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Ces derniers temps, c’était différent sur l’Arcadia. Si tout semblait suivre le parcours habituel, il ne pouvait nier qu’il le remarquait, Nerian. L’absence du second. Rhysand qui ne voguait plus les nuages avec eux depuis qu’ils avaient pu reprendre le ciel. Et il avait encore ce réflexe de le chercher, de s’attendre à le voir débarquer. Les yeux qui roulaient et les soupirs sous son comportement. Ces moments dont il s’amusait toujours, Nerian. Mais ce n’était plus Rhysand qu’il pouvait embêter amicalement. Et ça lui manquait un peu, honnêtement. Il était habitué à la dynamique du second, qu’il soit quelque part sur le pont, que malgré les taquineries, ils pouvaient se soutenir. Ne plus l’avoir à bord faisait un trou marquant. Beaucoup plus qu’il n’avait d’abord pensé lorsque la nouvelle de son non-retour parmi les nuages avait été annoncée.

Malgré tout, ce n’était pas comme si Rhys n’était plus dans le portrait. Au contraire. Il s’assurait que l’Arcadia puisse s’envoler et livrer les marchandises promises. S’il n’était pas sur les planches, il participait encore, simplement différemment. Travaillant sur la terre ferme plutôt que dans le ciel. Ce qui était toujours une image étrange pour Nerian. Il n’arrivait pas tout à fait à imaginer Rhysand s’occupant de la paperasse au sol. C’était… bizarre. Il fallait s’y faire pourtant.

À l’instant, Nerian avait pris le rôle de messager, apportant quelques documents à Rhys pour la suite des choses. Et il voulait aussi lui demander son aide avec certaines provisions qu’il souhaitait se procurer, mais le temps lui manquait pour y aller de lui-même. Ils ne s’arrêteraient pas longtemps à quai et il avait le reste du voyage à organiser pour la cuisine et les marchandises. Il comptait donc en profiter pour solliciter un coup de main au second.

En voyant la silhouette de Rhys se dessiner dans la distance, il ne put empêcher un sourire de s’étirer. Le signe de la main automatique pour saluer alors qu’il s’approchait avec les papiers entre les bras. « Hey, Rhys. I feel like it’s been a while. I missed my dear first mate, did you know? And thanks to you, there’s more job aboard the ship for me. » Le ton était blagueur, un sarcasme peu sérieux. Surtout que le capitaine était celui à reprendre la plupart des tâches du second sur ses épaules, mais Nerian était là pour prêter main-forte, pour accompagner. Lorsqu’il n’était pas derrière les fourneaux, il cherchait à se rendre utile, à aider Kael dans la gestion du navire et de l’équipage. Et si Nerian faisait parfois — souvent — partie de ceux qui causaient les problèmes, il savait quand le temps n’était pas aux plaisanteries. En tant que quartier maître, il avait aussi gagné le respect des autres matelots à bord.

Et s’il se présentait avec légèreté et amusement, il n’en restait pas moins qu’une pointe de curiosité soucieuse existait. Car il ne pouvait s’empêcher de se questionner. À savoir si tout allait bien. Surtout depuis la dernière fois — la dernière pleine lune — lorsque Rhys ne s’était pas pointé alors qu’il aurait dû. La colère de Kael avait été palpable. Et avoir Rome à la place du capitaine le temps d’une nuit lui avait fait si étrange à Nerian. Il avait entendu quelques bribes de ce qui s’était déroulé à Célestia, mais n’avait pas cherché plus en détail. La politique bien loin de ses soucis. Par contre, il s’inquiétait un peu pour le second. « Where’ve you been? We’ll have to catch up around some drinks now, since we don’t see each other every day anymore. » Le petit sourire amusé étirait ses lèvres, un air qu’il portait trop souvent avec fierté. « But honestly, is everything ok for you? » Le regard se posait sur lui, avec une lueur de sérieux qui décorait bien rarement ses pupilles. Moment de calme entre les moqueries, temps qu’il voulait prendre pour s’informer, pour s’assurer que tout était bien correct pour le pirate au sol.

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journées qui s'enchaînent et se ressemblent toutes et l'impression terrible de tourner en rond dans un univers qui n'est pas le tien, terre ferme dont tu t'es déjà lassé, toi le pirate épris de liberté et des grands espaces ; les cieux pour unique repère et les yeux toujours tournés vers les étoiles. et ça te manque Rhysand. cette sensation de liberté, comme si rien ne pourrait jamais vous rattraper et que tous les problèmes du monde n'avaient plus aucune emprise sur vous une fois l'Arcadia haut, très haut dans le ciel. seulement dorénavant Rhys, le ciel n'était plus ta destinée et la terre était devenue ta patrie, ta prison dorée. toi qui aurait tant aimé mourir au plus proche des étoiles, c'est ici, dans la boue, le sang et les cris que tu avais faillit y passer. ici que ta vie se trouvait. ici que tu était enfermé. terre d a n g e r e u s e peuplée d'être tous plus fous les uns que les autres et récemment, les vies envolées, volées, fauchées. et toi Rhysand, arraché à ta tranquillité, envoyé à la mort. witcher que l'on utilise pour gérer les conflits des autres, bras armé réputé pour son manque de sentimentalité et pourtant au fond de la poitrine, le palpitant qui se langui, ne bat plus que pour une seule chose, une seule personne.

Storm étoile que tu as juré d'aimer et protéger jusqu'à ta mort et les missions pour l'Ordre qui s'enchaînent, f a u c h e u s e à chaque fois bien trop proche et ce baiser fatal à chaque fois fuit, évité. surtout, ne pas flancher. surtout, ne pas se laisser attraper. et si tu est jusqu'ici toujours rentré en vie Rhysand, c'est uniquement grâce à ton expérience à bord de l'Arcadia, ainsi qu'à ta capacité de décision et d'analyse. seulement Rhys, un jour viendra où ce sera la mission de trop et ce jour là, tu ne reviendra pas. l'Ordre te tuera. ça, tu l'a toujours su. et c'est exactement pour cette raison que tu t'étais engagé sur l'Arcadia. fuite programmée. parce qu'une fois là haut, plus rien ne pouvait t'atteindre. plus rien ? non. seule le manque et le besoin t'accompagnaient là bas. ici, il y a Storm. là bas, il y a ta survie. des deux, lequel était le plus important ? le plus facile à conserver ?

long soupir t'arrachant à tes sombres pensées, rendez-vous pour lequel tu n'as aucune motivation et pourtant, un sourire qui s'esquisse lorsque tes yeux se posent sur la silhouette d'un Nerian visiblement heureux de te retrouver, quartier maître difficile à supporter et pourtant, au fond de la poitrine, la joie (masquée) de le retrouver. « Nerian... always the same isn't it ? » sarcasme pour toute réponse à ses marques d'affection, second lui aussi fidèle à lui même et le caractère qui reprend toujours le dessus, i r a s c i b l e matelot habitué à masquer ses émotions, ses sentiments. « i'm glad to know that my absence benefits you, master quarter. » accent donné sur son rôle à bord de la frégate et pourtant, les prunelles d'or qui pétillent, malice que peut de gens te connaissent, se risquent à te prêter. long soupir en réponse à ses questions et le regard qui vogue entre les papier remplissant les bras de Nerian et le visage de ce dernier, sans trop savoir où se poser. « well, let's go for a few pints... » blanc, et le sourcil qui s'arque, le sourire qui s'étend. « you pay. » et tu ne lui laissera aucune occasion de se défiler Rhysand, besoin urgent de te changer les idées, de voir autre chose que la mort et la désolation, esprit marqué au fer blanc par tout ce qu'il a vu, vécu ici bas. « i don't know Nerian. i don't know. » réponse laissant  entrevoir tout ce que tu as du endurer jusqu'ici depuis les attaques et parfois, l'esprit qui se fait la malle, les remords qui s'installent, t'empêchent de vivre, d'avancer.

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« Hey ! No fair, why should I pay? » Le petit air offusqué, qui se parsemait pourtant d’amusement. Il lui emboitait le pas de suite, comme une évidence. Car il l’avait si souvent fait. Suivre le second, que ce soit avec sérieux dans le cadre du travail ou juste pour l’énerver avec sa présence dérangeante. « You should be the one to invite. I have to work hard because of you after all. » Il ajoutait tout en avançant. Jouer le dramatique, alors que les paroles n’avaient aucune réelle sincérité. Mais c’était une de ses façons de s’amuser, de se moquer. Taquinerie légère qui emplissait ses discours. Malgré tout, être celui à payer lui tirait un soupir entre la résignation et le désaccord. Il n’était jamais déçu qu’on l’accompagne pour un verre, mais préférait toujours garder sa bourse remplie. Sauf qu’aujourd’hui, peut-être que Rhysand en avait bien besoin en fait. Il pouvait au moins lui offrir ça. Se montrer décent pour une fois.

La marche vers la taverne fut ponctuée d’anecdotes et de commentaires sur ce qu’il s’était passé à bord du navire. Nerian qui racontait avec plaisir ce qu’il avait manqué. Les petits moments, comme les quelques tensions. S’assurant d’un coup d’œil fréquent que les histoires ne venaient pas rendre le second grognon, ou qui sait, sentimental de son absence.

Enfin, ils purent s’asseoir tous les deux à une table, dans un coin pour ne pas être dérangé. Il levait une main pour leur commander à boire, puis, après avoir reçu leur alcool, son regard se posa sur son ami. Pointe de sérieux qui refaisait surface. Un air qui ne lui allait pas du tout pensait-il régulièrement. « So, is it as bad as it always was living down here? Must me suffocating. » Mots balancés de cet air nonchalant dont il faisait si souvent preuve Nerian. Qui pouvait si facilement irriter, qui pouvait si facilement frustrer. À dire les choses comme si elles n’avaient aucune importance. Comme si cela ne touchait pas profondément, amèrement. Il ne changeait jamais pourtant. Même si une part d’inquiétude existait, il devait la camoufler sous la moquerie. « Can’t say I understand you for choosing the land. I don’t think I would be able to give up the sky. You must really love what’s down here. » Il continuait. Son attention qui se promenait sur la taverne, avant de se concentrer sur l’expression qu’affichait le second. « How’s the price to pay? » Une question qui lui brûlait les lèvres. De savoir comment Rhysand l’endurait. Et parfois, il se demandait si lui pourrait le faire. Mais rapidement, il en venait à la conclusion que non. Il ne pourrait pas abandonner l’Arcadia. Ni les nuages. Ni cette liberté tant recherchée. Celle qu’il chérissait plus que tout. Mais il n’avait jamais été de ceux à choisir ses relations avant lui. Âmes putride et égoïste. Qui assénait si aisément le coup fatal pour détruire ceux qui désiraient naïvement sa présence. Bon à rien lorsque venait le temps des cœurs. Il ne savait que se montrer impitoyable pour protéger ses propres blessures.