Journée écoulée à littéralement b u l l e r, maison sécurité cachée quelque part à Zaun et une fois encore, les heures qui s'écoulent sans que tu ne saches réellement quoi faire, crainte certainement maladive de te faire à nouveau prendre alors que pourtant, tout est en train de changer. mais tu ne sors plus vraiment la journée Helyo. rythme inversé qu'il est difficile de changer, quand vivre la nuit est devenu une sorte d'habitude salvatrice. impression certainement faussée d'être plus en sécurité sous l'astre lunaire et finalement, la sécurité du foyer d'Akio que tu quittes en fin d'après midi, soleil déclinant mettra pourtant tant de temps à se coucher et ton sac bien arrimé à ton bras, besoin i r r é p r é s s i b l e de retourner dessiner, spot repéré des années auparavant, mois écoulés sans que tu ne puisses y retourner. et tu en profitera Hell, pour aller embrasser ses parents, bénéficier de leur présence pour simplement quelques minutes avant de t'éclipser, retrouver ce toit que personne ne connait, refuge presque sacré.

et rien n'a vraiment changé là bas Helyo. rien n'a bougé, tout est resté en place, comme tu l'avais laissé. carcasse hissée au point le plus haut, juste au dessus de la porte avant qu'un long soupir s a t i s f a i t ne s'échappe de tes lèvres à l'instant où tu plie les genoux pour t'installer, déballer ton carnet à dessins, tes crayons. paysage singulier s'étalant à tes pieds pousse ta main à commencer à griffonner, traits sans aucune hésitation sur le papier alors que ton sourire ravit reste là, gravé à même tes lèvres. « it feel so good to be here... » murmure pour toi même alors que peu à peu, le dessin prend forme, panorama retranscrit à l'identique sous tes dois jusqu'à ce que la porte claque juste en bas ; jusqu'à ce qu'une silhouette se dessine devant toi, quelques mètres plus bas. « what the... ? » les sourcils qui se froncent alors que tu l'observes en silence Helyo, attente minutieuse et les minutes qui s'égrènent sans qu'il ne te remarque alors que peu à peu, le vent ramène son odeur jusqu'à toi, te force à descendre de là.

rollercoaster dans la poitrine et la carcasse qui se fond jusqu'au sol, perchoir a b a n d o n n é face à la curiosité et cette impression de déjà vu qui terrasse la méfiance, agite le loup en toi. nuit encore lointaine pousse les sens à l'extrême jusqu'à ce que finalement, la mémoire fasse les connexions, provoque l'arrêt cardiaque. « Naos ? » ça ne peut être que lui. c'est i m p o s s i b l e que ce ne soit pas lui. comment pourrait-il en être autrement ? il n'y a que lui qui sent ainsi. cette odeur, même mélangée à quelque chose d'autre, tu pourrais la reconnaître entre mille. « Naos is that you ? » mais il y a quelque chose qui cloche Helyo. quelque chose qui attire et qui repousse à la fois, quelque chose qui rend Fenrir étrangement nerveux, quelque chose de sombre et de bien connu à la fois. werewolf. à ne pas en douter, impossible de se tromper. parce que l'aura ne ment pas. les odeurs ne mentent pas.

arrêt à quelques mètres de lui, derniers pas que tu ne fera pas et au fond de l'esprit, un milliers de questions qui s'entrechoquent, de ces pourquoi restés sans réponses qui ne sortent pas alors que les mains tremblent de ces émotions c a t a c l y s m i q u e s et que ton regard céruléen s'emplit d'un espoir un peu fou, un peu vain. « dis moi que c'est toi... » dis moi que tu es bien vivant, dis moi que tu ne m'as pas oublié...

Regard que tu ouvres sur le plafond de ta chambre, alors que le sommeil te quitte et que le peu de souvenir de ton rêve s'estompe en quelques instants. Seuls les voix font encore échos dans ta tête avant de disparaître à leur tour. Toi qui est d’ordinaire Insomniaque, te voilà à te réveiller d’une sieste que ton corps t’a réclamé. Pour éviter le pire. Avant que la noirceur ne s’écoule sur ton visage et te fasse vivre pire que tes cauchemars. Un coup d'œil vers ta fenêtre te fait comprendre que la nuit n’est pas encore tombée mais que le soleil s’apprête doucement à aller se coucher. Ton soupir envahit ta chambre qui te semble bien trop silencieuse tout un d’un coup. Oppressant. Et tu n’as pas envie de rester là, seul.

Sans un bruit, tu quittes la maison, pourtant vide à cette heure-ci. Discret. Comme l’exige ton métier mais que tu as toujours eu l’impression d’être depuis ta seconde naissance. Pas de ceux à vouloir se faire remarquer, encore moins être le centre de l’attention. Gamin qui préfère se fondre dans la masse ou s’isoler.  Alors que la solitude te fait pourtant peur. Pas celle de ne pas être assez entouré mais celle de ne plus avoir personne à rejoindre au moment de rentrer chez toi. Et c’est bien pour ça que tu cherches constamment à leur faire plaisir, à faire ce qu’ils te demandent alors même que tu rêverais d’être autre chose qu’un mercenaire.

Tu croises peu de monde - ou peut-être les évites tu - alors que tes pas t'emmènent là-bas. En direction de ce toit que tu sembles être le seul à connaître. Spot idéal pour observer la foule de haut ou de s’en éloigner tout simplement. A exercer ta passion loin du regard des autres et de leurs jugements. Être un simple garçon de dix-huit ans. Juste pour quelques secondes, minutes ou heures.

dernières marches que tu engloutis d’un pas pressé et la porte que tu pousses sans même imaginer que ce soir, tu ne serai pas le seul ici. Prunelles sombres posés sur l’horizon alors que tu t’avances vers le bord pour t’accouder à la rambarde. Et c’est ton loup qui émet le premier signal. Te fait froncer les sourcils et te force à te retourner. Ton nom se fait entendre au même instant où ton regard se pose sur la silhouette qui te fait soudainement face. Léger mouvement de recul sur la surprise. Parce que tu t’y attendais pas, Naos, à ce qu’il y est quelqu’un ici. Et encore moins que ton nom franchisse ses lèvres. Visage qui t’es pourtant inconnu, voix que tu ne reconnais pas mais Lui semble pourtant agité. Comme si quelque chose le dérangeait. Et il est rare que ton loup se comporte ainsi. A hésiter entre deux extrêmes. Attirance et crainte qui se mêlent. Who… Murmure à peine audible et ton regard qui se fronce encore plus. Parce qu’il n’ y a pas de doute. Ce type te connaît.  It’s me… but… Tu cherches tes mots. Des réponses dans son regard. Et c’est dans ces moments là que tu aimerais te souvenir. De ceux que tu as oublié. De ceux qui ont peut-être envahi ta vie d’avant d’une certaine manière. Who are you ? I don’t know who are you and strangely it hurts me

Emotions violence et le loup qui s'agite au creux de la poitrine, Fenrir i m p l a c a b l e à la fois force et faiblesse qui sait comment t'acculer, te faire céder. mais cette fois, c'est différent Helyo. c'est différent parce qu'en face de toi, Naos ne semble pas te reconnaître, trou béant dans la poitrine alors que les poumons peinent à te fournir assez d'oxygène pour respirer, tenter de réfléchir. pas dans sa direction, prunelles azur gorgées d'espoir et soudainement, la chute. who are you ? paupières papillonnent d' i n c o m p r é h e n s i o n face à la question et le bras tendu qui retombe le long de ton corps, constat terrible d'un Naos qui ne sait pas qui tu es, semble t'avoir oublié. « Helyo... i'm... Helyo... » voix tremblante d'émotion alors que l'espoir renaît à tes mots, désir étrange d'être reconnu, fantôme d'un passé révolu et pourtant...

pourtant, tout semble avoir changé. et ça a beau faire neuf ans Hell, tu as toujours l'endocarde a f f o l é rien qu'à le voir ; Naos et sa beauté si particulière, Naos et ses yeux autrefois si pétillants, Naos et son sourire qui t'on tant de fois fait chavirer, gamin ignorant que tu étais alors, à te poser mille questions sans comprendre. « tu m'as.... oublié ? » et ça fait mal Helyo. ça fait mal de demander ça. de laisser les mots s'échapper, de comprendre que, peut-être, l'oubli est la raison pour laquelle il a disparu, du jour au lendemain. tremblement dans les mains et sans que tu ne puisse rien contrôler, les larmes qui perlent mais ne coulent pas, blessure que tu croyais guérie pourtant purulente, douloureusement suintante.

« i don't understand... » les poings qui se serrent alors que le loup continue de s'agiter, semble reconnaître l' e n f a n t face à toi, lien étrange qui semble le relier à lui, werewolf accroché à son passé sans comprendre la nature de ce qui semble vous lier alors que les questions affluent, tentent de s'échapper. « je suis content de voir que t'es vivant... » sel lâché sans réellement le vouloir alors que la douleur continue de se répandre, venin destructeur qui ne te laisse aucune chance, ne te fais aucun cadeau. « putain de merde mais t'étais passé où ?! » et ça explose Helyo. détresse acquise qui se montre enfin, d'un enfant qui n'a pas compris et qui a fini par se dire que c'était de sa faute, souvenir manquant de cette nuit où tu n'as pas pu maîtriser et au final, le trou b é a n t.

et tu voudrais vraiment Helyo. être gentil. être doux. lui offrir un sourire et lui dire que tout va bien, que le temps a passé, que t'as fini par lui pardonner. tu le voudrais vraiment Helyo. m a n q u e terrible et les récents mois de solitude qui n'ont fait que t'aider à ruminer quand pourtant, il n'a rien à se faire pardonner Naos. absolument rien.
parce que tout est de ta faute
parce que s'il est comme ça aujourd'hui Naos, c'est entièrement de ta faute. mais tu sais Helyo, toi aussi tu as oublié. secret farouchement gardé, Fenrir qui a toujours refusé de te laisser te souvenir de ces nuit terribles, tu ne sais pas Helyo. qu'en face de toi, se trouve ta création. lien i n d é f e c t i b l e du loup qui donne naissance à un autre et le monstre en toi qui continue de s'agiter, gronde et tourne comme un lion en cage, semble impatient de se montrer, de faire face à ses responsabilités.

sourire gorgé d'une tristesse sans nom et finalement, le pas en arrière, les yeux qui ne le lâchent pas, les larmes qui continuent d'y briller. « je t'ai cherché partout... je t'ai vraiment cherché partout Naos... » détresse visible et une à une, les faiblesses qui se montrent alors que le vent continue de te porter son odeur, celle d'un passé désormais oublié, celle d'un loup, celle d'un enfant à la vie brisée. « toi aussi tu t'es fais mordre... » constat douceur lâché à mi-voix et tu sais Helyo. que Naos t'entendra. qu'il comprendra. de toute façon, il a déjà certainement compris, tout comme toi. « tu ne te souviens vraiment pas de moi ? » bonheur brisé. espoir annihilé. et une fois encore, c'est comme si ton monde s'effondrai.

Pris au dépourvu. Tu ne t'attendais pas à cette situation en venant ici. Toi qui est d’ordinaire le seul à fréquenter ce lieu, comme s’il t’appartenait. Lieu sacré qui a été témoin de bien d’émotions que tu avais besoin d’extérioriser. Et voilà qu’un inconnu vient envahir cet espace sans crier garde et semble, en plus de cela, te connaître. Surprise qui se lit au fond de ses prunelles. Lueur d’espoir que tu ne comprends pas. Comme s’il voyait un revenant. Peut-être est-ce ce que tu es pour lui.  

Helyo… Que tu répètes sans vraiment t’en rendre compte et le regard qui se baisse, mal à l’aise face à sa réaction. A ses larmes qui perlent à ses paupières. Parce que tu t’en veux, Naos. De pas te souvenir. Sorry… je… me souviens pas. Mémoire trouée de dix années que tu n’as pas su retrouver malgré tes efforts. Trou noir emportant une partie de ta vie et de ton cœur. Car ça te fait mal de ne pas te souvenir des visages du passé, de devoir t’excuser à chaque fois. Comme le fautif que tu n’es pourtant pas. Victime du traumatisme qui t’a fait devenir ce que tu es aujourd’hui.

Le loup s'agite dans sa cage intérieure. Tour en rond, grogne contre ta poitrine. C’est la première fois que tu le sens ainsi. Et son anxiété t’atteint, à te demander ce que tu dois faire. Doigts qui s’agitent contre ton pantalon et ton regard sombre qui glisse sur son visage à sa remarque. Vivant. Oui tu l’étais. Miraculeusement. La mémoire en moins. Le fléau en plus.

Colère qui te surprend et le pied qui recule alors que le grognement de ton colocataire t'assourdit.  J'étais pourtant là… à Ketterdam. Depuis le départ. Même avant ton second réveil. C’est ce que t’ont dit tes parents adoptifs. Que tu venais d’ici. Qu’on t’avait abandonné ici. Devant l’orage qui déferle, tu regrettes presque d’avoir quitté ta chambre si silencieuse. Mais tu t’accroches à cette détresse que tu lis dans ce regard brillant de larmes. Et tu aimerais tellement. Te souvenir de lui.

Pourquoi. C’est que tu aimerais lui demander. Et savoir que quelqu’un te cherchais fait palpiter ton cœur. Parce que c’est la première fois qu’on te dit ça. Personne ne t’avait cherché jusqu’à présent. Pas même ta propre famille. Pas en avant que tu entreprends et le loup qui grogne à nouveau. T’arrête dans ton élan. Il y a vraiment quelque chose qui le contrarie. Ce n’est pourtant pas la première fois que tu croises un autre werewolf. Mais cette fois-ci, il y a quelque chose de nouveau. Comme si, lui, il le connaissait.

Sourire amer qui s’étire sur tes lèvres et les orbes charbon qui se détourne à nouveau. Tu aimerais bien faire vivre cet espoir qui brille encore un peu. Mais ce serait lui mentir. Te mentir. Il y a beaucoup de choses dont je ne me souviens pas. De qui tu étais avant d’être un tueur aux crocs acérés. Rien d'avant mes dix ans. Pas même de cette nuit que tu vis dans tes cauchemars.

Fantôme d'un passé que tu dois maintenant tenter d'enterrer avec tes regrets, Naos qui confirme qu'il ne se souvient pas et à nouveau, cette effrayante sensation d' a b a n d o n qui se répand comme un venin auquel aucun traitement ne peut faire face, chute plus terrible encore que les précédentes. je... me souviens pas... tout. tout a absolument disparu Helyo. les souvenirs heureux. les rires. les jeux. ce secret partagé avec lui. tout est partit aux oubliettes et toi, tu ne peux que rester planté là à le regarder sans savoir quoi dire, quoi répondre. vue brouillée de larmes rapidement essuyées d'un revers de manche presque r a g e u x, tu fais ce que tu peux Hell. pour encaisser. faire le deuil de cette amitié si chère à ton cœur et qui pourtant, ne renaîtra pas de ses cendres.

sel déversé pour expier la douleur quand tu ne sais pas faire autrement alors qu'il assure avoir toujours été là Naos, comme s'il n'avait pas bougé, comme s'il n'avait pas d i s p a r u, comme si c'était toi l'unique fautif dans l'histoire. ( me pense tu vraiment incapable de trouver quelqu'un ? ) question muette alors que tu l'observes tenter un pas en avant avant de se raviser, loup visiblement hésitant, incapable de savoir quoi faire, où se mettre et surtout comment réagir. parce que tout à vraiment disparu de son esprit Helyo. tout a foutu le camp il y a dix ans. « t'as vraiment tout oublié hein... » constatation presque désespérée alors que dans ta poitrine, Fenrir gronde et s'excite dans son coin, lion en cage qui tourne tourne tourne à n'en plus finir alors que le soleil peine à aller se coucher, laisser sa place à l'astre lunaire.

« on était amis, avant. » et pour la première fois depuis de longue, très longues minutes, un sourire. certes douloureux mais si s i n c è r e qu'il lui sera difficile de ne pas y croire, de ne pas se dire que, peut-être, tu es celui qui détient la plus grande part de son passé. cette part qu'il a perdue et que son esprit ne parvient à pas à réanimer, faire revenir à lui. « on jouait beaucoup ensemble à vrai dire... » enfin, si l'on pouvait appeler ça jouer. parce que la plupart du temps Helyo, tu le passais à le regarder vivre sa vie d'enfant et parfois même, te surprenais tu à le dessiner, alors que dans ton esprit, c'était une véritable c a c o p h o n i e.

celle d'un enfant perdu qui ne savait pas s'accepter avant de comprendre que finalement, rien ne servait de paniquer. vous étiez bien trop jeunes Helyo. « t'étais là hein... alors pourquoi je t'ai pas trouvé ? t'étais où exactement hein ? » douceur étrange dans la voix et les questions qui s'enchaînent, b e s o i n de comprendre et de savoir pour pouvoir enfin entamer le deuil de cette amitié perdue, comme toutes les autres avant ça. mais tu sais Helyo, peut-être qu'il ne te répondra pas Naos. parce qu'au fond de sa poitrine, tu le sens Hell. son loup qui s'agite.

étrange sensation qui pourrait te faire reculer et pourtant, le pas en avant, la main qui se tend. « et si je fais ça, ça ne te rappelle absolument rien ? » geste rapide et un peu fou pour te rapprocher un peu plus de lui et doucement glisser tes doigts dans ses cheveux pour les frictionner un instant avant de les laisser filer, phalanges venues mourir le long de sa joue. « tu adorais que je te fasse ça à l'époque... » et à nouveau, un sourire. n o s t a l g i e difficile à retenir quand au fond de tes prunelles azurées, quelque chose d'incompréhensible naît. « t'es encore plus beau de près... » murmure douceur avant de t'écarter pour éviter un éventuel geste pour te repousser, t'empêcher de continuer, de le mettre plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà.

Désolé… Mot que tu répètes à nouveau face à cette peine qui brouille le regard qui te fait face. Et pourtant tu n’as rien fait de mal. Toi-même victime de ta perte de mémoire, de ces années oubliées en un claquement de doigt et que tu n’as jamais su retrouver durant ces huit dernières années. Simples brides que tu vois dans tes rêves et qui s’estompent à nouveau à ton réveil. Mais tu ne peux t’empêcher de te sentir mal, presque coupable de ne pas te souvenir de lui. Tu aimerais pourtant. Envie qui se fait violente dans ton cœur mais que tu te sais incapable d’assouvir.

Tu encaisses, Naos, cette colère qui te surprend et fait grogner ton colocataire. Celle qui te demande où tu étais durant toutes ces années alors que tu n’as tout simplement pas bougé de Ketterdam. Et là encore, ta réponse ne plaît pas. Alors tu tentes une approche mais c’est ton loup qui t’arrête en plein élan, tourmenté par cette présence. Tes doigts se referment dans le vide alors que les orbes charbons glissent sur le sol, sourire amer sur le bout des lèvres alors que tu indiques simplement avoir oublié bien des choses. Tu te retiens de t’excuser à nouveau de ce mal que tu provoques malgré toi.

Le silence s’abat sur ce constat plus douloureux que d’ordinaire. Ton amnésie ne t’a jamais autant dérangée qu’en cet instant. Boîte de pandore qui refuse de s’ouvrir rien qu’un peu et dont ton loup semble être le garde du corps. Sans que tu ne comprennes pourquoi.

L’information te fait relever la tête, lueur indescriptible au fond des prunelles. Amis. Un mot qui jusqu’à aujourd’hui t’a toujours semblé abstrait. Toi, le solitaire, qui a toujours cru ne manquer à personne. Vraiment ? que tu souffles comme si tu n’y croyais pas. C’était la première fois que tu rencontrais quelqu’un qui connaissait le toi d’avant. Qui avait vécu et partagé des moments avec toi. Et qui, peut-être, détenait le moyen de te rappeler. Pendu à ses lèvres, tu attends qu’il t’en raconte plus. Ça tape fort dans ta poitrine.

Mais lui aussi à besoin de réponse et la douceur de sa voix contraste avec la fêlure que tu lis sur son visage. Et tu ne sais pas quoi répondre, Naos, à ces questions qui le taraudent. Comme s’il s’en voulait de ne pas avoir su te trouver alors que tu étais pourtant là. C'est compliqué… Je n'ai jamais pensé que quelqu'un me cherchait. C’est ce qu’on t’a toujours dit. Que personne ne t’avait cherché. Enfant abandonné par les siens et recueillit après une attaque désastreuse. Qui t’a obligé à te cloitrer si longtemps, à t’éloigner des autres et à les regarder d’en haut. Tu es solitaire, Naos, mais surtout un vrai caméléon. Enfant forgé à l’image de Leofferth et du métier qu’on t’a amené à faire. Tu n’es pas de ceux qui se font remarquer et tu fais en sorte qu’on t’oublie rapidement. Enfin, c’est ce que tu croyais.

Le loup s’agit soudainement alors que Helyo s’approche de toi, sous ton regard surpris. Mais tu ne recules pas alors que ton colocataire te pousse à le faire. Non tu restes là, camper sur tes deux pieds, dans l’attente. Tu frisonnes à son contact dans tes cheveux et relève tes yeux sur lui alors que ses doigts viennent se perdre contre ta joue. Et tu te surprends toi-même à ne pas bouger alors que d’ordinaire tu aurais sauté en arrière pour t’éloigner de ce contact imprévu. Il y a cette chose qui t’empêche de le faire. Cette sensation de déjà-vu. Ce bien-être que tu ressens alors que c’est la première fois que tu vis ça. Du moins, de ce que tu t’en souviens.

Ton regard se perd dans le sien, un court instant. Et alors qu’il s’éloigne, Helyo, rompant le contact entre vous, tu te retrouves à attraper sa main, sans même prendre le temps de réfléchir à ce que tu es entrain de faire. Attend ! Tes doigts se referment autour de sa paume, pour l’empêcher de s’éloigner plus. La gêne s’installe, le loup grogne et tu as la sensation que ton cœur va exploser à force de battre aussi fort. Tu as du mal à comprendre mais tu sens que tu tiens quelque chose d’important, là, en cet instant.  Je connais cette sensation. De sa main dans ses cheveux. Comme une sorte de flash back  d’une période qui lui était jusqu’alors inconnue. Lèvre inférieure que tu malmènes avec tes dents alors que la bête te hurle de lâcher sa main. Mais tu l’ignores, Naos. Et c’est un regard brillant que tu relèves sur le visage de celui qui se dit être ton ami. J'ai… pas envie que tu t'éloignes.