des fleurs mouillées ― lune

06.07.22 22:54

des fleurs mouillées
❪ with ❫ ・ @lune cloudrage

la nuit avait fredonné les compositions de la pluie qui disait son malheur. quand le jour eut finalement mangé le ciel, la terre détrempée de son jardin la reçu dans toute sa disgrâce. elle n’aurait pas daigné d’y mettre un pied si cela n’avait tenu qu’à elle-même et à sa fainéantise. les tonnerres l’auraient éveillée mais ses rêves l’auraient à nouveau conquise pour qu’elle continu de dormir avec les brises froides du matin arrosé, gentiment cachée derrière un drap chaleureux. ce jour-là, elle avait même été un peu déçue de découvrir que cette pluie, celle qu’elle aimait tant, avait enlaidi la terre de la sorte. certes les gouttes de pluies accrochées aux feuilles vertes étincelaient, gagnées par la lumière du soleil, tel des bijoux de cristaux, mais pour elle ne savait trop quelle raison, cela rendait son humeur morose. en même temps, les imprévus ne lui avaient jamais plu et à coup sûr, elle aurait apprécié de passer sa journée avec lune comme elle l’avait pensé, dans la cour enjolivée par les rayons du soleil et ses fleurs aux couleurs panachées. malgré tout, elle s’était assurée du nettoyage d’une table et de quelques chaises mouillées, sereine de constater que le temps s’était montré plus accueillant, proposant d’ailleurs une place à lune dès le moment où elle la vit faire son apparition.

— j’ai pensé qu’on aurait pu rester dans la cour du jardin, mais je n’avais pas du tout prévu la pluie d’hier, heureusement, le temps s’est éclaircit. cette lumière, ianthe avait voulu l’aider dès leur première rencontre, séduite par l’innocence de sa quête, la bienveillance de son art, les générosités qu’elle offrait. la bouquetière, elle enviait ses rêves et par moments il lui prenait le désir de les lui voler, jalouse de ses directions admirables quand elle, elle ne vivait que comme l’ombre de sa propre compétence : cerise sur le gâteau, une compétence dont sa précieuse invitée se serait certainement mieux servi qu’elle.

— quand même, si l’humidité te dérange, on peut toujours aller à l’intérieur de la boutique. dans tous les cas, je te préparerais un bon thé chaud. fit-elle avant de prendre place à son tour. les mots glissaient sur la toile cirée de l’habitude, de son caractère quelque peu anxieux, pessimiste et pourtant sincère dans la mesure où elle voudrait s’assurer du confort de la jeune femme avant de commencer quoi que ce soit. elle s’était d’ailleurs tellement pressée de se rassurer qu’elle eût, en toute innocence, marché sur le bonjour coutumier.

— sinon, comment vas-tu ?

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07.07.22 16:51

des fleurs mouillées,,

with / @ianthe shedergen — celestia & 07.07.2022 (ic, crédits)

elle ne saurait dire, ne saurait même imaginer de quoi le lendemain serait fait. quête étrange au milieu des songes parsemant ses pensées que d'avancer une minute après l'autre sans avoir la capacité à imaginer le lendemain. et peut-être donne t'elle autant, nourrissant l'espoir idiot que de laisser un souvenir plus impactant que lors de sa première existence ; effacée du commun des mortels si facilement. [ but who cares about you ? ] question légitime dans le flot de ses idées, l'impression d'être semblable à une brise en plein été — appréciable dans l'instant mais bien trop vite oubliée. est-ce dont ce que tu étais, soleil ? le myocarde qui se serre à la pensée, heurte avec violence les souvenirs dans lesquels elle s'était raccrochée ; illusion idiote où elle avait eu peur avant de se rendre compte que tu l'avais juste abandonnée.

et c'est cette même solitude qu'elle comble de ses offrandes, donne au monde le peu en sa possession pour oublier le vide qui n'a de cesse de s'accroître à l'intérieur. ( t o r n ) — then tell me, stella.. est-ce que tout sera toujours aussi douloureux ? et elle chasse d'un sourire le souvenir d'une soeur disparue depuis bien longtemps, offre le reflet éclatant à la silhouette l'accueillant au milieu des diverses senteurs — pause dans le temps. i love rainy days peut-être parce que la grisaille du ciel venait se juxtaposer à ses sentiments — peut-être parce qu'il était plus facile de moins y penser, à son propre soleil.

don't worry, it's great here, les odeurs exacerbées par les pluies diluviennes, les iris qui viennent balayer les parterre de fleurs et les jolies couleurs — coin de paradis. oh, i'm fine. but you do look a little bit.. upset ? ou seulement contrariée. les doigts qui viennent tirer doucement une chaise pour y prendre place, nouvel éclat de sourire venant tirer les lèvres. is everything okay ? quand bien même il était particulier — voir compliqué, de s'aventurer dans les ressenties d'une presque inconnue, sans jamais savoir où était les limites de la dite relation.

11.09.22 2:35

des fleurs mouillées
❪ with ❫ ・ @lune cloudrage

ce n’était rien de particulier. quand la pluie tombait sur les fleurs pour s’enfuir dans la terre, un éventail d’émotions l’envahissait. elles étaient si petites et insignifiantes qu’elles n’avaient pas de nom, mais combinées, elles pouvaient se rapporter à un triste soulagement.

— je vais bien, c’est juste que… la pluie m’a toujours semblé un petit peu triste. mais réconfortante, en même temps, tu ne trouves pas ? par moments, il lui venait des idées quant au pourquoi du comment sa raison s’enténébrerait pour chacune de ces pluies fines, pénétrantes ou glacées. pourquoi est-ce qu’elles lui offraient les illusions d’un vendredi soir tant attendu, après des journées de dur labeur, comme si le week-end approchait enfin, et qu’il ne lui restait plus qu’à dormir et attendre sagement que revienne le soleil.

— une clairvoyante m’a dit un soir qu’en accord avec les fleurs j’aurais l’air fatiguée ou déprimée les jours de pluie, mais quand viendrait le soleil, ce serait le contraire. peut-être que cela remontait aux vagues souvenirs qui lui restaient de la partie de son enfance qui était amusante ; là où elle s’extasiait sous les sanglots de l’automne, s’enlaidissait avec le jardin mouillé, les pieds nus dans la boue, les fleurs mouillées et elle-même, petite fleur mouillée, un gros sourire pour gonfler ses pommettes rouges, ses corvées devenant dès lors plus intéressantes alors que sa tante n’avait jamais aimé la voir consentir. si ianthe jardinait sous la pluie, elle était disgracieuse, on la rappelait donc à l’ordre avec les ambitions d’une noblesse fascinante. mais si elle restait dans son lit au lieu de vaquer à ses occupations, elle paressait, il fallait donc la recadrer pour ne pas lui faire oublier son insignifiance en la jetant sous la pluie. et puis une nouvelle façon d’exister s’était offerte à elle quand on avait décidé que sa magie servirait à quelque chose, un bien bel accord certes, mais elle avait toujours eu du mal à s’y accrocher, si bien que machinalement, elle se prédisait des malheurs au plus le ciel s’assombrissait. le changement n’avait été qu’un cauchemar nouveau, mais elle l’avait aimé parce qu’il s’était habillé comme un rêve.

— heureusement le temps me semble s’éclaircir... le thé doit être prêt, je reviens. sans plus tarder, la fleuriste s’enfuit dans sa boutique pour paraître de nouveau avec un plateau comportant sa théière, l’eau chaude, le nuage de lait, le soupçon de thé, et les pâtisseries sèches ni trop dures ni trop molles qui feraient ses délices. de façon plus discrète sur le cabaret de porcelaines, deux petites tasses qu’elle n’avait pas rempli jusqu’au bord parce qu’elles ne servaient à boire qu’à petites gorgées et un carnet à spirale couleur lavande dans lequel sa plume s’était emballée plusieurs fois pour sauvegarder noms, propriétés et dessins des fleurs qu’elle avait créées. elle reprit place, un sourire aux lèvres.

— et voilà. en attendant que ça refroidisse, je suis pas mal curieuse à ton propos lune.

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12.09.22 16:28

des fleurs mouillées,,

with / @ianthe shedergen — celestia & 07.07.2022 (ic, crédits)

elle a cette impression de voguer en eaux troubles, incertaine quant à quoi dire ou faire — timidité exacerbée depuis son retour. ou peut-être n'était-elle juste pas à l'aise face aux autres, impression perpétuelle d'être une source d'ennui, de causer plus de tords que de bien quand sa présence n'était plus (l'avait-elle déjà été) indispensable.

— je vais bien, c’est juste que… la pluie m’a toujours semblé un petit peu triste. mais réconfortante, en même temps, tu ne trouves pas ? les iris qui se posent quelques instants sur le ciel aux dégradés de gris, senteur diverses remontant de la terre — causé par les pluies diluviennes. je la préfère au soleil les mots qui dérapent avant que l'esprit ne s'active, les lippes qui se pincent pour taire les états-d'âmes. et si la pluie amenait avec elle une certaine mélancolie, soleil lui avait brisé le coeur d'une certaine façon.

et d'un mouvement de tête, elle chasse les idées noires, laisse fleurir un sourire au coin de ses lèvres — abandonne dans une case lointaine les souvenirs de cette nuit, fatiguée de vivre constamment dans le passé. — une clairvoyante m’a dit un soir qu’en accord avec les fleurs j’aurais l’air fatiguée ou déprimée les jours de pluie, mais quand viendrait le soleil, ce serait le contraire. et de ses opales sombres, elle te fixe avec insistance, drôle de présage que d'être assimilée à la météo du jour sans réellement être maître de ses émotions. elle les admire pourtant, ceux dont la magie coule encore dans la veine quand son seul et unique pouvoir avait été de se volatiliser soudainement pour réapparaître sans explication. c'est un beau présage, chaque fleur à besoin d'un peu d'eau. et les jours de pluie ne devait alors pas sonner si terrible — source vitale.

— heureusement le temps me semble s’éclaircir... le thé doit être prêt, je reviens. et c'est l'absence qui fait dériver l'esprit un peu plus loin, s'interroge silencieusement sur les raisons de son retour — sur ce qu'elle pourrait accomplir ici. tell me stella, what am i gonna do without you ? l'absence qu'elle pleure jour après jour, deuil d'une âme oubliée par ceux de cette époque, sujet impossible à aborder avec les inconnus venant joncher sa journée — trouve refuge dans les remèdes qu'elle concocte par dizaine — offre un soutien à défaut d'en avoir elle-même. et elle a trop souvent les yeux perdus dans la vague, lune, l'esprit qui virevolte dans des contrées lointaine — passé qui n'a de cesse de prendre le pas sur son présent.

— et voilà. en attendant que ça refroidisse, je suis pas mal curieuse à ton propos lune. les lèvres charnues qu'elle pince à plusieurs reprises, plie et déplie ses doigts avant de déposer les paumes de ses mains contre la table, l'air embarrassé. il n'y a pas grand chose à dire pourtant des détails, des broutilles, des questions incessantes auxquels elle aurait voulu avoir les réponses sans que personne ne sache les lui donner — à pourtant toujours les lui poser. mais je t'écoute, qu'est-ce que tu veux savoir ? et y avait-il quelque chose à en dire ?

des fleurs mouillées ― lune

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