01. Tu sais chanter, tu as pris ça de ta mère. Mais tu n’es pas à l’aise à l’idée de le montrer à quoique ce soit. Alors en attendant, tu te prends sur Shakira sous la douche et tu déprimes avec le nez coulant, allant chercher un pot de glace sur du Vitaa. 02. Tu es persuadée que ton appartement est hanté depuis la fois où tu t’es amusée à visiter une baraque abandonnée et en miettes. En plus d’avoir eu la trouille de ta vie puisque t’as le même courage qu’un citron, tu es sure d’avoir ramener l’esprit de Roger, 59 ans, ancien boucher, voyeur et tueur fou. 03 T'as la même force physique qu'une petite cuillère. Tu sais pas ouvrir les pots, t'es juste incapable d'ouvrir quoique ce soit possédant une sécurité enfant. Pis faut voir comment tu t'énerves ... 04. Il y a des jours, où, la poisse te prend délicatement par la main pour t'accomlpagner dans ta journée. Lorsque cela arrive, il n'y a rien qui va. Tu fais tout tomber, tu casses tout, t'as même réussi à péter une fenêtre avec un trombone ... Tu sais pas comment t'as fait. Alors lorsque ça arrive, tu t'allonges dans ton canapé comme un i et ... tu attends.

Espiègle et maligne, combien de fois a-t-elle tentée de jouer de ses charmes pour obtenir ce qu’elle veut ? Elle peut sembler idiote, avec ce large rictus gravé et sa naïveté indécente. Et pourtant, c’est justement là où on ne la voit pas venir. Un brin capricieuse, elle n’hésite pas à mette tous les moyens en œuvre pour obtenir ce qu’elle veut.
Influençable et manipulable, c’est à croire que la naïveté elle-même a pris possession de son corps. Elle est presque prête à tout pour avoir un peu d’affection aussi peu sincère puisse-t-elle l’être. Pour peu que les gens s’en rendent compte, elle devient aisément une marionnette de premier choix. Elle est prête à faire tout et surtout n’importe quoi pour qu’on lui apporte, ne serait-ce, qu’une minuscule seconde d’attention.
Sunshine vibes et explosive , la vie est déjà bien assez triste non ? Alors elle s’assure d’être toujours de bonne humeur ou du moins, de prétendre à l’être. A son sens, personne n’a envie d’une vieille limasse dans sa vie. Alors elle vit à 100 a l’heure, distribue des sourires parce que jusque-là, ils sont toujours gratuit et tente toujours de voir les choses sous le bon angle. On la voit dans la pièce Nemee, et surtout on l’entend. Si les rayons de soleil sont trop aveuglants, on ne voit pas les nuages. C’est donc tout naturellement, qu’on peut la considérer comme un être sociable. Même si elle a besoin de courts moments seules, elle préfère mille fois la compagnie des autres. Être entourée ou glander pour faire la fête, elle a toujours besoin de quelqu’un pour l’écouter blablater sans arrêt, sans cesse, jusqu’à ce que mort s’en suive.
Possessive, peu avec les objets mais davantage avec les personnes. Elle a cette peur viscérale d’être abandonnée, de ne pas être aimée ou d’être remplacée. Un manque de confiance en elle évident, qu’elle dissimule derrière des grands sourires et un caractère prétendument affirmé.

H I S T O I R E

L’audio d’une chanson, douce mélodie que tu fais tourner en boucle chaque soir. Des photos. Un immense poster décorant ta chambre et les traits de son visage lui ressemblant beaucoup trop. Voilà ce qu’il te reste de ta mère.
A l’aube de tes quatre ans, elle était là et puis soudainement, elle n’y était plus. Des appels jamais décrochés, plus aucun signe de vie. Une disparition soudaine, beaucoup médiatisée pendant un moment mais oubliée aujourd’hui. La chasse sauvage ? Un amant ? A-t-elle été tuée ? Par un monstre du fléau ou un homme ? Tu ne le seras probablement jamais. Ta seule certitude est qu’elle n’est plus là et que le temps semble doucement mais sûrement effacer les souvenirs de ces moments passés ensemble.

Les murmures ne soulèvent sa mémoire que trois ans plus tard, lorsque ton père refait sa vie. A l’âge de sept ans tu vois débarquer chez toi une inconnue. On te dira que cela viendra avec le temps, que c’est normal et qu’elle ne remplacera jamais ta mère lorsque tu exprimeras spécifiquement que tu ne l’aimes pas. Un caprice d’enfant, n’est-ce pas ? Après tout, tu ne la connais pas. Pourtant le temps est passé et elle n’a toujours pas de place dans ton cœur. Des sourires amers, des mots calculés pour te rabaisser et une supposées tendresse uniquement accordée qu’en présence de témoin. Tu n’en veux pas de sa tendresse et tes yeux ne cesseront jamais de regarder ton père avec détresse. Il ne comprend ? Fait-il semblant de ne pas comprendre, de rien voir, de ne rien entendre ? Ces discussions incessantes concernant son refus que tu puisses toucher l’artefact, elle qui ne fait en aucun cas partie de la famille, ne sont-elles pas suffisantes ? Était-ce réellement nécessaire d’attendre son absence, enfermés à double tour dans la bibliothèque, le stress et la précipitation coulant sur le visage paternel, pour te faire toucher ce dernier ? Comme si vous étiez complice d’une bêtise, comme si il était plus simple de la mettre sur le fait accomplie plutôt que de lui dire non ?
Elle était rouge de colère, son corps en tremblait sous la frustration. Ton père semblait soulagé malgré les mots durs qu’il a pu entendre ce jour-là. Bien que deux, trois pièces vous séparant, tu les as vaguement entendus toi aussi.

C’est ainsi que ce qui aurait dû être les pires moments de ta vie sont devenus tes meilleurs souvenirs d’enfance.
Au départ, c’était effrayant, tu n’as pas d’autres choix que de l’admettre. Des inconnus, ton corps te soulevant pour t’emporter précipitamment et une perte de connaissance rapide sûrement lié à ce mouchoir plaqué contre tes voies respiratoires.
Une fois réveillée, tu n’avais aucune idée de l’endroit où tu te trouvais. Tu te souviens des murs sales, du sol jonché de détritus et de ce brouhaha incessant en arrière-plan. Les gens passaient et venaient comme si tu n’existais pas. Pour peu qu’ils te remarquent, ils te jetaient des regards narquois. Ils savaient bien ce qu’il se tramait, contrairement à toi. Tu ne le comprendras que quelques heures plus tard, pêchant ici et là des chuchotements. Une rançon, voilà ce qu’ils voulaient. Tu allais bientôt pouvoir rentrer chez toi, pas vrai ? Une heure, quatre heures, deux jours, une semaine, un mois, deux mois … Rien. Et pourtant. Qui aurait cru que tu t’y sentirais aussi bien ? Si au départ, tu étais complètement pétrifiée face à ce pourtant bel homme, commanditaire de ton enlèvement, les choses ont rapidement changés. Tu as été nourri convenablement.  Ils ne t’ont jamais fait le moindre mal, au contraire, gare à celui qui s’en prendrait à toi. Peu importe si tu ne pouvais pas sortir à ta guise et que ta liberté était enchaînée. Lui et ses hommes, ils te faisaient rire, s’occupaient de toi comme si tu étais des leurs. Tu as reçu cette affection et cette attention dont tu manquais terriblement. Il a gagné ta confiance, ils ont gagné ta confiance allant même jusqu’à leur dévoiler ton pouvoir. Tu te souviens de ce que tu as interprété comme de la fierté dans son regard la première fois que tu lui as montré. Tu as certainement raté la lueur d’intérêt qui émanait de ses yeux. Alors avec ta naïveté légendaire, tu donnais tout ce que tu pouvais lorsqu’il te proposait de t’entrainer. A aucun moment tu n’as senti les fils de pantin qu’il appliquait doucement sur toi. Encore aujourd’hui, tu les ignores. Tu étais prête à tout pour la moindre attention, le moindre sourire, la moindre marque d’affection. Il l’avait bien compris. Manipulable, ils ont même réussi à te persuader que ton père n’a jamais essayé de te chercher. C’est vrai : pourquoi es-tu toujours là après autant de temps ? S’est-il dit qu’il en était mieux ainsi ? L’argent ou les biens matériels sont bien plus important que toi ? Jamais, tu ne remettras en question la parole de ces inconnus. Pourtant, cette rançon n’aura jamais été demandée. Devenu un sujet tabou dans la famille et quand bien même, on t’avait scrupuleusement intégré dans le cerveau qu’ils mentiraient à ce sujet, ce point n’a jamais été mis sur table. Pour toi, ils n’ont jamais cherchés à te récupérer ou à payer, point.

Et puis au bout de cinq mois de « détention », tu es de nouveau devant chez toi. Subitement, sans la moindre blessure, sans la moindre explication, visage découvert et sans qu’aucune transaction n’ait eu lieu. Tu as attendu patiemment que ton père rentre à la maison, dans un calme complètement lunaire pour une gamine portée disparue pendant des mois. Il fallait voir sa tête, il aurait pu mourir sur le coup tellement le choc fut grand. Pour le coup, tu aurais aimé que ta belle mère succombe sur le coup, elle, mais malheureusement il n’en fut rien. Si ton père semblait être heureux, semblait parce que tu t’es mise à remettre le soi-disant amour qu’il te portait en question, sa femme tirait une tête de dix mètres de long. Ton retour aura surpris tout le monde, une bonne nouvelle pour certain, une mauvaise pour elle.
« Je ne sais pas. » Seront les mots qui sortions systématiquement de ta bouche lorsqu’on te demandera où tu étais passée. C’est ce qu’ils t’ont demandés de dire avant de te renvoyer volontairement chez toi. Peu importe qui pouvait t’interroger : ton père, tes amis, le pacifieurs dans le rôle du gentil, celui dans le rôle du méchant … Aucun d’entre eux n’a réussi à te tirer quoique ce soit de la bouche. Avec du recul, tu t’en impressionnes tellement que tu te demandes si ce n’était pas là l’œuvre d’un pouvoir, d’une potion, ou tu n’en sais rien. Quoiqu’il en soit, personne n’a jamais réussi à te soutirer la moindre information. Tu t’es contentée d’agir l’air de rien, comme si rien ne s’était passé, au point que l’hypothèse de la chasse sauvage soit évoquée. Tu t’es contentée d’agir selon les ordres que tu avais reçus, attendant patiemment le moindre signe, la moindre trace d’un des nombreux codes secrets que vous avez pu mettre en place. Parce que les plans avaient changé. Tu étais bien plus intéressante qu’ils ne l’espéraient. Facilement manipulable, tu étais une mine d’or. La rançon n’avait plus d’intérêt si ils pouvaient se faire plein d’argent sur la durée. Le plan que tu ignores encore aujourd’hui était de te garder sous le coude, garder sous l’influence afin que tu puisses à l’avenir ouvrir les portes des quartiers luxueux au trafic de Offa Magicae qu’ils menaient. C’était risqué, extrêmement risqué, tout miser sur une gosse relevait de la folie. Mais, ça a marché.

Parce que le contact n’était pas réellement rompu. Tu faisais parti de la famille maintenant, pas vrai ? Alors si pendant plusieurs années, ils ne s’agissaient là que de quelques signes ici et là, sans aucune importance et sonnant uniquement comme des « coucou, je pense à toi. » Les choses ont pris une tournure différente en grandissant. Des services. Des indications, des repérages, des rapports t’étaient demandés.  « Combien de pacifieurs à cet endroit, où sont-ils, à quelle heure ? » Et plus les années défilaient, plus on t’en demandait. « Tu peux utiliser ton pouvoir sur ce type à ce moment précis ? Tu peux contacter ce mec pour lui refiler ce colis ? N’oublie pas de rester discrète. » Aujourd’hui, on peut aisément affirmer que tu fais partie du trafic Offa Magicae. Quand bien même tu estimes ne pas être un élément important de la chaîne, tes mains sont tout de même salies.  Des faits graves et lourds de conséquences que tu dédramatise beaucoup trop.

Parce que il n’y a que comme ça que la pilule arrive à passer. Parce que finalement, tu n’es pas aussi bête que ça. Parce que il y a cette micro part de toi, celle que tu choisis de ne plus écouter, qui sait que tu n’es qu’une marionnette. Que tout est faux, qu’ils ne t’apprécient pas réellement et que peu importe les efforts que tu fourniras, tu ne feras jamais réellement partie du groupe. Mais tu t’accroches, bêtement, entêtée, comme si il n’y avait que eux pour t’aimer. T’es même plus sûre d’être assez bien pour qui que ce soit, même pour ton père. Entre colère et remords, ton comportement avec lui est superficiel. La colère de le voir s’agenouiller face à cette belle mère au besoin viscérale de tout contrôler, au point même de presque t’oublier et les remords de savoir qu’il serait déçu d’apprendre ce que tu fais et ce que tu continues de faire. Alors derrière les sourires étincelants, l’amertume. C’est trop tard pour toi de toute façon, la machine est enclenchée et tu n’as plus la possibilité de retourner en arrière. Tu es perdue, tout est perdu.