Elle ne devrait pas se trouver ici à errer de la sorte — ne le sait que trop bien. mais l'attente est longue et elle a promis à son père de faire vite, de seulement aller jeter un coup d'oeil à cette boutique d'antiquité faisant le coin de la rue. et elle a ce drôle de pressentiment lola, celui qui vient tordre l'estomac quand il lui rappelle celui de l'an passé.

et elle ne sait pas vraiment pourquoi elle tente de le mettre en sourdine, ses bras qu'elle ramène autour d'elle, les mèches feu qui volent autour d'elle au gré du vent avant qu'elle ne s'arrête face à cette vitrine — celle déjà victime de ses passions quand elle n'était qu'une enfant. les opales qui brillent quand elle contemple les différentes fioles — ambiance étrange et pourtant captivante à ses yeux, se remémore du bout des doigts ce qu'elle était supposée acheter.

but you're not alone,
turn around,
just a bit.

parce que c'est le sentiment qui se renforce, celui d'être épiée, présence dans son dos qui vient picoter la nuque, les ongles qui se plantent légèrement dans les paumes de ses mains — trahi alors la nervosité soudaine. not again, not again, murmure à l'infini dans son esprit, le coeur qui s'agite — pourrait se décrocher de sa poitrine. just go inside la rationalité qui s'en mêle, tente de la préserver en lui soufflant la solution la plus indiqué — le corps qui, lui, refuse pourtant de bouger.

et dans le reflet de la vitre, elle croit y apercevoir une silhouette la fixant en retour, le coeur qui bondit dans sa poitrine quand elle fait soudainement volte face — pour n'apercevoir plus qu'une ombre disparaissant dans une ruelle. run. mais c'est dans sa direction qu'elle part soudainement, se faufile entre les inconnus au pas de course, les sens en alerte. wait ! la voix qui s'élève quand elle a pourtant l'impression de chasser un fantôme — les sens enfouis qui tente de l'aider. who are you ? la voix qui résonne dans la ruelle sombre dans laquelle elle vient de bifurquer, prend la peine d'analyser l'endroit autour avant de reculer d'un pas. do i know you ? le sentiment qu'est là.

Pourquoi tu fais ça ? Question qu’il se pose à chaque fois qu’il se retrouve dans cette situation. Rêve qui l’obsède et dont les souvenirs lui restent en mémoire. Chevelure de feu qui ne quitte pas son esprit sans savoir à qui elle appartient. Enfin, jusqu’à ce qu’il la croise, un jour, par inadvertance dans les rues de Ketterdam. Et depuis, il est comme dans la nécessité de la retrouver, la voir, même de loin, incapable de l’approcher, lui parler. Pour lui dire quoi ? Alors, c’est de loin, de haut qu’il la regarde quand enfin elle réapparaît à Ketterdam, aux endroits qu’elle fréquente quand elle vient. Habitude rapidement prise de venir ici quand on a plus besoin de lui, dans l’espoir de l’apercevoir. Déception sur ses traits lorsque ce n’est pas le cas et le myocarde qui bat plus vite quand sa chevelure passe dans son champ de vision. Il se sent complétement stupide et pourtant il revient encore, se pose la même question, encore et repart sans même descendre de son perchoir que sont les toits de cette ville qu’il connaît comme sa poche. Encore.

Pourtant aujourd’hui semble échapper à la règle. Peut-être est-ce poussé par une envie de se jeter enfin à l’eau ou tout simplement parce qu’il ne s’attendait pas à la croiser là, devant cette vitrine. Journée pas terminée, juste une pause dans le petit boulot qu’il a décidé d’occuper pour mieux se rapprocher de la cible qu’on lui a assigné. Flâneries qui m’ont mené jusqu’ici et mèches de feu qui attirent immédiatement son regard. Le cœur manque un battement et le corps se cache d’instinct au coin de la rue. La surprise lui fait oublier quelques secondes sa silhouette qui se reflète dans la vitrine mais ses sens développés par sa condition de lycanthrope le rappellent à l’ordre. Pris sur le fait. Il fait volte face et s’engouffre rapidement dans une ruelle dans l’espoir - vain - de s’enfuir. Il aurait pu être plus rapide, faire comme à son habitude et utiliser ce qui est sa portée pour monter rapidement sur les toits des bâtiments. Tête qui refuse cependant que ses pieds quittent le sol comme poussée par une envie profonde d’être enfin repéré.

wait ! Fuite qui se stoppe immédiatement, épaules crispées par l’anxiété de la confrontation qui arrive. Pourtant, il ne peut s’empêcher d’en être aussi soulagé. who are you ?  dents qui mordillent l’intérieur de ses joues alors qu’il se retourne enfin pour plonger son regard dans celui qui lui semble si familier à force de l’avoir rêvé. Couleur pourtant différente du jaune intense dont il se souvient. Naos reste muet à cette question, peu enclin à dévoiler son identité.

do i know you ? La question le désarçonne alors qu’il s’attendait à des éclats de voix et insultes. I don’t know. Presque un murmure. Oui. non. Il n’en sait rien. Et pourtant, il a cette sensation que c’est le cas. Et il ‘en veut de ne pas se souvenir de ces dix années perdues, de ne pas savoir si cette fille faisait partie de ce passé qu’il ne connaît pas.

I’m sorry… I… Les mots de bloquent dans sa gorge. S’excuser de l’avoir suivit serait pourtant si simple mais lui donner les raisons de son comportement le ferait immédiatement passer pour une sorte d’harceleur qu’il n’est pas.

C'est pourtant l'inconscience qui résonne dans ses tempes — celle de t'avoir suivi ici quitte à s'excentrer du monde quand n'importe quoi pourrait arriver sans que personne ne sache qu'elle était là. alors pourquoi l'avait-elle fait ? pourquoi avait-elle ressentit ce besoin intense de te rattraper — de comprendre ce sentiment étrange étant venu l'habiter aussitôt qu'elle t'avais aperçu ? et si elle n'a pas d'explications, lola, c'est à toi qu'elle demande les réponses aux questions qui viennent l'envahir.

i don’t know. les bras le long du corps, poupée qui s'agite sans savoir quoi faire de cette réponse — pouvait-elle en faire quoi que ce soit ? les sourcils qui se froncent à répétition quand tant de choses passent dans son esprit sans qu'elle n'arrive pourtant à formuler quoi que ce soit. et les iris te détail, cherche à comprendre, à faire remonter quelque chose — n'importe quoi — à la surface. un souvenir, une rencontre, quelque chose qui viendrait lui rappeler pourquoi est-ce qu'elle avait cette sensation là — celle de te connaître depuis une éternité.

but nothing came,
nothing made sense.

et elle est juste là, prise au dépourvu, sans savoir quoi faire, dire, penser. i'm sorry… i… désolé de quoi au juste ? elle a l'air soudainement apeurée lola, le regard qui dérive à gauche et à droite, s’attend à une embuscade soudaine — est-ce la raison pour laquelle tu t'excusais ? l'avais-tu piégé ? puni de sa curiosité ? le coeur qui tambourine dans sa poitrine, les prunelles qui virent de couleur quand la louve se pense en danger — couleur doré qui prend le dessus, recule d'un pas.

et il n'y a pourtant que le silence autour d'elle, ne sait pourtant pas si elle doit se détendre. it feels.. les lèvres qui se pincent, réfléchis à la question, it feels like i know you but i don't know from where.. parce qu'elle n'arrive pas à remettre un moment sur ton visage, elle est incapable de faire remonter un souvenir quand elle jurerait pourtant que t'étais familier. i can feel it mais ça reste étrange, incompréhensible, insaisissable.

Tu fuis qu’à moitié alors que tu aurais déjà pu rejoindre les hauteurs si tu l’avais voulu. Pourtant tu restes au sol, bifurquant dans cette ruelle bien conscient qu’elle peut te suivre sans grande difficulté. Parce qu’au fond, c’est ce que tu veux, qu’elle te remarque, t’ordonne de t’arrêter et qu’enfin tu puisses l’approcher, lui parler. Force qui te pousse vers elle sans que tu la comprennes. Sa voix résonne contre les murs et tu te stoppes presque sur le champ, épaules crispées par ce qui t’attends. Ça tambourine fort à l’intérieur alors que tu te retournes pour lui faire face. Et à nouveau cette sensation de la connaître depuis si longtemps alors que tu es certain de ne t’être jamais retrouvé aussi près d’elle qu’en cet instant.

Lèvres qui restent scellées alors qu’elle te demande qui tu es. Tu refuses de te dévoiler alors que tu te sais être en faute de l’avoir observé depuis tout ce temps. Tu t’attends à des insultes, des mots plus haut que les autres, de t’en prendre plein la tronche. Harceleur que tu n’es pas et pourtant c’est l’image que tu as dû renvoyer dans cette vitrine qui t’a dévoilé au grand jour. Mais c’est la surprise qui te tombe dessus, plutôt que les éclats de voix. Si tu la connais ? Non et pourtant ton coeur semble lui dire que oui. Sensation étrange qui s’installe toujours plus. Ta tête t’ordonne presque de t’enfuir mais tes pieds refusent de bouger. Alors tu t’excuses sans donner de raisons, les mots bloquées dans ta gorge, incapable d’expliquer ton comportement. Tu n’as pas envie de la faire fuir alors qu’elle est enfin face à toi. Pourtant, lorsque tu relèves un regard anxieux sur elle, tu la découvres apeurée, le corps en retrait comme si une soudaine peur venait de la prendre. Alors qu’elle recule d’un pas tu en fais un vers elle, presque par reflexe, mais ton mouvement s’arrête à ça, sous son regard qui vire de couleur. Celle dont tu rêves. Et tu comprends enfin ce que ça représente.

Bras balant le long de ton corps, tu restes silencieux, dans l’attente de voir ce qu’elle va faire. Tu te prépares déjà à sa fuite et au pincement au cœur que cela va provoquer. Mais elle n’en fait rien. Son regard toujours posé sur toi, à chercher des réponses qu’elle ne semble pas trouver, tout comme toi. it feels like i know you but i don’t know from where… Réfléxion dite à voix haute qui te prends au ventre. you also !? et à nouveau tu t’avances d’un pas, la main en avant comme si tu voulais saisir quelque chose jusqu’à que tu prennes conscience de ton geste et referme ta main dans le vide. Tu dois passer pour un fou et ça t’irrite. La bête jubile sous l’afflux de tes émotions que tu as du mal à contenir.

But… i know we nerver spoke. Pas durant ces huit dernières années. Les seules dont tu te souviens. Front qui se plisse sous la reflexion, à te demander si cette fille fait partie de ce passé que tu ne connaîs pas. Tu as presque envie de croire que c’est le cas, réponse facile. Mais au fond, tu sens que ce n’est pas ça. Tu ne te souviens de strictement rien. Pas même les rues t’ont semblé familières avant de les connaître par cœur alors que tu as - d’après ce que tu as compris - toujours vécu à Ketterdam. L’impression de l’avoir toujours connue, même avant de rêver d’elle.

You’re eyes… Tu continues à te mordiller à l'intérieur des joues, ne sachant pas ce que tu dois dire au final. J’ai rêvé de tes yeux résonne étrangement à tes oreilles et ce serait dévoiler une particularité que tu as toujours cachés. Tu a spourtant envie de tout lui dire, tout lui dévoiler mais pour une fois, ta tête t’en empêche par prudence. Qui sait ce qu’elle fera après. Tu n’as pas envie de voir les autorités débarquer devant ta porte à cause de ce don que tu ne maîtrises pas. Mais dois-tu lui dire que tu as compris, que tu sais ce qu’elle est ? Fléau comme toi, à crier à la lune une fois par mois, à en oublier ton humanité.