SA'ADAR nom encensé et glorifié, porteur des perspectives les plus surréalistes pour un gifted, c'est ainsi qu'il sera appelé depuis ses huit ans. Identité fondue puis soigneusement remodelée pour mieux convenir, s'effacer dans leurs normes et traditions,  le visage de Babylon ne devra jamais rappeler la crasse abjecte et la bassesse de Zaun et de ses nuances vermillon.

YAKMESI est celui qui coule dans les veines, origines légendaires d'une lignée ancestrale et bafouée contées par sa mère certains soirs où le sommeil se faisait désirer, jamais il n'oubliera le moindre mot qu'elle lui offrit, c'était une promesse. L'espoir de voir sa future progéniture un jour s'enorgueillir de ce nom pulse encore encore dans le myocarde comme une batterie inépuisable.

BABYLON ville des dieux et des rois, babylone n'est pas perdue, elle est simplement cachée au creux des enfers de zaun. Le prénom est porté avec impertinence et arrogance, sauveur de l'humanité il deviendra (ou il mourra) et en attendant le jour du châtiment dernier, c'est le surnom baby qu'on entend rouler sur toutes les lèvres désireuses et avides de lui. baby soupiré, gémi et hurlé dans son oreille, baby grincé entre les dents des ennemis et des jaloux, baby esquissé en sourires hautains et fiers sur les visages des bienfaiteurs Sa'Adar, baby ri aux éclats comme un cri du coeur de ce frère d'âme. Et de tous les baby qu'il entendait, c'était de loin la mélodie du tien qu'il préférait, Naïm. 

09.12.96 — 25yo, zaun c'est sale, la puanteur est insoutenable et les rues sont irrémissiblement sombres. C'est ce qu'il eut toujours connu Babylon, caché de tous mais surtout d'eux, Zaun fut sa seule réalité des années durant, et le monde s'imaginait encré de rouge dans chacune de ses rêveries. Protection ou emprisonnement d'une mère anxieuse à mourir mais redoutablement fière de la marque estampillée dans sa nuque, sa décision fut prise dès que le premier cri fut poussé : elle donnera sa vie pour le sauver. Père fantôme, sujet interdit, elle fut son seul modèle de force et de réussite : Innana semblait porter la terre entière sur ses frêles épaules.

SCIENCES POLITIQUES — 6ÈME ANNÉE ce jour-là, il avait du mordre sa lèvre de toutes ses forces pour empêcher la joie explosive de s'échapper de son coeur. Rares étaient les gifted à qui on laissait le choix de la carrière, mais baby était différent. Il s'acclimatait dans une étonnante perfection à ce milieu qui lui était pourtant étranger, comme si sa place avait toujours été là. La politique fut alors l'évidence même, parce que quand on souhaite renverser la couronne, il est d'usage de d'abord en apprendre toutes les coutumes, moeurs et habitudes pour ne pas rater son tir.

ORDER OF THE DREAMERS — OPTION suivie religieusement depuis la première année, les traumatismes d'enfance liés à cette malédiction (un don, disent-ils) ne le quitteront vraiment jamais, il se tuera à la tâche pour éviter de les perpétuer.

BISEXUEL, CÉLIBATAIRE et jamais il n'avait vraiment pris le risque d'aimer à nouveau Babylon, le coeur s'était scellé à la cire de sa colère aux flammes dévorantes,  prudent et stratège, l'amour a trop de données variables et inconnues pour être expérimenté à nouveau. Baby se complait alors dans un egotrip infini, n'aime que lui au travers des yeux des autres, s'amuse à les séduire avant de disparaitre, fait goûter la douceur de ses baisers et la sauvagerie de ses caresses à quelques chanceux, mais ne reste jamais dormir.

CELESTIA, et riche à en pleurer. Il n'en crut pas ses yeux, plus plausible d'avoir atterri dans un metaverse que chez ses parents d'adoption, Celestia apparait comme un diamant trop brillant pour des iris qui n'ont jamais été habitués à la lumière. Il aurait du la détester du plus profond de son âme, mais ses effluves sucrées et luxurieuses sont trop alléchantes, il apprend alors à l'apprécier malgré la laideur de ce qu'elle porte en son sein, et se déteste pour ça.

THE STAR SEEKER — DREAMER le don était espéré, attendu bien les chances soient quasi inexistantes, c'est un alignement extraordinaire des étoiles qui berça la naissance de Babylon Yakmesi, et qui le gratifia du même don que sa mère, il est un rêveur. L'improbabilité est telle qu'Innana y perçoit un signe puissant de l'univers, un message des dieux auquel elle s'accrocha avec férocité : Babylon les sauvera de l'humiliante misère, délivrera le peuple enchainé. Les pouvoirs se révélèrent très tôt, elle fut émerveillée de la puissance de sa magie, mais plus que ça encore, elle en fut terrifiée. Mère et à la fois maitre, elle lui enseigna tout ce qu'elle avait elle-même appris au sein de l'ordre, mais malgré tous les efforts fournis, à mesure que les angoisses et appréhensions se logeaient dans son coeur de petit garçon, pires étaient les créatures qu'il ramenait au réveil. Il y eut alors le cauchemar de trop, celui qui tua sa mère, et le tira loin de tout ce qu'il connaissait pour une réalité violente et écoeurante, celle qu'Innana s'évertuait à cacher depuis toujours.