel lui accordait ? Il n’avait pas cherché à creuser la question. L’oeil vif, les traits concentrés, Kieran avait tiré la première flèche. Bang ! La baudruche rouge éclata. L’orgueil gonfla la poitrine de la Bête qui chercha une première réaction de la part de Luana.
❝Après celle-ci, c’est ton tour ❞ , déclara-t-il en s’armant d’une seconde flèche. A nouveau, il prit quelques secondes pour viser sa cible et lança.

Pile - Un nouveau ballon éclata, et la fierté habilla les traits du Midriens. Tête haute, regard vaniteux, il adressa un insupportable sourire à sa Belle avant de l’inviter à prendre sa place : ❝A vous, Mademoiselle Aiwenor.❞
Face- Kieran rata sa cible. La contrariété passa sur ses traits mais il finit par se tourner vers Luana, l’air faussement détaché  ❝Tant pis pour moi. Tu auras peut-être plus de chance que moi. ❞ Et il l’invita à prendre sa place.

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Le cadre n’était pas strict.
Il était sécuritaire. Voir même salvateur. Le cadre était chaud, réconfortant, clairement bienvenu… malgré les remparts faits de glace qu’elle avait érigés.
Il n’existait pas un monde où Kieran Sköll avait les crampons pour les franchir.
Et il n’était, de toute évidence, pas capable d’obtenir un laissez-passer pour voir une porte, même une petite fenêtre, s’ouvrir.
Il existait trop peu d’exemplaires de ce précieux papier…
Sköll et elle étaient trop loin du terme compatibilité pour qu’elle en sacrifie un.
Dans le fond, c’était aussi pour son bien. Et avec un cerveau plus fonctionnel, il aurait compris qu’il perdait son temps.
Alors son ironie ne déclenchait chez elle que soupir.
Est-ce que ça allait prendre longtemps ?
A quelle heure au juste était la fin de cette petite comédie ?

Au moins assez de temps pour hériter d’une boisson chaude et se retrouver face à un stand où il brillerait sans doute par des talents incroyables.
Tant mieux pour lui s’il était doué. ça ne changerait certainement pas sa vie de savoir que Kieran Sköll se débrouillait avec des fléchettes entre les doigts.
De plus, elle n’y trouvait pas spécialement quelque chose d’amusant.
Lancer un truc piquant sur une cible… non, ce n’était pas une grande passion pour elle. C’était même d’un ennui profond.
Et pourtant, si Soàan avait tenu la fléchette maintenant, ça l’aurait amusé non ?
C’était différent.
C’était plutôt elle qui l’était avec Soàan… différente.
Et qui se devrait de l’être avec un homme dont elle allait partager la vie ?
L’idée était mauvaise. Elle le savait. La liste des raisons était plus longue que le livre qu’elle rêvait de terminer à présent.

« …. » dire un mot gentil ? Il avait après tout éclaté ce ballon « Bravo. » ton plat, monocorde, sans sentiment aucun et l’expression absente de son visage. On faisait mieux comme félicitations. L’homme avait l’air content, n’aurait-elle pas dû l’aider à s'enorgueillir un peu en bonne fiancée dévouée ?
Il n’avait pas besoin d’elle pour ça.
Et plutôt que d’ajouter un mot ou deux, elle avait préféré boire de son thé en attendant qu’il explose un second ballon… sauvé par un manque d’adresse.
Aucune expression, et pourtant, intérieurement elle avait souri. Satisfaction étrange que de le voir louper, elle l’était bien moins de devoir se prêter au jeu.
Si quelques secondes plus tôt un quel dommage venait réchauffer un peu ses pensées… elle regardait à présent une fléchette entre ses doigts avec l’envie de la rendre.

Réplique. Réponse. A nouveau réplique. Insistance.
Ce serait sans fin.
Alors elle avait lancé sans aucun effort et la fléchette n’était même pas parvenue jusqu’à sa cible, préférant retomber sur le sol dans une courbe ridicule.
« Voilà. A toi. »
Une seule fléchette était bien suffisante. Pas de second essai pour elle qui avait préféré sa boisson chaude à un nouvel entraînement au tir.
Elle en était presque persuadée, il y avait des tas de femmes à Velaris qui seraient ravies de le supporter maintenant dans ses essais.
Par quel plaisir de souffrir pouvait-il tenir à se coltiner sa présence ?

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Wow. Il n’avait jamais entendu un “bravo” aussi enthousiaste. Son regard glissa sur sa fiancée, un sourire toujours scotché aux lèvres. C’était à la fois terriblement comique et désespérément triste. N’y avait-il rien qui animait l’âme de Luana Aiwenor ?
Malheureusement pour elle, ça ne suffisait pas pour que le Loup baisse les bras. Cette absence de réaction, il s’y attendait. Si l’ennui avait une odeur, elle couvrirait toutes celles du festival sans le moindre mal. Mais le Sköll connaissait son challenge et il n’était pas naïf au point de croire qu’une fléchette dans le 1000 suffirait à éveiller l’émerveillement chez sa fiancée.
Mais alors qu’elle était le point de cette mascarade ?
Torturer Luana en volant de son précieux temps ? En la forçant à passer du temps avec cette homme qu’elle détestait visiblement ?
A vrai dire, Kieran lui-même n’était pas sûr de ce qu’il attendait de cette journée. Mais il convoitait Luana. Il la voulait d’une manière ou d’une autre… et ce seul caprice justifiait son kidnapping.

S’il ne l’éblouit pas par l’éclatement d’un second ballon, il prend sa revanche en l’invitant à participer. Il ne cherchait pas vraiment à l’embêter mais si la Belle était occupée à tirer, elle ne pouvait pas s’enfuir. Il s’attendit toutefois à devoir la convaincre mais Luana se saisit rapidement de la fléchette. Allait-elle se prendre au jeu ?  ❝ Je suis sûr que tu peux y a… Ah. ❞ Il n’eut pas le temps de terminer son encouragement que la fléchette avait déjà atterri au sol. Loin des cibles.  ❝... ❞ Well. Voilà donc la stratégie de Luana. Un rictus passa vaguement sur la bouche du Loup mais il retint tout commentaire contre-productif.  ❝Bon, je suppose que c’est à moi. ❞ Que l’indomptable Aiwenor se rassure, le Sköll n’avait pas l’intention de faire durer cette torture très longtemps. Il trouverait bien autre chose…
Alors, il attrapa la troisième fléchette et, fixant les ballons avec attention, tira. Bam. Un autre ballon d’éclaté. Sa poitrine se gonfla d’orgueil tandis qu’il lançait la quatrième puis la cinquième fléchettes. Les deux firent mouche et le forain lança une exclamation joyeuse de félicitation tandis que le gagnant se tournait fièrement vers son otage sa spectatrice. Non, il n’attendait pas d’émulsion de joie de sa part mais au moins avait-il remporté un prix pour sa belle !  ❝Bien voyons ce que nous avons gagné ❞ , fit-il en guettant les lots. Des peluches étaient accrochés en haut du stand et il en désigna une en forme d’étoile … mais le forain l’arrêta.  ❝Oh non monsieur, les lots auxquels vous avez droit sont là… ❞ Et il désigna une panoplie de bibelot laids et sans intérêt qui provoqua une grimace non dissimulé au Sköll.   ❝C'est une blague ? Personne ne veut gagner ça. Et ça alors ? ❞ siffla-t-il en désignant les guirlandes de peluches plus attrayante à celui qui cherchait à l’arnaquer en le poussant à jouer 5 autres parties. Grand dieu, non. Même lui n’avait pas la patience de retenir Luana aussi longtemps dans cette foire… Aussi se résigna-t-il, le dégout sur les traits.
❝C’est atroce❞ , gronda-t-il, se saisissant de l’objet le moins affreux, soit un éventail rose criard aux motifs étoiles. Au moins, il pouvait se révéler utile. Il le tendit à Luana, ignorant les protestations outrée du commerçant.  ❝Tiens. Je te l’accorde, c’est affreux. Allons te trouver quelque chose de plus joli. ❞

Même pour une blague, c’était une honte d’offrir ça à une voyante de son rang. Alors, le Loup se saisit de nouveau de cette main froide, tout juste réchauffé par le thé qu’elle sirotait, et l’entraina plus loin dans les allées de la fête. Il sonda les stands, les attractions, et les lots… Jusqu’à finalement jeter son dévolu sur des machines à pince. Plusieurs modèles se présentaient à eux, toutes remplies de peluches de toute sorte, dont certaine semblaient animé d’une magie scintillante. On trouvait ainsi des chats multicolore, des fleurs aux pétales étincelants, des dragons à l’aura enflammée, des lapins violet pailletés…  ❝Parfait. Choisis ce qui te ferais plaisir et je te le gagne.❞ Si sûr de lui… Le Loup n’avait pas peur de la défaite.

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Qu’on arrête cette mascarade sur le champ.
Est-ce que Kiera Sköll aime les longues parties ?
Ou est-ce qu’il préfère les jeux brefs ?
Son âme prie pour que ce soit la deuxième version.
Dans son cas, il semblerait en tout cas que ce soit la sienne. Si on étudiait le mouvement de sa fléchette exécutée avec une grande mollesse et aucun intérêt, on définissait même plutôt la Aiwenor comme le type de joueuse qui ne prenait même pas la peine de consulter les cartes qu’on lui avait distribuées.

La fléchette plantée, ses lèvres retrouvent la boisson sans prendre la peine de formuler une réponse au Sköll. Qu’il joue, qu’on en finisse, et qu’il mette fin à son calvaire.
D’un regard qui ne semble pas vraiment intéressé, elle suit la partie… il semble assez doué. Tant mieux pour lui.
« Impressionnant » et pourtant, son compliment n’a pas l’air réellement d’en être un. Le ton peu investi, et sa bouche qui retrouve la chaleur du liquide sans vraiment se soucier du gain qu’il a pu décrocher.
ça semble digne d’intérêt pour lui cependant, et elle suit la conversation en sirotant son thé.

… Pour se retrouver quelques secondes plus tard avec… ce qui n’était sans doute pas le plus joli des éventails de Velaris.
Ses yeux se baissent vers l’objet dont sa main se saisit.
« Il ne fallait pas. » vraiment pas.
Mais avant qu’elle ne puisse ajouter quelque chose, le Sköll l’entraîne déjà ailleurs et elle ne fait même pas l’effort de contenir un soupir.
Ce petit jeu va t’il durer longtemps ?
Quand pourra t-elle rentrer et remettre le nez dans son bouquin ?

Les machines à pince. La dernière grande idée du Sköll devant laquelle ils se retrouvent.
Sans prononcer le moindre mot, elle relève son regard vers lui… et soupire à nouveau. Faut-il vraiment choisir une peluche ?
Ne peut-elle pas faire éternellement vœu de silence et espérer qu’il se lasse ?
Cette stratégie lui vaudra-t-elle l’insistance sans fin de son fiancé.
Au final, elle se retrouve à pointer un jackalope avec un bandeau orné d’un petit soleil en son milieu autour du cou « Très bien. Celle-ci. » … c’est cependant un vrai choix… fait qu’elle ne partagera pas maintenant, mais elle a toujours eu un amour sans fond pour ces adorables créatures. Elle craque devant leur adorable regard… mais ça, le Sköll n’est pas digne de le savoir.

Alors elle n’ajoute rien de plus et retourne à sa boisson… pour le voir échouer, encore et encore… dans une boucle de la défaite qui semble ne jamais vouloir se terminer.
Dommage.
… bien que le spectacle la réjouisse un peu malgré l’absence d’expression sur son visage.
Il est assez plaisant de voir son fiancé en désespoir sur une simple petite machine de rien du tout.
Alors oui, pour les moments où il décidera de l’agacer, elle choisit de graver l’instant dans sa mémoire… comme un souvenir agréable auquel on s’attache. ça lui en fera au moins un de lui.

« De toute évidence, les machines à pince ne sont pas ta spécialité. » … elle ne se moque pas.
Même si… il est vrai que dans son cas, les machines à pince lui obéissent comme si elle faisait ses marionnettes… ironie du sort, ce n’est pourtant pas lié.
« Tu devrais abandonner. » … elle ne se moque pas, non. Elle est juste de bon conseil devant l’évidence d’un échec sans fin.

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Le jour décline et, dans le ciel, les nuances d’or s’effacent peu à peu. Le Sköll sait qu’il sera bientôt temps de libérer sa prisonnière. Derrière son mur de glace, il la sent trépigner comme une gazelle à l'affût des lions. Malheureusement pour elle, cela ne suffit pas à décourager le Loup qui se refuse à desserrer son étreinte. Pas avant un dernier coup d’éclat.
Les fléchettes furent un échec. Malgré une habileté qui aurait fait briller les yeux de plus d’une prétendante, le lot était d’une médiocrité affligeante et sa fiancée demeurait d’une impassibilité accablante. Il plaça donc, dans les machines à pince, un dernier mince espoir de rendre cette soirée un tant soit peu intéressante. Qu’il obtienne ne serait-ce qu’un rictus troublé de la part de sa dulcinée…
Il est bien loin du compte toutefois, tandis que Luana n’offre d’abord qu’un lourd silence face à sa nouvelle proposition. Pourvu qu’elle ne fasse pas le choix de cette stratégie, songe l’acteur qui ne se défait pas de son affable sourire. Sa patience, aussi changeante que son humeur, a des limites - bien qu’étirable quand il s’agit de son jeu favori. Leurs regards se croisent et d’un nouveau sourire, il l'encourage à choisir la peluche de son choix.
Et, miracle, Luana choisit.
Ses yeux glissent sur le lapin scintillant que la belle a désigné. Il est amusant de penser que la voyante vient peut-être d’user de ses dons sans le savoir en choisissant la créature qui l’accompagnera bientôt. Le Loup, quant à lui, acquiesce en ignorant que la peluche prendra un jour vie pour devenir son plus grand rival :  ❝Parfait. Je m’en occupe. ❞ Ô désillusion. Ô cruelle destinée qui se rit d’un chien malhabile traquant le gibier synthétique.
Kieran fait rouler les crescents dans la machine et échoue avec panache. Sans sourciller, il manipule la manette et la pince se referme inlassablement dans le vide. La concentration plisse ses traits tandis qu’il n’accorde pas un regard à sa fiancée, comme s’il n’y avait rien à justifier. Ne t’en fais pas, la situation est sous contrôle. Foutaise. Il persiste, gave la machine d’une autre sous.  ❝Kss.❞ Mais l’agacement perce entre ses crocs. Sous la lune argentée, les lapins ne sont pas aussi récalcitrants. Foutue tas de ferraille. Il se retient d’en briser la vitre - probablement prévue pour parer ce genre d’attaque impulsive.

Mais contre toute attente, c’est la voix froide de la Aiwenor qui lui hérisse les poils. Le ton est toujours neutre mais a-t-il tort d’y déceler de la moquerie ou de la satisfaction. Enfin, il tourne le regard vers elle. Un voile d’irritation couvre ses iris même s’il garde bonne figure. Calmement, il déclare :  ❝Ma chère, je pense que ces machines sont surtout truquées. Décidément, cette fête est une immense arnaque.❞ Il fait rouler ses yeux dans les orbits et reporte son attention sur la machine qui prend plaisir à l’humilier. Il la maudit de tout son être. S’il tente un coup supplémentaire, il n’est pas certain de pouvoir se retenir d’étriper le propriétaire à la nuit tombée.
Il respire. Puis s’écarte, invitant d’une petite courbette celle pour qui le cadeau inaccessible est destiné : ❝Je te laisse constater par toi-même.❞ Il sourit, réprimant à peine sa rage, sans douter une seule seconde que la pauvre Aiwenor ne saura pas faire mieux que lui.
Pauvre Loup abruti.

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ça pour s’en occuper, il s’en occupe oui.
Ces tentatives sont d’un pathétisme affligeant.
…
Et est-ce qu’elle ne prendrait pas un peu de plaisir à voir, celui qui en fait trop, n’arrivait même pas qu’à un peu ?
…
Disons qu’il y a quelque chose de plus divertissant dans ces minutes-là que dans les dernières.
…
Oui, elle est une horrible personne. Elle en a bien conscience. Qu’on lui pardonne de ne pas s’en repentir pour autant. Au pire, il peut toujours la quitter s’il la trouve méchante en plus d’être trop froide. Elle se fera une raison.

Sous ce “kss”, ses lèvres retrouvent le liquide chaud pour boire quelques gorgées. La suite, elle aurait pu s’abstenir. Elle suppose.
Mais trop tard, elle ne possède pas le pouvoir de remonter dans le temps. Pour son plus grand malheur d’ailleurs, autrement elle ne serait pas ici aujourd’hui. A écouter un Sköll se plaindre d’un obscur trucage.
Pas d’expression en retour. Juste un peu plus de liquide dans son gosier avant d’être invitée à contrôler l’état du matériel.
Elle a mieux à faire.
Bien évidemment qu’elle a mieux à faire.
Elle a dépassé le stade de ces enfantillages puérils. Elle n’y a d’ailleurs jamais fait d’arrêt. ça ne l’a pas intéressé, à aucune étape de sa vie, de se ridiculiser. Alors ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va s’abaisser dans une cour de récréation.
« Très bien. » …
…

Pourtant, c’est bien elle qui tend sa boisson chaude au Sköll pour se placer devant la machine.
C’est aussi elle qui tend la main pour obtenir un jeton qu’elle insère ensuite dans une machine qui se remet en marche.
Le grappin, elle est responsable de ses mouvements. Son fiancé pourra bien dire qu’elle l’a envoûté, mais elle ne met que quelques secondes à attraper un jackalope qu’elle remonte et guide ensuite vers la liberté.
Une trajectoire calculée par un regard qui a tout analysé au préalable. Ce jeu, elle le connaît par coeur. Elle en est une experte et jamais un Soàan n’aurait osé la défier dessus. Non, son petit frère n’aurait pas été un seul instant surpris de la voir se pencher, ramasser son bien, et récupérer sa boisson avant de relever les yeux vers celui qui l’accompagne « Je peux t’en attraper une si tu veux. » mais elle le nie. Elle ne ressent aucun plaisir à se la jouer. Futilité que tout ça. Expression d’humanité dont elle ne fait pas partie. Bien entendu.