Date night in the beauty of Zaun

Mars 2023

bas-quartier

@Atlas Simes
L’après-midi était bien avancé et dans les ruelles de Zaun, là où la lumière du soleil n’était pas leur indicateur du temps qui passe, Petra avançait. De cette démarche confiante de celle qui n’a pas peur des ombres ou des monstres. De celle qui s’est adaptée à la misère des bas-fonds. Néons faibles qui guidaient sa route vers Redwood Road. Pas de contrat ce soir, pas de traque prévue. Ça voulait aussi dire pas de revenu. Mais pour une fois, elle pouvait bien l’apprécier. D’avoir un moment pour profiter — enfin, si elle pouvait appeler ses moments personnels ainsi, car il lui semblait qu’il n’y avait rien de quoi profiter ici-bas. Mais elle avait bien une idée en tête pour cette journée. Et si la chasse était un métier qu’elle appréciait, qui lui donnait l’impression de se rendre utile, qui protégeait ce quartier des oubliés, elle devait admettre que ça devenait épuisant à force d’enchaîner les jours. Corps qui s’en trouvait fatigué, mais elle préférait toujours donner plus, donner trop. S’activer pour contenir le fléau dans ses veines. Utiliser ce métier pour maitriser cette violence qui voulait souvent la dominer. Calmer la bête en lui offrant un combat. Ceux-ci qui s’en trouvaient utile, qui permettaient de protéger cette communauté où il fallait apprendre trop vite à se débrouiller.

Mais en cette journée, Petra n’avait pas en tête son métier ou son besoin de décharger sa violence. Ce qu’elle voulait, c’était voir ce sourire qui ne semblait plus lui quitter l’esprit. Ce qu’elle voulait, c’était observer cette douceur qui émanait de lui. La sentir la bercer peut-être, s’y complaire pour en oublier ce qui l’entourait. Que, l’espace d’un instant, elle ait l’impression que tout n’était pas si noir, que tout n’était pas si vain. Elle avait toujours pris la vie comme une bataille incessante. Où les plus forts dominent et protègent. Où il fallait se rebeller contre un système qui n’avait sens que pour ceux qui en profitait. Et de découvrir une lueur aussi profonde dans Zaun, qui n’avait pas été éteinte malgré les années, ça l’avait indéniablement attirée. Et elle ne pensait pas qu’elle serait marquée à ce point par sa gentillesse et par cet air simplet qu’il affichait. C’était étrange. Qu’elle se retrouve à penser à lui alors que ses pensées déambulaient librement, qu’elle se questionne sur cette vision trop optimiste du monde qu’il détenait. Leur réalité était pourtant bien trouble. Elle ne comprenait pas tout à fait. Et si elle se disait que c’était un peu idiot, elle finissait toujours par se retrouver devant lui malgré tout. Comme maintenant.

Lorsque ses pas s’arrêtèrent finalement, elle se trouvait près de l’étal. Atlas, toujours au même endroit, toujours avec ce sourire qui l’accueillait à tous les coups et qui lui plaisait de plus en plus. Comme à son habitude, elle s’accotait contre la table, d’une nonchalance qu’elle aimait afficher. « Hey, bel homme. C’est bientôt l’heure de fermer boutique, n’est-ce pas ? J’arrive au bon moment pour te voler le temps d’une soirée ? » Le sourire sur ses lèvres se voulait séducteur, même si elle avait remarqué que ça lui passait des pieds au-dessus de la tête. Malgré tout, elle s’amusait toujours à lui faire du charme. Il lui paraissait si naïf, ça le rendait adorable et amusant à taquiner. « J’ai quelque chose à te montrer. T’es libre après le travail ? » Question qu’elle posait plus sérieusement cette fois. Savoir s’il avait du temps à lui accorder, s’il acceptait de lui offrir les prochaines heures. Toujours à sauter dans le vif du sujet Petra. Elle n’était pas de celle à tourner autour du pot longtemps. Elle prenait la situation en charge le plus souvent et aimait mener. Elle instaurait la cadence au groupe, mais surveillait toujours ses compagnons. Qu’ils puissent suivre le rythme qu’elle apportait. Et avec Atlas, elle agissait de la même façon. Se présentant à lui en premier, cherchant à mener le jeu.

Elle avait fini par comprendre ses horaires au marchand. Par connaitre les heures durant lesquelles il se trouvait derrière son étal et l’heure à laquelle il rangeait ses affaires. Elle savait à quel moment elle pouvait se pointer et quémander toute son attention. Car elle aimait l’avoir, son attention. Même si pour l’instant, elle n’était qu’une cliente intéressée à ses yeux. Son ambition continuait de brûler et ses intentions finiraient bien par l’atteindre. Ou pas, mais elle n’était pas pressée. Pour le moment, elle profitait de sa naïveté pour apprendre à le connaitre, pour observer ses réactions, pour le comprendre. Et si elle désirait plus, elle n’aurait qu’à lui. Ou lui montrer directement. Peu timide Petra, elle saurait prendre en main les avances lorsque sa patience aurait atteint ses limites.

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Mars 2023

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@Atlas Simes
Chaque fois qu’elle voyait apparaitre cette touche d’incompréhension dans son regard, lorsque les mots qu’elle prononçait ne résonnaient pas tel qu’escompté à ses oreilles, il y avait un certain plaisir qui flottait en elle, un amusement qu’elle n’essayait même pas de cacher. Et elle ne changeait pas, Petra. Chaque fois, elle appréciait faire ces petits commentaires, voir ses réactions, voir si un jour, il les verrait autrement que des mots balancés en l’air. Car si ça semblait bien à la légère sur ses lèvres, c’était ses pensées honnêtes. Et comme à son habitude, il répondait en évitant de répliquer à ce qu’il ne comprenait pas. Indiquant, comme elle avait émis, que la journée touchait bien à sa fin. Elle resta donc près de lui pour l’observer ranger. Sans se montrer pressée ou ennuyée. Accoté contre la table, son regard se balançait entre Atlas et les quelques passants qui déambulaient dans les rues. Consciente qu’il n’avait pas besoin de son aide, qu’elle serait dans ses jambes plus qu’autre chose en voulant s’imposer, elle choisit d’attendre.

Il lui parlait tout en rangeant. De ses trouvailles, de ses projets. Sa passion qui s’entendait dans sa voix, son sourire aussi. Et Petra s’en trouva attentive. À détailler certains objets, à les découvrir. Si Petra n’achetait pas, si elle préférait garder son appartement vide et sans attache, elle ne s’en montrait pas moins à l’écoute lorsqu’Atlas se montrait bavard. Se découvrant un intérêt à le comprendre. Si différent d’elle. Là où elle vivait dans la course, dans la violence. Lui semblait s’entourer d’un calme, d’une douceur. Tout était pourtant si sombre, où voyait-il la lumière dans ce trou qu’était Zaun ?

Lorsqu’il reposa de nouveau son attention sur elle — après une quinzaine de minutes — il sembla surpris de la voir toujours trainer ici. Le sourire qui reprenait place sur ses lèvres, à Petra. Mais il était vrait qu’elle ne s’attardait pas si souvent. Quotidien qu’elle tentait de tenir occupé, qui ne lui laissait que quelques moments pour le rencontrer, pour s’enquérir sur ses pensées du monde. Quelques échanges, puis elle reprenait la route. Comme elle était arrivée. Pas cette fois. Elle se trouvait toujours face à lui alors qu’il s’apprêtait à quitter. Devant sa question, elle posa son regard sur lui. Intensité qui se traduirait dans celui-ci, amusement aussi. Le mot utilisé qui pourtant n’avait pas la signification que Petra voudrait lui donner aujourd’hui. Rendez-vous. Simple point de rencontre pour lui. « Je te suis. J’ai rien de mieux à faire de toute façon. Et le but est de passer du temps ensemble. » Exprimé à la légère. Son intention clairement énoncée. Toujours trop directe Petra. Elle ne l’avait jamais suivi jusqu’à chez lui non plus et ne pouvait s’empêcher d’être légèrement curieuse. Il lui avait déjà parlé de sa famille, donc elle savait qu’il vivait avec eux. Mais c’était tout. Elle se mit donc en route derrière lui. « Tu voudras un coup de main pour tout rentrer ? » Coup d’œil vers lui. Question de se rendre utile, elle proposait. « Et une fois qu’on aura tout déposé, tu pourras me suivre. Ça te va comme plan ? »

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Mars 2023

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@Atlas Simes
Ce qui était certain était que la demeure débordait de vie. Que ce soit les discussions animées des plus âgés ou les courses folles des jeunes dans les couloirs, il semblait se passer quelque chose dans chaque recoin. Animations qui s’offraient à eux et le regard de Petra se posa sur chaque personne qui croisait leur route. Un sourire éclairait la plupart des visages de la maisonnée. Et quelque part, elle trouva particulier d’avancer entre les murs de cette famille. Légèreté et entraide qui existaient. Qui était douce à la vue. Petra avait rapidement considéré que c’était chacun pour soi ici-bas. La misère à chaque coin de rue, les âmes noircies qu’il fallait apprendre à éviter, les rares qu’on voulait protéger. Elle découvrait une famille différente de la sienne. Pas que son entourage était mauvais, mais peut-être plus agressif, plus méfiant. Une haine qu’elle partageait avec sa mère et qui avait forgé ce caractère féroce qu’elle avait.

Le chemin se déroulait tranquillement jusqu’à ce qu’une jeune femme les arrête. Petra posa son regard sur elle le temps des présentations et un petit sourire s’afficha ensuite sur ses lèvres pour la saluer. « Enchantée ! » La réponse d’une voix à demi-amusée et elle paraissait complètement à l’aise même si c’était la première fois qu’elle se retrouvait ici. Le sourire s’étira davantage sur ses lèvres lorsqu’Atlas mentionnait l’invitation qu’elle lui avait faite. Un échange de regard entre les deux jeunes femmes, Thélie qui connaissait bien son frère, qui sembla encourager Petra dans son entreprise. Ce qui amusa beaucoup la louve. Petra se montrait confiante. Décidée de ses choix, de se trouver ici. Elle savait ce qu’elle voulait. Entre elles, tout se passa par un regard tout simplement. Et Petra l’apprécia tout de suite. « Pas de couvre-feu, c’est sympa. J’vais pouvoir te garder avec moi toute la soirée. » S’amusa-t-elle devant son air un peu dépassé. Le rire léger alors qu’elle continuait à avancer. Reprise du chemin jusqu’à la pièce d’Atlas. Et Petra qui observa les alentours avant d’aider à vider le chariot. Écoutant Atlas, rangeant là où il lui disait de le faire. De nouvelles têtes passaient dans le cadrage derrière eux, pour les observer. Nouvelle curiosité qu’elle représentait. Petra ne s’en formalisait pas, se doutant qu’il ne devait pas souvent ramener une fille à la maison. La pensée lui tira un sourire moqueur. Lorsqu’il présenta l’une de ses nièces, celle qui était resté plus longtemps dans la cadre de la porte, elle regarda l’échange entre lui et l’enfant avec attendrissement, saluant la petite à son tour avant de sourire à Atlas en la voyant quitter. « Elle est mignonne. »

Puis, elle laissa l’homme ranger le dernier objet, mettre de côté le chariot avant de lui indiquer qu’il était prêt. « Allons-y ! » Elle l’entraina alors avec elle. Ayant déjà en tête la suite de la journée, sachant où elle voulait les mener et comment elle voulait que la soirée s’organise. Petra n’était pas de celle à refuser hasard et spontanéité, mais elle savait aussi s’organiser et cela se trouvait bien important lorsqu’elle se préparait pour une chasse. Elle en avait donc un peu l’habitude, de prévoir jusqu’à une certaine part en avance. Et ce soir, elle avait décidé de lui faire découvrir un de ses endroits favoris. Mais plus tard. Pour l’instant, elle filait dans les rues qu’elle connaissait trop bien, se dirigeant vers un petit kiosque qu’elle avait découvert récemment. Un nouveau vendeur, qui offrait des bouchées sous forme de brochettes. Rien de bien gastronomique — ça restait Zaun — mais pour ce qu’il y avait dans le coin, c’était assez délicieux pour la valeur de quelques crescents.

Ce n’était pas un très grand kiosque. Juste assez pour le grill et quelques bacs. L’homme en charge était large d’épaules, trop grand qu’il devait se pencher sous le petit toit de son étal. La fumée des grillages s’accumulait dans l’air déjà lourd de Zaun, mais l’odeur portée était agréable. Causant son ventre à quémander. Elle s’approcha, démarche de celle qui pouvait conquérir le monde entier si elle le voulait, mais ce soir, il n’y avait qu’un regard qu’elle voulait conquérir. Une fois devant le stand, elle commanda rapidement. Et durant l’attente, son regard chercha celui d’Atlas. Le sourire s’étira sur ses lèvres, gardant toujours une touche de taquinerie. « J’ai trouvé cet endroit il y a quelque temps. Et ça vaut les quelques pièces. On pourra manger en marchant, je t’amène ailleurs après. C’est que le début. »

Le paiement se fit rapidement et dès qu’elle attrapa les deux bâtons tendus, elle se mettait déjà en route. Se tournant vers Atlas pour lui tendre une des brochettes. « Voilà ! Attention, c’est chaud. » Elle lui remit, ses doigts frôlant les siens avec plaisir. « Suis-moi, on continue ! » Petra qui menait, qui entrainait. Toujours dans le mouvement. La route qui se faisait sans se presser pourtant. Soufflant sur la brochette pour en croquer une première bouchée. Exclamation de délice avant de reprendre la parole. Pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de problème avec la route qu’elle avait l’intention d’utiliser. « Rassure-moi, t’as pas le vertige ? Et tu sais grimper ? » Regard curieux qui se posait sur lui alors qu’elle demandait. Commençait-il à comprendre ce qu’elle avait en tête ? Elle ne savait pas, mais ça l’amusait de ne pas directement énoncer ce qu’elle avait prévu, mais de lui offrir quelques indices. « Faut faire un peu attention pour s’y rendre, mais ça en vaut la peine, promis. » La voilà qui s’arrêtait un instant près d’un étroit escalier qui montait en colimaçon vers un balcon. Jetant la brochette terminée avant de mettre un pied sur la première marche. La montée de celui-ci était facile malgré les quelques craquements dignes de l’état de la basse-ville. Arrivée sur le balcon, Petra le parcourut de quelques pas et passa la barrière pour atteindre celui à côté. De cette nouvelle plate-forme, elle sauta pour s’agripper à un petit toit, s’y hissant facilement, comme si elle l’avait fait trop souvent. Accroupie sur le toit, elle se tournait vers son compagnon. Sourire confiant et amusé contre les lèvres, elle lui tendit une main pour l’aider à monter. « Tu me fais confiance ? »