«what could a monster like you possibly want? un battement. i won't stay indebted to you. you'll take my blood and forget about me.

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le souffle se fait court, cri étouffé dans l'oreiller alors que nell se réveille en sursaut d'un cauchemar au goût fétide — aux accents de réalité. la main se porte à la gorge en un geste désespéré, frotte nerveusement l'épiderme là où s'est resserrée la poigne assassine d'un assaillant quelques nuits auparavant… vaine tentative de gommer le souvenir qui pourtant persiste à lui coller à la peau.

inspire,
expire.

les yeux se closent. ses phalanges repoussent les couvertures et elle se redresse, s'exhorte au calme. s'efforce de chasser de ses pensées le son des perles heurtant les pavés. mais sous ses paupières se rejoue la scène qui la hante depuis : ruelle midriaise à la tranquillité brusquement rompue par une paume venue engloutir son visage, souffle putride d'un monstre-homme en quête de bourses à dépouiller, de vies à ôter.

minuit sonne. l'heure est ronde comme elle les aime, la lune aussi à travers les portes-fenêtres de son balcon, soigneusement closes là où elle est pourtant accoutumée à les garder grandes ouvertes. le sentiment de sécurité semble l'avoir désertée depuis cette nuit-là ; mais déjà, les tracas basculent sur leur axe et les pensées bifurquent :

l'agresseur s'efface pour laisser place aux réminiscences d'un pacte passé avec le diable.

poupée quitte le confort de son lit, lisse d'une poussée de son pouvoir les draps froissés, fait léviter ça et là quelques éléments qu'elle replace avec une précision d'horloger : s'assure que rien ne témoigne de son émoi, tandis qu'elle prend place telle une reine à son bureau, dans l'attente du rendez-vous dont l'imminence a perturbé ses songes. un geste encore et le balcon s'ouvre au vent, laissant entrer le froid hivernal qui lui tire un frisson. dans le miroir qui lui fait face elle se reconnait à peine, blême et crispée alors que ses tracas la pourchassent. et c'est à travers la surface qu'elle voit se faufiler, dans le confort de sa chambre, l'ombre aussi honnie qu'attendue. you're late, signale-t-elle tout bas. rigide sur son siège, désigne les aiguilles indiquant minuit quatre. it is kind of rude to be late to a first appointment. le murmure est sec et dédaigneux, dénonce tout ce qu'elle pense de la créature qui se tient à quelques pas d'elle.

appointment : le terme est-il réellement à même de désigner ce qui se trame ? elle a fixé l'heure, fixé le jour, fixé ses termes. mais elle exècre pourtant le sentiment qui l'étreint, celui de ne pas être en contrôle dans la partie qui s'entame. la partie qui l'oppose à un fils de la lune, apte à lui briser le cou d'un simple geste ou d'une pression de ses crocs. et pourtant là est l'étrangeté : quelques nuits auparavant, il l'a sauvée. létal, il a fait fuir son assaillant, la piégeant dans une dette de vie dont elle ne peut supporter le poids sur sa conscience. how does it work? demande-t-elle en redressant le menton, refus catégorique de dévoiler la peur qui lui noue la poitrine. how much blood must you steal to pretend to be alive? et de toutes les princesses celle-ci est sans doute la plus désagréable à sauver, pétrie d'impertinence, d'ingratitude et d'un mépris nullement masqué.

Pantin du mauvais, martyr maudit - n'a de cesse de valser dans l'horreur. l'astre génitrice le surplombe, la carrure déambule avec le parfum du tragique. pourtant sous les cernes, noires de tourments, sous les traits blafards martelés par l'habitude de l'effroi, sous les tatouages qui déroulaient la tapisserie de ses aventures grotesques, brûlait encore, la flamme hargneuse d'un gamin aux rêves éclatés.

soldat de ses bourreaux, souverain de son propre enfer. gladiateur représentant l'étendard de guerre des truands pour sauver ceux qui partageaient chair et hémoglobine. chien de garde des sauvages, offre sa laisse aux fripons pour sauver la fratrie qu'il aimait tant. pourtant, au fil des années, tout perdait saveur, tout devenait banal - la malédiction d'avoir grandit en tant qu'associé du désespoir, amant du trépas.

papillons noirs lui désigne le chemin à prendre, pour ce rendez-vous des grandeurs. celui qu'il n'a ni accepté, ni refusé. dans la brume, il arrive à se souvenir du visage de la nymphe. dans le silence, sa voix désagréable qui ne daignait nullement cacher mépris à l'encontre de la bête et du pauvre. « what could a monster like you possibly want?  les mots le perdent et l'indifférence le gagne. i won't stay indebted to you. you'll take my blood and forget about me. » s'engage alors un pacte, mademoiselle s'offre et monsieur, reste muet. l'oeil s'offre au cellulaire. 23h47. les instructions toujours encrées dans le psyché. monstre délibère - il pourrait juste ne pas y aller, rester dans les abysses de zaun, ne jamais la rencontrer une nouvelle fois, s'éviter de devoir subir les affronts d'une gamine arrogante qui ne savait discerner que ce qu'elle avait décidée d'entreprendre était certainement pire que son agression dont il l'avait sauvé. non pas par bonté mais, simplement par nécessité.

alors ces derniers jours, il pensait trop à elle. à son mépris, à son offre. à ses yeux, à son cou. aux désirs et à la raison mais, la faim ne s'estompe jamais, elle lorgne dans les désirs néfastes, ceux qui parcellent maintenant, le voyage de l'oiseau sombre. alors ce soir, à quelques minutes du rendez-vous, il succombe à la tentation.

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l'ombre enfante le vaurien dans la chambre royale résonne alors ce timbre de voix emplit de dédain, celui qu'il voudrait faire taire ou écouter en répétition surprenamment. « you're late » les iris se déposent non pas sur le cadran qui servait de preuve pour son délai mais sur la silhouette d'une princesse qui s'imposait dans une danse d'affres. petite chose qui avait réussi à tirer des abysses le moins que rien, par envie, par curiosité. « it is kind of rude to be late to a first appointment. » elle déglutit dans un murmure furibond. corbeau lui, arque un sourcil sans même s'excuser. le minois délivre la malheureuse avant de s'emparer de la pièce, il laisse ses pieds le porter en direction du lit - les phalanges qui attrapent la couverture, tout ici, criait le luxe, tout, à part lui. « how does it work? » il ne relève pas son visage, au contraire, il le tourne simplement vers elle. question qui en réalité, ne détenait pas vraiment de réponse. ce n'était pas dans son habitude de discuter aussi frivolement de cela et pour être honnête, ses victimes ne l'étaient qu'une fois. il pourrait lui dire ; you just pray i don't kill you. mais, le but n'était pas d'avoir un nouveau corps à se débarrasser. « how much blood must you steal to pretend to be alive? » a lot. mais, encore une fois, rien ne s'échappe des lippes mortuaires.

il reprend sa carrure, offre alors pour la première fois, sa voix à l'inconnue. « you offer yourself to me and doesn't have a single clue about what you'll endure ? » syllabes viriles au dédain égal à celui de la nymphe - juge l'idiotie de sa majesté. « i don't know if i should call you brave or stupid. » glousse dans l'obscurité ; fripon pointe du doigt le côté de son cou. « it will hurt at first. » ressasse alors toutes ces personnes qui hurlaient au début, pour finalement... « but then you'll enjoy it. » fait tomber son bras, dans un soupir. « i can go three days without drinking, just like you but hunger always linger in the back of my mind. » bête ignoble délivre ce qu'il gardait secret - même à sa propre famille. « but i don't inflict myself with this. » car dans zaun, les corps disparaissent si facilement et personne n'enquête. clôt les babines avant de révéler un peu trop de l'horreur. les fantômes de ceux qui terminaient balancés dans le fold. « you sure you wanna do this, princess ? » offre une porte de sortie avant de sceller des destins qui laissaient croire de ne vouloir guère se croiser et qui pourtant avait eu le malheur de le faire.

l’ombre solitaire s'avance et ne s'annonce même pas. s'impose comme maître du néant. « raven. » sous le calme du timbre, la carne est maintenant derrière la nymphe du délice. dans le miroir les mirettes s'attrapent pour ne pas se lâcher. « that's my name. » et dans les paroles, réside un désir qu'il ne pouvait cacher. celui de dévorer, de consumer. de ne plus être étrangers.

«comme un mauvais augure, le ciel est à l'orage. les démons se cachent dans les ténèbres ; et c'est des ombres qu'émerge le fléau qu'elle attend, accueil froid témoignant du même dédain qu'elle accorde presque à tous — mais d'autant plus à lui.

lui dont les traits lui sont familiers,
lui qu'elle a mis quelques temps à resituer.
faciès à la fois connu et négligeable : le même que le gifted des hydra.

il lui a fallu revoir l'un pour reconnaître l'autre et les choses sont claires à présent : paire de jumeaux, assurément. « son » monstre est donc issu de zaun et c'est presque sacrilège que de le voir souiller son sol de son pas feutré. pourtant poupée ne peut nier la curiosité morbide qui l'anime, celle de comprendre comment marche la mort. you offer yourself to me and doesn't have a single clue about what you'll endure ? how would i know? i don't let just anyone bite me at will, qu'elle réplique, offensée par la seule idée que quiconque ait pu approcher de ses crocs la courbe de son cou. sa main y glisse par réflexe, alors qu'elle se demande pour l'énième fois si combien lui coûtera cette décision. i don't know if i should call you brave or stupid. stupide, aurait-elle elle-même tranché si quiconque d'autre s'était retrouvé dans la même situation, mais elle se contente de pencher la tête de côté, l'observant à travers la glace. we have a deal. i expect you to be honorable and to take what you have to — without trying to kill me.

sa voix tranchante laisse transparaître l'assurance de celle qui se sait vouée à être vengée de quiconque attenterait à sa vie.
sa voix tranchante est aussi miroir de la peur inspirée par les fléaux. la peur l'a toujours rendue plus brutale, nebula. face à la mort elle se draperait de sa dignité, accueillerait le destin avec tout ce qu'elle possède d'orgueil.

anyway, i didn't ask for your opinion, fait-elle remarquer. you should be grateful for the quality of the meal, ajoute-t-elle avec un demi-sourire caustique. venant d'elle, c'est presque une plaisanterie. plus bas cette fois, le cœur battant, elle réitère : just tell me how it feels. it will hurt at first. et elle ne commente pas, hoche la tête en écoute silencieuse, studieuse. bonne élève jusqu'à l'apprentissage du danger ; retournée à présent pour plonger directement son regard pénétrant dans celui de l'inconnu. but then you'll enjoy it. i doubt so, réfute-t-elle immédiatement, secouant fermement la tête d'un air dubitatif. dans le mouvement, ses mèches brunes dansent sur ses épaules. i could never enjoy something like that. so, painful it will be. i can deal with painful. ses lèvres se serrent et ses poings également, tandis qu'elle inspire à nouveau profondément pour s'y préparer. c'est juste pénitence pour s'être presque laissée prendre par la folie d'un agresseur ; et peut-être parviendra-t-elle par la suite à se pardonner cet instant de faiblesse — à oublier enfin ces souvenirs qui la hantent.  

i can go three days without drinking, just like you but hunger always linger in the back of my mind. but i don't inflict myself with this. le cœur bat la chamade à l'idée des litres de liquide vital englouti, des vies échappées. en a-t-il pris ou se contente-t-il de laisser ses victimes affaiblies ? la question se glisse dans ses pensées et s'y agrippe. have you ever taken a life? elle n'est pas femme à se détourner de la vérité, nebula. préfère la confronter frontalement, savoir précisément à quoi s'attendre. you sure you wanna do this, princess? répond-il à la place. et elle de répliquer : do you plan to kill me, monster? raven. that's my name. nebula. that's mine. refuse d'être appelée princesse — non qu'elle ne soit royale comparée à son espèce, mais parce qu'elle déteste la façon dont il le formule : moqueur, à la prendre de haut. à la croire naïve et comme il l'a dit, stupide, tout ce qu'elle s'est toujours refusé à être. i've never felt hunger, révèle-t-elle, comme pour le tester. comme pour le narguer, bien que sa voix demeure égale. i've only read about it. il y a dans son regard un amusement glacé. see? we're not the same, raven. réponse au fait qu'il se soit comparé à elle un instant plus tôt, elle replace les barrières. rappelle combien tout les différencie. i'm glad to know you're well fed. you should be able to behave then. son index trace nerveusement sa nuque, mais c'est d'une main décidée qu'elle bascule ses mèches sombres sur une épaule, dégageant l'autre. go ahead. show me what you're made of.

y a-t-il encore de l'humain en lui ? ou n'est-il que la brute que sa malédiction fait de lui ? la raison circule-t-elle encore dans ses veines ? a-t-elle eu tort ? jamais elle n'avouerait à haute voix, nebula, ce qui l'anime. outre le besoin de se punir pour son inattention presque fatale, susurre dans ses pensées une voix qui l'a toujours taraudée. celle du péché, à laquelle elle résiste depuis si longtemps que la tentation se fait sans cesse plus vive, plus tenace. nebula, si droite, si parfaite, si fidèle à la voie des dragons.

à l'être un peu moins ce soir, dans l'intimité de sa chambre, alors qu'elle laisse l'approcher la personnification du mal, sous les traits d'un fils du fold.