C'est constamment la même chose entre vous, la colère, la passion, la rage et les cris qui se mêlent inlassablement dans une relation que personne ne comprends — vous les premiers. et peut-être n'étais-ce que vous, vous voilant la face éternellement — peut-être étais-ce tout autre chose, les mots restant éternellement des non-dits et vos moments ensemble des incompréhensions.  alors elle attends patiemment les mensonges qui viendront une nouvelle fois se disperser dans la pièce, ceux qu'elle accepterait à défaut de pouvoir s'attendre à autre chose de toi. “you’re making me crazy.” mais cela s'appliquait sûrement autant à toi qu'elle, jeu dangereux dans lequel vous n'aviez de cesse de virevolter, à presque croire que rien ne vous ferez jamais plus vibrer que l'idée de vous détruire à petit feu puis de vous récupérer. depuis combien de temps est-ce que ça durait ? sûrement trop. n'est plus capable de discerner les années passés à se comporter de la sorte, se brûler de milles façons et des mots poisons pour mieux se retrouver, las des batailles que vous continuait pourtant à livrer. i hate you, hurle l'esprit en écho quand elle appose ses lèvres contre les tiennes — le coeur qui lui pourtant scande l'inverse sans qu'elle ne daigne l'écouter. à quoi bon ? et c'est cette passion destructrice qui s'immisce une nouvelle fois dans ses veines, les corps qui s'accrochent et les souffles qui se saccadent, affection désespérée qui se joue — l'incapacité de se défaire de l'autre quand, pour l'espace d'un instant, elle oublie volontiers les guerres à répétition. les mains s'accrochent, réclame, empreinte d'un mimétisme ne s'appliquant qu'à toi, en recherche constante de ce sentiment d'abandon que tu lui insuffles. “maybe you should. punch me in the face, i mean,” les sourcils s'arquent dans une incompréhension légère. “that might be cathartic for both of us.” — don't push me, you deserve it pour avoir débarqué ici comme ça en choisissant de l'accuser de tous les maux de la terre comme s'il s'agissait de la première fois, comme si tu avais le moindre droit sur elle. et elle en oublierait presque la migraine omniprésente ou la cuite de la veille quand elle te regarde comme ça, les traits fatigués et les incompréhensions s'accumulant sur son visage. “let’s just… stop fighting.” et ça, c'est nouveau. bien loin de tout ce que vous aviez l'habitude de faire, à préférer vous faire mal encore et encore plutôt que de mettre les égos de côté. alors d'une certaine manière, elle attends le moment où tu viendras lui rire au visage pour avoir osé ne serait-ce que croire à la demande — l'envie de la rendre ridicule. “you sure like to argue, for someone feeling like dying. i gotta admire that.” risible quand t'étais celui venu jeter le feu aux poudres. “but let’s stop. come on,” c'est toujours le problème avec toi, elle n'arrive jamais à discerner quand t'es sincère ou quand tu ne l'es pas — sûrement parce que même vos vérités étaient camouflés sous les divers mensonges que vous vous jetiez au visage. et c'est ton parfum qui l'enivre, ferme les yeux quelques secondes — sent les picotements remonter le long de sa peau quand l'esprit semble aussi embrumé que les abords du fold aperçut dans les livres d'image. let's stop, murmure à son tour. et sûrement que ça serait éphémère, le temps de quelques heures — peut-être une journée, avant que les choses ne dérapent à nouveau, coincés éternellement dans cette boucle sans fin. les mains qui remontent le long de ton dos, s'engouffrent dans les mèches brunes, finissent par s'immiscer sur tes joues pour te regarder à nouveau, la perdition présente dans les iris. i'm sorry for not answering to your text, kaz, même si ça lui arrache la bouche de le dire, même si elle a l'impression d'avoir été forcée à baisser les armes. et si elle ne pouvait promettre de ne plus jamais se comporter de la sorte, c'était bien la deuxième fois consécutives où elle formulait ne serait-ce qu'un regret pour la situation.

Quand bien même c’est ce qu’il souhaitait, Kaz est presque surpris qu’elle accepte aussi vite de baisser les armes, même juste pour cette fois — et sûrement des dizaines de fois supplémentaires, car il a bien du mal à imaginer une réalité où leur relation serait facile ou, pire, douce. Avec Nyx plus que quiconque, il préfère danser constamment avec le besoin que quelque chose, n’importe quoi, soit fucked up, de pousser leur lien vers le précipice — mais sans jamais réellement les mener vers la chute. Et s’ils sont, peut-être, déjà en train de tomber, Kaz sait, désire, veut, requiert qu’ils ne s’écrasent jamais au sol. S’il croyait encore à la réincarnation (s’il ne faisait pas déjà partie du Fold), il s’attendrait naturellement à ce que toutes les versions d’eux suivent la même trajectoire. Et Kaz serait le dernier à s’en plaindre, au fond.
Il rapproche leurs corps un peu plus, le visage dans le cou de la jeune femme, pose brièvement ses lèvres sur sa peau, et la laisse entremêler ses doigts dans ses cheveux. Il s’attend à ce qu’elle les y laisse, à ce que le geste devienne rougher, les mots de Nyx qui repassent rapidement dans sa tête — I want to punch you in the face — et qui lui rappellent le temps d’un instant qu’il a besoin de cet échappatoire et exutoire. Ou juste d’un échappatoire ou exutoire, peu importe lequel (peu importe qui). Il y a toujours les pensées, assassines pour la plupart, rarement calmes, qui tourbillonnent et qui cognent, pour un oui et pour un non. C’est le retour de sa sœur dans sa vie, et ce qu’il doit en faire, comment gérer, à qui en parler lorsqu’il parviendra à faire le point seul et à mettre des mots sur la situation. C’est l’atmosphère dans les rues de Velaris. C’est Nyx qui ne répond pas à ses messages et surtout sa propre réaction, prêt à vriller alors que l’indifférence de son amie n’est pas nouvelle. C’est la nervosité qui traverse ses veines, vibre sous sa peau et semble faire vibrer le monde avec elle, constamment — des non-dits accumulés aux mensonges parfois, trop souvent dernièrement, et à défaut de vraiment gérer ça, l’envie urgente de tout envoyer valser. See if I care, qu’il veut montrer — But you do, you fucking do, sa propre foi lui répond.
Mais pour combattre whatever the fuck he’s feeling lately, c’est, ironiquement, son corps le premier à réagir — ses mains répondent instinctivement au corps de Nyx, se posent plus fermement sur elle (plus possessif ?), ses doigts se glissent sous les vêtements. Puis s’immobilisent, et le danseur est forcé de retrouver le regard de sa partenaire. I’m sorry for not answering your text, Kaz, elle répète, s’excuse à nouveau, et ça le rend muet et dubitatif, Kaz, cette fois. Peut-être bien qu’elle est sincère. Malgré les années, il ne sait jamais vraiment si elle insiste autant pour faire passer un mensonge ou une vérité. La réponse ne se trouve pas dans ses grands yeux, mais Kaz cherche pourtant, sans bouger — et la regarder n’aide pas vraiment à y voir clair. Une part de lui veut juste ne rien répliquer, souffler (lâche) whatever, let’s fuck et get back to it sans davantage respecter la possible sincérité de Nyx et le fait qu’elle les pense bien, ses excuses. Mais il a dit qu’il serait gentil, et il en a marre de se battre aujourd’hui, avec elle du moins, et il y a tant de… choses qui se passent (whatever, whatever, whatever crient ses pensées).
“Well, I’m not sorry for barging in,” est sa première réponse. Honnête, peut-être un peu direct mais, le temps de lui-même savoir ce qu’il pense de tout ceci, il est plus doux sur ses prochains mots, “But apologies accepted.” À quoi bon se disputer encore. Et il se doit bien d’accepter ses excuses, même si, “I’m sure it will happen again.” Il essaye de sourire un peu, même moqueur, de sonner moins brusque, alors répète à son tour, “But yeah, apologies accepted for today, Nyx.” Bien sûr que ça arrivera encore, et peut-être que les prochaines fois, Nyx ne s’excusera pas. Et s’il aimerait savourer ces mots qu’elle risque de ne plus jamais prononcer, c’est pourtant l’impatience qui revient, ou plutôt l’inquiétude, la paranoïa en têtes de cortège. Kaz soupire brièvement et dissimule sous une fausse nonchalance ce qu’il pense et ressent vraiment. “I just don’t want to find you dead in a ditch, that’s all.” Il se redresse un peu, sans s’éloigner trop d’elle et sans la chasser non plus. “Who would I annoy if you’re gone?” Kaz ajoute, légèrement moqueur, entièrement honnête. Et ses mots et son air se teintent d’une couleur dramatique, presque théâtrale, exagérée, tandis que ses mains se glissent sur le cou de Nyx, puis le pouce et l’index attrapent sa mâchoire, lui font doucement pencher la tête en arrière, joueur. “Life would be sooo boring.”